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Le Trône de Fer - Intégrale tome 1 sur 7

Jean Sola (Traducteur)
EAN : 9782290019436
790 pages
J'ai lu (20/01/2010)
4.37/5   5151 notes
Résumé :
Le royaume des sept couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par-delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir les ardeurs des rois, des reines, des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer, tous les coups sont permis, et seuls les plus forts, ou les plus retors s'en sortiront indemnes...

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Critiques, Analyses et Avis (404) Voir plus Ajouter une critique
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L'hiver vient, vaincre ou périr.

Premier tome d'une série qui compte à ce jour 15 tomes (5 en version originale ou en version "intégrale" française), il a obtenu le prix locus 1997.
Je fais partie de ces gens qui sont venus au livre après avoir vu la série, et je dois avouer qu'après avoir particulièrement apprécié cette première saison, j'ai retrouvé dans le livre, l'ambiance et l'histoire assez fidèle. Les personnages ont gagné en corps et sont conformes à ce que j'attendais.

Première partie : le trône de fer
L'histoire est à la fois simple et complexe : Sur le continent Westeros, protégé au nord des contrées glacées par le Mur sur lequel veille la garde de nuit et à l'est du continent Essos des Dothrakis, peuple de cavaliers nomades, par la mer, la maison Baratheon et le roi Robert règne sur les 7 couronnes. Il est marié à Cersei Lannister, une autre puissante maison qui convoite le trône. le roi fait alors appel, pour l'aider en tant que Main du Roi, à Ned de la maison Stark, fidèle ami et allié depuis toujours, lui-même marié à Catelyn de la maison Tully. Pendant ce temps, La maison Targaryen renversée par Robert et son prince héritier Viserys cherche à reconquérir son trône en s'alliant avec les Dothrakis en offrant sa soeur Daenerys comme épouse à leur chef Drogo.
Vous parlerais-je alors de Tyrion, le fils Lannister, nain et retors, de John Snow le bâtard Stark qui rejoint la garde de nuit et pléthore d'autres personnages ? Il faut avouer qu'avoir vu la série avant aide à se retrouver dans cette multitude de personnages.

J'ai vraiment trouvé dans la lecture de ce premier opus ce que j'étais venu chercher. Après l'époustouflant Gagner la guerre, un peu déçu des Annales de la Compagnie noire, j'ai retrouvé ici cette atmosphère sombre et réaliste fort bien restituée. Une fantasy médiévale où le "merveilleux" et le surnaturel sont presque réduits à l'état de légende et en tout cas secondaires par rapport à la puissance de l'intrigue et des personnages. (Peut-être gagneront-ils en puissance dans les prochains tomes).
Une histoire très politique, très réalpolitique où l'on discute de l'assassinat de bébés à naître pour le "bien" de la couronne. Des personnages fouillés, nuancés, authentiques, pas de héros au grand coeur pur, pas de machiavéliques forces du mal (quoique ?), des hommes et des femmes baignant dans un univers extrêmement riche et crédible.
Le style d'écriture est soutenu et il réussit à associer la modernité du ton à un langage rétro parfaitement raccord avec le milieu médiéval. Il y a une polémique sur la qualité de la traduction. Je ne peux en juger n'ayant pas lu la VO (et en n'en étant bien incapable d'ailleurs), mais j'ai en tout cas particulièrement apprécié cette lecture.
Comme léger bémol, la mise en place un poil trop lente (mais un poil hein), un peu plus de ferraillage n'aurait pas nuit...

Suivi du donjon rouge
Tyrion est aux mains de Catalyn, Ed Stark est sérieusement blessé et s'oppose maintenant quasi ouvertement aux Lannister. Les alliances se font et se défont, le jeu du trône commence et toujours, la garde de nuit veille.

Une seconde partie bien plus nerveuse que la première qui apparaît maintenant clairement comme un tome de présentation. le background est bien posé et on se concentre plus sur les personnages. le manque de "ferraillage" évoqué comme critique du premier opus est tombé. Une guerre vous aurez et elle donne du corps au roman sans pour autant l'alourdir de descriptions interminables de combats acharnés (même si j'adore cela en général, ici que nenni). La politique et les jeux de pouvoir tiennent toujours une part importante, crédibilisant encore plus le récit. L'horizon s'assombrit pour toutes les parties en jeu et l'histoire tient toutes ses promesses.

Une histoire de Fantasy médiévale qui prend ici tous ses titres de noblesse et qui préfigure une grande saga à venir (même si je n'ai pas de mérite à dire cela puisque cela est :-) ).
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Bon, je vous le dit de suite, ce billet va être long. Genre, long comme un hiver dans le monde du Trône de Fer.

Je vais commencer par faire un digression afin de clarifier le découpage des tomes, histoire que les personnes qui ne l'ont pas lu et n'ont pas suivi les pérégrinations éditoriales ne se sentent pas perdus.

