AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072479380
272 pages
Gallimard (19/09/2013)
4.5/5   6 notes
Résumé :
Le 24 juin 1948, Roger Martin du Gard avait écrit à André Gide : "Camus [...] est celui de sa génération qui donne le plus grand espoir. Celui qu'on peut ensemble admirer et aimer." Dix ans plus tard, à la mort du romancier des Thibault, Camus note sobrement dans son Cahier : "On pouvait l'aimer, le respecter. Chagrin." Émouvant parallèle qui souligne la dimension affective d'une correspondance fondée sur la confiance, le partage des mêmes valeurs, l'engagement doul... >Voir plus
Que lire après Correspondance (1944-1958) : Albert Camus / Roger Martin du GardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Albert CAMUS (7/11/1913) Roger MARTIN du GARD (23/03/1881)
Quand Roger Martin du Gard adresse la première missive à Albert Camus, le 4 décembre 1944, en tant que lecteur de « Combat », il est âgé de 63 ans, Camus est trentenaire, trente- deux ans les séparent et cet écart d'âge se révélera être un atout.
Durant quatorze ans, Ils vont partager une amitié sans faille, pétrie de respect, d'écoute et de compréhension réciproques, d'attention, d'estime, de tendresse (1) et d'affection.
Chacun apprécie chez l'autre les qualités morales de l'homme, les mêmes, d'ailleurs, dont l'un et l'autre sont dotés, mais aussi les valeurs intellectuelles et esthétiques liées à l'oeuvre littéraire.
J'ai aimé partagé leur correspondance composée de lettres, de cartes postales (2), de télégrammes (45 de RMG- dont une adressée à Francine Camus - , 24 de la part de Camus ) où l'on ressent vraiment la confiance, le vrai partage, la complicité qui s'exprime souvent avec un humour pétillant , des missives qui mettent en exergue la cohérence de leurs oeuvre .
Une correspondance qu'on peut estimer, peut-être, un peu parcimonieuse, mais il faut savoir que ces deux- là, se rencontraient souvent quand tous deux séjournaient à Paris et qu'ils ne se privaient pas d'échanger, aussi, par téléphone.
Claude Sicard qui présente admirablement cette correspondance précise que : « eu égard au faible nombre de documents, j'ai souhaité apporté autour d'eux, en notes et en annexes , le maximum d'éclaircissements et de compléments. Puisse le lecteur se convaincre ainsi de la richesse de cette amitié, et, plus encore, de sa qualité, plus rare qu'on ne croit, (…) si peu sensibles à la gloire, si allergiques à la notion de réussite, mais passionnément épris de justice et de dignité ». On ne peut que se réjouir de cette initiative et apprécier ces compléments d'informations qui contribuent à enrichir cette lecture.

