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Cromwell Stone tome 1 sur 3
EAN : 9782906187481
48 pages
Delcourt (05/10/1993)
4.09/5   16 notes
Résumé :

" La plus ancienne et la plus forte émotion de l'humanité est la peur. ", H.P. Lovecraft.

Une mystérieuse «clé» d'origine inconnue a été volée au cours d'un voyage en bateau. Cromwell Stone, qui était à bord, constate
bientôt que tous les autres passagers sont systématiquement éliminés. Il entame alors une fantastique enquête, pour découvrir non seulement l'auteur du vol, mais aussi la nature de l'étrange objet...
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète en noir & blanc de 46 pages, écrite, dessinée et encrée par Andreas (Andreas Martens de son complet), publiée pour la première fois en 1984. Par la suite, Andreas a réalisé 2 histoires mettant en scène Cromwell Stone : le retour de Cromwelll Stone (1994), le testament de Cromwell Stone (2004).

L'histoire s'ouvre avec une citation d'Howard Philips Lovecraft : "la plus ancienne et la plus forte émotion de l'humanité est la peur". Cromwell Stone est en train de progresser à pied sur un chemin en bord de côte, une corniche longeant une mer déchaînée et battue par les vents. Il trouve refuge dans la demeure de Gordon Globe et lui raconte ses mésaventures. Il y a quelques temps, il avait décidé de se rendre à Loatham (en Angleterre) pour retrouver Jack Farley, l'un de ses amis. Arrivé sur place, Stone avait eu l'impression d'une ville hostile, de menaces imprécises tapies dans les zones d'ombre. Ayant rejoint l'adresse que lui avait donnée Farley, il avait eu la surprise de constater que personne ne se souvenait lui (pas même son voisin) et qu'il avait disparu comme s'il n'avait jamais séjourné à Loatham. de fil en aiguille, Stone avait finit par s'installer dans la demeure que Farley était censé avoir louée. Bientôt des phénomènes inexplicables se produisirent.

La citation de la première page ne laisse aucun doute quant à l'intention d'Andreas : il s'agit pour lui de réaliser un récit "à la manière de", de rendre hommage à Howard Philips Lovecraft, auteur entre autre de Dagon, le mythe de Cthulhu, Par-delà le mur du sommeil, etc. le lecteur est donc beaucoup moins surpris que Cromwell Stone par ces phénomènes mystérieux qui laissent présager l'existence d'entités pas très bien disposées envers l'humanité, d'une géométrie défiant les lois basiques de l'espace, et d'un Ailleurs ou d'un Dehors menaçant. Andreas maîtrise à la perfection les obsessions de Lovecraft, il intègre la présence inquiétante de l'océan, ainsi que des personnages qui semblent en savoir beaucoup sans pour autant vouloir aider Stone.

Dès ce premier récit consacré à Cromwell Stone, le lecteur constate qu'Andreas rend hommage à HP Lovecraft en s'en inspirant, sans le plagier, ni le copier. le récit de Cromwell Stone ne reprend pas la mythologie de Cthulhu et suit sa propre logique, avec ses propres spécificités. Il s'agit d'une histoire originale et indépendante. La trame n'est pas très novatrice, mais son exécution est singulière. Andreas utilise des conventions de plusieurs genres différents, aboutissant à une histoire sortant de l'ordinaire. le récit se déroule vraisemblablement au début du vingtième siècle, et les personnages sont essentiellement masculins (il n'y a qu'une femme avec un rôle très secondaire le temps de 2 pages). Il n'y a pas de prouesses physiques, les différents lieux participent à la narration, la mise en scène et les dessins sont uniques en leur genre.

De la même manière que la référence à HP Lovecraft est incontournable à la découverte du récit, celle à Bernie Wrightson l'est pour les dessins. Andreas utilise des myriades de traits répétant le même tracé pour donner du volume aux surfaces et leur conférer une texture palpable. Il allonge légèrement les visages pour les rendre plus expressifs en particulier quand l'individu éprouve de la peur. Wrightson est un dessinateur de comics qui s'est fait connaître dans les années 1970 pour ses histoires d'horreur, pour avoir illustré une histoire de Stephen King (Creepshow) et surtout pour avoir réalisé des illustrations habitées du roman de Mary Shelley : Frankenstein.