Le Trône de Fer a subi la maltraitance des éditeurs lors de son passage à la traduction française. le plus probablement pour des raisons financières. Bref, le découpage original a été charcuté, de ce fait le nombre de tomes s'est multiplié par rapport à l'édition américaine : si aux US, quatre tomes (dont un coupé en deux, ce qui fait cinq) sont actuellement sortis, c'est pas moins de 13 volumes qui sont sortis en France.

Récemment, Pygmalion (pour le grand format) et J'ai Lu ont réédité la série en respectant le découpage original. J'ai Lu (la présente édition) propose un format mi-poche, mi-grand format, avec un prix entre les deux aussi. Je vous conseille vivement cette édition. Les couvertures sont superbes, il est moins lourd qu'un grand format, le papier est souple, fin et agréable. La tranche ne s'abîme pas à la lecture (ce qui tient quasi du miracle vu l'épaisseur de la chose). La seule critique négative que j'aurais à faire c'est de ne pas respecter les titres originaux anglophones. L'intégrale 1, l'intégrale 2, l'intégrale 3... Ouais okay, mais ces bouquins ont un titre quand même, ce serait cool de le respecter, surtout que parler d'intégrale quand il s'agit juste de rendre à l'édition originale ce qui appartient à l'édition originale, c'est un peu prendre le lecteur pour un benêt.

Donc, ce dont je vais vous parler ci-dessous (on y arrive) est l'intégrale tome 1, soit A game of Thrones en anglais, soit le Trône de Fer & le Donjon Rouge pour le découpage francophone. Il me plait à penser que toutes ces politiques éditoriales ne sont que le reflet de ce qui nous attend à la lecture de l'ouvrage.

Le livre commence par un prélude qui nous dévoilera l'un des seuls éléments de fantasy que l'on pourra trouver dans ce premier tome : ce que les hommes du Nord appellent les Autres. Créatures terrifiantes confinées derrière le Mur qui protège le reste du continent de leurs méfaits. Ce qui est flippant, c'est que la menace de ce qui se trouve derrière le Mur est loin d'être le pire de ce qui arrive, des éléments du récit nous empêche de l'oublier et on se demande ce qui va leur tomber sur la tête en plus de tout le reste. Les Autres sont l'épée de Damoclès du Trône de Fer. le fil finira par casser, c'est sûr, le tout est de savoir quand.

Ce n'est que le prélude. le début de l'histoire voit venir le Roi (celui qui pose son postérieur sur le fameux Trône de Fer) en visite chez son vieil ami du Nord, Eddard Stark afin de lui demander de devenir la Main du Roi. le titre de Main du Roi pourrait s'apparenter à quelque chose comme un premier ministre, un peu ce que fût Mazarin pour Louis XIV, par exemple. Eddard dont l'intérêt pour le pouvoir se limite à l'administration de son fief n'est pas très emballé. Il accepte quand même, parce qu'il n'a pas vraiment le choix. Tout part de là, et ça va faire boule de neige.

Les évènements vont s'enchainer lentement au début et puis vont s'accélérer. Les alliances, les trahisons, les histoires sordides de famille, les meurtres, les guerres finalement, rien ne nous sera épargné. Un équilibre précaire va être maintenu jusqu'au point de rupture que j'associe symboliquement aux paroles de Cersei (la femme du Roi, je ne vous dis qu'une chose c'est une vraie pétasse, celle-là) pour Eddard Stark : "Lorsqu'on s'amuse au jeu des trônes, il faut vaincre ou périr, il n'y a pas de moyen terme". Et là, je vous assure, on en a des frissons dans le dos. Dans les faits, le point de rupture est lié à un évènement majeur qui arrive peu de temps après ces mots de la reine.

A côté de cette intrigue principale, on va suivre deux intrigues parallèles :
- l'histoire de Jon Snow, bâtard d'Eddard, qui va rejoindre les frères de la Garde de Nuit, qui sont les gardiens du Mur. Histoire de garder un oeil sur notre épée de Damoclès numéro 1.
- l'histoire de Daenerys et de son frère, descendants de l'ancien roi dont la place a été prise par Robert, le roi sus-mentionné que l'on appelle aussi l'Usurpateur (tout ça pour vous dire qu'il est arrivé sur le trône de manière pas très catholique). Daenerys et Viserys se sont exilés sur un autre continent aux moeurs bien différentes du pays d'où ils viennent, dont ils ont bien l'intention de récupérer la couronne. Histoire de garder un oeil sur l'épée de Damoclès numéro 2.

Bon, je vous avais dit que ce serait long, ce n'est pas encore fini. Je n'ai pas encore dit pourquoi ce bouquin est génialissime :

• La complexité de l'histoire
La richesse des intrigues, des retournements de situation, des histoires des différentes familles rendent le livre très cohérent, très réaliste. le fait aussi que les aspects de fantasy soient peu exploités les rendent extraordinaires, terrifiants et excitants. Il est impossible de les banaliser, ce qui rajoute au réalisme.
Cette complexité peut rendre le Trône de Fer difficile d'abord, un peu rebutant pour certains. Mais ça vaut vraiment la peine de s'accrocher.

