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EAN : 9782709639538
350 pages
J.-C. Lattès (28/08/2013)
3.68/5   52 notes
Résumé :
Depuis la Transylvanie juste avant la Deuxième Guerre Mondiale, en passant par Paris après la guerre, jusqu'à Williamsburg aux USA, le roman fait revivre 4 générations d'une famille Satmar.
En 1939, le petit Josef, 5 ans, est sauvé par une jeune fermière non juive qui le fait passer pour son fils. Cinq ans plus tard, Josef sauve la jeune Mila, une fois que les parents de celle-ci ont été tués et lui fait rejoindre Zalman Stern, un chef religieux de la commun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Je sors bouleversée de la lecture de ce roman comme je l'ai été de ma lecture précédente «Paula T. une femme allemande» de Christoph Hein. 
Ces deux livres peuvent paraître très éloignés et pourtant on retrouve dans les deux la pression que subissent des femmes qui veulent être elles-mêmes, pression de la famille, pression masculine, du père et du mari, et des normes qu'imposent la société dans laquelle elles évoluent et dont elles ne peuvent s'extraire qu'en rompant c'est-à-dire en se blessant profondément elles-mêmes et ceux qu'elle aiment. Les hommes aussi sont pris dans le filet mais il ne s'y sentent pas si mal puisque c'est eux qui maintiennent, ou tentent de maintenir, close la nasse.
«Je suis interdite» nous fait pénétrer dans l'univers d'une famille hassidique où le fondamentalisme religieux impose des règles strictes, véritable carcan qui enferme dans les traditions et menace de châtiment tout ceux qui auraient envie de braver les interdits.
 Mais peut-on juguler tout élan vital ? Non, la vie demande à exploser et les conséquences sont parfois heureuses, parfois tragiques. Quel que soit le choix de chacun nul n'en ressort indemne.
Ce roman n'est pas un règlement de compte, il n'y a pas de jugement de la part de l'auteur mais il n'en contient pas moins une grande force subversive.
Merci à Ivre de livres qui m'a donné envie de le découvrir.
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Atara Stern et Mila Heller, deux jeunes filles de familles juives hassidiques, cherchent à échapper à leur destin.

En août 1940, la Roumanie est contrainte de rétrocéder à la Hongrie la partie Nord de la Transylvanie. Dans les déplacements forcés de population, les Hongrois sont regroupés au Nord et les Roumains au Sud. Les Saxons, colons allemands restés en Roumanie, sont incorporés dans la Wehrmacht. Après la chute du régime hongrois de Miklos Horthy, qui les a relativement préservés, les Juifs sont déportés et livrés aux Allemands en 1944.

Deux enfants juifs hassidiques transylvains, Josef et Mila, échappent à la mort après avoir vu leurs familles anéanties. Josef est sauvé par une fermière catholique. Plus tard, c'est lui qui soustrait Mila à la mort et la conduit auprès du rabbin hassidique Satmar, Zalman Stern, le père d'Atara.

Après la guerre, Mila et Atara, élevées comme des soeurs, suivent la famille à Paris. Bien que fréquentant une école laïque, elles sont soumises aux règles très strictes de la communauté. Mila accepte, mais Atara se rebelle. Elle découvre que le Rebbe, chef religieux du mouvement, a quitté la Hongrie pour la Suisse en 1944, à la suite d'une négociation entre le sioniste Rudolf Kastner et le nazi Eichmann. On reproche au Rebbe d'avoir été épargné alors que sa communauté mourait dans les camps. Petit à petit, les découvertes d'Atara l'éloignent de sa famille, qu'elle finit par quitter. Mila épouse Josef, mais leur union ne donne pas naissance à une lignée pure.

Je suis interdite initie aux rites et aux traditions du judaïsme orthodoxe où l'adhésion stricte à la loi, celle de la Torah, est fondamentale. L'utilisation de termes hébreux accentue encore l'immersion dans un monde très codifié. Avec un style dépouillé et concis, Anouk Markovits revient sur le sort des Juifs de Hongrie. Elle raconte aussi l'histoire de sa communauté et l'histoire de sa famille. Atara la rebelle, c'est elle.

Un roman authentique et prenant qui ne juge pas, mais éclaire sur le parcours d’Anouk Markovits et le monde dont elle est issue.


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Quel livre!

Avec les années noires de l'extermination juive en Europe se sont multipliés les déplacements, contraints ou volontaires, de populations survivantes, constituant une vaste diaspora qui n'a jamais aussi bien porté son nom de peuple errant.

Après la guerre, en exil comme tant d'autres, la famille du rabbin Zalman s'installe à Paris, venant de Transylvanie. Chez ces juifs Hassidim, on vit dans la crainte du père, car dans la crainte de Dieu. Grand érudit de la Thorah, Zalman veut imposer soumission, études des livres saints et tempérance à ses enfants, fascinés par un pays nouveau.
Coutumes, costumes, contraintes les marginalisent. L'éducation par devoirs et interdits fait le quotidien, assortie de culpabilité dans l'inévitable transgression de la jeunesse.

