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3,55

sur 150 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelles que soient les intentions de l'Auteur, quel que son passif puisse être, son livre est solidement étayé et m'a appris des choses très neuves, alors que j'étais - je le constate à ma surprise et à mon intérêt dans la lecture - inconsciemment persuadé d'à peu près tout connaître sur certains sujets. J'avais tort.

Je ne citerai que le cas de Montini, alias Paul VI (très officiellement "saint de l'Église catholique" depuis Bergoglio!) Paul VI, l'artisan résolu du désastre de Vatican II dont les statistiques nous montrent qu'il a provoqué, dès les dix premières années de la "réforme", un effondrement suicidaire de la pratique – laquelle pratique passait en France de 57 pour cent à 21 pour cent (rapport Marty) pour dégringoler aujourd'hui à... 1 pour cent! Effondrement conscient, et contre lequel non seulement le Vatican ne prit aucune mesure de redressement doctrinal, mais qu'il chercha très visiblement à accélérer, ce qui en dit long - les alibis invoqués en 1962-1968 ne tenant plus du tout - sur la volonté destructrice des instigateurs.

Avec ce livre, j'ai découvert un certain nombre d'éléments, dont j'ai personnellement vérifié l'exactitude, et qui étaient pour moi tout à fait nouveaux. Ainsi, concernant Paul VI, je n'ignorais pas les archives de l'Ispettorato speciale di Polizia, dépendante de la Direzione Generale della Pubblica Sicurezza, la "GESTAPO" ("OVRA") du Duce sur les frasques de Montini, à l'époque "Primo Minutante" à Rome, qu'on raflait en plein ébat dans les bordels. Je n'ignorais pas les dossiers déclassifiés du C.I.A. sur Paul VI, où visiblement, les Américains se réjouissent d'avoir sur Paul VI un puissant moyen de pression: ses turpitudes sexuelles avec de jeunes et beaux garçons (grasses plaisanteries, au passage, de salle de police: après son élévation au pontificat, en 1963, le nom "Paolo Sex" émaille les rapports du CIA. le SDECE - prononcer "sdeck" - quant à lui, l'appelait... "Popaul"!) Toutes choses qui sont brutalement remontées à la surface quand le scandale des réseaux pédophiles du diocèse de Cloyne a éclaté en 2010-2011, et que la très courageuse juge d'instruction Yvonne Murphy a établi le Cloyne Report.

Je n'ignorais pas les rapports de Paul Hoffmann, le très respecté journaliste du New York Times, correspondant à Rome de l'organe de presse américain, sur la sexualité active de Montini. Ni les révélations de Franco Bellegrandi, chambellan du Vatican et correspondant de l'Osservatore romano, révélations prouvées par la suite, et dont il n'est pas permis de douter. Ni l'autobiographie de l'écrivain anglo-irlandais Robin Bryans. Ni, évidemment, les scoops à sensation de Roger Peyrefitte qui, le premier, s'était délecté, conformément à sa triste habitude, à dévoiler les moeurs de Montini et l'identité de ses amants les plus célèbres: l'acteur Paolo Carlini, d'abord, qui joue le rôle du coiffeur dans les Vacances romaines avec Gregory Peck (Carlini, décédé en 1979, n'a jamais démenti), et Hugh Montgomery ensuite.

Ce qui j'ignorais complètement, en revanche, c'était tout ce qu'explique M. Martel relativement au langage codé du "catéchisme de l'amour". Il est vrai que l'Église ne parlait jamais d'amour avant Vatican II, elle parlait de Charité (caritas, agapé). le mot très "malaisant" d'amour dans la bouche des curés post-conciliaires, mis à toute les sauces, et rabâché constamment, m'était seulement apparu, pendant cinquante ans, comme une ridicule adaptation de l'Église, via son aggiornamento, au vocabulaire des hippies californiens, ce que semblaient confirmer le statut de Jésus Christ superstar (opéra rock très Vatican II) – sottise dont Jean Yanne s'amusait au cinéma – et l'encouragement par Paul VI du courant soi-disant charismatique qui est en fait du pentecôtisme californien (ce que Jean Raspail, dans ses articles du Figaro, appelait la "religion vaudoue"). le mot "charismatique" dans ce sens était d'ailleurs une invention de Paul VI en personne.

