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EAN : 9782815927635
946 pages
L'Aube (15/03/2018)
4.33/5   18 notes
Résumé :
Claude Martin nous déroule une Chine ? sa Chine ? dans un portrait palpitant allant de 1964 à 1993, autant dire des débuts de la Révolution culturelle à l'ouverture au monde occidental, en passant par la répression sanglante de Tiananmen. C'est d'ailleurs lui qui permettra à Gao Xingjian, ainsi qu'à d'autres intellectuels et artistes, de se réfugier en France durant ces années terribles. Pas de langue de bois ici : chaque paragraphe est essentiel, nous parle d'événe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Claude Martin, attaché à notre pays la Haute-Loire par sa famille et sa maison à Saint-Pal-en-Chalencon et près du Chambon-sur-Lignon, nous livre toute une vie professionnelle consacrée à la diplomatie avec deux pôles dominants la Chine et l'Europe. le lecteur, au fil des pages, se remémore ce qui fut d'actualité pendant ces 50 dernières années.

Le jeune énarque, diplômé des Langues'O fait ses premiers pas à 20 ans, à l'ambassade de Pékin lors de son service militaire en 1964. Il y reviendra d'abord comme ministre plénipotentiaire puis comme ambassadeur et lors de séjours. Deux dates marqueront ses passages : 1966 avec la révolution culturelle et 1989 le massacre sur la place Tian'anmen. En 1965, les Chinois ne connaissent la France que par le sac de Pékin et les missionnaires ! L'histoire à Pékin avance lentement à la manière d'un peuple qui a les millénaires derrière lui. Les réformes politiques accompagnent lentement le monde économique, la corruption et l'urbanisme sauvage suivent. La rencontre Mao - Nixon sonne le glas de la primauté de la France. La balance déséquilibrée des échanges s'aggrave au fil des ans.

L'auteur suit sans état d'âme le maoïsme français dans ses divagations qui, comme un feu de paille, enflamment l'atmosphère. Passionné par cette civilisation Claude Martin vous fera découvrir les poètes et romanciers chinois, l'opéra et le cinéma, leurs artistes et les peintres sans oublier ses amis dissidents. Dans des zones désertiques interdites aux étrangers, vous croiserez des bandits et assisterez à des enlèvements et vous reviendrez par le transsibérien.

À chaque pas de Pékin à Berlin, apparaît dans la trame cette obsession des autorités chinoises que l'Europe renforce son unité face aux deux autres grandes puissances. À son premier retour de Chine une page précieuse de l'histoire contemporaine apparaît quand l'auteur fait partie des négociateurs de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Par la suite l'Europe témoigne de son impuissance à avoir une politique commune. L'ambassadeur à Berlin renforce le couple France-Allemagne en l'obligeant à tenir le même langage face au délabrement de l'Europe. Une monnaie sans politique fiscale commune et un agrandissement monstrueux de l'union donne un grand corps sans vie. Et les personnalités parfois contraires des deux chefs d'État ne facilitent pas la tâche.

Le défilé de personnalités, de Georges Marchais à Jackie Kennedy nous livre, sans fard, des portraits décapants. Ils ne sont jamais vindicatifs et rendent la lecture attachante. Un adjectif : insignifiant, incontournable ou subtil, précède le nom du personnage ; parfois le mot va plus loin comme tripoter ou agitateur et les nuances épinglent. L'auteur sait se moquer de lui-même. Dans une situation inconfortable quand la France, contrairement à la parole donnée, livre des armes à Taiwan, donne des leçons de socialisme et de droits de l'homme aux Chinois, il organise un bal masqué à l'ambassade sur le thème des trafiquants d'armes. Au nom de la France, il se dresse sur la pointe des pieds pour embrasser une lauréate ou ingurgite une queue de moutons. Les ministres qui se succèdent, sont jugés à l'efficacité de leur travail sans à priori lié à leur passé politique. Ces pages, où l'analyse des déceptions dues aux revirements politiques consécutifs au blocage des idéologues, relèvent du chef-d'oeuvre mais jusqu'où peut aller la duplicité d'un homme d'État ? « Ne vous inquiétez pas, écrit-il, je vous retrouverai. »

Claude Martin
La diplomatie n'est pas un dîner de gala
Mémoires d'un ambassadeur Paris-Pékin-Berlin
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Claude Martin, attaché à notre pays la Haute-Loire par sa famille et sa maison à Saint-Pal-en-Chalencon et près du Chambon-sur-Lignon, nous livre toute une vie professionnelle consacrée à la diplomatie avec deux pôles dominants la Chine et l'Europe. le lecteur, au fil des pages, se remémore ce qui fut d'actualité pendant ces 50 dernières années.

le jeune énarque, diplômé des Langues'O fait ses premiers pas à 20 ans, à l'ambassade de Pékin lors de son service militaire en 1964. Il y reviendra d'abord comme ministre plénipotentiaire puis comme ambassadeur et lors de séjours. Deux dates marqueront ses passages : 1966 avec la révolution culturelle et 1989 le massacre sur la place Tian'anmen. En 1965, les Chinois ne connaissent la France que par le sac de Pékin et les missionnaires ! L'histoire à Pékin avance lentement à la manière d'un peuple qui a les millénaires derrière lui. Les réformes politiques accompagnent lentement le monde économique, la corruption et l'urbanisme sauvage suivent. La rencontre Mao - Nixon sonne le glas de la primauté de la France. La balance déséquilibrée des échanges s'aggrave au fil des ans.

