Ce livre raconte les aventures de Hap Thomson, looser à la petite semaine, porteur de rêves et de souvenirs récupérés chez des gens qui n'en ont plus envie.Bien sûr, on est chez [author:MM Smith], et d'après ce que j'ai pu comprendre (en lisant la quatrième de couverture), l'ambiance se retrouve aussi dans ses autres ouvrages. Et cette ambiance, fabuleux mélange de vrai roman noir et de cyberpunk étrange, avec un peu de fantastique sur les bords, est vraiment l'un des points forts du roman. Lorsque Hap, par exemple, se rend dans un bar louche, on l'imagine très bien dans son vieux costard froissé, une immonde clope mal roulée entre les lèvres, avec une barbe de trois jours et une tête à faire fuir un chien errant. Et cette ambiance cadre magnifiquement avec ce vrai récit noir.De l'introduction aux scènes les plus mouvementées, on est loin des scènes à grand spectacle, et toujours perchés sur l'épaule de Hap (bien aidés par cette narration à la première personne, que j'associe volontiers - en bien - à des séries comme Magnum, si, si, Mike Hammer, et autres récits un peu noirs). Et ce personnage de Hap fait un magnifique anti-héros. En effet, c'est un parfait looser, qui croit avoir un bon plan mais est en fait en train de se faire avoir à plein tubes. Bien sûr, comme dans toute histoire de ce type, il finira par s'en sortir, non sans en avoir chié un max au préalable, avec poursuites policières et tutti quanti.Attention, voici les spoilersPar contre, ce qui me trouble pas mal, c'est cette histoire d'extra-terrestres/anges. On les voit arriver façon gangsters de la pègre bien décidés à cartonner tout ce qui bouge (ce qu'ils font d'ailleurs dans le bar). Et on se dit que ce sont de simples gangsters. Et puis, à un moment, zou, ils deviennent des extra-terrestres. J'ai pas vraiment compris pourquoi, ni d'ailleurs pourquoi ils sont devenus à la fin du récit des anges. En fait, je trouve qu'ils nuisent à la lisbilité du récit : de simples porte-flingues auraient aussi bien fait le boulot, en enlevant certes au passage les enlèvements par les extra-terrestres, mais je ne crois pas l'histoire y aurait perdu quoi que ce soit.D'un autre côté, ça nous aurait privés de l'apparition de Dieu en tant que vrai Deus Ex Machina : il met Hap sur la piste, il l'aide quand l'autre nul est dans la panade, et il finit carrément par venir dénouer les fils de l'intrigue, à la Dumbledore à la fin d'un [book:Harry Potter].Un autre truc qui m'a un peu énervé, mais moins, c'est les machines domestiques intelligentes. D'accord, le réveil est intelligent, mais je ne vois pas pourqoi il aurait des jambes. Et je vois encore moins pourquoi il motiverait ses camarades accessoires domestiques pour qu'ils aident Hap dans le grand final des guignols.Dis comme ça, ce sont des réserves sévères, mais en fait non. Elles ne gênent pas vraiment la lecture, et elles fournissent des contrepoints à une intrigue habilement ficelée (avec comme morceau de choix Statten et Quat ne sont qu'une seule et même personne ? Et la copine du flic mort est la mère de Laura ?), remplie de personnages bien agréables, quoi qu'un peu creux, comme par exemple Deck, le pote du héros, qui est un personnage assez important, mais ne semble pas avoir la chance d'avoir un caractère.Enfin, tout ça suffit à en faire pour moi un ouvrage honnête. Pas un chef d'oeuvre, mais une bonne histoire bien distrayante, avec les vraies pensées philosophiques d'un vaurien. Une lecture parfaite pour la plage, en somme.
9782265079625"
Commenter  J’apprécie         00
L'histoire est bien, l'enquête sur le meurtre a son intérêt mais j'ai moyennement accroché à l'écriture.
Un troupeau de grille pain et un réveil qui se fait maltraiter mais suis toujours son propriétaire, en plus d'être étrange, ça n'a pas vraiment d'intérêt.
Commenter  J’apprécie         10
Un très bon polar de SF. Captivant.
Commenter  J’apprécie         00
Les souvenirs aussi peuvent être extériorisés, mais ça ne marche pas comme pour les rêves. On ne peut pas effacer les souvenirs, pour la bonne raison qu’ils dépendent d’un événement qui s’est effectivement produit dans le monde réel.
C’étaient les rêves qu’on faisait quand on était stressé, fatigué, tracassé par ceci ou cela. Le plus souvent, ils mettaient en scène des tâches minutieuses et complexes dont le rêveur devait s’acquitter inlassablement sans bien comprendre ce qu’il faisait et en se trouvant constamment obligé de tout reprendre au début
J’avais l’impression que ma vie s’était progressivement arrêtée, et qu’il allait sans doute falloir quelque chose de retentissant pour qu’elle se remette en branle. Une réincarnation, par exemple. Ce n’était pas la première fois que j’éprouvais cette sensation, mais là, j’étais particulièrement pessimiste. Le genre de situation dont on peut facilement ne jamais se relever.
Les rêves d’angoisse, beaucoup plus fréquents que les cauchemars, tendaient à affecter les cadres moyens et supérieurs, susceptibles en priorité de s’intéresser aux techniques d’oniro-effacement. Les détenteurs de cette nouvelle technologie ont donc changé leur fusil d’épaule, revu leur baratin commercial et amassé une petite fortune.
Quand on effaçait un rêve, en fait, on détruisait seulement une imagerie, une composante visuelle qu’on empêchait ainsi de se projeter dans l’œil intérieur du rêveur. La substance du rêve, cette impalpable abstraction qui semblait impossible à isoler, demeurait.
Vidéo en anglais. M.M. Smith parle de son roman "The Servants" ("Les domestiques").