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Critique de 5Arabella


La légende de Faust aurait eu sa source dans la vie d'un certain Georg Faustus (1466-1539), diplômé de l'université d'Heildelberg, médecin, astrologue, il s'adonne à la magie noire, bénéficie de soutien de gens haut placés. Il mène une vie errante.

Diverses chroniques paraissent en Allemagne, évoquant ce personnage devenu à demi légendaire. En 1587 paraît le Faustbuch, un petit livre intitulé Histoire du docteur Faust, très célèbre magicien et nécromant. Il s'agit de mettre en garde les chrétiens, les inviter à se méfier du diable et de la magie, le Faust de ce livre n'a plus rien à voir avec son modèle historique.

En 1588 paraît le Faustbook, la version anglaise de Faust, l'auteur du texte demeure incertain, c'est la première traduction du texte allemand dans une autre langue. Il s'agit d'une traduction à la mode de l'époque, c'est-à-dire d'une adaptation très libre de l'original, avec des ajouts et des coupures.

La pièce de Marlowe est datée selon les sources soit de 1589, soit de 1592 ou 1593, certains la considèrent comme sa dernière pièce. Si la pièce est donnée à plusieurs reprises après la mort de l'auteur, ce n'est qu'en 1604 qu'elle paraît pour la première fois en volume (texte A). En 1616 paraît un texte significativement différent appelé texte B, il est plus long que l'autre, même si le texte A contient quelques passages absents du texte B.
Dans le texte de l'édition bilingue de GF que j'ai lu, le traducteur a choisi de présenter un mélange des deux textes, en essayant de donner la version la plus complète de la pièce.

L'histoire de Faust est suffisamment connue pour ne pas nécessiter de résumé très long ; le très savant docteur Faust a la sensation d'avoir fait le tour des connaissances accessibles à un homme, et décide de se consacrer à la magie noire. Il invoque le Diable et lui vend son âme pour en faire son serviteur, et obtenir la toute puissance pendant 24 ans. Il profite de ses pouvoirs pendant le laps du temps qui lui est imparti, devient l'ami des puissants, ridiculise qui lui déplaît, mais parvenu à la fin des années imparties, il n'a plus qu'à attendre dans l'angoisse la venue du démon venu réclamer son dû.

Faust choisi en quelque sorte de ne pas sauver son âme, de ne pas se repentir.

C'est un texte très étrange, très composite. Il y a, avant les actes et à la fin de la pièce, l'intervention d'un choeur, comme dans le théâtre antique. Les références à l'Antiquité, en particulier mythologique sont d'ailleurs très nombreuses dans la pièce. le moyen-âge aussi est très présent, les moments de farce, très nombreux, font penser aux farces du moyen-âge. La thématique de l'homme qui se damne, en particulier en ayant vendu son âme au diable, est aussi une thématique du moyen-âge, il s'agissait de mise en garde, et aussi d'une démonstration de la toute puissance divine, qui peut sauver une âme repentante, quelque soit ses pêchés, comme par exemple dans le miracle Théophile, ou la Vierge, sauve le pêcheur qui a pourtant signé un pacte avec le démon, pacte déchiré par la Vierge, qui démontre ainsi sa supériorité sur le diable.
Mais ce qui appartient à la Renaissance, c'est la remise en cause du désir d'être sauvé, Marlowe a été accusé d'athéisme, et son personnage semble savoir que s'il acceptait de se repentir, il pourrait échapper à son funeste destin. Mais d'une certaine façon, il préfère garder son orgueil, ne pas s'humilier à demande pardon, et rester lui-même quitte à payer le prix fort. En fait il ne regrette pas ce qu'il a fait, mais juste que les bonnes choses, la puissance, et la satisfaction de tous ses désirs doivent s'arrêter. Il voudrait en fait pouvoir signer un deuxième pacte diabolique.

Pièce étranges, troublante, mais j'ai été gênée par le parti pris du traducteur de donner un texte exhaustif, très long. Les intermèdes comiques, qui pour certains impliquent d'autres protagonistes, ne sont pas forcement passionnants, et un peu répétitifs. Sans doute ils étaient appréciés sur scène de leur temps, mais de nos jours en lecture, ne sont pas d'un très grand intérêt. Il semblerait qu'ils ne soient en plus pas forcement tous de Marlowe. Une version plus resserrée serait à mon sens plus intéressante.
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