• La complexité de l'univers
GRR Martin nous propose un monde inventé de toute pièce, hyper travaillé. Les moeurs et modes de vie des différents peuples sont étudiées avec précision. L'auteur a également un don pour rendre originaux des éléments de fantasy assez classiques.

• La pluralité des points de vue et des personnages
Une autre particularité de ce cycle est qu'il n'y a pas un personnage principal. On pourra dire éventuellement qu'il y a une famille principale : la famille Stark qui est davantage mise en avant dans ce premier tome (ce qui ne garantit rien pour la suite, à mon avis).
L'histoire nous est racontée du points de vue de huit personnages différents, à la troisième personne. Chaque chapitre est consacré à un personnage, pas forcément dans un ordre défini : certains reviennent rapidement, on entendra plus parler d'un autre pendant un moment, et cela peut évoluer tout au long du récit.
La hiérarchisation des personnages se fait de cette manière : personnage principal de point de vue (exemple : Eddard, Daenerys, Jon, Arya ...), personnage principal sans point de vue (Robert, Cercei, Jaime, ...), personnages secondaires (les amis de Jon à la Garde de Nuit, Jorah Mormont, Mestre Luwin, ...)
Ne vous imaginez pas qu'à cause de cette pluralité des personnages, il n'est pas possible de s'y attacher ou que leur psychologie est primaire. C'est tout le contraire.
Évidemment, chacun aura ses préférés. Les deux figures féminines que je préfère sont Daenerys et Arya, qui dans ce monde où le mâle détient le pouvoir, sortent du lot. La première en grandissant et en prenant de l'assurance d'une façon époustouflante ; la seconde est encore bien jeune mais on sent déjà sa pugnacité, si en plus on la compare à sa soeur ...
Du côté des personnages masculins, Tyrion est un personnage très intéressant. Seul personnage point de vue de la famille Lannister, il est difficile de savoir s'il va rester dans le même camp. Son ironie, sa vision du monde, son sens de l'auto-dérision, son handicap le rendent très attachant. Jon retient également mon attention, encore bien jeune, bâtard de grand seigneur, engagé dans la Garde de Nuit, on se demande ce qu'il va devenir et comment il va évoluer, en bien ou en mal ?
Je pourrais parler des personnages pendant des heures, tellement il y a à en dire. Pour éviter de spoiler ceux qui n'ont pas encore lu le bouquin, j'en resterai là (et aussi parce que ce billet devient vachement long).

• Les talents de conteur de l'auteur
GRR Martin est également scénariste. Eh bien, cela se sent. On se prend à feuilleter les pages pour savoir qui va être le personnage point de vue suivant. Chaque fin de chapitre est un déchirement. En même temps, quand un nouveau commence, on est emballé de savoir enfin ce qui se passe de l'intrigue laissée ouverte quelques chapitres plus tôt.
C'est d'une efficacité redoutable. Il est conseillé de lire ce livre quand on a du temps devant soi, au risque de subir une frustration difficilement supportable. On en vient à vouloir y passer des nuits blanches les veilles de journée de boulot et que des voyages en train interminables durent encore plus longtemps.

Ce cycle a un défaut. Celui de ne pas être fini et de souffrir des lenteurs d'écriture de son auteur. Il faut savoir avant de se lancer dans l'aventure que l'écriture du cinquième tome n'est pas finie, qu'après être sorti en anglais, il faudra attendre la traduction avec les étapes suivantes sans doute : grand format découpé, petit format découpé, grand format pas découpé, semi-format pas découpé. Si vous êtes comme moi un peu obsessionnel sur les éditions de vos livres préférés, il va falloir un bon bout de temps pour que le tome 5 sorte dans l'édition J'ai Lu intégrale ...

Pour nous faire patienter, une série est en cours de préparation sur laquelle GRR Martin travaille aussi. C'est une série HBO (Carnivalé, Deadwood, Rome ...) ce qui laisse présager une qualité élevée. La première saison sera diffusée au printemps 2011.
Lien : https://dragongalactique.com..
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On ne présente plus le phénomène "Trône de Fer" / "Game Of Thrones". Pour lui on a élaboré les dénominations de low fantasy et de fantasy à intrigues, et tout nouveau cycle dans le genre lui est désormais comparé, mais depuis le début de saga en 1996 (bientôt 20 ans donc…), GRR Martin compose d'abord et surtout des romans historiques déguisés en romans fantasy pour se poser en rupture des gros cycles de High Fantasy, appelé aussi BCF = Big Commercial Fantasy (sauf qu'il remplace les cycles à rallonge par une saga interminable, mais bon j'en reparlerai ultérieurement)… Sinon c'est bien dommage que des prescripteurs d'opinion se contentent d'un parallèle avec JRR Tolkien juste pour dire que « c'était le destin des « R.R. » que de marquer la fantasy de leur empreinte » (sic).

