Citations sur Verdun, tome 3 : Les fusillés de Fleury (15)
À la mémoire des soldats français qui dorment debout, le fusil en main, dans cette tranchée des baïonnettes, enterrés vivants durant la bataille, éternelles sentinelles veillant sur la terre de France.
Il paraît que les exemples servaient à renforcer le moral de la troupe. La mort des deux sous-lieutenants nous a pourtant profondément affectés, et loin de nous remonter elle nous a plongé dans un abattement général. Ce jour-là, nos grands chefs ont fait du bel ouvrage, un travail de boches.
J'aurais voulu les y voir dans l'enfer de Verdun, tous ces embusqués qui parlent d'abandon de poste. Ah, si ces beaux messieurs avaient tâté de la première ligne, ils auraient cessé de nous donner des leçons. Où est-il, ce plumitif, qui a passé toute la guerre dans les bureaux de l'état-major ?
Il se passe que l'on veut me salir, moi un officier supérieur, commandeur de la légion d'honneur qui plus est. Prenez garde, car je ne serai pas la victime expiatoire dans cette affaire. Si mon procès est instruit, alors j'impliquerai tous les autres. Oui, tous les chefs qui étaient au-dessus de moi et qui m'ont soutenu dans cette décision pour ne pas dire encouragé. Le général Boyer qui commandait la division, Nivelle qui commandait l'armée de Verdun, Pétain au groupe d'armées, et même Joffre, le commandant en chef.
La vérité est en marche et rien ne pourra l'arrêter. Que les censeurs et les menteurs se résignent.
Il ne faut pas que cette histoire tristement écœurante soit escamotée par le gouvernement. Il en va de l'honneur de l'armée et de la justice.
Vous qui montez à Verdun pour visiter les champs de bataille, vous qui visitez le mémorial érigé au cœur de ce gigantesque charnier, prenez le petit chemin qui, du parking, vous amène cent mètres plus bas au village fantôme de Fleury-devant-Douaumont, village mort pour la France, dont il ne reste plus rien, même pas une pierre. Sur le côté gauche, devant la forêt noire et dense, vous trouverez un petit monument. Une petite stèle de pierre blanche, élevée en 2009, commémore le supplice des fusillés de Fleury.
Mais passer ces deux hommes par les armes sans enquête, sans jugement, c'est un meurtre.
Avant toute chose, il faut que vous sachiez que je suis communiste. On dira que j'agite la question du sous-lieutenant Herduin comme prétexte, que je veux m'en prendre à l'armée, et l'on se servira de cet argument pour disqualifier mon intervention. Je vais tenter de sensibiliser des députés de droite. Beaucoup sont d'anciens combattants, comme moi, et ils savent les horreurs de la guerre et de la justice militaire. Si nous sommes soutenus de ce côté de la chambre, alors le ministre devra ouvrir une enquête.
- Cherche-t-il à se hisser sur des cadavres pour faire de la politique ?
- Vous devriez avoir honte , monsieur le ministre de la guerre !
Car il ne s'agit pas ici de politique, mais de l'honneur de deux de ces poilus que vous couvrez de fleurs pour mieux les étouffer.