Quitter sa famille et choisir l'indépendance pour s'instruire sera un acte de courage remarquable pour l'une des filles qui y perdra sa famille, tandis que l'autre suivra la voie tracée d'un mariage arrangé dans sa communauté, pour le meilleur et le pire...
Entre Paris et New York, le destin des individus est peu de chose face au fondamentalisme religieux.

Chacun choisit le chemin qui lui convient.
Mais en toute chose, l'excès me semble condamnable, l'humanisme, la tolérance et le libre arbitre devraient être la règle.
L'argumentaire de ce roman m'a donc émue, révoltée et sidérée, face à une religion dogmatique, rouleau compresseur indifférent aux sentiments des êtres.

Une lecture rendue pourtant agréable par une écriture qui privilégie les sensations, les bruits, les odeurs, montrant de l'amour et de la poésie dans un monde familial compliqué. Une lecture difficile, mais dont la qualité narrative force l'intérêt et captive, en nous mettant en immersion dans la culture juive(glossaire en fin de livre), et en nous instruisant sur la différence de l'autre.
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Ce récit est à la fois beau et inconcevable au profane, et c'est justement ce qui le rend bouleversant.
Ce sont d'abord trois enfants, Josef, Mila et Atara, tous trois juifs hassidiques, pendant la seconde guerre mondiale.Quand ses parents et sa jeune soeur sont assassinés, Josef est recueilli par la bonne qui l'élève dans la foi catholique pour en faire un solide paysan. Mila voit aussi mourir ses parents, et grâce à Josef, elle rejoint les parents d'Atara qui la gardent dans leur foyer. le père d'Atara revient ensuite chercher Josef pour l'arracher à sa mère adoptive et l'envoyer étudier la Torah comme il le doit à ses ancêtres.
Ce sont donc ces trois enfants que nous suivons à travers les années, mais bien plus que trois personnages, ce sont trois rapports à la foi et aux traditions que nous découvrons. Chacun se trouve confronté à la question du libre-arbitre humain face à la toute-puissance de Dieu et chacun y apporte une réponse différente, déterminante non seulement pour sa vie entière mais aussi pour celle de sa fratrie et de sa descendance. Et c'est ainsi que nous les suivons tous les trois sur plusieurs générations, dans les cinq livres du roman, jusqu'à leur vieillesse dans les années 2000.
Mais c'est surtout un roman des traditions, des textes sacrés, de leur connaissance et de leur interprétation, de la frontière qui sépare ce qui est "permis" de ce qui est "interdit", de l'observance des rites, des codes, et de leurs conséquences.
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J'ai découvert « Je suis interdite » dans la liste « Livres étrangers sélectionnés pour le Fémina 2013 » Comme je fais toujours confiance à Babelio, j'en ai sélectionné quelques-uns dont celui d'Anouk Markovits. Disons en introduction que le roman aurait également mérité de figurer dans la superbe liste « le livre qui vous a bouleversé »…
Alors que ses parents sont exécutés par les nazis, Mila est secourue par Joseph, lui-même orphelin de guerre, qui va la conduire à bon port chez Zalman Stern. La fillette va grandir dans cette famille aimante, développer une relation forte avec Atara, l'aînée du couple. Joseph, quant à lui, sera envoyée dans une communauté juive hassidique aux Etats Unis, pour y être élevé selon la Loi religieuse.
La religion tient une place centrale dans la vie des personnages, une religion pratiquée avec ferveur, qui guide chaque acte du quotidien, dont la Loi est la seule vraiment reconnue. Mila et Atara, en grandissant, choisissent des voie différentes. La première va totalement se conformer, accepter le cadre et les règles strictes imposées par les Hassidim. Elle sera mariée à Joseph ; leur amour sera bien fragile cependant lorsqu'ils auront à arbitrer entre leur propre bonheur et/ou respecter la Loi.
Atara, après que son père l'ait battue parce qu'elle n'avait pas respecté Sabbat, fermera son coeur à la tradition et s'enfuira. Pour elle, pas de retour possible : elle sera bannie définitivement de la famille, de la communauté.
Pour les deux jeunes femmes, le choix de vie sera complexe – les confrontant chacune à des paradoxes. Impossible d'être juive à moitié ici : on se soumet aux règles, pas d'autres alternatives sinon que la fuite.
Dès les premières pages on est accablé par le poids de la religion : Zalman Stern, alors adolescent, fait un rêve érotique et les émois que cela suscite en lui génère une culpabilité terrible. le contexte est ainsi posé d'emblée : lorsqu'on est juif et hassidique, on contrôle son corps, on ne se laisse pas aller des pulsions, l'intimité elle-même est rythmée par des règles (les pénitentiels chrétiens sont rédigés sur le même modèle).; la Torah a une réponse pour toute situation de la vie terrestre. C'est à la fois très sécurisant – pas besoin de se perdre dans des débats intérieurs puisque tout a déjà été édicté – et extrêmement oppressant.