Pour commencer, Westeros conquise par les Targaryens, c'est une Grande-Bretagne de la taille d'un continent conquise par les Normands. Pour continuer, GRR Martin puise avec allégresse dans l'histoire anglaise et reprend l'intégralité des personnages de la Guerre des Deux Roses pour construire le dramatis personnae de sa saga avant de s'amuser comme un petit fou à mélanger les noms et les situations : les Lancaster deviennent les Lannister, les York deviennent les Baratheon, les Rivers deviennent les Stark, Henri VI le roi fou devient Aerys II le Fol, le brave mais paillard Edouard IV devient le brave mais paillard Robert Baratheon, Warwick le King Maker et ses problèmes de descendance devient Tywin Lannister le Faiseur de Roi et ses problèmes de succession, cette vipère d'Édouard de Westminster se dédouble en Viserys Targaryen et Joffrey Baratheon, Marguerite d'Anjou devient Cersei (qui emprunte également à Isabelle de France ^^), Anne Neville devient Daenerys Targaryen (qui emprunte également à Maude l'Empress ^^)... Et on peut continuer longtemps ainsi ! Tout est passé à la moulinette, et c'est un vrai plaisir que de décrypter les détournements de l'Histoire.
Reste Tyrion, le coolissime Tyrion, le personnage préféré de l'auteur de son propre aveu (et le nôtre aussi), qui lui est presque un sosie grimm et gritty du Miles Vorkosigan de Lois McMaster Bujold (qui avait transposé tous les éléments de la Guerre des Deux Roses dans un space opera, du coup on y retrouve les alter egos spatiaux de Ned, Catelyn, Brienne, Sandor, Sansa et toute la compagnie… 10 avant leur création par GRR Martin ! blink).
Et puis au cours de la saga on va avoir droit au Mur d'Hadrien protégeant les contrées du sud des sauvages du nord, à l'anarchie des guerres civiles, aux invasions vikings, aux révolutions puritaines, à la retraite de Dunkerque… Il ne manque plus qu'Arthur Pendragon, le naufrage de la Blanche Nef, la Magna Carta et l'Habeus Corpus… ^^
Et la Fantasy dans tout cela ? On ne va se mentir, les Targaryens de GRR Martin empruntent vraiment pas mal de trucs aux Melnibonéens de Michael Moorcock. le réenchantement de son monde opéré par GRR Martin est lui assez élégant, mais insérer des morts-vivants, des dragons et des magos psychos dans sa saga c'est quand même un chouia racoleur, surtout qu'il tease à mort dessus dès le titre ("A Song of Ice and Fire") alors qu'on attend longtemps d'entrer dans le vif du sujet… (Bon, les Marcheurs Blancs, quand est-ce qu'ils passent enfin à l'action bordel de merde ?)

Papy George a commencé sa carrière dans les années 1970, où justement les mélange entre romans historiques et romans fantasy étaient monnaie courante, mais dans les années 80 et il se frotte à l'impitoyable monde des networks avec la série "La Belle et la Bête" ou les épisodes pilotes du relaunch d'"Au-delà du réel". C'est donc tout naturellement qu'il utilise des méthodes de narration modernes, très télévisuelles pourrait-on dire, pour multipliant les points de vue qui scandent le chapitrage pour faire du page-turner, et ce d'autant plus facilement et efficacement qu'il possède un vrai talent pour installer une ambiance en quelques paragraphes pour camper un personnage en quelques tirades. Après la caractérisation est aussi un vrai un pot-pourri : il y en a pour tous les goûts, et donc tous les publics, mais on reconnait tout de suite le spectre des héros adolescents en devenir (Arya, Sansa, Jon, Bran, Robb, mais surtout Daenerys) associés à des personnages plus adultes parfois blancs, parfois noirs, souvent gris… du coup on est obligé d'aimer car il y a forcément un truc qui nous plait dedans ! blink

Il y a cette polémique autour de la traduction de l'expérimenté Jean Sola, parfois qualifié de « lutin borgne et facétieux qui aurait traduit avec une truelle ou même plutôt google » (sic)... Si on enlève les branchouilles VOphiles qui haïssent la langue de Molière, les casse-bonbons qui s'attaquent à la traduction parce qu'ils n'osent pas s'attaquer à l'oeuvre elle-même, et les bobos hipster tellement habitués au caviar qu'ils ne savent plus rien apprécier d'autres, que reste-il ? Un très bon travail, la VF s'avérant même plus plaisante que la VO, parce que franchement GRR Martin n'a jamais été un grand styliste… (Dans les deux cas, ce n'est pas moi qui le dit mais les mes camarades francophones outre-manche ou outre-Atlantique)
Par contre il donne des bâtons pour se faire battre avec quelques choix malheureux (la maison du kraken devient la maison de la sèche, OK c'est nul, mais comment trouver une bonne traduction au terme « direwolf » ???), quelques maniements hasardeux (mais pinailler sur le placement des descriptions dans une saga qui dépassera les 10000 pages c'est vraiment pinailler), et une médiévisation de la prose et du vocabulaire d'origine pas toujours bien maîtrisée… Mais pour en avoir parlé avec les traducteurs eux-mêmes, ces derniers ne sont aucunement responsables du final cut (j'ai un exemple où l'éditeur à demander de laisser tels quels les noms d'armes et d'armure en anglais pour faire plus MMORPG), donc c'est aux éditeurs et pas aux traducteurs qu'il faut adresser des reproches…


