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EAN : 9782021519280
60 pages
Seuil (03/06/2022)
4.21/5   26 notes
Résumé :
Et si l'Ukraine libérait la Russie ? Cette phrase semble indécente alors que la guerre fait rage, que l’Ukraine est ravagée, que la Russie s’efforce de détruire toutes ses infrastructures civiles ; alors que l’on découvre de jour en jour des dizaines et des dizaines de crimes de guerre perpétrés par l’armée russe ; alors que c’est l’existence même de l’Ukraine, en tant que pays et en tant que nation, qui est mise en cause par Vladimir Poutine.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Et si l'Ukraine libérait la Russie ?
C'est par cette petite phrase un peu provocatrice qu'André Markowicz démarre cet essai totalement d'actualité et lui donne d'emblée le ton d'un pamphlet.
Écrit en avril 2022, c'est-à-dire à peine quelques semaines après le démarrage de l'entrée en guerre de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, - pardon « opération spéciale de dénazification » devrais-je dire puisque ce sont précisément ceux cités dans la communication officielle du Kremlin depuis le 24 février 2022, le propos de ce court texte d'une soixantaine de pages demeure toujours hélas d'actualité et si vrai, si inspirant, lui donnant toute son acuité au-delà des propos médiatiques un peu hâtifs traitant l'actualité à chaud et qui parfois nous abreuvent de tout et de son contraire...
Ici l'essai d'André Markowicz nous invite à prendre de la hauteur.
Mais qui est André Markowicz ? Ni historien ni politologue, il n'est même pas un spécialiste officiel de la Russie, bien qu'il la connaisse très bien. Connaisseur des grands auteurs classiques russes, grand traducteur d'écrivains tels que Fiodor Dostoïevski, Alexandre Pouchkine ou encore Anton Tchekhov, André Markowicz s'autorise à entrer par le truchement des belles lettres classiques pour nous dire que l'image de la grandeur russe et de sa culture en particulier, selon lui, a été salie pour longtemps.
Dès les premières pages, André Markowicz convoque un des auteurs qu'il affectionne le plus.
« le 24 février dernier, ce qui ma brutalement frappé, c'est que les premières batailles, près de Kharkov, se déroulaient sur le territoire même de la Cerisaie de Tchekhov, le « plus beau domaine du monde ». Bien sûr, on ne sait pas où elle est, cette Cerisaie, mais c'est à Kharkov que tout le monde s'en va à la fin. Ces pays, aujourd'hui de frontières, entre l'Ukraine et la Russie, ce sont les pays de Tchekhov... Tchekhov, dont toute l'oeuvre est une protestation contre la folie des potentats russes, un appel à soigner la folie des hommes et travailler à « réparer les vivants ». »
Il conclut d'ailleurs son pamphlet en évoquant ce même Tchekhov. Où se trouve aujourd'hui la Cerisaie, traversée de tranchées, sous des pluies de bombes ? Décidément, son propos m'encourage fortement à lire ce dramaturge russe en 2023.
Entre les deux, il nous invite à ironiser sur la petitesse et le ridicule d'un certain Vladimir Poutine, bombant son torse glabre sur un cheval ou devant un brochet qu'il vient de pêcher, celui qui se présente comme le seul phare capable de redorer le blason de la grande Russie sur son territoire d'origine. Mais ses sbires ne sont pas en reste, hommes politiques, ministres, généraux, oligarques, propagandistes de la télévision officielle, tous corrompus, détournant au passage des millions de roubles, ne serait-ce que dans le budget de l'Armée, obligeant les soldats russes du front à manger des plats avariés datant de 2005 !
On pourrait en rire, y lire une fable grotesque tiré d'un conte antique truculent, s'il n'y avait cette tragédie humaine, des deux côtés de la frontière d'ailleurs puisque de jeunes recrues russes sont envoyées par centaine de milliers dans une guerre dénuée de sens pour eux, comme de la vulgaire chair à canon. Ici, le ridicule tue, hélas !
L'histoire est un éternel recommencement, Poutine n'a rien inventé, ni la manipulation, ni la corruption, ni le mensonge... Peut-être les méthodes issues du KGB, et encore... le culte de la personnalité et de la barbarie, ce n'est peut-être pas lui, ni Ramzan Kadyrov, peut-être pas non plus Staline... Ne faudrait-il pas remonter à Nicolas 1er, dont ceux que je viens de citer sont les dignes et tristes héritiers ?
Oui il faut être irrespectueux envers les tyrans de ce monde, envers la barbarie humaine...
Les crimes de guerre commis par l'armée russe actuelle ne font que perpétrer l'histoire peu glorieuse de cette armée, dont le culte légendaire du viol auprès des femmes civiles ne date pas hélas de Boutcha. L'invasion de Berlin en mai 1945 par les alliés russes est peuplée de scènes aussi édifiantes que cruelles...