Sans doute, il y avait du vrai dans ce que je croyais savoir. Cependant, mes observations restaient très superficielles. le livre de M. Martel brise les tabous et dévoile le fond de l'affaire. On apprend ainsi que Paul VI entretenait une correspondance avec deux théologiens homosexuels français, Jean Guitton et Jacques Maritain, usant de langage codé pour évoquer "l'amour-amitié entre hommes". Naturellement, avec cet "amour"-là, nous ne sommes plus DU TOUT dans le registre de la Caritas! Or, c'est au cours de tels échanges, nous explique M. Martel, qu'on fait allusion à Pierre et Jésus comme à un couple tout ce qu'il y a de physique. le livre m'a tellement ouvert les yeux que j'ai interprété de façon totalement neuve, dernièrement, la diffusion d'un documentaire absolument lamentable de Bern – comme tous les documentaires de Bern à mon goût, mais celui-ci était particulièrement gratiné – où Marie-Madeleine est présentée comme étant jalouse du lien qui unit Jésus à Pierre! Ai-je surinterprété? Eh bien, si je m'en tiens aux révélations de M. Martel, je ne le crois pas. Autrement dit, pour moi, il y aura eu un avant et un après la lecture de Sodoma, ce que je peux dire de bien peu de livres.

En somme, le livre de M. Martel m'a donné à réviser une foule de notions et d'objets que je connaissais superficiellement: les dédicaces à saint Pierre dans les lieux de débauche de Jean Cocteau, l'étrange catéchisme Pierres Vivantes des évêques de France publié au début du premier septennat de Mitterrand, puis rejeté par le Vatican lui-même pour impudicité. Bref, je conçois désormais les choses sous un autre angle absolument. En épilogue de cette critique, un paradoxe. Peu de temps avant ce livre, j'avais lu les mémoires de Henri Guillemin dont la malhonnêteté intellectuelle est proverbiale. C'était une époque où la gauche bourgeoise, dont il était un pilier de bien-pensance malgré ses protestations d'esprit révolutionnaire (prononcées du fond de sa villa suisse), était volontiers homophobe, comme on dit aujourd'hui. Approuvant, on s'en doute, Vatican II, Guillemin ironise implicitement contre les résistants à ce bouleversement et lâche un de ces sarcasmes venimeux et gratuits qui étaient sa marque de fabrique contre deux catholiques notoirement homosexuels, Julien Green et Jacques Maritain, supposés se plaindre que le nihilisme de Vatican II fasse table rase de l'essentiel. Or la lecture de Sodoma prouve que l'ironie n'est certainement pas dans le camp de Guillemin, et que c'est plutôt ce dernier qu'on serait en droit d'accabler de ses sarcasmes!

