En 1956, un monument fut érigé à la mémoire de Maurice de Sully, évêque de Paris, premier bâtisseur de Notre-Dame de Paris.
A cette occasion l'historienne Marie-Madeleine Martin prononça un discours duquel naquit ce livre.
Cette biographie permet de découvrir l'homme et la société médiévale mais sert surtout à redécouvrir l'esprit de la civilisation chrétienne assez éloignée de la vision romantique illustrée par Victor Hugo.
Sur les pas de Charles Péguy, l'auteur prie la Vierge avec la simplicité tendre du Jongleur de Notre-Dame, il la révère comme l'exalta l'époque des guerriers rudes, des bourgeois cupides et des moines émerveillés :
Nous ne demandons rien, refuge du pêcheur
Que la dernière place en votre Purgatoire
Pour pleurer longuement notre tragique histoire
Et contempler de loin votre jeune splendeur.
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Merci @migdal d'avoir ajouté ce livre de Marie-Madeleine Martin à la base de Babelio. Toute Marie-Madeleine Martin est à redécouvrir, et son Sully, quoique court, est excellent. Je rappelle brièvement (pas le temps pour une critique un jour de semaine) que Marie-Madeleine Martin était chartiste, donc une historienne d'élite, doublée d'une passionnée. Native de Sully, comme Maurice de Sully, qui était né à Sully-sur-Loire dans une famille solognote obscure et pauvre, Marie-Madeleine Martin "sympathisait" en esprit avec lui. Une certaine affectivité catalyse donc les réactions chimiques à l'intérieur de ce travail par ailleurs solide et rigoureux.
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Une petite biographie qui est à ce jour la seule existante sur l'évêque bâtisseur de Notre-Dame. Indispensable dans le puzzle des ouvrages consacrés à la cathédrale.
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« Au Moyen Age, il y a peu de différence dans l’éducation donnée aux enfants de diverses conditions ; les fils des moindres vassaux sont élevés au manoir seigneurial avec ceux du suzerain, ceux des riches bourgeois sont soumis au même apprentissage que le dernier des artisans s'ils veulent tenir à leur tour la boutique patemelle. C’est sans doute pourquoi l'on a tant d'exemples de grands personnages issus de familles d'humble condition : Suger qui gouverne la France pendant la croisade de Louis VII est fils de serfs ; saint Pierre Damien dans son enfance garde les pourceaux, et l’une des plus vives lumières de la science médiévale, Gerbert d'Aurillac, est également berger ; le pape Urbain VI est le fils d'un petit cordonnier de Troyes, et Grégoire VII, le grand Pape du Moyen Âge, d’un pauvre chevrier.
Autrement dit, la grande différence entre l'égalité sociale conçue en ce temps là et de nos jours est que les mêmes chances sont données au départ à tous les enfants jusqu'au moment où leur personnalité s'affirme ; mais ensuite on ne retient, on ne dirige vers les hautes fonctions que ceux qui montrent des aptitudes extraordinaires.
J'ai voulu rappeler ces souvenirs glorieux pour mieux faire comprendre de quelles grâces silencieuses mais bien réelles fut entouré, au début du XIIe siède, le berceau d'un petit paysan de la Seigneurie de Sully qui naquit vers l'année 1120, dans une humble maison, et que l'histoire désignera un jour sous le nom de Maurice de Sully.
Les hommes oublient parfois qu'un individu est avant tout un héritier, un continuateur et que lorsqu'il vient au monde, au cœur d'un pays de grande civilisation, il reçoit (si faible et nu qu'il apparaisse dans son berceau) l'immense bienfait des travaux de ceux de sa race et de son pays.
Si le mot de patrie a un sens, ce n'est que celui-là : héritage des pères, transmission d'une terre et d'un esprit.
Voici donc Maurice arrivé à Paris aux de l'année 1140. La France de ce temps est en pleine fièvre de gloire et de renaissance : les rois capétiens sont en train de lui rendre l'ordre intérieur, la sécurité des routes, la paix et la justice s'imposant aux excès féodaux. Les Croisades ont créé un va-et-vient d'échanges commerciaux et artistiques avec l'Orient, la Réforme du clergé, poursuivie par le grand Pape Grégoire VII et par les ordres monastiques où fleurit alors un saint Bernard après un saint Bruno, tente de redonner à l'Eglise une jeunesse nouvelle et un visage d'ascétisme pur.