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Critique de beatriceferon


Un jour, une jeune esclave est amenée au palais d'Agamemnon. Elle est originaire d'Anatolie, près de Troie et, personne ne se donnant la peine de connaître son prénom, on la nomme simplement Kilissa, la Cilicienne. Très vite, la jeune femme devient la suivante et l'ombre de la reine Clytemnestre. Elle s'occupe de ses trois enfants, les soigne, leur raconte des histoires.
Quand les princes grecs décident d'aller guerroyer à Troie pour ramener Hélène, le vent refusant de souffler, les prêtres prétextent une colère divine et exigent un sacrifice humain. Celui de la princesse Iphigénie. Mais on fait croire à la reine que l'on fait venir sa fille pour la marier. Ce drame va bouleverser son existence.
Marie-Bernadette Mars revisite la légende des Atrides en se plaçant du côté de Clytemnestre, que les récits mythologiques ou les textes qui en sont inspirés, nous ont toujours présentée comme une femme sans coeur, qui devient la meurtrière de son mari afin de garder le pouvoir et de porter sur le trône Egisthe, son amant. Au contraire, Marie-Bernadette Mars nous la fait voir comme une épouse solitaire et bafouée, une mère meurtrie.
Dans des chapitres très courts (pas plus de deux ou trois pages, et, le plus souvent, simplement une demi-page), elle donne la parole, tantôt à un narrateur externe, tantôt à Clytemnestre elle-même, pour nous faire pénétrer dans l'âme de cette femme. La voilà peinte comme une jeune fille heureuse, élevée avec sa soeur Hélène, rêvant de bonheur et d'amour. Leur père, qui les aime beaucoup, « ne voulait pas que nous ayons une existence banale et nous cherchait des maris cultivés, audacieux, entreprenants. Il avait persévéré, il avait attendu qu'une famille suffisamment prestigieuse le séduisît. Et nous avons épousé les deux frères, Ménélas, trop heureux d'avoir enfin Hélène, que l'on disait belle comme une déesse, Agamemnon qui m'impressionnait par ses connaissances, ses histoires, ses récits, ses défis. Et peut-être aussi son ambition. »
Mais, malheureusement, aucune des deux n'est heureuse en ménage. Elle doivent se contenter de miettes et se persuader que « l'habitude pouvait remplacer un amour inexistant ».
Ce n'est donc pas étonnant si Hélène suit Pâris. Ménélas se sent humilié dans son honneur. « Il a trouvé de nombreuses raisons pour partir vers Troie mais la seule que j'aurais comprise, l'amour, n'a jamais été invoquée. »
L'auteur aborde de nombreux thèmes. La guerre d'abord, bien évidemment, puisque Ménélas entraîne à sa suite tous les princes grecs. Avant même de commencer, la guerre sépare ceux qui s'aiment. Thétis et Pélée vont chercher un moyen d'en préserver leur fils Achille. Ulysse feint la démence pour ne pas abandonner son épouse et leur bébé.
La religion joue un rôle funeste. Pour asseoir leur pouvoir, les prêtres interprètent en leur faveur, des éléments purement aléatoires, telle une météo capricieuse. Attribuer le manque de vent à une colère divine, leur permet de rabattre l'orgueil de ce chef arrogant qu'est Agamemnon en exigeant le sacrifice de sa propre fille.
L'auteur met en avant crédulité et superstition qui poussent la foule à exiger cette barbarie. Elle analyse l'amour maternel. Clytemnestre, naïvement, amène elle-même sa fille adorée sous la lame du bourreau, pensant la conduire à ses noces. On la lui arrache. La séparation brutale d'Iphigénie. Les cris d'Iphigénie. Les larmes. Les supplications. Son désespoir. Et elle, Clytemnestre, enfermée dans une tente, avec des soldats qui la repoussaient lorsqu'elle s'élançait, se battait pour rejoindre Iphigénie, pour empêcher le sacrifice. »
Elle oppose l'indifférence de mari et de père d'Agamemnon avec le tourment enduré à la fois par Clytemnestre et par Kilissa, qui a élevé Iphigénie. « Elle basculait, gémissait, abrutie de pleurer. » « Lorsque j'évoque Iphigénie, c'est un marais qui se referme, c'est un gouffre, c'est une étendue à jamais sombre et silencieuse, c'est un plus jamais, c'est une immense désolation. »
Elle nous présent Egisthe, non comme un ambitieux, avide de pouvoir, mais comme un être sensible, tendre, empathique, qui, lui aussi, a connu une perte douloureuse.
Tout est donc original et intéressant. Et, malgré cela, j'ai dû m'accrocher pour terminer ce livre, que j'ai souvent trouvé très ennuyeux.
Donc, malheureusement, je ne l'ai pas aimé, bien que, sans doute, il le mérite.
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