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Critique de Pois0n


Si L'oeuf de dragon est vendu comme un one-shot, préquelle au Trône de fer, les toutes premières lignes de la nouvelle ne laissent guère de doute quant à l'existence de péripéties précédentes. … de fait, même si l'intrigue se suffit à elle-même, il y a bien eu deux autres histoires la précédant ; les trois textes ayant d'ailleurs été rassemblés dans un recueil...

Bref, quand on attaque L'oeuf de dragon, on est brutalement largué à Westeros, sans contexte, au début d'un voyage. Et rapidement submergé sous une averse de noms jetés en vrac toutes les trois lignes. Peut-être que les habitués du Trône de fer parviendront à s'y retrouver au milieu de tous ces titres et prénoms parfois très similaires, mais le néophyte, lui, n'a d'autre choix que s'accrocher et se référer sans cesse aux listes de personnages et tables généalogiques en début d'ouvrage pour pouvoir suivre. Et encore, on se demande pendant un bon moment où l'auteur veut en venir et à quoi sert tout ce déballage, d'autant qu'à côté de ça, il ne se passe VRAIMENT pas grand-chose pendant au moins la moitié de l'ouvrage. Au moins, force est-il de reconnaître que malgré le format nouvelle, le background est soigné : certes, on parle d'un texte rattaché *au Trône de fer*, reste que toutes les informations données ici, tout le rabâchage fait autour des évènements de Cendregué, ont une utilité, même si celle-ci n'est pas évidente au premier abord.

Bref, passé une introduction lente de 90 pages (dans une nouvelle qui, pour rappel, en fait 181), on passe à un tournoi de chevalerie. Et là, il devient de plus en plus difficile de lâcher le livre. Les joutes s'enchaînent, on se laisse prendre dans leur rythme, puis dans l'intrigue qui décolle enfin. Mais qui décolle peut-être un peu trop rapidement, pour le coup. Les interrogations soulevées ici et là se résolvent pour ainsi dire toutes seules, les adversaires sortant de l'ombre les uns après les autres, pour des raisons plus ou moins bancales. Au moins n'a-t-on pas le sentiment que tout tourne autour de Dunk, plutôt que celui-ci n'a pas d'autre choix que d'être ballotté par les évènements en essayant de s'en sortir vivant. Reste que scénaristiquement, c'est très très léger. Après un plantage de contexte aussi pointu, on s'attendait forcément à plus complexe. Mais non. On traverse donc les 40 dernières pages vitesse grand V, jusqu'au dénouement, très convenu.

Malgré ce début extrêmement lent et pas très palpitant et cette seconde partie carrément expédiée, L'oeuf de dragon n'est pourtant pas une mauvaise lecture, loin de là. Toute la force de la nouvelle réside dans son ambiance, pas dans son histoire. Oui, on se retrouve immergé autour des tables, au milieu des chevaliers errants à moitié bourrés, l'odeur de la viande dans les narines ; puis près des lices, voyant presque des sabots des chevaux raclant la poussière, le bois des lances voler dans tous les sens. le dépaysement est totalement réussi, et rien que pour ça, la nouvelle vaut le coup.

Pour terminer, deux-trois points m'ont chiffonné.e, mais de façon beaucoup plus subjective.
On est abreuvés d'informations historiques permettant de comprendre l'intrigue sans avoir lu l'oeuvre originale ni les nouvelles précédentes, en revanche, en ce qui concerne l'univers, les nouveaux venus sont purement et simplement laissés sur le bord de la route (c'est quoi, les « Fer-nés »?). Dommage.
Ensuite, il y a la traduction... Je ne sais pas pourquoi, j'ai eu un mal fou avec les noms francisés. « Cendregué », « Freuxsanglant », « Enverfeuille », j'ignore à quoi ça ressemblait en VO, mais en français, le plupart de ces mots-valise sonnent très bof, surtout à côté de noms demeurés « anglophones » comme Caswell ou Winterfell. le mélange des deux ne colle pas du tout ; soit on traduit/adapte tout, soit on laisse en l'état, mais le 50/50, clairement, non. Et que dire du nom de l'écuyer, traduit « bêtement » « L'oeuf », perdant ainsi le côté diminutif évident du nom du personnage (Aegon => « Egg ») ? Heureusement que sa coiffure offre une excuse, reste qu'on perd le double sens.

Bref, une petite lecture sympathique, qui, malgré ses petits défauts, possède une atmosphère ensorcelante.
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