AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


-Une lecture poignante que j'ai achevée, il y a plus d'une semaine, mais j'avais besoin de laisser quelque peu décanter, tellement ce texte m'a prise à la gorge. Gorge que j'ai eu serrée une bonne partie de ma lecture…De la joie devant l'amour toujours aussi intense entre un homme et une femme, mariés depuis plus de 50 ans… Et peine ressentie physiquement , littéralement, lorsqu'ils se retrouvent , éloignés l'un de l'autre, pour la première fois de leur vie…

Nous ressentons le désarroi intense de Joseph, et Zika, qui n'ont cependant pas l'intention de baisser les bras !
.
Un roman épistolaire de Frédérique Martin, qui met en scène un couple de personnes âgées, « séparé » pour la première fois, au bout de toute une vie commune; A cause de soucis de santé de l'épouse... leurs deux enfants, "se les partagent", ne pouvant les accueillir ensemble. Ils vont pour tenir bon, s'écrire de longues lettres. Des lettres d'amour magnifiques au fil desquelles on va faire prendre connaissance de leurs vécus, de couple et de parents, qui se révèlent incidemment dans des intensités très différentes, du temps qui passe, de leur souhait de liberté et de dignité, sans peser sur leurs "rejetons", de la solitude du « grand âge », les non-dits familiaux, l'appréhension de la mort, de la dépendance, mais aussi l'amour de la vie, la fusion lumineuse d'un homme et d'une femme, qui ont « construit » ensemble leur chemin, leur amour de la nature, ainsi qu'un fuseau de complicités, etc

Une correspondance bouleversante....

Je retranscris un long passage qui exprime infiniment... des questionnements de ce roman épistolaire, d'une sensibilité rare, qui nous chavire...jusqu'à la dernière ligne.

« Moi-même , n'ai-je pas vécu près de mes parents des semaines entières parfois, sans prendre de leurs nouvelles, sans leur rendre visite ? est-ce que je les croyais immortels ? Non, avec le recul, j'ai compris que c'était même tout le contraire. J'avais quitté les lieux de mon enfance en laissant derrière moi des demi-dieux. A chacun de mes retours, mes héros avaient pris des rides supplémentaires, dans un combat perdu d'avance, dont on connaît l'issue, contre l'usure et le temps. Leur résignation me semblait le reproche permanent d'avoir opté pour la vie, de devenir un étranger sous leurs yeux, de les rendre impuissants. Je sentais leur inquiétude, la question qui minait leurs nuits, mais qu'ils n'osaient pas poser- Que vas-tu faire de nous ? – Cette puissance dont j'étais investi, je ne la désirais à aucun prix. Je voulais rester leur enfant, pas inverser les rôles ! C'est pour m'y dérober que je suis parti. En fuyant leur décrépitude, j'oubliais qu'ils disparaîtraient tôt ou tard, je pouvais conserver l'illusion de leur immortalité. « (p.189)

Une grande lecture et première découverte de cette auteure, qui me donne grande envie d'aller plus avant dans la lecture de ses autres écrits, dont son dernier roman qui reçoit déjà moult « critiques » fort positives, « Sauf quand on les aime » (Belfond, 2014)
Commenter  J’apprécie          8910



Ont apprécié cette critique (83)voir plus




{* *}