De la même manière qu'Andreas s'inspire de Lovecraft sans le copier, il s'inspire de Wrightson sans le copier. Pour commencer Andreas est aussi méticuleux que Wrightson pour tracer ces nombreux traits courant de manière parallèle, figurant une luminosité complexe, mais il n'atteint pas le niveau de Wrightson qui s'en sert également pour rendre compte de la texture des matériaux, en plus de leur volume. Ensuite, dès la première page, le lecteur est frappé par la composition de chaque page : les compositions variées de cases aux formes différentes, et la l'habilité avec laquelle Andreas recompose le mouvement par le biais de l'agencement de ces cases.

Dès la première page, le lecteur est subjugué par l'intelligence narrative visuelle. La page est partagée en 2 selon une ligne oblique montante. le tiers supérieur se compose de 5 cases dont la taille va en diminuant montrant Cromwell Stone montant le long du chemin, avec un mouvement de caméra se rapprochant de son visage en tournant. Ces 5 cases sont donc opposées à celle plus grande en dessous montrant le chemin, les flots déchaînés, la falaise et la maison de Gordon Globe accolée à la paroi rocheuse.

Andreas réalise des planches denses, comprenant de 8 à 10 cases, aboutissant à une narration substantielle. Il utilise majoritairement des cases rectangulaires, tout en recourant à des cases trapézoïdales ou triangulaires quand la nature des événements le justifie. Lorsque la narration le rend nécessaire, il diminue également le nombre de cases par page pour transcrire la taille démesurée d'un élément.

Cette inventivité dans la composition des pages dépasse la simple expérimentation et prouve une maîtrise impressionnante du vocabulaire et la grammaire de la bande dessinée. Andreas utilise à bon escient, aussi bien un découpage en 6 cases verticales de la hauteur de la page (planche 43), qu'un découpage en 10 cases horizontales de la largeur de la page (planche 34). À l'opposé de dessinateurs recourant à des cases de la largeur de la page pour ne dessiner qu'un tête de personnage au milieu sans arrière plan, Andreas utilise toute la largeur, gérant l'écoulement du temps de manière subtile, l'élément dessiné à l'extrême droite pouvant survenir quelques secondes après celui dessiné à l'extrémité gauche, comme si le temps s'était écoulé au fur et mesure que le regard du lecteur progresse de gauche à droite. Il peut aussi utiliser une bande horizontale de 5 cases pour faire ressortir l'évolution des expressions du visage d'un personnage. Chaque page est une nouvelle leçon d'art séquentiel, sans ressembler à une vaine démonstration gratuite pour épater le lecteur.

Dès la première page, le lecteur constate également qu'Andreas a pris le parti de raconter son histoire de manière majoritairement visuelle, c'est-à-dire qu'à de nombreuses reprises les cases, voire les pages, sont dépourvues de texte. Il s'agit d'un parti pris courageux que de distiller une angoisse sourde au travers des dessins, sans aide du texte. Cela assure également Andreas qu'il ne courre pas le risque de paraphraser les textes de Lovecraft, de manière maladroite. Alors que Lovecraft évoquait souvent une horreur indicible, Andreas réussit à évoquer une horreur qui reste cachée, en la sous-entendant par le jeu des ombres, des mouvements et des cadrages, du grand art. Ces passages les plus visuels induisent également une implication plus importante du lecteur qui doit formuler intérieurement ce qu'il voit, et identifier la causalité d'une case à l'autre. le savoir-faire d'Andreas lui permet de réaliser des séquences muettes facilement intelligibles, il n'y a que deux ou trois occurrences où le lecteur doit déchiffrer la case du fait d'un angle de prise de vues trop inattendu ou trop extrême.