Mais que nous raconte ce tome 1 ? le roi Robert Barathéon vient à Winterfell demander à Ned Stark de remplacer leur ami Jon Aryn récemment décédé au poste de Main du Roi (car il n'a plus confiance qu'en lui, son frère d'arme d'il y a 15 ans lors de la rébellion contre Aerys Targaryen le roi fou). Homme de devoir, il ne se dérobe pas : papa et ses filles partent se frotter aux intrigues de cour de la capitale tandis que maman et ses garçons restent à la maison remplir leurs obligations et que le bâtard part au Mur pour y prendre le noir…
Car dans le Grand Nord, c'est dans le froid que de bien étranges événements se multiplient et que les légendes renaissent dans la nuit. Loin à l'Est, cette vipère de Viserys Targaryen vend sa soeur à un Seigneur de la Guerre de la steppe infinie pour obtenir les moyens de reconquérir le trône qu'il pense lui revenir de droit… Mais à Westeros c'est la double tentative de meurtre sur le jeune Brandon Stark qui met le feu aux poudres : les coupables sont tout désignés, et tandis que Ned enquête sur la mort de son prédécesseur la tension monte très rapidement entre les maisons Stark et Lannister… Au final malgré la multiplicité des POVs, tout est centré sur le destin de Ned Stark, autour duquel gravitent tous les enjeux et qui va accumuler les choix malheureux avant que le ciel lui tombe sur la tête… A la fin de la saga il faudra faire le palmarès de ceux qui se mirent eux-mêmes la corde autour du cou, parce que dans cette saga la concurrence est sacrément rude à ce niveau-là ! ^^


Tous les personnages sont certes de noble naissance, mais derrière le soap nobiliaire, quelles sont les forces agissantes de son univers ? Des bas quartiers de Port-Réal sortent à la fois les progressistes de Beric Dondarrion qui reprennent à leur compte les idées socialistes de Robin des Bois et les intégristes du Grand Moineau qui prônent l'égalité à coup de procès de Moscou, d'autocritiques forcées et de bastonnades diverses et variés ; des contrées orientales sortent à la fois Daenerys du Typhon, la Briseuse de Chaînes, qui après les Gracques et Spartacus nous refait la lutte des classes, et les prêtres rouges d'Ashaï qui prônent la fraternité à grand coup de bûchers ; dans le Nord au-delà du Mur, les Autres réunissent forts et faibles, riches et pauvres, honestiores et humiliores dans l'éternité de la mort-vivance…
L'auteur aurait-il filé une allégorie du monde contemporain ? En fiction comme IRL, des excès des homines crevarices surgissent toujours de nouvelles Bêtes Immondes et ici entre ceux qui ne veulent rien changer pour conserver le pouvoir er ceux qui prône le chaos pour mieux s'emparer du pouvoir, les choses ne sont pas près de s'arranger. Car au final l'Hiver vient et il faudra s'unir ou périr… Donc comment faire avec toutes ces années passées à diviser pour régner ?

Qui sera donc le possesseur du trône de fer et le maître de Westeros ? Guettez le personnage dont l'histoire est la plus proche de celle d'Henri Tudor, et rappelez-vous que l'auteur est grand fan des "Rois Maudits" de Maurice Druon… blink
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Non, non, non, "Le trône de fer" ne concerne pas les tribulations d'un pot de chambre... Bien qu'il faut tout de même signaler que certains personnages, dans le livre, en ont ch** dur !

Winter is coming... Bienvenue dans le jeu des Sept Familles, pardon, des Sept Couronnes (et on ne parle pas du dentiste !).

Ayant envie de me la couler douce lors de ma lecture, j'ai préféré d'abord regarder la série télé afin de ne pas me perdre dans la profusion de personnages et de pouvoir m'appuyer sur les acteurs choisis pour les rôles, sans devoir les imaginer. Farniente, quand tu me tiens...

Puisque la Saison 1 passait, aux yeux des fans, pour être plus que fidèle au livre, je ne risquais pas d'être perdue en ouvrant le pavé que constitue cette Intégrale 1.

Point de vue "série", j'avais ramé au départ avec la profusion des personnages, de l'intrigue et des détails, donc, cette remise à niveau livresque ne fut pas une perte de temps. Loin de là !

Le fait d'avoir regardé la série ne m'a pas privé de mon plaisir de lecture, l'univers de Westeros étant plus riche et plus profond dans le livre. Cela m'a même permis de comprendre des petits détails que je n'avais pas capté.

