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EAN : 9791095772675
384 pages
Anamosa (02/05/2019)
3.91/5   17 notes
Résumé :
Pour la première fois, Martin de La Soudière, "ethnologue du dehors" et du temps qu'il fait, se livre à l'introspection. Essai autobiographique sur le paysage, cet ouvrage est un retour aux origines, une entrée sur le terrain pour l'ethnologue féru de géographie... Ce paysage intime a pour cadre la montagne, celle des Pyrénées.
Sur le mode du récit, Martin de La Soudière dialogue avec ses pères et ses carnets de travail. Son corpus hors du commun rassemble de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un grand merci aux éditions Anamosa et à l'équipe de Masse Critique pour m'avoir confié ce superbe ouvrage , un beau cadeau vraiment !

Pourtant , un essai autobiographique de 384 pages ...ça peut inquiéter .
Mais , dès sa réception , ce fut un ravissement .
La couverture au paysage montagnard enveloppe le récit dans son large rabat , elle en fait un coffret , c'est presque précieux ...
L'impression de qualité et de délicatesse se confirme dès les premières pages .


Martin de la Soudière , ethnologue au CNRS , va développer les multiples façons " d'entrer en paysage " , de se l'approprier un temps par le vécu ou par l'imaginaire , en tout lieu .
Au cours du périple , il nous offre son enfance , ses parcours , ses rencontres , ses observations , ses connaissances .
A la rigueur scientifique s'allie la sensibilité de l'humaniste , le tout égayé par une iconographie intéressante et variée .

Bien que le résumé soit très complet , je ne résiste pas à
l'envie d'énumérer quelques " grands noms" retrouvés ou découverts sur lesquels s'appuie le récit : alors , pour le plaisir je vais citer dans le désordre , J. Gracq , J. Giono , R. Depardon , Frison-Roche , R.L. Stevenson et Modestine , F. Pessoa ,Thomas Mann, Paul-E. Victor , Haroun Tazieff , G. Rebuffat , Jean Carrière , Tabarly , M. Herzog , Ph. Jaccottet et tant d'autres .
Divers milieux donc diverses façons d'arpenter le paysage ou d'aborder la géographie , la géologie et autres sciences de la terre avec une richesse de commentaires et d'analyses , le tout savamment dosé . Une mine !

Si parfois il prend un aspect pédagogique , l'ouvrage n'est pas que transmission du savoir . Il est riche en anecdotes , en réflexions philosophiques , en poésie .
Ici se côtoient artistes , scientifiques , écrivains , sportifs , promeneurs , enfants , étudiants , paysans , randonneurs , voyageurs , citadins ...

Un ouvrage qui ouvre les horizons du paysage et qui offre au lecteur une impression de ressenti à la fois commun , intime et universel .
On s'y retrouve souvent , je vous l'assure !
Alors , il ne faut pas plus qu'une subtile mise en mots pour générer de l'émotion .
Pour moi , ce fut l'évocation de la Lozère , de l'Aubrac , des grands Causses etc.. j'y étais , je conversais avec l'auteur , je re- savourais " mes " paysages à travers " sa " Lozère !
Et ainsi de suite , personne n'est oublié , il y en a pour tous .

On se sent invités à l'introspection , à la découverte , au souvenir ...
On goûte à la sagesse , à l'éloge de la lenteur ...
On se balade dans une infinité de décors ...
On se laisse porter par une belle plume sensible , légère et vivante ...
On savoure ici et là des poèmes , des extraits ...

Un livre comme je les aime : il ne me quittera pas , je l'ouvrirai souvent , il devient une référence .
J'ai réellement fait un beau voyage .