(1) « Martin du Gard est le plus humain c'est-à-dire le plus digne de tendresse des hommes » confie Camus à son carnet en 1951) « Un homme qu'il aimait tendrement écrit-il encore quand il apprend son décès.
(2) Une de ces carte-postale adressée à RMG (c'est ainsi qu'il signait, certaines fois) a été expédiée par Camus depuis Délos, avec probablement un superbe timbre coloré , Martin du Gard devait, peut- être, être un philatéliste ou en connaitre un car l'emplacement du timbre a été découpé , petite précision anodine, certes, mais qui rend réaliste ces échanges !
Commenter  J’apprécie          160
On y apprend énormément de choses, sur Camus ET sur Roger Martin du Gard.
D'ailleurs, je me suis remis à Camus pour le coup.
On sent le respect de l'un et de l'autre à travers les lettres.
Et puis, au fur et à mesure, le jeune s'émancipe, mais, parfois, écoute tout de même d'une oreille attentive. Il ne l'a d'ailleurs pas oublié lors du prix Nobel de la littérature.
Et puis, on se remet dans le contexte de l'époque de la Guerre Froide par exemple, où l'on a peur de la Seconde Guerre Mondiale. On fait forcément en parallèle avec le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
RMG à AC
Nice, le 23 novembre 1957
(1)
(…) C’est un déjeuner chez Lipp qui nous aurait convenablement permis d’échanger efficacement quelques questions et réponses, sur ce que sont les savoureuses tribulations d’un lauréat dans les neiges du Nord ! (…)
(…) Vestimentairement – vous voyez que je fais des efforts pour penser à tout – on s’en tire avec quatre tenues, mais pas moins. Savoir : un « court-toujours » (pour le voyage et le quotidien), un « vat-en-ville » (complet foncé classique, pour les petites réceptions), un « smoking » et un « frac » gilet-blanc est de rigueur pour la Coronation. Le « smoking » est bien suffisant pour le dîner à l’ambassade, ou autres cérémonies semi-officielles.
Je me souviens d’avoir beaucoup souffert du froid à cause d’un manteau insuffisamment épais. (Il est vrai que nous avons eu plusieurs jours à – 35 °) (…)
Vous conseille de préparer un petit assortiment, de tons variés, pour répondre aux toasts. Les Suédois ont la manie de se lever, à toute occasion, un verre en main, et de tourner en bref compliment à l’hôte du jour. Moi, qui n’ai aucun à-propos, et que ce genre de « speech » épouvante, je me suis tiré, plutôt mal que bien, mais enfin de façon suffisante, en bafouillant, avec force sourires, quelques phrases préparées à tout hasard. Il est prudent d’avoir cette monnaie en poche, pour n’être pas pris de court. D’autant que ce sont de simples formalités rituelles, et que l’auditoire se contente de fort peu de chose ! (…)


(1)Dans cette missive RMG prodigue avec bon sens et humour , à l’impétrant, conseils, mises en garde, en vue de la remise du Prix Nobel dans la capitale suédoise. )
Commenter  J’apprécie          100
Préface
Il n’est pas exagéré d’affirmer que Martin du Gard, avec sa lucidité compréhensive et tolérante, sa réceptivité, sa simplicité naturelle et la chaleur de son écoute, a aidé Camus a supporté « ce qui étouffe » -et qui n’a pas besoin d’être dit pour être partagé.
Rien n’est banal dans les lettres que l’on va lire ni dans les échanges qu’elles laissent deviner. Balayées les discriminations sociales, puisque, chez l’un comme chez l’autre, le « métier » d’écrire, selon le mot de Camus affectionne, en les libérant de leur conditionnement initial, milite pour l’égalité, la justice, et l’humble bonheur des hommes. Quant à la différence des âges, on le verra, c’est un atout pour tous les deux. Roger Martin du Gard, apparu quine ans après Jean Grenier dans la vie de Camus, joue pour lui le même rôle tutélaire que son ancien professeur,(1), à cette nuance près que ne pèse pas sur leurs rapports l’originelle distance de l’élève au maître.
1 Jean Grenier
Commenter  J’apprécie          10

Martin du Gard, si prompt lui-même à douter, à se remettre en question, à fuir les honneurs et à relativiser la vaine "gloire" , est l’alter ego de Camus, l’exact opposé de "l’intellectuel de 1950 qui croit qu’il faut se raidir pour se grandir" (Cahier VII , note de 1952)
Commenter  J’apprécie          50

AC Cahier, 23 août 1958
Mort de Roger Martin du Gard. J’avais retardé ma visite à Bellême, et brusquement… Je revois cet homme que j’aimais tendrement me parlant à Nice en mai de sa solitude, et de la mort. Il traînait son grand corps lourd et cassé en deux de la table au fauteuil. Et son beau regard… On pouvait l’aimer, le respecter. Chagrin.
Commenter  J’apprécie          30
Vieillir, écrivait Camus en 1950, c'est passer de la passion à la compassion.
Commenter  J’apprécie          10

Lire un extrait
Videos de Albert Camus (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


--
02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
+ Lire la suite
autres livres classés : roman épistolaireVoir plus



Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur l´Etranger par Albert Camus

L´Etranger s´ouvre sur cet incipit célèbre : "Aujourd´hui maman est morte...

Et je n´ai pas versé de larmes
Un testament sans héritage
Tant pis
Ou peut-être hier je ne sais pas

9 questions
4767 lecteurs ont répondu
Thème : L'étranger de Albert CamusCréer un quiz sur ce livre

{* *}