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Citations sur Le Louvre entrouvert (12)

[A propos de Madame Eugène Félix Lecourtois, première femme de l'artiste- de Jean-François Millet- Musée d'Orsay]

On est devant l'ouvrage entre hébétement et béatitude. Ce que l'oeil ausculte, regarde et voit; ce que l'esprit interprète ne rend pas compte. Ne pas s'énerver. S'abandonner. Consentir à l'éviction de la volonté. Il suffit d'admirer selon notre faculté d'admiration; selon le don d'admiration qu'il nous fut offert de développer par patient recours à la longue mémoire charnelle, génésique, oblitérée par les agaceries de la vie sociale, de l'inquiétude pour le pain quotidien, le maintien de la santé, le toit sur la tête. (p. 146)
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Les Glaneuses ne sont pas non plus au Louvre : elles sont là devant moi, au musée d'Orsay. Un verre les protège qui empêche de les voir telles qu'elles sont. Le verre atténue la tactilité de l'oeil. (...)Ce qui est beau, c'est qu'il n'y a aucun effet, aucun discours, aucune revendication, aucune colère non plus qu'aucune résignation. (...)
Millet, c'est l'élévation de l'âme; les pleurs retenus; l'héroïque grandeur vêtue de pauvreté. (p. 148-149)
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Cela dit, hommage à Hondius (Abraham), 1638-1691, qui d'un beau pinceau inspiré autant que volatil a peint son -Marchand de pigeons- : c'est brun, c'est vert; le blanc s'envole ou se coagule; le noir de la nuit sans étoiles laisse traîner ici et là des lambeaux: et c'est un jabot, et c'est un amas de plis, une aisselle, un chapeau. Et l'homme: un seigneur, un initié, au visage noble pétri dans la plus forte argile. (p. 35)
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Louis Tocqué naquit à Paris en 1696 où il décéda en 1772. La toile qui m'arrête a été peinte en 1711. C'est le portrait d'un autre peintre, Louis Galloche. (...)
Un couple d'amoureux a pris naissance sur ladite toile, laquelle un moment le peintre a délaissée pour la pose que lui demandait son ami. (...)
Bien entendu les mots ne peuvent qu'admettre leur impuissance à rendre compte de ce que les yeux voient, de même que ce qui est peint est impuissant à énoncer, dire, philosopher, Dieu merci ! et que la musique ne peut être traduite en aucune langue, en même temps, comme je le dis et le répète, qu'aucun art ne serait vu ni entendu sans le don primordial, premerain, de la parole: Logos, Verbe, d'abord, avant tout, au commencement de l'infini. (p. 49-50)
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Un émerveillement de lumière compose en couleurs Les Mendiants (1568) de Brueghel l’Ancien. S’il y eut cour des miracles c’est bien là qu’elle se tient. Tant de misère, d’abomination d’un coup transfigurées par le pinceau en une pièce musicale verte et blanche, et brun et rouge, et le ciel est très loin dans la trouée de quelques branches, au fond d’une enfilade de mures en briques là-bas, derrière une muraille percée d’une ouverture voûtée.
Abominable contradiction : avoir fait de ce coin d’enfer un paradis pour l’oeil.
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Dieu merci ! Je ne me souvenais pas de ce -Rosny, Vue du village au printemps, 1839- Il y a du Bonnard avant la lettre, celui de l'amandier en fleur, celui des carnets de dessin. C'est extrêmement simple. (...)
L'ouvrage de l'homme encore s'inscrit de soi-même dans la nature elle-même accompagnée par la main et l'outil. Et l'ouvrage de Corot à son tour s'accorde au rythme et le restitue. On voit, on écoute, on touche. Tout va de soi, sans dénoter le moindre effort; la moindre recherche,; car tout est donné, apparemment. C'est une prière sans parole émanée de l'âme, que le pinceau met en couleur. (p. 128)
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Et je m’arrête encore happé, face au Herengracht d’Amsterdam de Jan van der Heyden; toile petite, mais pleine comme un oeuf où la brique et le bois, le fret, la frondaison se mêlent à l’eau , s’en éclairant, empanachés de nuages voyageurs qui ont scrupule à s’emparer de tout le bleu.
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Ce qui fait un tableau, ce qui fait un poème, ce qu'on est convenu d'appeler une -oeuvre d'art-, tient à moins que rien : à seulement ce petit instant, ce petit coup de magie impondérable, insaisissable, trop subtil pour qu'il tombe sous aucun sens; mais qui se signale subrepticement, à l'improviste, à côté duquel on pouvait passer, dont ignorent la présence- mieux , le présent-d'innombrables promeneurs, flâneurs, spectateurs, contemplateurs même. (p. 7)
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[ Peinture de Til Barsip]
C'est l'avant-dernière journée de février. L'air est redevenu transparent. A trente siècles de nous on la voit encore qui dévale parmi le roc et la pierraille. On la nomme -La Chèvre bleue- Elle est une trace sur un mur, l'ombre de celle qui passait vivante, courant la montagne. Elle fut peinte à chaux et à sable, a fresco. D'après ce que je lis, elle décorait avec ses congénères le couloir XXVI du palais royal de Til Barsip. Au bleu passé de nos lessives se conjugue l'ocre pâle du mortier. En ce fragment mutilé c'est l'élan vital (...) je me vois mené à plus d'un millénaire jusqu'à celle que je voulais à nouveau découvrir et révérer (p. 167)
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Ornans est sujet aux orages. Le ciel est sombre; Le crucifix au-dessus de la falaise projette contre les nuages la désolation de la neuvième heure; Le soleil reviendra-t-il ? Question que s'est posée Ramuz un siècle après que Courbet eut peint son tableau - L'Enterrement à Ornans-: une des oeuvres majeures de toute le peinture du monde. (...)
Il y a là du Balzac et du Giono: des personnages, des caractères. On a devant soi le roman, la chronique: tous les secrets qui les composent, à la fois dits et tus. Un roman, mais oui, un roman broyé dans la peinture (...) Adieu. C'est à regret que je tourne le dos. Alors je me retourne, et c'est la bouche close et les yeux écarquillés que je reste encore un moment. (p. 148)
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