Ce livre m'a indigné. Il ne m'a pas indigné à cause de sa démarche que je trouve au contraire salutaire. Il ne m'a pas indigné parce que je serais homophobe. L'homosexualité ne m'a jamais posé de problème. Non, ce qui est indigne et révoltant n'est absolument pas à ce niveau. Comme pour M. Christian Combaz qui, lui non plus n'a aucune raison d'être homophobe – Combaz, dont j'écoutais récemment une émission intéressante, le scandale est pour moi celui de l'imposture. de l'immense, de la colossale imposture de Paul VI et de Vatican II: voilà l'infamie.
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Je trouve en Sodoma un portrait implacable de l'hypocrisie, du mensonge, de la décadence de l'Église de Rome. L'enquête de Frédéric Martel décrit l'inhumanité de la morale catholique imposée par les plus conservateurs des clercs du Vatican. Il étoffe ainsi l'hypocrisie et la perversion du Vatican.
Une hiérarchie vaticane où on pratique une double vie, assuré d'être protégé par la culture du secret qui y règne. L'auteur décrit des prélats qui le soir vont draguer de jeunes prostitués – souvent des réfugiés – à la gare de Rome-Termini.
On sort écoeuré et triste de notre lecture qui expose au grand jour les comportements de ces représentants du Christ à qui les catholiques confient leur âme. Non mais quelle imposture !
Il est par ailleurs très difficile de croire que Frédéric Martel a tout faux comme nous suggère la réaction de l'Église.
Est-ce que l'avenir est sombre pour l'Église de Rome? Je crois bien que oui … Tant et aussi longtemps que cette dernière pratiquera le goût du luxe et une immoralité de style « Renaissance ». Il faudrait avisé le Vatican que nous sommes maintenant au XXIe siècle!
Merci à Frédéric Martel pour cette enquête très pertinente.
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Frederic Martel est un écrivain ,sociologue, journaliste d'investigation qui se décrit lui-même comme "catholique athée". Il fait dans ce livre une enquête approfondie,elle a duré 4 ans , sur le Vatican et l'homosexualité répandue dans toutes les strates du clergé catholique depuis les simples curés jusqu'aux cardinaux ,évêques , monsignori.
C'est une enquête à charge contre l'hypocrisie ,la schizophrénie de tous ces prètres qui prêchent à leurs ouailles de faire ce qu'ils disent et, surtout pas ,ce que eux mêmes, font, en cachette, la plupart du temps !
C'est une critique des pontificats de Jean-Paul II et Benoit XVI , entourés de prélats homosexuels pratiquants ou non , qui n'ont pas réussi à réformer l'église et ont couverts la pédophilie de certains prètres .
C'est la description d'un Etat exclusivement habité et dirigé par des hommes ,souvent misogynes ,qui s'arrangent et profitent des dérives de cet organisation .
Il faut espèrer que ce document ouvrira les yeux au clergé , lui permettra de se réformer ,de se moderniser ,d'ouvrir l'église ,donner des responsabilités aux femmes ,divorcés ,homosexuels etc ...
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une enquête édifiante sur l'homosexualité dans l'église l'autre grande muette, pour ne pas dire l'armée des sombres pour paraphraser le titre du film de Melville d'après le livre de Kessel. On comprend mieux la genèse des scandales qui secouent l'institution à la lumière de ces révélations.
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J'accepte les conclusions de cette enquête. Je ne suis pas scandalisé. Je suis triste. Que de vies gâchées, que de souffrances …
L'église catholique a un grave problème qu'elle traine depuis des siècles. Elle a attiré dans son clergé beaucoup de personnes homosexuelles. L'attrait fut réel en occident tout encore récemment : notamment au Québec, des années d'après guerre jusqu'à la fin de la décennie des années 60. Et aujourd'hui, l'attirance pour la liturgie et la vie cléricale est encore d'actualité sur plusieurs continents. L'état clérical a pour les jeunes hommes en difficulté de comprendre leur sexualité, une réponse qui leur permettra d'éviter la comédie de ne pas fréquenter de femmes dans le monde laïc. Dans plusieurs pays, la prêtrise attire encore comme amenant un statut social et même un refuge où le jeune homme pourra trouver compréhension. C'est un leurre qui ne résout rien et entraîne plutôt la culture du secret au sein de l'église et ses nombreuses conséquences néfastes pour la doctrine et les prises de position morales.
L'église catholique vit une très grave crise et ne pourra « ressusciter » que si elle se « convertit » en acceptant l'amour homosexuel comme un amour naturel, authentique et épanouissant. Et en abolissant la règle du célibat obligatoire.
Lien : http://bibliohv.over-blog.com/
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Tres perturbant. Je sors vraiment ébranlé de ce livre qui décrit un état de fait proprement hallucinant pour moi et ma culture chretienne catholique. Moi qui ai grandi dans un respect absolu des autorités religieuses et vaticanes en particulier c'est vraiment un coup de masse sur la tête. Il me faut maintenant trouver des contradicteurs. Tout ce qui est écrit est-il exact ?
L'auteur est un militant son propos est forcément subjectif mais l'enquête menée semble sérieuse et le livre a reçu un vrai accueil dans le milieu intellectuel y compris catholique. L'Eglise s'en remettra t-elle ?
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Frederic Martel enquête au sein du Vatican pour récolter un maximum de témoignages sur la vie de l'église et surtout de ses hommes.

On y découvre des rivalités de cour mais surtout la vie d'hommes d'église ou l'homosexualité n'est pas tabou.
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Dans ce livre nous apprenons beaucoup sur l homosexualité la pedophilie; je ne pensais pas que cela soit couvert aussi haut dans la hiérarchie et surtout encore de nos jours, j ai été surprise de pages en pages, écoeurée, dégoûtée, horrifiée bien que je connaissais déjà les dérives de l église catholique mais cela va t il au moins changer, je n en suis pas si sure, que fait on au 21 ieme siècle!
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enquête extrêmement intéressante et fouillée sur un sujet que j'ignorai complètement. les éléments apportés sont appuyés et malgré le nombre de pages, le livre est prenant !
néanmoins, j'ai trouvé quelques longueurs dans le livre, ce qui me pousse à ne pas mettre 5 étoiles.
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Avec « Sodoma », Frédéric Martel lève la soutane sur l'omerta qui concerne la sexualité au sein du Vatican. Son enquête analyse la mise en place d'un discours relevant du sermon hypocrite. Elle le plonge au coeur d'un système installé structurellement. Si la société a vécu la libération sexuelle au cours des sixties, l'Eglise est demeurée bloquée sur ses positions. Pour éviter tout scandale, elle a caché ses membres déviants qui adoptaient des gestes pédophiles, tout en tenant une place homophobe. Sodoma relate le durcissement de cette violence à l'encontre des communautés LGBT et, heureusement, remis en question par le pape François. Ici, l'idée n'est pas de pointer du doigts les religieux homosexuels, mais de souligner l'imposture du clergé sur ce même sujet. Qu'il y ait des homosexuels parmi les prêtres, les évêques et les cardinaux est un secret de Polichinelle.
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