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Il y a quelques années, j'étais sensible à ce genre de livre, maintenant beaucoup moins, même plus du tout. Je dois dire que je ne connaissais pas Martin de la Soudière (chercheur CNRS, EHESS), je m'attendais alors à un livre historique, rigoureux, voire philosophique sur le paysage, à partir de ceux qui le traverse : poètes, géographes et montagnard. Un peu comme ceux, dans l'air du temps, de Frédéric Gros sur le thème de la marche, avec une analyse précise des textes convoqués. Il ne s'agit pas de ce genre d'ouvrage. Pour cette raison, je nuancerai mon propos, car Arpenter le paysage, est un livre sincère, où l'auteur se dévoile et nous « raconte » beaucoup de lui.
Le concept clé de l'ouvrage est celui d'entrer dans le paysage : comment entre-t-on dans le paysage ? L'une des idées principales défendues est de dire que l'entrer dans le paysage se fait généralement dans l'enfance, ce qui fait qu'on est sensible à tel type de paysage ou tel autre. Pour cette raison, les 174 premières pages retrace l'histoire du petit Martin, en culotte courte qui suit son père, ses frères et ses soeurs, à la montagne, l'été. Se lever tôt, regarder par la fenêtre, préparer sa ration de raisins secs et de dattes. Photographie du fond familial à l'appui.
Ensuite, dans la deuxième partie, à l'instar de promenades, il y a une quinzaine de courts textes dont la teneur, les visées, l'intérêt varient et il est parfois difficile de bien saisir la cohérence de l'ensemble, sinon comme une série de variation sur un même thème, personnel, le paysage. En revanche, cette multiplicité de points de vue sur le paysage nous empêche de le saisir clairement : c'est la montagne, la forêt, le bout de ville, les gens, les saisons, la météo, etc. Ce sera d'ailleurs sa conclusion, « tous les regards se valent, légitimes, et toutes les postures. « Personne ne possède le paysage » écrivait Thoreau. »
Ces quelques textes présentent des « approches » singulières du paysage et il est possible d'y trouver quelques beaux passages. Certains écrivains, comme Pessoa, n'entrent pas réellement dans le paysage (Lisbonne), car ils y sont depuis toujours. Mais l'expérience de l'auteur lors d'un voyage étudiants, en montagne, qui dessinent n'apportent, à mon sens, rien.
Un autre point qui m'a été difficile est la vitesse à laquelle l'auteur passe d'un écrivain à un autre, enchainant les citations, comme autant de mots de passe, qui parfois nous empêche d'avoir accès à ce qu'il nous raconte. Chaque chapitre (de la deuxième partie) est associé à un auteur-écrivain-poète-géographe. Il s'agit souvent d'un prétexte, pour voir y associer des idées, des expériences personnelles, des lectures, citations… Il s'en inspire plus qu'il les approfondit.
Je m'attendais à un livre intense, dense, mais c'est un livre léger, qui virevolte, les cheveux dans le vent de la montagne. Ce qui n'est pas nécessairement une accusation, ni une critique, mais un avertissement pour le futur lecteur, car il m'a semblé que la présentation (titre et 4e), pouvait porter à confusion.
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La mesure du paysage.
Sociologue versé dans la ruralité contemporaine, Martin de la Soudière voyage au rythme lent du pas de l'arpenteur et produit des enquêtes de terrain circonstanciées. Son essai est autobiographique, notamment dans son introduction et les deux premiers chapitres : « Entrer en Pyrénées », « Grandir avec les montagnes », élargissant les horizons selon l'âge, passant des monts de l'enfance aux reliefs plus accusés de l'adolescence et aux sommets escarpés de l'âge adulte : « A chaque stade de développement… son « étage » biogéographique ». Puis, tout en modulant les propos, l'auteur laisse la part belle aux écrivains, peintres, paysagistes, géographes, etc., tous sensibles aux paysages : Gracq, Pessoa, Jaccottet, Dhôtel, Sansot, etc. pour les notoriétés ainsi qu'à une kyrielle de personnes non médiatisées ayant maille à tricoter avec le paysage : alpinistes, géographes, ethnologues, botanistes, bergers, agriculteurs, simples promeneurs, etc. En faisant le lien entre les témoignages et les écrits multiples, en s'y associant dans le continuum de sa vie, Martin de la Soudière fait apparaître avec intelligence et finesse le concept de paysage, protéiforme et insaisissable par essence. Ainsi, Jean-Loup Trassard, notable aux champs, écrivain de souche, fait incessamment le « tour du propriétaire » en Mayenne, haut lieu de son existence et délivre un paysage universel, à fleur de terre, au plus près de la vie paysanne d'antan : le bocage ou l'art d'habiter la Terre.
D'un style alerte, l'auteur laisse courir sa plume avec légèreté et fluidité, réveillant ses souvenirs, actualisant ses lectures, sans nostalgie aucune, la pensée projetée en avant, dans la découverte d'un paysage incarné à hauteur d'homme.
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Arpenter. Parcourir. Mesurer.
Le Paysage: (plus dur à définir ; vue d'ensemble d'un point de vue ou conditions de vie d'une personne, d'une chose, d'un lieu.)
A travers poètes, géographes et montagnards, qui est l'un, les deux, les trois.
Tout d'abord, soulignons le très beau travail d'Anamosa, la maison d'édition que je découvre avec plaisir par ce livre, cadeau. L'ouvrage est soigné, couverture cartonnée originale et solide, travail de mise en page et d'illustration bien fait, que du plaisir, je sens que je vais les faire travailler dans le futur.
Le livre quand à lui n'est pas un ouvrage savant, au contraire, même si son auteur est chercheur à l'EHESS et dans diverses écoles, universités, etc...
C'est plutôt pour lui l'occasion de se délasser, de partager, de se raconter un peu aussi et d'extraire de sa passion quelques bouts de ficelles que le lecteur pourra saisir, et tirer, dévider, pour faire venir à lui son paysage.
On passe ainsi par différents auteurs, quelques penseurs et chercheur, guidé par de la Soudière pour découvrir des paysages, mais surtout diverses façon de les approcher. A chacun le sien, à chaque auteur son petit jardin, à chaque chercheur sa base, son enfance et ses méthodologies.

