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Albert Camus (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070103430
1584 pages
Gallimard (30/11/1955)
4.42/5   24 notes
Résumé :

Ce volume contient les oeuvres suivantes :

Devenir ! - Jean Barois - In Mémoriam. Les Thibault : Le Cahier gris - Le Pénitencier - La Belle saison - La Consultation - La Sorellina - La Mort du père.


Roger Martin du Gard
Œuvres complètes
Tome I
Préface d'Albert Camus
Que lire après Oeuvres complètes, tome 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cette critique ne concerne que la saga des Thibault incluse dans ce premier tome (et me second) de la Pléiade. Les Thibault (1920-1940) de Roger Martin du Gard, retrace l'histoire de la famille Thibault et en particulier des deux fils... : Jacques et Antoine qui d'abord antagonistes trouveront le remède dans la recherche de soi et de l'autre.

C'est un roman-fleuve qui est divisé en huit grandes parties, elles-mêmes divisées en chapitres. On compte dans l'ordre : « le cahier gris », « le pénitencier », « la belle saison », « la consultation », « la Sorellina », « la mort du père », « l'été 1914 », « l'épilogue ». On découvre le parcours de deux frères qui évoluent dans un monde différent et n'ont pas les mêmes aspirations dans la vie. Ainsi, on suit l'enfance de Jacques (le plus jeune), sa révolte contre son père, son rejet de l'éducation bourgeoise, ses premiers amours, son amitié avec Daniel de Fontanin. En quête d'identité, il devient écrivain et voue sa vie à un espoir vain : celui de maintenir la paix.On s'intéresse parallèlement à Antoine qui semble suivre une voie toute tracée : celle d'être médecin et d'avoir une vie bien rangée. Face à la guerre 14-18, les deux frères adoptent des attitudes totalement différentes. En raison des faits politiques, les deux héros ne trouveront pas l'occasion de vieillir.

Le cahier gris :
La première partie permet de s'attacher aux personnages et en particulier à Jacques qui, en jeune garçon rebelle, attire un sentiment de sympathie face à cette famille qui ne le comprend pas. Une tendre amitié unit deux collégiens : Jacques (catholique) et Daniel de Fontanin (protestant). La découverte de leur correspondance provoque un véritable drame dans leur famille respective et spécifiquement dans celle de Jacques où le père règne en tyran. Les deux garçons s'enfuient à Marseille par peur d'être séparés. Ils tentent de rejoindre Toulon à pied mais échouent et se font arrêter. Ils sont forcés de rentrer à Paris. Daniel vit dans l'amour de sa soeur Jenny, et de sa mère mais avec l'absence d'un père. A l'inverse, Jacques déteste et craint son père. Il aimerait se détacher de l'éducation bourgeoise qu'il a reçue. Il entretient une relation distante avec son frère Antoine car une forte différence d'âge les sépare. La fugue de Daniel a entraîné sa soeur dans la dépression et celle-ci tombe malade. Lors du retour des garçons, on observe chez les Thibault un rejet du père qui envoie Jacques dans une de ses oeuvres : la fondation Oscar Thibault qui est en fait une maison de redressement. le pénitencier : Quelques mois plus tard, le père refuse toujours tout contact avec Jacques. Pourtant Antoine s'inquiète du mutisme de son frère et se rend en secret à la fondation. Jacques a totalement changé, le violent d'autrefois est devenu poli et obéissant, il a été dressé à accepter tout sans rouspéter. Jacques avoue finalement la misère dans laquelle il vit et concède qu'il ne fait plus rien, qu'il n'étudie plus. Il ne se plaint pas car il est désormais totalement indifférent à la situation et ne semble pas mesurer qu'il gâche sa vie. Toutefois, Antoine réussit à le sortir du pénitencier et il retrouve la vie familiale. Jacques habite maintenant avec son frère et celui-ci termine ses études de médecine. La confiance a du mal à s'établir entre les deux frères, d'autant plus que jacques réécrit à Daniel. Finalement, tous deux rendent visite aux Fontanin.

La belle saison :
Jacques est reçu à l'école Normale mais n'en éprouve aucune joie. Au contraire, il redoute cette épreuve et hésite à prendre son envol. Daniel, devenu séducteur entraîne Jacques et Antoine dans une boîte où Jacques se sent très mal à l'aise. Antoine est propulsé au centre du récit et se montre héroïque, au chevet d'une petite fille accidentée. Rachel, une voisine qui l'a assisté durant l'opération, devient sa maîtresse. Parallèlement, Jacques dévoile son amour à Jenny, la soeur de Daniel et celle-ci le repousse violemment. Quant à Antoine, il vit en plein bonheur et est inconscient de la situation. Rachel finalement le quitte pour rejoindre un amant qui la martyrise. Antoine regagne Paris et découvre que Jacques a disparu. Sans nouvelles de son frère, il parle avec Monsieur Thibault qui est déprimé et persuadé que Jacques est parti se tuer.On constate un fléchissement du récit et cette période de l'intrigue est comme une trêve vers des étapes primordiales du livre.

