Citations sur La Datcha (88)
« Tu te la boucles, ils sont méchants, ils veulent que tu me laisses toute seule «
Jo, malgré les fous rires que cela provoquait chez lui, ne supportait plus de me voir rentrer à 6 heures du matin, au volant de la Méhari plus que bruyante. Il fallait me voir débarquer penaude, le mascara dégoulinant, sous l’œil goguenard du patron qui jouait faussement les chaperons. Non pas parce que j’étais en retard pour commencer ma journée de travail, mais plutôt parce que les pétarades de la voiture risquaient de réveiller les clients.
M’étourdir. Évacuer. Vivre. Je noyai mon chagrin en m’épuisant dans les bras du père de mes enfants, de cet homme que j’avais aimé, je pleurais dans les larmes, la sueur, les rires, les vapeurs d’alcool, ma tristesse d’avoir perdu le père que je n’avais pas eu. Samuel m’observait, guettant le moment où je dirais stop. Il n’était pas près d’arriver.
Je voulais que, malgré le chagrin et la raison de cette réunion, tout le monde soit heureux. Je voulais que Macha se dise que son Jo était parti à l’image de sa vie, en convivialité, en musique. Le bonheur de ses clients, de ses amis et de sa famille était tout ce qui lui importait, ce qui le faisait encore se lever avant le soleil à plus de quatre-vingts ans. Et je devais reconnaître que me perdre dans cette agitation m’aidait à tenir.
Avec Macha et Jo, j’avais découvert l’amour. L’amour qui fait du bien, qui soigne, qui répare, qui fait grandir. J’embrassai sa paume, sans cesser de fixer Jo. Ma main libre se posa sur le bois. Comment pouvais-je briser davantage le cœur de cette femme que j’aimais plus que tout ?
Moi qui étais méfiante en permanence. Les regards se posaient régulièrement sur ma petite personne. Eux aussi devaient s’imaginer plein d’histoires à mon sujet. Même si j’essayais d’être toujours présentable – il me restait encore un peu de dignité –, mon allure parlait d’elle-même.
Moi qui courais après l'amour, je devais m'éloigner du mien. La plus belle preuve d'amour que je pouvais lui offrir était de le laisser partir...Il pouvait partir parce qu'il était moi, il était une part de moi.
p341.
Sur chaque photo, sa joie de vivre était palpable, à croire qu'elle voulait profiter, toujours profiter, encore profiter du temps qui lui était offert.
En la voyant, on avait envie de l'aimer et qu'elle nous embarque dans sa douceur souriante.
p48
Nos lèvres se trouvèrent enfin. Sa bouche qui prenait possession de la mienne ravageait mon cœur et mes sens. Sa bouche, que j'avais attendue toute ma vie d'adulte, effaçait les souvenirs des autres [...].
Sa proposition me chavira, il m'invitait dans ses souvenirs.