Nous n'avions eu besoin de rien dire. A cet instant nous avons compris que la guerre était perdue. Que les démocraties nous avaient abandonnés, que le capitalisme s'était allié au fascisme parce que ce sont deux faces d'une même pièce.
A la guerre, il n'y a pas de place pour le mélodrame, tout se sert cru et doit se digérer vite.
"Il faut semer la terreur... il faut laisser une sensation de domination en éliminant sans scrupules et sans hésitation tous ceux qui ne pensent pas comme nous."
Ordre émis par le général putschiste Emilio Mola, le 19 juillet 1936
Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix.
Tacite
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Tu ne devais pas trembler autant quand tu as signé l'ordre, pas vrai, monsieur le maire ?
C'est le problème avec la bureaucratie, c'est tellement impersonnel...
- Tu fais peur aux hommes ! Ils vont penser que tu les crois pas capables de t'entretenir.
- Personne n'a besoin de m'entretenir.
- Ma fille, la dame t'a-t-elle payée ? Le propriétaire est passé ce matin...
- Tiens. Elle a moins de scrupules à donner des leçons de vie que de l'argent...
- Nous n'avons pas encore vu de voiture.
- Ce n'est pas facile, pour en avoir une, il faut être très, très riche.
- Ça s'appelle un millionnaire.
- Comment on fait pour être millionnaire ?
- Tu dois naître riche. Ensuite, une fois grand, tu deviens millionnaire.
- Une grève des locataires ? C'est possible ?
- Mes parents m'ont raconté qu'ils avaient failli la faire en 1917.
- Alors pourquoi pas maintenant ? Les loyers sont toujours beaucoup trop chers, et beaucoup d'appartements n'ont pas d'eau courante. Rien n'a changé depuis lors.
- Les propriétaires sont toujours représentés dans les assemblées d'arbitrage, jamais les locataires. C'est pour ça qu'on ne résout jamais leurs problèmes.
- Quand nous sommes au chômage, nous n'avons pas droit à une prorogation avant l'expulsion...
- Et les propriétaires ne se chargent toujours pas de l'assainissement des logements...
- ... Et il n'y a toujours aucune taxe pour ceux qui laissent leurs logements vides...
"Il faut effacer du dictionnaire les mots pardon et amnistie"
Gonzalo Queipo de Llano, général putschiste.