La consultation :
Cette partie est selon moi la moins captivante du récit. On assiste aux journées-type d'un médecin : Antoine et on se prend de sympathie pour cet homme ordinaire.Il est froid, mesuré et raisonnable face aux situations courantes qui peuvent être critiques. Il est confronté à divers graves problèmes tels que la souffrance ou la solitude des hommes naïfs et au palier de la mort. Il est également confronté à un problème qui est toujours d'actualité, celui de l'euthanasie. Il décide de céder à la pression des parents de l'enfant mourrant et ressent l'impuissance, dans son métier de médecin.

La Sorellina :
Trois ans plus tard, Monsieur Thibault est gravement malade. Il fait le point sur sa vie et pense avoir semé le bien autour de lui. Une lettre destinée à Jacques arrive et l'on apprend qu'il n'est pas mort, puisqu'il vient d'écrire un texte dans une revue. Jacques vit à Genève et s'est tourné vers l'écriture puisqu'il a écrit la nouvelle « La Sorellina » qui est un texte autobiographique. Antoine, en lisant le texte, comprend les raisons qui ont amenées son frère à partir. Jacques semble avoir aimé deux filles : Jenny et Gise, petite fille recueillie par Monsieur Thibault et considérée comme son enfant. La vraie raison du départ entraîne une violente dispute entre père et fils. Pendant son exil, Jacques a vécu une existence misérable en Suisse, une vie de bohême. Il est révolté de l'irruption d'Antoine dans sa nouvelle vie mais, apprenant l'état de santé de son père, décide de revenir à Paris.

La mort du père :
Lorsque les deux frères arrivent, le père a compris que la fin pour lui approche et ne lutte plus. Il sombre dans un profond coma où l'agonie est interminable. Lorsque Oscar Thibault meurt apaisé, les deux frères sont libérés de cette présence castratrice. Antoine est bouleversé car il réalise avoir perdu un être qu'il pensait aimer. Il réalise qu'au-delà de tout entendement, c'est le tout-puissant Thibault qui s'en va et que les deux frères sont désormais orphelins. On perçoit après la période de tyrannie, l'humanité qui peut s'instaurer après le deuil.

L'été 1914 :
Le récit se centre plus sur Jacques. Il retourne vivre en Suisse et intègre un groupe de révolutionnaires. Jacques, très pacifiste, lutte de toutes ses forces contre la guerre et milite pour le maintien de la paix. Il essaye de faire entendre raison à Antoine sur la situation actuelle et lui demande de résister lui aussi. le dialogue s'avère impossible car les deux frères ont des opinions politiques différentes. Jacques revoie Jenny et ses sentiments se ravivent. Il rencontre ensuite Daniel mais ne trouve rien à lui dire car leurs chemins se sont éloignés. Jacques passe de l'Allemagne à la France, il organise des missions et participe à des manifestations pacifistes. Jacques et Jenny finissent par s'avouer leur amour.L'assassinat de Jaurès, la veille de la mobilisation générale, plombe le moral des révolutionnaires qui s'avouent vaincus face à la guerre qui menace le pays. Il agit dans un sursaut ultime, celui qui le condamne et qui est comme un suicide inutile puisqu'il rédige des tracts qu'il décide de jeter aux frontières franco-allemandes, à partir d'un avion. En effet, l'avion s'abat en flammes et Jacques survit quelques heures à l'accident. Il est traité comme un espion et meurt, tué d'un coup de revolver, par les troupes françaises.

L'épilogue :
On est projeté en 1918. Antoine, gazé, retrouve Daniel qui est mutilé à la jambe. Madame de Fontanin tient maintenant un hôpital militaire. Jenny, jeune veuve, élève l'enfant de Jacques : Jean-Paul. Antoine est ému de la ressemblance de Jacques avec son fils. Jean-Paul symbolise la survie de la famille Thibault. Antoine rédige son journal : il y note les avancées de sa maladie et fait le bilan de sa vie. La maladie et la mort le rapprochent de ce frère qu'il n'a jamais vraiment connu. Il envoie un message d'espoir à Jean-Paul qui sera peut-être, son « relais », un intermédiaire vers un monde meilleur.