L'auteur suit sans état d'âme le maoïsme français dans ses divagations qui, comme un feu de paille, enflamment l'atmosphère. Passionné par cette civilisation Claude Martin vous fera découvrir les poètes et romanciers chinois, l'opéra et le cinéma, leurs artistes et les peintres sans oublier ses amis dissidents. Dans des zones désertiques interdites aux étrangers, vous croiserez des bandits et assisterez à des enlèvements et vous reviendrez par le transsibérien.

À chaque pas de Pékin à Berlin, apparaît dans la trame cette obsession des autorités chinoises que l'Europe renforce son unité face aux deux autres grandes puissances. À son premier retour de Chine une page précieuse de l'histoire contemporaine apparaît quand l'auteur fait partie des négociateurs de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Par la suite l'Europe témoigne de son impuissance à avoir une politique commune. L'ambassadeur à Berlin renforce le couple France-Allemagne en l'obligeant à tenir le même langage face au délabrement de l'Europe. Une monnaie sans politique fiscale commune et un agrandissement monstrueux de l'union donne un grand corps sans vie. Et les personnalités parfois contraires des deux chefs d'État ne facilitent pas la tâche.

le défilé de personnalités, de Georges Marchais à Jackie Kennedy nous livre, sans fard, des portraits décapants. Ils ne sont jamais vindicatifs et rendent la lecture attachante. Un adjectif : insignifiant, incontournable ou subtil, précède le nom du personnage ; parfois le mot va plus loin comme tripoter ou agitateur et les nuances épinglent. L'auteur sait se moquer de lui-même. Dans une situation inconfortable quand la France, contrairement à la parole donnée, livre des armes à Taiwan, donne des leçons de socialisme et de droits de l'homme aux Chinois, il organise un bal masqué à l'ambassade sur le thème des trafiquants d'armes. Au nom de la France, il se dresse sur la pointe des pieds pour embrasser une lauréate ou ingurgite une queue de moutons. Les ministres qui se succèdent, sont jugés à l'efficacité de leur travail sans à priori lié à leur passé politique. Ces pages, où l'analyse des déceptions dues aux revirements politiques consécutifs au blocage des idéologues, relèvent du chef-d'oeuvre mais jusqu'où peut aller la duplicité d'un homme d'État ? « Ne vous inquiétez pas, écrit-il, je vous retrouverai. »
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N'ayez pas peur de ce pavé ! Les mémoires de Claude Martin sont passionnantes et se lisent très bien. Ce monsieur est un témoin de l'Histoire, celle de la Chine bien sûr, pays qui lui tient à coeur et qu'il connaît parfaitement, mais aussi celle de l'Union européenne ainsi que celle tumultueuse du Cambodge. Nous avons également une très bonne approche de la politique française durant ces cinquantes dernières années. Nous rencontrons au fil du récit des politiciens (parfois moins connus du lecteur), des ministres, des présidents ou des futurs présidents, français comme étrangers d'ailleurs. Nous plongeons dans l'intimité des mots qu'ils ont pu échanger avec Monsieur Martin, et découvrons une autre facette de leur personnalité dont nous ne nous serions parfois pas doutés.
Claude Martin nous conte dans les détails les événements politiques ayant eu lieu depuis la Révolution culturelle en Chine (il était par exemple présent la nuit du 4 juin 1989 sur la place Tian'anmen), les faits étant toujours accompagnés d'analyses fines.
Au fil des pages nous découvrons que monsieur Martin a fait de nombreuses choses dans l'ombre qui mériteraient d'être plus connues : l'ouverture du consulat de Shanghai, la participation à la construction de l'Union européenne, l'accueil des dissidents chinois après 1989, mais aussi l'accueil d'étudiants chinois entre autres.
Ce livre ne contient cependant pas que des faits politiques et historiques, Claude Martin nous emmène aussi en voyage à travers la Chine, une Chine qui a bien changé depuis la première fois qu'il y est allé en 1963. Il partage avec nous ces souvenirs des paysages, des rues, ses amitiés.
Pour finir, je trouve que ces 935 pages sont un bel hommage à son métier, avec lequel il semble avoir une relation particulière d'amour et de haine parfois, mais aussi à la Chine qu'il aime profondément.
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Quel livre ! Plus de 900 pages de bonheur ! Monsieur Martin nous raconte sa vie en Chine puis ensuite son travail pour l'Union Européenne en laquelle il a toujours crue. C'est ce qu'on appelle avoir une vie bien remplie, une vie dont je suis admirative. Il a commencé par dépeindre le Pékin des années 60, je l'imagine d'ailleurs à merveille pédalant sur son vélo dans les hutongs en essayant de semer les gens qui le filaient. Mr Martin nous décrit avec grande précision la situation politique de l'époque, que ce soit celle chinoise comme celle mondiale. La politique a donc bien sûr une place centrale dans le roman, ce qui aurait pu me rebuter à priori, mais que nenni ! Les propos de l'auteur sont passionnants et très instructifs ! Nous en apprenons beaucoup.