Et si l'Ukraine libérait la Russie ? Et si le désastre ukrainien parvenait, jusqu'en Russie, par un incroyable effet papillon, à réveiller les consciences de la population et à faire se retourner celle-ci contre ses tyrans, à changer le cours de l'Histoire russe qui s'écrit aujourd'hui dans le sang et la honte.
Oui je sais c'est une prophétie, un rêve illusoire peut-être, comme la célèbre incantation de « I have a dream » de Martin Luther King. Que peut-on attendre d'une population qui préfère le mensonge à la vérité ? Pourquoi le narratif de Poutine a-t-il eu un tel écho favorable auprès d'une large majorité de la population russe pour justifier cette « opération spéciale » en Ukraine ? Pour quelle raison cela prend-t-il aussi facilement ? Manipulation ? Ou servitude volontaire et totalement assumée ?
Pour arriver à imaginer une telle prophétie encore improbable pour moi en ce 1er janvier 2023, mais que je rêve de tout coeur voir se réaliser, André Markowicz nous fait traverser en quelques pages érudites et inspirées trois siècles d'histoire russe, de Pierre le Grand jusqu'à Poutine, produit fabriqué de toutes pièces et qui n'existe aujourd'hui que parce que les Russes l'ont bien voulu ainsi, démontrant ainsi par les faits historiques que l'asservissement à un narratif trouve sa genèse bien avant le conflit ukrainien. Certains rapprochements sont sidérants, jettent l'effroi...
Puisque l'Histoire n'est qu'un éternel recommencement, ne serait-il pas alors légitime d'imaginer qu'un jour se tienne un grand procès à la manière de celui de Nuremberg ?
Estimant que le régime de Poutine est aujourd'hui devenu la « honte de la Russie », ce pamphlet exhorte les Russes à passer de Dostoïevski à Tchekhov : c'est-à-dire à voir la réalité concrète, humaine et quotidienne à la manière de l'auteur de la cerisaie, et à rejeter une fois pour toutes « le mensonge de l'épopée ».
La vraie grandeur russe ne tient-elle pas aujourd'hui dans les textes de ces grands écrivains classiques ou contemporains ?
Comment alors ne pas être touché par ce dernier propos d'André Markowicz qui vient sceller son texte et l'ouvrir à notre réflexion ?
« Tchekhov, on le sait, n'aimait guère Dostoïevski – ni ses tempêtes métaphysiques ni des idées messianiques sur le destin de la Russie. Il disait que les écrivains ne doivent pas dire aux gens comment ils doivent vivre, mais leur montrer comment ils vivent.
Dans cette guerre, comme dans tout le reste, les Russes doivent passer de Dostoïevski à Tchekhov : voir la réalité, concrète, humaine, quotidienne de ce qui se passe. Rejeter le mensonge de l'épopée. Eh oui, donc, commencer à se voir, tels qu'ils sont. C'est alors, et alors seulement, que l'Ukraine – au prix de quelle catastrophe, de quelles tragédies – aura libéré la Russie. »
Ce soir, j'ai un rêve...
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Ce tout petit libelle (c'est ainsi que l'étiquette son auteur, André Markowicz), je l'ai repéré dès sa sortie mais n'ai pas pu me le procurer avant l'automne dernier. Ensuite, je me suis dit que ce texte avait probablement perdu une bonne partie de son actualité. Jusqu'à hier soir où je l'ai enfin ouvert. Certes, l'espoir d'une proche réalisation des espoirs de l'auteur s'est encore éloigné avec la répression en Russie des plus infimes actes (manifester seul avec une feuille A4 blanche est déjà répréhensible)… Cependant cette lecture est salutaire, elle a conforté mes perceptions personnelles de ce qu'a vécu la Russie entre Gorbatchev et les années Poutine, assez proche du ressenti et de l'analyse de l'auteur. Ensuite, j'ai fait l'erreur, des années durant, de me rassurer en pensant comme André Markowicz que « si Poutine fraude les élections à une telle échelle, c'est qu'il doit bien savoir que des élections libres le renverseraient. », sans voir, et je trouve qu'ici cela n'est pas assez souligné, que la défiance envers la démocratie était très profondément enraciné depuis l'attaque du Parlement élu, que le choix des gouverneurs par Poutine (au lieu qu'ils soient élus), qui dans mon esprit leur donnait une sorte de rôle de préfets (quelle erreur de ma part ! En fait c'est comme si en France chaque préfet se retrouvait en plus avec le rôle et le poids d'un sénateur!) affaiblissait tout espoir de contrepouvoir, et en dernier lieu la loi sur les agents de l'étranger qui n'a fait qu'étendre sa toile sans fin, des ONG jusqu'aux particuliers, affaiblit à l'extrême la société civile. Poutine a lentement, patiemment étendu ses griffes pendant 22 ans. La seule bonne nouvelle, c'est que l'économie russe est probablement bien plus malade encore qu'elle ne l'était à la chute de l'URSS. La plupart des Russes sont à mon avis pour Poutine parce qu'il n'y a rien d'autre, ils n'adhèrent pas spécialement à l'infernale triade d'Ouvarov (autocratie, orthodoxie, principe national) mais croient à ce qu'on leur dit aux infos à la télé comme ils croyaient autrefois à ce qui était écrit dans la Pravda. Et ce texte est certainement fort intéressant pour qui s'interroge sur ce qui s'est passé en Russie pour en arriver là.
