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382 pages
Casterman (25/01/1964)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Autour de moi ce silence, le titre est clair : ce roman est celui d'une solitude : celle d'un garçon de seize ans, au cœur du "désert surpeuplé" d'une capitale (Madrid), et dans une famille de la grande bourgeoisie d'affaire, entre des parents égoïstes, inattentifs et superficiels.
L'aventure de Carlos Vega n'est rien d'autre que celle de cette jeunesse, innombrable en Occident, que l'on désigne parfois dans la presse sous le nom de "blousons dorés".
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'auteur est un remarquable romancier (celui de Jordi, mon fils, de Tierra Brava, de Sixième galerie, et de la Puissance et l'honneur), sachant donner à tout ce qu'il évoque de la couleur, de la force et de la vie.
Nous pénétrons dans l'âme délicate et pure, d'un adolescent poète, trop fragile pour notre époque implacable et dure. Car la pureté de nos jours n'est guerre considérée que comme une faiblesse. et c'est un des maux les plus profonds de l'éducation moderne, que de la mépriser, que d'ignorer son éclat et de ne rien tenter pour empêcher que cet éclat ne disparaisse, ou du moins se ternisse.
Considéré sous cet angle, ce beau roman, d'une prodigieuse variété d'invention et de composition : tour à tour journal intime, dialogues, , récit impersonnel , poésie, est un réquisitoire courageux. J'ai donné un cinq étoiles.
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Madrid, années 1960.
Autour de moi ce silence : un titre criant de vérité pour décrire la solitude et le désarroi d'un adolescent, confronté à l'injustice et à la violence de son père, et à l'inconsistance de sa mère.
Comme l'indique, dans son journal, le prêtre qui est le narrateur, Carlos Vega, seize ans, est la proie des tourments de son âge : "le démon, le monde, la chair", malmenant son honnêteté et sa pureté. "Trop d'ennemis pour lui qui ne pouvait se retenir, comme d'autres, à aucune main, ouverte et constamment tendue vers lui" (page 337).
Nous sommes à l'époque du régime franquiste, dans une famille aisée de la grande bourgeoisie catholique. le roman s'ouvre sur l'interrogatoire de Carlos Vega au sujet d'une tentative de viol. Ce sont les yeux innocents de la fillette qui l'ont désarmé et l'ont fait renoncer. Relâché par la justice, il est d'abord envoyé, pour les derniers mois de l'année scolaire, dans un monastère. Là, "l'air était parfumé d'encens, de prières et de siècles" (page 86). le recours à la confession y conduit Carlos à prendre de bonnes résolutions, jusqu'à ce que, de retour à Madrid, il subisse la mauvaise influence d'un camarade de lycée. Fréquentant alors des "lieux de mauvaise vie" et menant grand train, il en est contraint à se procurer de l'argent par tous les moyens...
Autour de moi ce silence est le fruit d'un mélange de styles littéraires. Journal intime, lettres, poèmes, descriptions, font tout à tour progresser le récit d'un roman sombre, comparable à une spirale sans fin vers le mal, dont les parents portent une grande part de responsabilité.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Nous étions assis l'un à côté de l'autre. Sous cet ombrage, la chevelure blonde de la fillette pieds nus semblait hésiter entre l'or et le cuivre. Sa peau sur le dos ou à l'intérieur de son bras n'avait pas le même reflet. Et ce contraste était délicieux. Elle me regardait avec ses yeux qui savaient me voir "joli". Il n'y avait en elle aucune perversité, aucune coquetterie, aucune réserve.
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- A ton âge, on ne peut pas être mauvais, mon fils. Je ne suis même pas sûr qu'on puisse l'être à d'autres âges... En tout cas, pas au tien, non. On peut agir mal, c'est évident. Nous sommes tous pécheurs, et il est écrit que le juste lui-même tombe sept fois par jour. Mais tout ceci a pour cause bien plus la faiblesse que la malice. Nous, les hommes, sommes plus facilement juges que pères. Dieu, non. Quand il est venu nous apprendre à prier, il ne nous a pas recommandé de dire : "Notre Juge, qui êtes aux cieux", mais "Notre Père, qui êtes aux cieux". La preuve, c'est qu'il pardonne. As-tu vu un juge pardonner ? Les juges ne pardonnent pas ; les pères, oui (chapitre VIIII - page 77).
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- La cause, c'est ce que nous défendons ou si tu veux : la justice. Écoute : suppose qu'il y a dix pommes pour dix enfants ; mais deux enfants ont huit pommes, et huit enfants ont deux pommes. Est-ce que cela te paraît juste ? Est-ce qu'il est juste qu'un enfant ait à manger quatre pommes, pendant qu'un autre enfant devra se contenter d'un quart de pomme ? Trouves-tu que cela soir juste ? ... Non, n'est-ce pas ? Eh bien, c'est ça la cause (chapitre XX - page 225).
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Il venait de voir quelque chose qui l'impressionnait. Une fille, avec un enfant pieds nus agrippé à sa jupe, et un nourrisson entre les bras, arrêtant les passants pour demander l'aumône.
Il alla vers elle, et sans dire un mot, bien plus honteux qu'elle-même, il lui mit dans la main le billet, dissimulé parmi quelques piécettes.
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Et il lui fit le récit circonstancié de son amoureuse aventure, depuis le premier jour. C'était un plaisir de conter ainsi dans la nuit, ayant à ses côtés quelqu'un que l'on aime et à qui on peut se confier. Frère Léon l'écouta comme il fallait, en silence ; mais un silence qui, de quelque manière, subtile mais sensible, était compréhensif, accueillant. Puis il lui donna de brefs conseils, recommandant la modération et la prudence.
- N'oublie pas, conclut-il, qu'en me rapportant cela, tu m'as compromis. Ne fais donc rien qui puisse faire de moi non plus un confident, mais un complice (chapitre XII - page 135).
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