C'est un beau livre, érudit, qui offre à découvrir mais aussi à réfléchir et ouvre bien des portes, des fenêtres vers un horizon d'auteur, de lectures, de marche, de déambulation en train à cheval en voiture pour se réapproprier nos paysages, urbains y compris.
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Essai autobiographique construit en patchwork d'impressions, de références littéraires, de souvenirs égrainés au fil des pages, de citations où l'auteur nous promène dans les Pyrénées, en Espagne, dans la Drôme, sur les plateaux du Cotentin, le long des plaines Picarde, jusqu'au Mont-Blanc en passant par les rues lisboètes.
Qu'est ce qu'un paysage ? Qu'est ce qu'un territoire ? Qui donne, écrit les définitions de ce dehors, de cet environnement qui nous entoure. Écrivains, peintres, philosophes, ethnologues, paysagistes, géographes se succèdent sous la plume de Martin de la Soudière. Cet écrit est formidablement dense et donne de la mâche au cerveau. Assurément. Je suis du coup allée récupérer Julien Gracq et Fernando Pessoa dans ma bibliothèque pour les relire et me replonger dans leurs paysages intérieurs afin de poursuivre mon exploration. En ces temps incertains et enfermés, cela fait du bien de pouvoir se sentir la capacité de respirer l'air de l'ailleurs sans sortir de sa chambrée.
Bonne lecture.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Marcher en montagne exige de savoir découvrir , reconnaître , parfois seulement deviner le "bon" chemin .
[...]
Car se perdre n'est pas anodin et ressortit à une crainte bien particulière , version light de la peur de mourir .
Comme on perd un objet , se perdre, soi , c'est être privé de son propre , s'absenter de soi-même .
Perdre son chemin , c'est être dévoyé , errer donc , s'égarer .
Perte des sens , perte du sens .
Se perdre , c'est enfin et aussi perdre l'autre , entrer en solitude , à la manière de l'enfant qui perd ses parents dans la foule .

P. 46
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Quand on part très tôt , avant que le soleil ne soit dans sa force , on croit surprendre au bord de la route vide , le sommeil des prés .
Quelque chose de nocturne , d'humide et de frileux s'attarde à l'orée des bois de chênes , et aussi une sorte de silence .
[...]
Le monde alors est autre , plus singulier peut-être qu'à aucun autre moment .
Plus grave , oui , plus caché , plus intérieur .
Le mot limbes .

P.234
Philippe Jaccottet , " A travers un verger " p.39
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Tellement séducteur, le terme « paysage » ! Comme d’autres mots en age : village, bocage, voyage, ou encore visage, le terme à lui seul porte déjà une charge émotionnelle très particulière. Il dit tout à la fois notre enfance, la mémoire des espaces et le charme de leur découverte, le beau, le lointain, les vacances… de leur côté, certains chercheurs nous parlent de connivences avec lui, ou alors d’affections paysagères.
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[la montagne] Elle incarne mieux que tout autre type de paysage, elle représente le vide versus le plein le silence versus le bavardage, la solitude versus la foule. P115
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Généralement, nous restons attachés au territoire où nous avons appris à être au monde, devenu plus tard dans certains cas le "pays perdu".
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