L'intrigue
Piscine Molitor Patel, dit Pi, est le fils du directeur du zoo de Pondichéry. Lorsque son père décide de quitter l'Inde, la famille liquide ses affaires et embarque, accompagnée d'une étonnante ménagerie, sur un cargo japonais : direction le Canada. le navire fait naufrage, et Pi se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque… Richard Parker, splendide tigre du Bengale, est aussi du voyage. Comment survit-on pendant deux cent vingt-sept jours en tête à tête avec un fauve de trois cents kilos ? C'est l'incroyable histoire de Pi Patel.
Chronique
L'histoire de Pi traîne sur mes étagères depuis vraiment longtemps. Il était hors de question de voir le film avant d'avoir lu le livre, du coup après fini cette lecture j'ai pu enchaîner sur l'adaptation ciné.
On m'avait prévenue d'une chose : il ne faut pas se laisser décourager par la première partie un peu longuette du roman, le reste valant vraiment le coup.
Mon avis ? La première partie du roman est particulièrement intéressante, les longueurs ne m'ont pas dérangée ! Clairement, avec
l'histoire de Pi, on va plus loin que ce que le grand public retient…
Bref ! Piscine Molitor Patel est né au sein d'une famille hindou contemporaine et moderne, à Pondichéry. Son père dirige un zoo avec un sa mère, et lui fait les 400 coups avec son frère Ravi. Jusqu'au jour où la situation économique désastreuse de l'Inde pousse la famille à quitter sa terre natale pour le Canada. Les animaux du zoo ayant plus de valeur à l'étranger, M. Patel les embarque sur le grand cargo TsimTsum pour les vendre en Amérique… Et c'est ce qui aurait du se passer si le bateau n'avait pas fait naufrage, laissant Pi abandonné à son sort sur une chaloupe de sauvetage en compagnie d'une mini arche de Noé, incluant tout spécialement un somptueux tigre du bengale, Richard Parker, dont la sauvagerie et la férocité ont été prouvée à Pi et Ravi par leur père quelques temps auparavant.
Pour parler de ce roman beaucoup plus dense qu'il n'y parait, je vais séparer le tout en plusieurs points :
Première partie
Si on a tous un avis bien forgé sur la question des zoos,
Yann Martel et Pi m'ont fait réfléchir et presque changer d'opinion sur ce sujet. Certains aiment aller au zoo et ne se posent pas davantage de questions, d'autres décrètent que les zoos ne devraient pas exister, et ce au nom d'une certaine cause animale (lézanimodevréetreenlibertépadandécaj!). J'avoue avoir fait partie de ces derniers jusqu'à réfléchir davantage à la question. Je ne lancerai pas de débat ici, à chacun de se faire son propre avis.
Ensuite, j'ai beaucoup aimé toute la partie traitant de la Religion. Parce que Pi, encore enfant à l'époque, se pose des questions tout à fait innocentes dont on aimerait bien encore parfois avoir les réponses. (Pourquoi Dieu aurait sacrifié son fils en dédommagement des erreurs commises par les hommes ?) de plus, sa curiosité et sa tolérance sont particulièrement touchantes et émouvantes. On découvre donc comment Pi est devenu pratiquant de l'Hindouisme, de l'Islam et du Christianisme. Ces croyances seront l'un de bases de sa force durant l'épreuve à venir, même si elles seront parfois remises en question.
Deuxième partie
La deuxième partie est donc celle de l'embarquement sur le cargo, du naufrage et de la survie de Pi pendant 227 jours dans des conditions particulièrement… particulières. L'auteur ne s'est pas réellement concentré sur la cause du naufrage, qui restera d'ailleurs une énigme, et tout s'est si vite passé qu'on en arrive rapidement à retrouver Pi dans sa chaloupe, en compagnie d'un zèbre à la patte cassé et de bien d'autres créatures.
Cette partie est bien entendu la plus longue. On y retrouve toutes les phases souvent rencontrées dans ce genre de contexte : la peur, l'abattement, l'espoir, la joie, la déception, la désolation… C'est notamment dans cette partie que la foi de Pi est remise en question.
C'est également ici que j'ai apprécié avoir eu de longs développements sur les animaux et les zoos, puisque tout ce raisonnement rend plausible la relation entre Pi et Richard Parker, le tigre qui l'accompagnera durant son voyage.
J'aime les huis-clos, j'aime les histoires de naufragés, et ici j'ai été servie ! Il y a pas mal de termes techniques et de descriptions un peu laborieuses, mais je pense que ça a beaucoup servi pour l'adaptation cinématographique.