Grosse différence par contre entre l'âge des protagonistes du livres et celui de ceux de la série. Ils sont fort jeunes dans le livre et j'ai parfois eu du mal avec leur jeune âge. Quant à Tyron Lannister, il est mieux dans la série !

La lecture est passé comme une lettre à la poste, malgré l'épaisseur de la brique et quelques longueurs, mais rien de grave, docteur, puisque j'ai coupé le pavé avec quelques polars noirs.

L'histoire, vous la connaissez, donc, pas de résumé, mais une liste de ce que j'ai aimé et quelques récriminations minimes...

1. Si la profusion de personnages est déroutante au départ et rend la lecture un peu laborieuse (ma mémoire ramait un peu), ils sont travaillés, complexes; ni tout noir, ni tout blanc; l'auteur n'hésitant pas à les mutiler, les tuer,... et plus, si affinités. Bref, réaliste !

Avoir vu la série avant m'a permis de mettre de suite un visage sur les personnages et de lire le livre tout en écoutant la superbe B.O.

De plus, qu'ils soient principaux ou secondaires, les personnages ont tous été travaillés, bien décrits, ils ont tous une histoire et un passé qui les caractérisent chacun.

2. L'agencement des chapitres : bonne idée de les présenter selon les Point de Vue (POV) de quelques personnages principaux. Cela nous offre une autre vision de l'histoire, les POV des personnages pouvant s'opposer puisque on peut passer d'un héros à un méchant.

Mieux : ce style de narration donne l'opportunité aux supposés "méchants" de justifier leurs actes.

Les différents POV peuvent éclairer leurs souvenirs respectifs et nous en apprendre plus, ou nous faire poser des questions. On suit donc chronologiquement les aventures de nos narrateurs en herbe.

3. Pas de Bisounours, c'est de la Fantasy sombre, réaliste et sans manichéisme : les méchants sont parfois à tuer (Joffrey, je t'aurai un jour), fascinants de méchanceté, de fourberie, de saloperie ou de sadisme. Quant aux gentils, ils ne sont pas tout blancs, ils ont même un sacré passif.

Pas de manichéisme ici : oubliez ! Pas de lutte du Bien contre le Mal, juste un jeu de pouvoir de niveau féodal où tous les coups bas sont permis, y compris sous la ceinture ou dans le dos. Mais ne cherchez pas de preux Chevalier Blanc...

On peut être un roi bon et un un dirigeant incompétent...

4. Les intrigues politiques sont dignes d'intérêt et on se dit que la fiction ne s'éloigne guère de la réalité. Alliances, trahisons,...

5. Pas qu'une seule intrigue, en plus, mais 3 pour le prix d'une ! On a les guèguères pour l'obtention du royal trône d'un côté; mélangé à ce qui se passe derrière le Mur et les héritiers Targaryen qui veulent redevenir khalife à la place du khalife...

6. de la violence, du sang, des tripes, de la rate et des boyaux... Des scènes de cul (dans la série, on voit des choses qui pendouillent), de l'inceste frère-soeur. Bref, pas de puritanisme ici ! L'auteur considère le cul comme ce qui fait tourner le monde. Il a raison, certains sont tombés bien bas à cause de leur zizi.

7. Les personnages (oui, oublié de le dire plus haut) évoluent : des gens qui nous semblaient détestables au départ peuvent se révéler plus aimables ensuite (Drogo) ou au contraire passer de "sympa" à "fils de sa mère" (Littlefingers a baissé dans mon estime !).

8. Un invité peu habituel : leur foutu climat ! Chez eux, les hivers peuvent durer des années et des années. Ça change toute la donne.

9. Les guerres incessantes et les jeux de pouvoir qui se jouent dans les pages sont jouissif.

10. Les loups de la famille Stark...

11. Par contre (je le savais mais c'est plus fort que moi) évitez de vous attacher aux personnages parce qu'ils peuvent disparaître... J'ai déjà perdu de ceux que j'appréciais beaucoup. C'est plus réaliste, je sais. Leur monde n'est pas très éloigné du nôtre.

12. Tyron Lannister : je l'adore ! Ce nain qui a la langue bien pendue (et pas que la langue, si vous voyez ce que je veux dire... Et ce truc là ne pend pas toujours...) est un personnage attachant, il a de la répartie et dans les Lannister, c'est le moins pire. Sans lui, il manquerait quelque chose dans le livre.

13. Ce qui me plaît aussi, c'est le côté "roman historique" avec ses chevaliers, ses épées, ses châteaux mélangés dans le surnaturel de la Fantasy (dragons), mais sans la facilité de la magie.

Ici, on ne se bat pas à coup d'Abracadabra ou d'Avada Kedavra, mais avec des épées ou avec des mots, pour les intrigues politiques, sans oublier les coups dans le dos. Seuls les plus forts ou les plus retors gagneront.

