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EAN : 9782806105134
122 pages
Academia (08/04/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
La brièveté, l’intensité, l’éphémère qui caractérisent la nouvelle en font un genre littéraire prisé par les uns, délaissé par d’autres. Ce choix d’écriture s’est imposé pour évoquer les rencontres avec des migrants, chaleureuses mais ponctuelles, conviviales mais vouées à l’éphémère. Dans une perspective plus large, chaque nouvelle évoque des personnes qui, au cours des siècles, au cours des guerres, depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui, ont tout laissé derrière ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne sais par où commencer pour parler du livre "L'horizon en éclats" de Marie-Bernadette Mars. Je me lance donc un peu au hasard, comme cela me vient.
La couverture du livre, le titre, et dès l'entrée, le texte d'Aragon vous plongent dans cette terrible réalité, inimaginable et bien réelle, cette "autre" déportation.
Ce gouffre immense de bleus, de verts soulignés de noirs, de misères et de malheurs, de séparations insupportables et d'arrachements, de souffrances corporelles et psychologiques.
On ne peut pas on ne peut pas on ne peut pas s'imaginer.
On veut ne pas la voir, cette réalité. On veut la fuir, mais elle est là en face, tout près.
Vais-je lire ? Peur !
Je repense à certaines images de Present, une expo du photographe Stephan Vanfleteren, que j'ai été voir à Anvers avec une amie juste avant le confinement.
Ce sont des images qui vous pénètrent dans les tripes et qui ne vous lâchent plus.
Et j'avoue vraiment, j'ai honte, que j'évite souvent la lecture et la vision de certains articles et documentaires sur les migrants.
Je me trouve lâche et j'ai une immense admiration pour les personnes qui non seulement sont touchées par ces âmes mais affrontent leur douleur pour venir à leur secours.
Alors, j'y vais, et le prélude m'ouvre la porte à leurs paroles, à leurs histoires, à leurs témoignages.
Et ce qui est écrit est beau car toujours, l'espoir est quand même là. Ils sont, ensemble, en Angleterre.
Je relirai encore, plus tard, même si j'ai envie maintenant de parler de la qualité de l'écriture en détail.
De même pour chacune des nouvelles.
Ce que j'ai tellement aimé c'est que les proches de l'auteure justement sont présents aussi.
Et elle nous fait sentir à la fois ce désir si grand et respectueux ainsi que l' impuissance d'approche véritable.
Les migrants. Leur vécu, leurs douleurs sont enfouis si profond. Cette distance peut-elle tant soit peu être surmontée, dépassée ?

L'enlacement des destins, errements éperdus de toutes les guerres, de tous les conflits inéluctables.
Traces, dessins, mots qui font ouvrir les yeux et le coeur.
Traduction, transposition, transcodage des figures mythologiques en héros et victimes d'aujourd'hui.
Circé m'a coupé le souffle.
On pénètre totalement dans les états d'âme des migrants. On imagine l'arôme s'évaporer et titiller l'atroce faim.
On est eux ! Pitié ! Espoir ! Enfin !
J'avais totalement oublié le titre. Et voilà qu'Ulysse apparait.
Et avec lui, l'horrible réalité. L'horreur réelle des hommes tels qu'ils peuvent être.
C'est là le maléfice.

