Empruntant au style narratif des romans hardboiled des années 40 qui firent fureur en matière de polar macho et musclé,
Avance Rapide peut parfois sembler lourd ; un détective qui se parle à lui-même, des gonzesses bien gaulées qui n'ont d'autre utilité que de l'aider dans son enquête, de la baston et des *boum* ici et là, le tout recouvert d'un humour un peu daté (mais qui fonctionne malgré tout, *shame on me*).
Ça partait de manière un peu bancale, le style me faisant bizarrement penser à Cool World (ce film aux allures de Roger Rabbit pour adulte avec Brad Pitt), mélangé à celui l'univers du Videodrome cronembergesque.
Sauf que.
Smith est anglais, ce qui est un plus quand on sait qu'il est ainsi natif du même pays que ce regretté
Terry Pratchett. Et laissez moi vous dire que le coté hardboiled à la
Dashiell Hammett /
Ross Macdonald /
Larry Brown laisse vite place aux charmes d'un monde bardé de références à la série du Disque-Monde.
Les objets sont vivants, leurs fonctions faisant encore office d'objets visionnaires et utiles, même alors que le roman date du début des années 2000. La géographie, l'architecture de la Cité, ses quartiers, tout est pensé d'une main de maître qui met rapidement de côté les défauts dû à la virilité du personnage cités plus haut.
Quant à l'enquête en elle-même. On part sur une disparition simple avec un jeu de piste basique. Mais encore une fois tout ceci n'a lieu qu'au début de l'histoire. Au fur et à mesure, l'enquête se délie et laisse place à une réflexion sur l'importance des rêves, de créer des mondes parallèles, de voyages introspectifs, de visions pixelisées qui se matérialisent en fonction des émotions des personnages.
Avance Rapide est un polar SF complètement cinglé. On égraine les pages du début comme un film qu'on laisse tourner histoire d'avoir une présence jusqu'au soudain. « hein attends putain, quoi ?!! » qui donne envie de le dévorer.
Sa force - mais aussi sa faiblesse - résident dans le mélange de genres littéraires. Ça foisonne de partout, ça paraît limpide par moments et complètement tordu à d'autres endroits. Ça mériterait d'être développé mais c'est pas toi qui commande (et c'est tant mieux, on a quand même le meilleur rôle, celui de lire et de profiter).
Il m'aura fallu à peine une journée pour en venir à bout, c'est pour dire. (Ok il ne fait que 300 pages mais j'ai déjà mis plusieurs jours pour écouler autant de pages sur d'autres polars).
Passez vraiment les premiers ressentiments, c'est un roman qui prend de la puissance au fur et à mesure, excusant même la traduction un peu pétée et les coquilles bien lourdingues (mais malheureusement fréquentes chez Bragelonne).
Un bon moment en perspective, rien que pour retrouver les sensations des références dont j'ai parlé (aaaah la nostalgie, quel petit poison réconfortant n'est-ce pas ?)
Sioux !
Lien :
https://www.instagram.com/lo..