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André Markowicz livre une réflexion historique sur le temps long de la Russie. Ce n'est pas par métier d'historien, c'est par appartenance à la Russie. Il mêle l'histoire au sens classique (les tsars, les guerres, les conquêtes, les régimes politiques) à la littérature, qui exprime à tout moment des états d'esprit du peuple, de sa situation, fruit de son histoire. Il décrit un point de vue, le sien, dans le double sens de ce mot : de quoi est fait le lieu d'où il voit ce qu'il voit, d'une part, et, ce qu'il voit d'où il est, d'autre part. Tous les analystes font ça et le plus souvent le taisent, parfois n'en ont pas conscience.
Ainsi, les auteurs, certains écrivains, tiennent un rôle aussi important que les chefs d'État, chefs de guerre : Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Tchekhov et quelques autres, Maïakovski, Blok, Mikhaïl Lomonossov.
Pouchkine a créé les deux vers qui « contiennent » la vérité de la Russie :
Ainsi, le marteau pesant,
Fracassant le verre, forge l'acier.
Le verre représente les Russes : Martyrologe des vies brisées par les dictatures successives d'un pays qui n'a jamais connu la liberté : on ne compte pas le nombre de gens massacrés par les différents régimes qui se sont succédés en Russie, et surtout depuis 1917. (p14)
L'histoire personnelle d'André Markowicz passe par l'URSS, puis par sa chute, transition violente.
Il n'y a pas eu de procès du stalinisme, les structures de l'État sont restées les mêmes. Les cadres du Parti sont devenus les patrons des entreprises capitalistes, ils se sont continués, elles (les entreprises) et eux (les chefs).
La pratique démocratique des élections a été une bouffonnade pathétique. le pouvoir d'Eltsine a été pris par quelqu'un qui « n'allait pas hésiter à faire sauter des immeubles à Moscou, en accuser les Tchétchènes et provoquer une guerre impitoyable. » (p26)
Poutine a repris la « triade d'Ouvarov » : Autocratie, orthodoxie, principe national. (Ouvarov fut ministre de l'Intérieur de Nicolas Ier (et persécuteur de Pouchkine)).
Autocratie : le pouvoir vient de dieu. Il est absolument vertical, toute critique est blasphème, impensable puisque critique de dieu lui-même, et on ne saurait discuter, négocier avec dieu !
Orthodoxie : On a vu revenir le délit d'« insulte aux sentiments des croyants » ! Kadyrov fait régner la charia en Tchétchénie et l'église orthodoxe russe, qui porte le caractère religieux de la guerre en Ukraine, est devenue un corps de l'État (p34) : L'occident est haï, représenté par les moeurs opposés aux valeurs traditionnels : homosexualité… etc.
Narodnost (principe national) : notion subtile, difficile à traduire, tout ce qui concerne une identité russe, magnifiée, construite : Fermeture des archives des répressions staliniennes, à peine entrouvertes, persécution des gens comme Iouri Dmitriev faisant des recherches non-officielles sur ce sujet, délit de « diffusion d'informations manifestement fausses sur l'action de l'URSS lors de la seconde guerre mondiale »…
Cette triade et le pouvoir de Poutine donc n'existent que par la corruption (les cadeaux aux fonctionnaires sont permis sous Poutine, pourvu qu'ils aient été fabriqués en Russie !) et la guerre.
Le verre du peuple se brise un peu trop en Ukraine. le chef a présumé des forces russes. Il a sans doute été trompé par les gens qu'il a mis en place, mais comment pourrait-il en être autrement puisqu'il les a mis à ses côtés du fait de leur soumission et de leurs flatteries ?
Ce livre est une sorte de prière. Que l'échec de l'extension territoriale tentée là en Ukraine par un des pires tyrans de la Russie revienne en boomerang sur le peuple russe et qu'il puisse faire l'analyse de son « être au monde », analyse qui aurait pu se faire par un procès du stalinisme, parallèle (ce n'est pas dit mais on y pense) au procès de Nuremberg. Pour la Russie, perdre la guerre enverrait aux Russes cette image d'un peuple brisé en permanence pour dominer ses voisins, mettant fin à cette fatalité séculaire ? Voilà cet espoir d'une Ukraine qui libérerait la Russie !
C'est ainsi que je comprends ce livre. Plutôt que prière, on pourrait dire hypothèse… dans les deux cas, lecture indispensable !
Lien : https://www.agoravox.fr/actu..
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André Markowicz, connu pour son oeuvre de traduction des auteurs russes, dont notamment Dostoïevski, dresse ici un parallèle entre la guerre entreprise en Ukraine et l'histoire culturelle et politique de la Russie.