Claude Martin a une plume très agréable, il fait preuve d'humour et surtout d'une grande pudeur.
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Mieux qu'un polar (il y a beaucoup plus de personnages), mieux que des journaux de voyages (l'auteur a parcouru toute la planète, dont sa très chère Chine, par monts et par vaux, à une époque où l'on pouvait voyager en dehors des meutes de touristes, chinoises et étrangères), mieux que d'austères livres de géopolitique et de relations internationales.
Avec ce livre, on revisite un demi-siècle d'Histoire et de monde. Il a eu les mains dans le cambouis et sait à ce titre ce dont il parle, lui. Il dresse des portraits fins et sans acrimonie de tous les personnages que son métier l'a amené à fréquenter, côtoyer, amicalement et professionnellement, avec une évidente tendresse pour certains.
Au début de son parcours, il a vécu les épisodes douloureux de l'histoire chinoise. Au passage il étrille la crapulerie de la gauche française intellectuelle qui ne rate jamais une crapulerie, après avoir vanté pendant des décennies le communisme soviétique, nos petits maitres se sont senti des affinités pour le maoïsme. Quelques “vedettesˮ : le bigleux, la limace visqueuse : Sollers et sa clique de Tell Quel, Serge July et son torche-cul, Foucauld, le cinglé Althusser (qui étranglera sa femme), des journaleux propagandistes… Rappelons aussi que le Monde a applaudi l'arrivée des Khmers rouges de même que le nouvel Obs ! Et aussi une galerie de portrait de personnages politiques français : Cheysson (Mr, je me la pète), Dumas la diva glandeuse, les guignols incompétents, mais médiatiques : Kouchner, Lang... les cliques mitterrandiennes, et l'inénarrable BHL ! L'auteur choisit, autant que faire se peut, la rigolade à la consternation !
Après ses missions en Chine, on suit l'auteur dans ses activités européennes pour finir ambassadeur en Allemagne. Un livre majeur pour comprendre notre monde et notre époque.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il y avait donc encore en Chine des gens qui ne se résignaient pas, qui ne laisseraient pas réduire leurs ambitions, leurs rêves, leur conception de l'homme, à la satisfaction de leurs besoins matériels. Il y avait encore en Chine des gens qui oseraient dire qu'ils n'étaient pas d'accord avec le pouvoir en place, au risque de lui déplaire, au risque de perdre leur vie. Il y avait encore en Chine des gens qui oseraient réclamer, jusqu'au bout, la liberté de penser, de croire, d'écrire, l'indépendance de la justice, la libération des prisonniers politiques, la fermeture des camps, et beaucoup d'autres choses qui se ramenaient finalement à une seule : le respect de la personne humaine.
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Dans l'histoire des évènements dont j'ai entrepris ici le récit, 1978 marque un vrai tournant. C'est l'année où la Chine, après tant de secousses et de péripéties, choisit enfin, et définitivement, de s'ouvrir. C'est l'année où Deng Xiaoping, qui pilote cette ouverture, assoit définitivement son autorité sur le Parti et sur le pays, et leur impose, à l'un et à l'autre, d'audacieuses réformes et de profondes transformations. C'est l'année où l'Amérique, qui n'était encore qu'à demi engagée dans le dialogue avec Pékin, s'y investit totalement. Et c'est l'année où l'Europe rate sa chance.
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Dans le couloir qui nous ramenait vers la salle des huissiers, elle chuchota : "Vous savez, je connais bien cette maison !". Elle poussa sur la gauche une porte, celle qui conduisait, par un escalier discret, aux appartements privés du ministre. "C'est par là qu'autrefois, je rejoignais Aristide Briand !". Elle eut un rire espiègle. Elle avait quatre-vingt-cinq ans.
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Un homme montait les marches devant moi d'un pas lourd. Un rai de lumière venu d'une fenêtre me permit de reconnaître Henry Kissinger.
L'architecte de la grande diplomatie américaine des années soixante-dix, contre lequel Michel Jobert avait si souvent croisé le fer, dans sa tentative pour construire une diplomatie européenne indépendante. L'homme qui avait organisé la rencontre Nixon-Mao, mais aussi celui qui avait renversé Sihanouk et plongé le Cambodge dans la guerre.
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Vidéo de Claude Martin (VI)
Y a-t-il encore une diplomatie à la française ?
Cet été à Biarritz, lors du sommet du G7, l'audace et l'assurance diplomatique de Macron ont été saluées. Cependant, sa tentative de médiation entre l'Iran et les Etats-Unis n'as pas porté ses fruits. La diplomatie française est-elle efficace ? Comment évolue-t-elle ?
Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit Claude Martin, (ancien Ambassadeur de France), Delphine Placidi-Frot, (professeure de Sciences politiques à Paris Sud) et Maxime Lefebvre (diplomate, professeur à ESP Europe).
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