J'ai énormément apprécié ce livre car l'histoire, en plus d'être intéressante, est narrée dans un style très agréable. J'ai aimé la diversité des personnages (au moins une vingtaine) et leur personnalité complexe. de plus, ce roman est riche en figures de style et autres images qui rendent le récit attractif et la lecture plaisante. J'ai trouvé particulièrement instructif le fait de lire la septième partie « l'été 1914 » qui concerne le quotidien d'un peuple, en période de tourmente et qui permet de découvrir certains politiciens de l'époque.J'ai adopté le point de vue de chaque personnage et j'ai compris le positionnement de chacun. de plus, j'ai trouvé intéressant le fait que Jacques et Antoine alternent la narration et racontent tour à tour leur vie. Les faits et gestes des personnages sont décrits de façon précise et on pénètre également dans leurs sentiments profonds et dans leur mal-être omniprésent. Comme je l'ai évoqué, le livre se lit relativement bien même si de prime abord l'ensemble de l'oeuvre peut rebuter. Il me semble nécessaire de tenter la lecture car, une fois pris dans l'histoire, on a du mal à se détacher des personnages. J'ai néanmoins trouvé la partie « l'été 1914 » un peu longue (800 pages) car les faits politiques déroutent. Ainsi, le texte peut paraître lourd et redondant car l'intrigue des personnages est un peu mise en suspens. Certains personnages restent dans l'ombre comme Gise qui s'efface peu à peu pour laisser Jacques vivre sa vie. Dans l'ensemble, le texte est riche et il est facile de percevoir les réalités de l'époque et la tension d'une telle période de crise. Je conseille donc la lecture de ce roman-fleuve car plus qu'une immersion en pleine guerre, on assiste à l'évolution de personnages qui auraient pu être des héros.
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Les Thibaud, c'est le roman, mis au service de la réflexion sur les maux du temps ( Première Boucherie Mondiale et les années qui la précédèrent) et de la confrontation étayée des thèses antagonistes.
Quant au côté strictement romanesque, on se penche sans déplaisir sur les destins d'Antoine et Jacques Thibaud et leurs faire-valoir, nés Fontanin. Mais selon moi, ça ne justifie pas, à soi-seul, le temps passé sur les quelques 1500 pages dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Il se trouve que les thèmes humains et sociaux soutenus par Antoine et Jacques et intensément illustrés par les situations dans lesquelles ils sont plongés élèvent l'oeuvre au niveau 8 sur l'échelle de Richter de la littérature d'opinions: en vrac, l'euthanasie, la mort, l'éducation, les relations parents-enfants, la révolte et l'absurde (pas étonnant que Camus ait préfacé), l'opposition science-religion (déjà abordée dans "Jean Barrois"), la guerre et le pacifisme, le nationalisme vs le patriotisme, la lâcheté et l'insincérité des politiques, le sens de la vie et de la morale, la place de l'homme dans la société et la justice,....
Étonnamment riche, passionnant, actuel, attachant, varié, instructif, intelligent, bien écrit, imaginatif, stimulant, agréable à lire.
Martin du Gard excelle notamment en fouilles psychologiques de ses personnages. Pour l'anecdote, il semble aussi se délecter à décrire systématiquement les visages et la physionomie de chacun d'eux et à y attacher des traits de caractère selon une logique pas toujours évidente. On lui pardonne ce petit travers qui résonne comme sa marque de fabrique.

Ce roman-là est un document. Ce document est un monument élevé à la folie des hommes, ie d'une sorte qui n'aura jamais besoin de ravalement.
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Il m'a fallu beaucoup de temps pour lire ce tome 1 des oeuvres complètes de Roger Martine du Gard. Je ne voulais lire que les Thibault mais comme j'ai aimé cette saga, j'ai décidé d'en apprendre plus sur l'auteur, lire sa biographie et deux autres romans.
Ma préférence va aux Thibault. Il me reste deux romans pour finir la saga. Avec le dernier lu, la mort du père, je peux attendre un peu avant de me lancer.
Je me réjouis cependant de retrouver les deux frères, apprendre ce qu'ils sont devenus sans la figure paternelle qui prenait énormément de place.
L'écriture est belle et exigeante . Quelques mots et tournures de phrase que j'ai découverts m'ont fait comprendre l'évolution du français depuis le début du 20e siècle. le style d'écriture utilisé pour Jean Barrois est peu commun. C'est comme une pièce de théâtre, en plus détaillé.
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J e finis la lecture de ce premier tome; sur le style je ne peux me permettre de critiquer un prix Nobel de littérature bien mérité. Sur le contenu je ne ferai pas de paraphrase sur des textes déjà bien analysés.
La mort du Père est absolument remarquable notamment - "La fin" et -la "Conversation d'Antoine et de l'abbé Vécard au retour de l'enterrement".
J'ai rarement lu une telle description de l'agonie d'un être humain.
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Un superbe ouvrage comme toujours dans cette collection une découverte de cet auteur pour moi,un beau recueil a découvrir !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(...) Il y a pour le maître, une obligation supérieur à celle de préparer strictement les matières d'un examen : c'est de porter à un degrés plus élevé l'éducation générale de ses élèves, et de donner des motifs d'exaltation à leurs personnalités naissantes. [ Jean Barois, I, la rupture, III ]
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Trente ans de vie normale, il y a de quoi limiter singulièrement le champ des idées ! [ Devenir !, I, I ]
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"...dis la vérité ...on ne se repent jamais de ne pas mentir"
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Vidéo de Roger Martin du Gard
Discours de Roger Martin du Gard pour le prix Nobel (1937).
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