Il rappelle la violence endémique entre rapports humains de cet immense pays, du temps des tsars à aujourd'hui, et soutient que Poutine ne fait finalement que réutiliser des principes déjà bien connus du temps de Nicolas Ier, comme ce qu'il appelle la triade d'Ouvarov, alors ministre de l'intérieur. Cette triade pour lier le peuple russe est composée de l'orthodoxie, de l'autocratie et du principe national.

L'orthodoxie, garante des traditions et de moeurs, vient s'opposer à la décadence de l'Occident et aux vélléités d'émancipation des Ukrainiens ; l'autocratie rappelle la nature divine du pouvoir en Russie : que ce soit Poutine ou le tsar, ce pouvoir est indiscutable et indiscuté. le troisième concept, plus compliqué à comprendre pour un non russophone, est celui de principe national, ou "narodnos", qui peut signifier indistinctement peuple ou nation.

Les désirs ukrainiens font se fissurer cette triade, puisqu'ils remettent en cause la prédominance du clergé russe sur le monde slave et orthodoxe, et se détournent du panslavisme au profit de la démocratie (quelle honte!) ; convoquant tour à tour ses auteurs favoris, Markowicz espère du bout des lèvres que la guerre en Ukraine, qui fragilise déjà l'image que se fait la Russie d'elle-même, sera le premier évènement d'une "libération" de la Russie de son joug de corruption et de violence, mais aussi de sa mémoire tronquée, à l'image de la violence de l'armée rouge envers les populations civiles durant la Seconde Guerre mondiale ou les crimes du stalinisme jamais dénoncés et dont l'étude est systématiquement empêchée.