Je pense qu'on ne se rendra jamais assez compte de ce que peuvent représenter 227 jours quand on est perdu au milieu du pacifique avec la menace constante d'un tigre à nos cotés… Mais comme dit Pi, si ce tigre n'avait pas été là, s'il ne l'avait pas tenu en éveil constant, tous sens aiguisés, à l'affût de la moindre réaction, est-ce que Pi aurait survécu ? Ne se serait-il pas abandonné à son triste sort ? J'ai beaucoup aimé cette relation d'inter-dépendance où chacun finit par trouver son compte et respecter son « adversaire », même sur un territoire aussi restreint qu'une chaloupe de 8m de long. Autant dire que le personnage de Pi en jette vraiment !
Même dans un cadre redondant et qui devient un grand vide familier également pour le lecteur,
Yann Martel a su me tenir en éveil, me garder intéressée et intriguée tout du long, et rajouter des petites notes de magie par-ci par-là. Je n'en dirai pas plus au risque de spoiler !
Troisième partie
La troisième partie du roman est la plus abrupte, celle qui nous fait redescendre sur Terre assez violemment, mais également peut-être la plus parlante, dure et belle à la fois.
Ici pas de spoil, ce n'est pas un secret, Pi a survécu. Et il est confronté durant son hospitalisation à deux fonctionnaires responsables de trouver la raison du naufrage du TsimTsum en allant interroger son seul survivant. Pi leur raconte donc son incroyable histoire de A à Z… Histoire qu'ils ne croient pas, qu'ils ne jugent pas assez réaliste et que les autorités ne goberont surement pas.
Pi se lance alors dans la narration d'une toute autre version abrégée de son odyssée, plus crédible et moins fantastique. Et plus convaincante pour les deux hommes.
On en ressort alors avec un petit doute en tête… Quelle version est la vraie ? Est-ce la plus probable ? Parce que c'est peu commun, doit-on douter du fait qu'un homme puisse survivre avec un tigre pendant 227 jours ? Et si on avait simplement envie de croire à la version qui nous plait le plus ? Ou alors le doute est-il seulement permis, cette deuxième histoire n'est-elle pas là que pour endormir les deux fonctionnaires ?
En bref, ce roman plein de métaphores, d'allégories, de croyance et d'humanité est un roman incontestablement fort qui m'a marquée et que je garderai en tête un long moment. L'auteur nous conte bien plus que l'histoire d'un naufragé. C'est réellement avec des questions plein la tête qu'on sort de cette lecture absolument prenante !
[Informations livre :
Yann Martel – L'histoite de Pi | Editions Folio | Contemporain | 436 pages | 8.70€]
Chroniques Livresques
Adaptation cinématographique
C'est avec le roman très frais dans mon esprit que j'ai vu le film, seulement le lendemain après avoir fini ma lecture.
Je sais qu'il est sorti depuis un moment et qu'il est connu pour être visuellement très beau, et il s'avère que c'est tout à fait vrai.
C'est une magnifique adaptation en termes de visuel, pleine de poésie et de magie. S'il abrège un peu sur la première partie du roman, l'essentiel est tout de même dit et montre l'importance de la Religion pour Pi.
L'Odyssée de Pi
Le tout est relativement fidèle, à quelques libertés près qui sont plutôt là pour servir la beauté de l'image. Une seule chose m'a dérangée, mais là encore, no spoil !
Et surtout, l'idée de base du film est absolument géniale : Pi raconte son histoire non pas seulement aux deux fonctionnaires de la fin du roman, mais à Yannick, qu'on peut penser être l'écrivain du roman, qui va donc se charger de narrer l'histoire de notre naufragé… Et devinez quelle version il a choisi ?
Comme pour le roman, on en sort avec des noeuds dans notre esprit, la fin nous fait nous poser plein de questions, le coté profond et abouti de l'histoire ressort parfaitement, en plus de proposer un film magnifique graphiquement.
Un grand chapeau à l'acteur qui joue Pi durant son naufrage, c'est saisissant de réalisme !
J'ai adoré !
L'Odyssée de Pi
En deux mots
Un livre fort et poignant qui va plus loin que l'histoire d'un naufragé.
Une réflexion profonde très bien retranscrite dans le film, un univers malgré tout magique et visuellement époustouflant, de l'émotion à gogo et un tigre… Particulièrement attachant.
Lien :
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