Ecriture magnifique !
Enumérations d'une force extraordinaire !
Partout des phrases, des images qui décochent leur poésie en plein coeur ! Qui font mal à force de vérité !
J'en choisis une : "Mais parfois, sous un ciel étoilé, dans le silence de la campagne qui renvoie à soi-même et fait émerger des émotions tapies, le cri d'un oiseau de nuit, intense et lancinant, remuait des eaux endormies et ils se souvenaient que les gamins n'avaient jamais revu leurs parents."
Répétitions telles un refrain. Comme "A Asmara, il y a une femme qui me ressemble".
Elles vous prennent à la gorge. L'émotion est profonde. Je pleure je pleure je pleure.
Parallélismes incroyables.
L'antre du Cyclope et le port de Patras.
Quarante élèves ! Quarante migrants !
Des paragraphes en parallèles ! J'en choisis deux lignes:
" (...) ils aspiraient à l'émotion ressentie lorsque le port s'éloigne, lorsque le soleil se laisse couler dans les flots en y déversant sa couleur (...)"
" (...) ils appréhendaient l'émotion ressentie lorsque le port s'éloigne, lorsque le soleil se laisse tomber dans les flots en y déversant sa douleur (...)"
Ainsi, non-stop, beauté de l'écriture, et l'immense pouvoir de vous toucher au plus profond de votre être.
Et "Moria" brulant atrocement d'étranglement, avant l'écrit.
Moria brulant durant cet affreux été .
Moria brulant encore encore encore longtemps.
"A Moria, les oliviers transpirent de gouttes de feu"
Partout réflexions, pensées, méditations.
Une histoire d'aujourd'hui ! Ah ? Tiens ! Eschyle.

Et tout au long, mille façons de décrire la mer. Cette mer d'exil ou de mort !

Et un grand merci à Félix Katikakis pour son poème envoutant !
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Franchement, j'ai eu beaucoup de chance que Marie-Bernadette Mars offre (et dédicace) ce recueil de nouvelles à mon papa. C'est une découverte magnifique

On a une vingtaine d'histoires courtes sur l'immigration. Chaque histoire est différente, avec des points de vue différents. Parfois on parle des émotions, des sensations, parfois des difficultés du voyage, parfois des petits bonheurs partagés entre réfugié et famille d'accueil… J'ai été beaucoup touché par le style d'écriture qui a fait couler ses récits en moi. Certaines lectures m'ont parfois arraché quelques larmes. C'est un recueil que je relirai c'est sûr car, vu que j'ai enchainé les histoires, certaines se sont mélangé dans mon esprit.

Je recommande à tout le monde

4/5
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Au travers d'une vingtaine de courtes nouvelles, l'auteure nous montre que les migrations constituent un des fondements de notre société. Les témoignages contemporains y côtoient les récits de nos parents ou grands parents et les mythes de l'antiquité. Ainsi la légende du cyclope est au coeur de situations d' une surprenante actualité.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A Asmara, il y a une femme qui me ressemble.
Elle a grandi là-bas, du ciel dans les yeux, du soleil dans le regard. Elle a cru en l’amour. Elle a été émue lorsque la vie a évolué en elle. Elle a pleuré de joie en mettant au monde son premier enfant. Un garçon. Elle l’a regardé naitre au monde, s’éveiller, sourire, se mettre debout, fier de ses mouvements. Elle a été heureuse des sons qu’il a répétés, elle s’est émerveillée de son rire qui résonnait.
(…)
A Asmara, il y a une femme qui me ressemble.
J’ai rencontré son fils. Le dernier qui est parti, le dernier qu’elle a vu disparaitre pour toujours. Et j’entrevois les sanglots, les derniers sanglots de celle qui rêvait de le voir grandir auprès d’elle, de celle qui l’aimait tant qu’elle a desserré ses doigts qui s’agrippaient à lui et l’a laissé partir en s’imprégant les yeux et le cœur de son visage qu’elle ne reverrait pas. Elle le regarde, elle n’en finit pas de le regarder, elle n’en finira plus jamais de le regarder s’éloigner.
(…)
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Il faut parler.
Il faut raconter.
Il faut nous dire.
Parce que nous n’avons pas vu les larmes que vous avez versées, les larmes de tristesse quand vous vous êtes éloignés de votre pays, les larmes de colère quand vous avez vu l’injustice se resserrer sur vous, les larmes de désespoir quand un camion vous a reconduits en une nuit au départ des mille kilomètres que vous veniez de franchir en vingt jours, les larmes d’attendrissement quand vous avez entendu la voix de votre mère au bout du fil d’une longue attente, les larmes qui coulent quand les mots ne parviennent plus à se former et s’éteignent avant d’être prononcés.
Il faut parler.
Il faut raconter.
Il faut nous dire.
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