Angleterre, années 1940.
Deux petites filles brunes de huit ans : Olivia a perdu sa mère actrice au cours d'un bombardement, le père d'Emily est mort aux commandes d'un avion de chasse.
Leurs parents survivants se rencontrent, se marient, les fillettes doivent cohabiter, cela ne se passe pas si mal. Pa, Mo, Liv et Em forment une véritable famille, où les petites filles sont les reines.
Mais bientôt naît une demi-soeur, Rosie. Em et Liv sont d'emblée jalouses du bébé - merveille absolue aux yeux des parents - qui va de surcroît devenir une redoutable garce en grandissant.
Le roman démarre de façon un peu confuse. Ce flottement dure le temps de se familiariser avec les personnages.
L'ambiance est très anglaise, la lecture devient plaisante, puis captivante, notamment grâce à l'humour.
Liv et Em sont attachantes, d'autant plus que leur demi-soeur Rosie est diaboliquement odieuse et manipulatrice.
Bien que le livre commence par la fin, le suspense est bien entretenu et on s'inquiète de savoir qui va triompher : l'infâme Rosie et son mari, ou les gentilles frangines ?
Tendresse, manigances & humour noir, copieusement arrosés de gin. Savoureux mélange !
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Angleterre, années 50. Olivia et Emily sont demi-soeurs depuis que leurs parents se sont remariés ensemble. Mais bientôt vient une nouvelle petite soeur : Rosie. Des rivalités et des jalousies naissent entre les trois soeurs et coups bas et quiproquos enveniment la situation entre les filles puis femmes.
J'ai passé un bon moment avec ces femmes qui n'arrêtent pas de se tirer dans les pattes en jouant les naïves. Entre les soeurs, la mère, la tante ou la nièce, il n'y en a pas une pour rattraper l'autre, toutes calculatrices. J'ai bien aimé l'humour de l'auteur, c'est léger et on ne culpabilise pas… de choisir un camp.
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En guise d'introduction à la chronique de ce petit roman, je voudrais dire un mot des lectures honteuses. Car, quoi qu'on puisse prétendre, il y a des lectures honteuses : on n'obtient pas le même regard en face quand on explique que pendant ces vacances, on a encore relu Proust avec le même plaisir et quand on dit qu'on a lu Fantômette. Par ailleurs, certaines lectures procurent un plaisir imbécile, sans réflexion, ce type de plaisir qu'on peut avoir tendance à dissimuler.
J'aime tant connaître les lectures honteuses des gens, les livres qui ne sont pas dans la bibliothèque du salon, ceux dont on parle au dessert, quand le vin a adouci les défenses et fissuré les architectures. Mais voilà : il y a là une injustice masculin / féminin bien connue. De façon générale, le honteux féminin est sentimental, quand le honteux masculin oscille entre l'érotique et le noir noir noir, quel qu'il soit. Et qui dit l'un est niais et/ou attendrissant ; qui dit l'autre (homme ou femme) passe pour qqun qui en a et à qui on peut taper sur l'épaule.
Or pour mon malheur, mis à part qques romans américains, mon honteux est quasi tout entier rivé sur les choses anglaises, toutes les choses anglaises, du gothique échevelé aux vieilles dames qui donnent dans la décoration florale. La lecture de San Antonio ou de Chandler me plaît, mais elle me demande un certain effort ; Pierre Louÿs m'amuse mais je surmonte d'abord une certaine gêne. Or je m'abîme de satisfaction inconditionnelle à lire quelque chose comme Willa Marsh.
J'ai lu Meurtres entre soeurs après Une famille délicieuse, dont il peut être la version parodique. Tous les décors récurrents - dont je situe à tort ou à raison l'origine dans la Promenade au phare de Woolf - sont inversés : la maison est bien là, mais elle est au bord de l'autoroute (et non plus au bord de la mer) ; la mère aimante qui lit des histoires à ses nombreux enfants devient une vieille ivrogne ; les « dear sisters » deviennent des filles rusées et virtuellement empoisonneuses. C'est le versant violent du même et il n'est pas moins agréable et drôle.
On pourrait croire du Sharpe, d'ailleurs, si un détail ne ramenait à la décoration florale : tous les personnages demeurent innocents, sinon en intention, du moins en fait (un peu comme dans le Crime de Lord Arthur Savile). En réalité, ce roman illustre assez bien l'illusion d'innocence qui nous tient, tous autant que nous sommes.
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A l'âge de cinq ans, Rosie connaît ses parents sur le bout des doigts et les fait manger dans le creux de sa main. A dix ans, elle pourrait en remontrer à Iago, question rouerie. Lorsque ses sœurs rentrent, aux vacances, elle les observe attentivement. Elle devient championne de stratégie en deux temps trois mouvements. Elle n'a jamais entendu l'expression "diviser pour régner", mais elle sait parfaitement la mettre en pratique.
Cette fieffée Pamela parle aux deux filles de la chance qui leur est offerte et elles sont tout excitées. N'ont-elles pas dévoré toutes les histoires de pensionnat d'Enid Blyton ? N'ont-elles pas rêvé de festins nocturnes, de jouer au hockey ? Elles ont hérité des gènes de l'actrice et du pilote de chasse. Elles meurent d'envie d'expérimenter, d'explorer, de tester leurs limites. Elles meurent d'envie de s'éloigner de Mo et Pa et par-dessus tout, de Rosie. Elles supplient qu'on les envoie en pension.
- C'est curieux, dit Em. J'ai l'impression que tu es bien plus ma soeur que Rosie.
- Tu te souviens de ce que disait Pa ? demande Liv. Molly O'Grady et la femme du colonel sont plus soeurs que si elles étaient du même sang. Quelque chose comme ça. C'est une citation de Kipling.
- C'est sûr que quand je pense à Rosie, le sang me monte à la tête, s'exclame Em avec véhémence.
- Je ne pense pas que ce soit ce que voulait dire Kipling.
- Mais Kipling n'avait sans doute pas une soeur du même acabit que Rosie.
Le rire tient la peur à distance et fait reculer cette insécurité liée au monde adulte qui les frôle dangereusement.
Rosie douillettement installée dans la maison de Rup à Chelsea, mène une existence de plaisir et de fêtes ininterrompues. Bien qu'ils aient l'intention de fonder une famille, ils ne se sentent pas encore prêts. Après tout, Rosie est si jeune, et Rup n'est pas tout à fait "établi".
-Etabli comme quoi ? demande Livy à Em, sur un ton caustique.
-Comme le plus grand couillon de Londres, répond Emmy.
La chronique de Gérard Collard - le journal secret d'Amy Wingate
Le journal secret d'Amy Wingate de Willa Marsh aux éditions J'ai Lu La cinquantaine plutôt revêche, Amy Wingate vit seule dans une étroite bicoque victorienne du bord de mer. Pour chasser...