- Une fois de plus, je vais refuser.
- Et en quel honneur?
- Je passe le week-end avec mon mari.
- Merde, je n'arrive pas à imprimer ton seul défaut.
Je rirais au nez de quiconque me dirait que l'on ne peut pas aimer deux personnes à la fois. Si, c'était tout à fait possible.
- Je ne veux pas te laisser, lui murmurai-je.
- Je sais...
Il se redressa, je me détachai de lui. Il prit mon visage entre ses mains. Elles étaient douces. Je posai les miennes sur les siennes et les caressai. Avec son pouce, il essuya mes traîtresses de larmes qui coulaient toutes seules, il souffla doucement sur ma peau pour dégager mes cheveux. Il sourit tristement.
- Ça aurait été bien, même très bien, me dit-il.
- Je crois.
Il soupira et riva son regard au mien.
- On a réussi à voler beaucoup de moments extraordinaires, et ce n'était pas prévu au programme... mais on sait aussi que c'est impossible entre nous. Tu as ta vie, j'ai la mienne. On a plutôt de la chance tous les deux, chacun dans son style.
Nous fîmes l’amour comme deux personnes qui se connaissent par cœur, de façon mécanique, sans passion, sans émotion. Pierre me garda aux creux de ses bras pour s’endormir. Je ravalais mes larmes
Pierre, donc, ne doit pas te regarder très souvent, sinon, il t'aurait mise en laisse, pour qu'aucun homme digne de ce nom ne s'approche de toi.
"Flirter avec l'excellence n'était pas donné à tout le monde, je pouvais en profiter quelques semaines, me prendre pour une autre".
Vous êtes et resterez mes oeuvres. J'ai fait de vous ce que je voulais. Vous êtes prêts.
Rencontrer un mentor avait été un événement exceptionnel dans ma vie. Le perdre par ma faute était une douleur encore plus exceptionnelle. En quelques phrases assassines, elle m'avait offert : ma confiance en moi, mon talent, ma passion, une nouvelle vie, une mère spirituelle.
« - Alors ?
- Tu sais, moi et la mode …
- Bah … je suis jolie au moins ?
- Pas plus que d'habitude, et ça ne te ressemble pas trop en fait … je ne vois pas quand tu aurais l'occasion de porter un truc pareil, surtout quand tu travailleras à la maison. Personne ne voudra acheter ça, c'est importable. »
Mon piano, ma guitare, c'était ma Singer. Aujourd'hui, je comptais sur elle, l'enjeu était énorme. Elle allait bien, c'était tant mieux. J'avais les mains moites, et mon cœur s'emballait. Je n'avais pas droit à l'erreur. J'avais déjà réfléchi à l'ouvrage que je souhaitais envoyer pour postuler. J'avais croqué une robe bicolore noire et turquoise, d'inspiration Courrèges, avec un col rond mis en valeur par une surpiqûre, des manches courtes et une martingale.