Je ne l’aurais jamais avoué à personne pour ne pas être prise pour une folle mystique, mais parfois j’avais la sensation que les murs de La Datcha vibraient d’excitation à l’approche du plein de vie de la saison. Le cœur aussi impatient que le mien. Cette maison vivait quand il y avait du monde (…)
Moi qui courais après l'amour, je devais m'éloigner du mien. La plus belle preuve d'amour que je pouvais lui offrir était de le laisser partir...Il pouvait partir parce qu'il était moi, il était une part de moi.
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Sur chaque photo, sa joie de vivre était palpable, à croire qu'elle voulait profiter, toujours profiter, encore profiter du temps qui lui était offert.
En la voyant, on avait envie de l'aimer et qu'elle nous embarque dans sa douceur souriante.
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La Datcha brillait. La Datcha vivait. Tout était prêt, nous y étions. Le soleil rasant tapait sur la façade, les rayons filtraient à travers les feuilles de micocouliers. Le mistral ne s'était pas invité, à notre plus grand soulagement. Les tables avec leur nappe blanche étaient dressées. Les bougies prêtes à être allumées, tout comme les guirlandes. Les musiciens terminaient leur travail de balances en riant. Mon coeur pleurait. Un an auparavant, Jo et Macha étaient là, vivants et heureux. Aujourd'hui, bien plus que d'habitude, ils me manquaient, mais leur présence planerait au-dessus de nous, ils veilleraient sur nous. Ils auraient été si heureux de voir Vassily parmi nous.
J'étais au paradis. Un paradis de lumières, de douceur, de nostalgie bienfaitrice. Et dire que j'étais assise à l'endroit même où Jo et Macha avaient décidé de créer leur hôtel. Je n'y avais jamais pensé jusque là. Il avait fallu que ce soit Vassily qui m'invite à le faire. Pourquoi ?
Reviens, Macha...Promets-moi de revenir...S'il te plaît...
J'attendis sa réponse de longues secondes. En vain. Je l'étreignis plus fort encore. Je respirais son parfum, je m'enivrais de lui, voulant en garder une trace jusqu'à la fin de mes jours. M'en souvenir pour m'apaiser, pour me rassurer. Le parfum de Macha était celui de la douceur maternelle que je n'avais pas connue, mon corps devait s'en souvenir, devait en être imprégné.
Ma quête d'amour ne cesserait jamais. La douleur non plus.
À l'instant où je sombrais définitivement, je crus sentie ses lèvres déposer un baiser sur les miennes.
Ne méritais-je pas de vivre sans ce vide permanent au fond du ventre et du cœur ?
Savourons les moments volés.