14. On sent que l'auteur a des références historiques : la guerre de Cent Ans, les Croisades, la guerre des Deux-Roses,... peuvent être les sources de son récit, sans oublier "Les rois maudits" de Druon. Westros ressemble à l'Angleterre du Moyen-Age. le mur de glace est celui d'Hadrien, en plus massif.

Ils pensent tous que la menace viendra du voisin, mais elle viendra du Nord, par-delà le Mur...

15. Les chapitres se terminent par des cliffhangers : toujours du suspense, ce qui nous incite à toujours poursuivre la lecture. L'univers du roman est riche en rebondissements.

16. Bémol : je ne sais pas si la faute incombe au traducteur ou à l'auteur, mais il y a des redondances de certains termes et la prose est un peu simpliste. de plus, certains termes venant du langage médiéval sont un peu déroutant.

17. J'aurais aimé le POV narratif de Jaime, Cercei ou même de Joffrey afin de lui analyser sa petite tête de petit merdeux.

18. Scandale : les éditions "J'ai Lu" auraient pu se casser un peu le cul et nous sortir autre chose comme titre que "Intégrale 1"... Déjà que la version "poche" est découpée par rapport à l'originale !

19. Heu, la série n'étant pas finie... Quid si l'auteur décède ?

Bref, vous l'aurez compris, malgré quelques points négatifs, je me suis bien amusée avec la série et le livre.

Non, je ne sais pas si Martin est le nouveau Tolkien... Premièrement, je n'ai lu qu'un tome et puis, qui suis-je, moi, pour oser comparer Tolkien à un autre auteur d'une autre époque ?

Tolkien fut le précurseur... Chez Martin, pas d'Elfes, de Hobbit, d'orques ou d'Uruk-Hai !

Mais ses intrigues politiques valent le détour et je me réjouis de découvrir les Intégrales suivantes (tout en croisant les doigts pour que mes personnages préférés ne trépassent pas).

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Le trône de fer. Portrait chinois.


Si j'étais un personnage, je serais Catelyn Stark.
Non, pour sûr, Catelyn Stark n'est pas mon personnage préféré de cette saga mais c'est d'elle dont je me sens le plus proche. Portée par un flot de sentiments contradictoires, elle ne prend certes pas toujours la bonne décision. Mais elle reste entière et prompte à se battre bec et ongles contre quiconque s'attaquera à sa progéniture. On peut bien sûr lui reprocher beaucoup de choses, notamment d'être à l'origine de la guerre ou encore sa cruauté envers Jon Snow, mais il ne faut pas oublier qu'elle agit avec son coeur. Son coeur de femme, possessif et jaloux et son coeur de mère, protecteur, impulsif et souvent égaré.


Si j'étais un animal, je serais Fantôme, le loup de Jon Snow.
Loup albinos, différent de ses frères et soeurs, le dernier recueilli par la famille Stark et qui échoit naturellement à Jon Snow, le bâtard d'Eddard Stark.
Fantôme est un loup épatant. Épaulant Jon dans les situations difficiles, il semble doté d'une rare intelligence chez un animal. Tant qu'il est là, on sent qu'il ne peut rien arriver de mal à Jon et on espère de tout coeur qu'il restera toujours à ses côtés.


Si j'étais un objet, je serais Aiguille, l'épée d'Arya Stark.
Tout d'abord parce qu'elle représente l'amour fraternel que se portent Arya et son demi-frère Jon. C'est lui qui lui a offert avant de rejoindre la Garde de nuit. Arya se fiche bien que les origines maternelles de Jon soient douteuses. Tous les deux, ils se ressemblent tant ! Courageux, aventuriers, se défiant des grands du royaume, ignorant les convenances et la bienséance, ils agissent tous les deux avec sincérité et honnêteté.
Aiguille représente bien cela : le courage de la petite Arya mais pas seulement. C'est aussi à travers son apprentissage du maniement de l'épée qu'on perçoit toute l'audace, la ténacité et la force de caractère d'Arya.


Si j'étais un endroit, je serais la forteresse des Eyrié,dans la région du Val D'Arryn.
Un des endroits les plus vertigineux de la première intégrale du Trône de Fer. Paysage à couper le souffle, ascension périlleuse et contrée des plus hostiles !
Émotions garanties !


Si j'étais une partie du corps, je serais la langue de Tyrion.
Non pas parce que c'est la seule partie du corps chez lui qui ne soit pas difforme (Rrhhoo!!) mais tout simplement parce qu'il s'en sert âprement et qu'il me fait bien rire !
Tyrion, il est génial ! Dans la famille Lannister, je demande le nabot et je laisse tous les autres !


Si j'étais une couleur, je serais le bleu.
Une des couleurs des soies portées par Sansa Stark. le bleu, couleur céleste de la robe de la Vierge Marie, devient au Moyen âge symbole de candeur. Et c'est l'innocence, l'ingénuité de Sansa qui me touche. On pourrait bien sûr traiter Sansa d'oie blanche et clamer haut et fort qu'elle n'a que ce qu'elle mérite. Mais je ne peux m'empêcher d'éprouver de l'indulgence à son égard. Sansa a beau être naïve et même niaise par moments, elle reste cependant ce qu'il y a de plus angélique dans ce royaume impitoyable et rien que pour cela, on a bien envie de la protéger et de maudire ce détestable Joffrey pour tout le mal qu'il lui fait.