Un texte puissant à sa sortie, auquel on pense avec tristesse à l'approche des deux ans depuis le début de la guerre...
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Un petit essai très intéressant dans lequel l'auteur met en parallèle son analyse de la situation ukrainienne et la littérature russe. 

Apres la Tchetchenie et la Syrie, Poutine répète son mode de fonctionnement guerrier qui est le mode opératoire qui lui a permis de faire la jonction entre le KGB et les mafias. 

A Markowitz nous met en perspective ce mode opératoire dans l'histoire de la Russie, de Pierre le Grand à Nicolas 1er et Staline et l'illustre par les grands écrivains. 

Il avance l'idée intéressante que l'Ukraine est une sorte de trop gros morceau où les échecs dûs à la corruption vont entraîner une prise de conscience salutaire de la Russie. le peuple russe va pouvoir ainsi "passer de Dostoievski à Tchekov", c'est à dire "voir la réalité concrète, humaine, quotidienne de ce qui se passe" , plutôt que de se conformer à des idées messianiques illusoires sur le destin de la Russie.

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critiques presse (1)
LePoint
07 juin 2022
Dans cet essai à paraître le 3 juin, André Markowicz, né à Prague en 1960 d'une mère russe et d'un père journaliste français d'origine polonaise, interroge cette culture russe afin d'y trouver un début d'explication à la guerre, sans jamais ignorer la singularité de l'ex-membre du KGB.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Et si l'Ukraine libérait la Russie ?

Cette phrase semble indécente alors que la guerre fait rage, que l'Ukraine est ravagée, que la Russie s'efforce de détruire toutes ses infrastructures civiles ; alors que l'on assiste, avec plus d'un quart de la population ukrainienne déplacée ou réfugiée dans d'autres pays, à un nettoyage ethnique sans précédent et que l'on découvre de jour en jour des dizaines et des dizaines de crimes de guerre perpétrés par l'armée russe : alors que c'est l'existence même de l'Ukraine qui est mise en cause par Vladimir Poutine. Et pourtant, je la répète, cette phrase : et si l'Ukraine libérait la Russie ? Si l'électrochoc provoqué par le désastre ukrainien arrivait, en Russie, à réveiller les consciences et à changer l'histoire russe ?
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Tchekhov, on le sait, n’aimait guère Dostoïevski – ni ses tempêtes métaphysiques ni ses idées messianiques sur le destin de la Russie. Il disait que les écrivains ne doivent pas dire aux gens comment ils doivent vivre, mais leur montrer comment ils vivent.
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Les amis de Pouchkine, lisant ce poème en 1829, s'indignèrent de ce qu'ils virent comme un hymne à l'autocratie. Et c'est, de fait, un hymne - on pourrait croire manichéen - à Pierre le Grand et à la puissance de la Russie. Mais pourquoi "fracassant le verre" ? Le marteau a-t-il besoin de casser le verre pour forger l'acier ? C'est que le verre, dans la poésie russe, c'est une référence, là encore évidente, pour quiconque a un peu lu, à L'Epître sur le verre du premier grand poète russe, Mikhaïl Lomonossov (1711-1765) - qui expliquait que le verre est ce qu'il y a de plus précieux, parce qu'il est fragile, il montre la vérité, il permet de voir plus loin, et il n'existe pas dans la nature : il est une pure création humaine. Le verre, explique Lomonossov, résume toute la grandeur de l'homme. Et c'est donc cette humanité que détruit le "marteau pesant" qui forge l'Empire russe.
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Rencontre des étudiants comédiens du Conservatoire municipal du XVIe arrondissement et du public de la Maison de Victor Hugo avec André Markowicz.
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