Après avoir terminé, le lecteur constate qu'il a plongé dans un environnement totalement prenant, d'une grande inventivité visuelle tant sur le plan des dessins, que de la composition des pages, et du découpage de chaque séquence, et qu'il a côtoyé l'indicible. Au-delà du frisson provoqué par le sentiment d'effroi, il ressent le fait que l'individu évolue dans un monde dont il ne connaît que peu de choses, et dont il en comprend encore moins. Dans ce récit atypique, il pourra regretter 2 ou 3 cases difficiles à déchiffrer, ainsi que ce thème de l'inconnu qui aurait gagné à être un peu plus développé. Andreas est également l'auteur complet de 2 séries à suivre : Arq et Capricorne.
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J'aurais aimé donner une meilleure note mais celle-ci reflète sincèrement mon plaisir de lecture. On ne présentera plus l'auteur qui est devenu au fil des années un grand nom de la bd fantastique avec un univers bien à lui. C'est souvent surprenant avec une approche qui n'est pas facile d'accès pour le lecteur. Ici, nous sommes à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar.

J'avais pourtant bien apprécié le premier tome. J'ai regretté un sérieux manque de lisibilité dans le second tome qui ne semble pas faire le lien avec le premier. Il faut dire qu'un espace de 10 ans est entrecoupé entre les trois tomes. C'est trop !
Du coup, cela explique que l'auteur semble partir dans des directions différentes. Tout cela crée beaucoup de confusion.

Par contre, le dessin en noir et blanc avec hachures atteint son apogée. Il y a des planches du second tome qui m'ont littéralement époustouflé. de là à étudier minutieusement chaque recoin de cases, ce n'est pas trop mon truc !

C'est bien l'intrigue qui a plombé mon plaisir de lecture. Trop métaphysique et trop confuse pour captiver ma plus grande attention. Je reconnais cependant des qualités objectives indéniables à une telle oeuvre.
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Série en 3 volumes, Cromwell Stone nous invite dans une histoire oppressante toute en noir et en blanc. le fantastique s'y invite en rampant, chose glacée issue de l'obscurité.
Cromwell Stone, c'est l'histoire étrange d'un homme sur les traces d'un disparu, dans une villa bizarre, dotée d'un voisinage singulier. Cromwell Stone aurait pu être l'adaptation d'un récit Lovecraftien - les horreurs qui sortent la nuit, les hommes corrompus par une déité monstrueuse, les créatures géantes et spatiales - notamment par son atmosphère terrifiante qui prend petit à petit à la gorge. Il n'en est rien : c'est un récit original, qui certes rend hommage à Lovecraft par ces similitudes mais conserve sa touche personnelle.
Une bonne BD pour frissonner, avec un récit alliant mystère et terreur.
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Cette splendide intégrale regroupe les trois tomes (parus à dix ans d'intervalle) de la trilogie de Cromwell Stone (Cromwell Stone en 1984, le retour de Cromwell Stone en 1994 et le testament de Cromwell Stone en 2004).

À l'instar de Rork, Capricorne ou Arq, Cromwell Stone est l'un des personnages emblématiques de l'oeuvre d'Andreas. Ce héros nous emmène dans un récit fantastique où il est question de créatures anciennes venues d'ailleurs et de clés permettant de lever le voile sur certains mystères. Si le héros est au centre de la première histoire, il semble néanmoins déjà dépassé par les événements et son rôle devient plus secondaire lors des tomes suivants. Il est donc déjà beaucoup moins présent lors du deuxième récit, qui prend une orientation plus fantastique/mystique, et seul sa mémoire est encore présente lors du troisième volet. Si l'histoire de fond se dévoile au fil des tomes, chacun des récits parvient à relancer l'enquête, tout en apportant plus de réponses.

Si cette saga qui permet à l'auteur de nous livrer une vision intéressante du monde et de sa création est finalement assez complexe (comme la plupart des oeuvres d'Andreas), elle est surtout visuellement très impressionnante. Son trait hachuré donne aux planches des allures de gravures et installe une ambiance oppressante qui colle parfaitement au scénario. La composition des pages est également d'une grande inventivité, avec un découpage, des cadrages et une utilisation des espaces qui sont totalement au service de la narration. Sans oublier les décors, qui sont une nouvelle fois d'une grande richesse.

Une trilogie lovecraftienne qui ravira les fans du genre !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cromwell Stone s'avère vite bien moins simple qu'il en a l'air.
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Depuis 10 ans déjà, le 20 décembre est un jour maudit...
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