Si j'étais une pierre, je serais un oeuf de dragon.
Parce qu'on sent bien que toute la force de Daenerys Targaryen se trouve là. Dans ces trois oeufs gigantesques et éclatants de beauté. Dans ces trois oeufs, réside sans nul doute le destin exceptionnel de la princesse Targaryen devenue Khaleesi. Daenerys ne s'y trompe pas lorsqu'elle répète sans cesse : « Je suis le sang du dragon. » Et avec elle, on a envie d'y croire...


Si j'étais une saison, je serais l'hiver.
Tout simplement parce que l'hiver fait partie de la devise des Stark. «  Winter is coming ». Et évidemment, c'est bien à cette famille que va ma préférence. Mais je doute fort d'être originale en disant cela !


Je pourrais bien sûr continuer longtemps ce petit jeu du portrait mais ce serait bien long. Et puis, il faut laisser d'autres propositions pour les prochaines intégrales...

(Challenge PAVES 2014/2015)
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Citations et extraits (300) Voir plus Ajouter une citation
Si j'examine crûment mes forces et mes faiblesses, je n'ai d'autre arme que mon esprit. Mon frère a son épée, le roi Robert sa masse d'armes, moi mon esprit..., et l'esprit a autant besoin de livres qu'une épée de pierre a aiguiser pour conserver son tranchant. » Il tapota la reliure de cuir. Voilà pourquoi je lis tant, Jon Snow. »
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Que pèse l'honneur, contre l'amour d'une femme? Que pèse le devoir, contre un nouveau-né qu'on étreint...Ou contre le souvenir d'un frère qui sourit? Du vent, des mots. Des mots, du vent. Nous ne sommes que des créatures humaines, et les dieux nous ont créées en vue de l'amour. C'est là notre auguste gloire, là notre auguste tragédie.
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"Oyez mes paroles et soyez témoins de mon serment, récitèrent-ils, emplissant d'une même voix l'obscurité croissante du bois sacré. La nuit se regroupe, et voici que débute ma garde. Jusqu'à ma mort, je la monterai. Je ne prendrai femme, ne tiendrai terres, n'engendrerai. Je ne porterai de couronne, n'acquerrai de gloire. Je vivrai et mourrai à mon poste. Je suis l'épée dans les ténèbres. Je suis le veilleur au rempart. Je suis le feu qui flambe contre le froid, la lumière qui rallume l'aube, le cor qui secoue les dormeurs, le bouclier protecteur des royaumes humains. Je voue mon existence et mon honneur à la Garde de Nuit, je les lui voue pour cette nuit-ci comme pour toute les nuits à venir".
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Un lâche peut être aussi brave que quiconque en l'absence de tout danger. Et chacun remplit ses devoirs quand les devoirs en coûtent rien. Avec quelle aisance se suit, dans ces conditions, le chemin de l'honneur ! Mais tôt ou tard vient pour tout homme l'heure où cesse l'aisance, l'heure inéluctable des choix contraignants.
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"Tu te figures que la lance de ser Gregor a joué de malchance, hein ? joli petit museau jaseur, tu crois ça ? t'as vraiment pas plus de cervelle qu'un oiseau ! La lance de Gregor va pile où elle veut qu'elle aille ! Regarde-moi. Regarde-moi !" Il lui prit le menton dans son énorme main et la força à relever la tête puis, s'accroupissant, rapprocha la torche. "Tu veux du joli ? En voilà ! Savoure à loisir. Pas ça que tu voulais peut-être ? Cent fois, j'ai surpris ton regard, en route, et, vite vite, tu te détournais. Pisse là-dessus, maintenant, regarde un bon coup... ?"
Ses doigts lui emprisonnaient la mâchoire comme dans un étau de fer, ses yeux se plongeaient dans les siens. Des yeux imbibés d'alcool et ivres de fureur. Elle fut contrainte de regarder.
Le côté droit du mufle, décharné, montrait une pommette aiguë, une prunelle grise, un sourcil épais. Le nez s'épatait, crochu, sous des mèches noires, clairsemées, mais qu'il portait longues pour les rabattre vers le côté gauche, l'autre, où plus un cheveu ne poussait.
Ce n'étaient que ruines, de ce côté-là. Le feu en avait calciné l'oreille, réduite à un trou béant. L'œil avait survécu, mais dans un chaos de cicatrices immondes, de chairs noirâtres, ici lisses et durcies comme du cuir, là creusées de cratères, sillonnées de fissures atroces où le moindre mouvement mettait des reflets rougeâtres, suintants. Au bas de la mâchoire s'apercevait, dénudé, l'os.
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