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EAN : 9782876735118
296 pages
Champ Vallon (27/11/2009)
4/5   3 notes
Résumé :
Au rythme de la marche la surprise survient, l'inattendu sollicite l'esprit, cela par le soudain écart entre la présence et la perception : c'est l'alerte de l'ouïe, de l'œil ; l'attention à tel bruit de la nature.
Un oiseau chante : quel est-il ? que dit-il ? Traduire en notre idiome la langue des oiseaux, le langage des fleurs, le texte de l'araignée. Ainsi rejoindre le mythe, renouer : non pas expliquer, mais déplier en même temps que pli sur pli se consti... >Voir plus
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le figuier, comme un serpent aztèque, s'emplume
  
  
  
  
Le figuier, comme un serpent aztèque, s'emplume
De vert, chaque jour plus, et plus dense brandit
Sous le ciel sa viridité. Contre la pierre,
Immobile, turgescent, il s'accroît, cloisonne

L'air qui flotte bleu comme un papillon de soie.
Et sa peau tendre ici et là incisée offre
Au toucher son grain teint de gris éteint qui
Pourtant varie au moindre écart de la lumière.

Enflés, déjà les fruits se nourrissent du lait
Que le soleil suce au sein de la terre noire.
Sous son écorce clos entièrement il porte

La nuit et pousse avec ses branches les étoiles ;
Se lave avant l'aube à la rosée, attentif
Au silence de la fructification.


            Vendredi 12 mai 2000
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Je me suis depuis longtemps interroge, et toujours m' interroge, sur la
fortune du sonnet, me demandant encore aujourd'hui s'il ne concrétisait
pas l'espace maximum et la quantité maximale où pouvait sans absence
se concentrer l'attention. Je me surprends, écrivant cela, à penser que
les brefs poèmes d'Emily Dickinson tiendraient leur origine du même
constat, eux-mêmes étant des sonnets particulièrement concentrés. C'est
peut-être en obéissant à cette observation que peu à peu, soumis à la
flexion de la phrase, je me suis mis à recueillir au cours de mes marches,
écrivant ainsi avec les pieds, comptant ce qui m'était conté, l'impromptu
événement ; indifférent à toute hiérarchie, vérifiant de la sorte qu'il n'était
rien qui fût insignifiant, l'infinité des signes jamais n'épuisant, ou ne
comblant, ou n'expliquant le possible. Je constatais en même temps que
le sonnet était d'abord une grille vide de 68 (12X4) cases qu'il s'agissait de
remplir, mais de telle manière que l'artifice menât au naturel, employant ce
vocable dans le sens tauromachique, art dans lequel le pose natural, c'està-dire la naturelle, est la passe la plus belle, mais la plus difficile à réaliser
et à tenir à cause de sa simplicité même, passe que le torero droitier réalise
avec le poignet et la main gauches, passe qui est tout sauf spectaculaire,
mais d'où émane, quand elle est réussie, soit insensiblement reconduite en
sa lenteur, cette musique inaccessible que faute de mieux nous nommons
le silence silence habité s'il est, comme sont habitées les deux Solitudes
de Gongora. Me vient à l'esprit que les dizains de \a Délie sont eux aussi des
sonnets réduits à dessein pour que la mémoire s'exerce mieux, l'attention
ayant pu être mieux soutenue. Me vient encore à l'esprit qu'un danger qui
se présente réside en ce que le sonnet sonne trop. Ce serait, le cas chez José
Maria de Hérédia ; mais non pas dans celui, fameux, que Jodelle a consacré
à Diane chasseresse et qui pourtant est éminemment sonore : quelque
chose comme une fanfare de cors de chasse dans les baliveaux par un
soir de février. Je n'en dirais pas plus, parce que je boucle ainsi la boucle,
retrouvant par ce détour le petit écolier qui suivait à pied, avec son frère
et un camarade, dans la forêt nue et mauve, la chasse à courre, si jamais le
sort avait voulu qu'elle déroulât ses fastes en ce jour de congé qu'était alors
le jeudi.
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Pourquoi la bruyère a-t-elle été si longtemps
Fleur de prédilection pour tant de poètes ?
La question me vient à l'esprit la voyant
Sous la fougère et les ajoncs orner la lande
Et l'éclaircir de ses perles que multiplie
La pluie ou la rosée. Elle dit par le mauve
Qui la teint le déclin du soleil et sa course
Raccourcie un peu plus chaque jour. Elle n'a
Donc pas la même mission que l'ancolie
Dont le tintinnabulement bleu glorifie
L'ascension. Mais à l'heure dite elle est là
Par ses couleurs transmettent le message à la
Terre qu'ont épuisée encore une fois fruits,
Fourrage, moissons et autres extorsions

(Jeudi 9 août 2001)
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Depuis le temps où les pâtres d'Italie, enfants analphabètes, jouaient
à s'échanger des jeux de mots et d'amour, objets d'inanité sonore, le sonnet
saisi en sa vive improvisation allait passer entre les mains savantes des lettrés
et connaître en Occident le succès que dut avoir ailleurs le haïkaï. 11 était à
l'origine beaucoup plus bref qu'il ne l'est en sa forme littéraire, car il n'était
d'abord jamais écrit, mais soudainement composé, écho répondant à celui
qui l'avait provoqué. Rimes, assonances, chocs, contre-chocs de consonnes,
musiques de voyelles, tout était mis en œuvre pour que ça sonne, comme
on l'entend aussi bien dans la poésie scaldique du INord, constatant par
la même occasion que les langues primitives non écrites, ou tardivement,
s'enjouaient à se jouer des sonorités, des effets, claquements, heurts, éclats,
le sens chez les plus doués — pâtres ou scaldes — prenant source dans le
son, s'y vivifiaient par maints tours de passe-passe, inventions, trouvailles et
trouveries, métamorphoses, ruptures, artifices pour déjouer l'attendu, tenir
en éveil, alerter l'esprit, saler l'amour, ou bientôt le laurer comme Pétrarque
au mont Ventoux, et en faire par un jeu savant un bijou précieux, même un
complexe coffret à musique, belle ouvrage en laquelle s'illustreront Luis de
Gongoray Argote, William Shakespeare, une multitude de poètes baroques,
édifice sans fin qu'ornera encore Gérard de Nerval avec le « Desdichado »,
puis son héritier en hermétisme, Arthur Rimbaud, compositeur des
« Voyelles », bien entendu sans oublier l'orfèvre en abîme que voulut être
Stéphane Mallarmé.
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On scie en bas les épicéas qui répandent
Leur parfum de résine et parfument ainsi
La brume en lambeaux qui se meuvent sur les pentes,
S'y accrochent et s'y déchirent ; mais persistent
Pourtant, par la métamorphose emplumant l'eau
Qui court et les sommets que les arbres debout
Verdissent. Hommes et moteurs cachés au fond
De la forêt où les bêtes se cachent font
Tout ce bruit que vous entendez : un arbre craque
Et se fracasse en tombant. Les oiseaux se taisent ;
Le chevreuil se garde éveillé ; le sanglier
Retient son souffle. Seul peut-être le pic noir
Se tient à l'ouvrage auscultant de bec l'écorce,
Encore au vacarme accordant son staccato.

(Vendredi 10 août 2001)
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Video de Robert Marteau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Marteau
Une compilation des émissions « À voix nue », par Jean-Loup Trassard, diffusée du 30 juin au 3 juillet 1997, dans lesquelles on retrouve un long entretien de Robert Marteau.
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