Anouk Markovits dépeint ici, avec pudeur et distance, sans jugement, tout ce qui peut effrayer dans cette forme extrême de religiosité : une pratique impitoyable où l'individu ne peut jamais être sujet de sa vie mais toujours l'objet de Dieu ; une Loi qui empêche de penser, de questionner, où la soumission au groupe et à la communauté est totale. Dans l'Europe de l'après-guerre, de la Shoah, où de nombreux enfants –tels les personnages principaux ici – se sont retrouvés orphelins, appartenir à une communauté est sans doute vital. Ce sont aussi ces valeurs que l'auteur nous fait partager.
J'ai souffert pour Mila, Joseph et Atara, j'ai compati au fait qu'ils ne puissent pas être vraiment artisans de leur destin. Lorsque j'ai refermé le livre (que j'ai lu d'une traite)et essuyé une larme, j'étais contente d'avoir fait un bout de chemin avec eux, d'avoir plongé au coeur d'une culture si étrangère à la mienne.
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critiques presse (1)
Liberation
23 octobre 2013
"Je suis interdite" est un roman sensible, aussi bien pour l’attention qu’il porte aux émotions que pour la précaution avec laquelle il faut l’aborder. Markovits craint les amalgames, chacun de ses mots est soupesé. Il ne s’agit pas d’une mise en accusation, plutôt d’une immersion, d’un exercice d’empathie où la Torah fait consigne.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Elle aimait l'histoire du temps conté par les vieilles pierres, le temps advenu et le temps à venir, elle aimait être un simple point dans cette immensité. Les cloches sonnaient l'heure, puis l'heure s'emplissait de silence et elle de songes. Fallait-il que Paris ne soit qu'une simple halte dans son errance ? Si Paris avait trouvé place dans son coeur, elle-même ne pouvait-elle y trouver sa place ?
(...) Etait-ce être sans coeur de rêver d'une vie à soi ? p 104
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Mila regardait à la dérobée la bosse de l’édredon que la lampe de poche d’Atara faisait luire. Un an plus tôt, les deux filles riaient avec Léa Bloch de leurs mauvais résultats dans cette matière futile qu’était la littérature, mais maintenant le professeur de français interrogeait en priorité Atara. Mila essayait timidement de lui rappeler que ces livres étaient interdits, mais Atara rétorquait que le libre-arbitre était un droit aussi dans le judaïsme, et son libre-arbitre choisissait de lire des livres.
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En août 1940, la Roumanie est contrainte de rétrocéder à la Hongrie la partie Nord de la Transylvanie. Dans les déplacements forcés de population, les Hongrois sont regroupés au Nord et les Roumains au Sud. Les Saxons, colons allemands restés en Roumanie, sont incorporés dans la Wehrmacht. Après la chute du régime hongrois de Miklos Horthy, qui les a relativement préservés, les Juifs sont déportés et livrés aux Allemands en 1944.
Deux enfants juifs hassidiques transylvains, Josef et Mila, échappent à la mort après avoir vu leurs familles anéanties. Josef est sauvé par une fermière catholique. Plus tard, c'est lui qui soustrait Mila à la mort et la conduit auprès du rabbin hassidique Satmar, Zalman Stern, le père d'Atara.
Après la guerre, Mila et Atara, élevées comme des soeurs, suivent la famille à Paris. Bien que fréquentant une école laïque, elles sont soumises aux règles très strictes de la communauté. Mila accepte, mais Atara se rebelle. Elle découvre que le Rebbe, chef religieux du mouvement, a quitté la Hongrie pour la Suisse en 1944, à la suite d'une négociation entre le sioniste Rudolf Kastner et le nazi Eichmann. On reproche au Rebbe d'avoir été épargné alors que sa communauté mourait dans les camps. Petit à petit, les découvertes d'Atara l'éloignent de sa famille, qu'elle finit par quitter. Mila épouse Josef, mais leur union ne donne pas naissance à une lignée pure.
Je suis interdite initie aux rites et aux traditions du judaïsme orthodoxe où l'adhésion stricte à la loi, celle de la Torah, est fondamentale. L'utilisation de termes hébreux accentue encore l'immersion dans un monde très codifié. Avec un style dépouillé et concis, Anouk Markovits revient sur le sort des Juifs de Hongrie. Elle raconte aussi l'histoire de sa communauté et l'histoire de sa famille. Atara la rebelle, c'est elle.
Un roman authentique et prenant qui ne juge pas, mais éclaire sur le parcours d’Anouk Markovits et le monde dont elle est issue.
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Elle s'est arrêtée devant la bibliothèque de la 42e Rue.
Le visage empourpré, elle a gravi le grand escalier. La sérénité qui régnait dans la longue salle de lecture l'a troublée. Comment un endroit où hommes et femmes se côtoyaient, comment un repaire d'hérésie pouvait-il présenter un aspect aussi tranquille ?
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Atara s'était mise à lire de plus en plus, elle lisait sur le chemin de l'école et au retour, elle lisait en classe, le livre sous le pupitre, elle lisait la nuit à la lueur d'une lampe de poche sous l'édredon
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