On poursuit avec cette seconde partie de l'anthologie « Chansons de la Terre mourante » notre découverte de l'univers du désormais regretté maître de la science-fiction,
Jack Vance, à qui certains des plus grands auteurs américains de fantasy ou de SF ont récemment tenu à rendre hommage. L'idée est simple et consiste pour les auteurs en question à écrire à leur tour une nouvelle prenant place dans l'univers de la Terre mourante de Vance. A George R. R. Martin,
Robert Silverberg ou encore
Glen Cook, succèdent ainsi
Tad Williams,
Tanith Lee ou encore
Neil Gaiman qui se prêtent à leur tour à ce périlleux mais, selon leurs dires, jouissif exercice. Que vous soyez de grands connaisseurs de l'oeuvre de Vance ou totalement étrangers à son univers, dans les deux cas ces « Chansons de la Terre mourante » ne manqueront pas de vous séduire. A travers ces huit nouvelles, on découvre (ou retrouve) un monde proche de l'extinction tout à fait fascinant, plein de couleurs, d'exotisme, d'aventure et de dangers, peuplé de bêtes et monstres fabuleux coexistant avec une humanité tour à tour immorale, orgueilleuse, grotesque ou raffinée. de même, nul besoin d'être familier avec la prose de
Jack Vance pour apprécier la saveur des dialogues extravagants échangés par ces personnages excentriques, ou de l'humour malicieux propre au maître que certains auteurs ont parfaitement réussi à reproduire.
Comme dans toute anthologie le niveau varie évidemment d'une nouvelle à l'autre. Certaines m'ont ainsi totalement laissée de marbre, à commencer par celles de
Tanith Lee, Mattew Hugues ou encore
John C. Wright. D'autres, en revanche, valent franchement le détour ! Avec « Les traditions de Karzh »,
Paula Volsky nous offre ainsi une nouvelle simple mais très bien construite consacrée à la quête désespérée d'un jeune homme pour trouver le remède au poison mortel qui le consume.
Tad Williams réussit également son coup avec « La tragédie lamentablement comique (ou la comédie ridiculement tragique) de Lixal Laqavee » mettant en scène un charlatan opportuniste forcé de cohabiter avec l'une des plus redoutables créatures de la Terre mourante, un déodande. Pari également réussi pour
Lucius Shepard et sa « Proclamation de Sylgarmo » qui met pour une fois en scène une femme et un guerrier, confrontés à l'astucieux Cugel, ainsi que pour
Elizabeth Moon qui nous offre avec « Incident à Uskvosk » une nouvelle sympathique consacrée à un divertissement des plus étranges mais apparemment très en vogue : les courses de … cafards géants. L'ouvrage se clôt par ce qui constitue sans aucun doute la nouvelle la plus originale de l'anthologie (« Invocation de l'incuriosité ») dans laquelle
Neil Gaiman propose pour une fois de faire un pont entre notre monde et celui de la Terre mourante.
Une seconde anthologie dans la droite lignée de la première et qui rend un bien bel hommage à ce grand monsieur qu'était
Jack Vance. Quoi de mieux, pour terminer, que de donner la parole à
Tanith Lee qui clôt sa postface par ces jolis mots : « Je ne peux croire que
Jack Vance ait inventé la Terre Mourante. Au fond de moi je sais qu'il s'y rend souvent. D'ailleurs, il nous y emmène aussi, non ? » Rendez-vous courant 2014 avec la troisième et dernière partie de l'anthologie pour un ultime voyage.