C’est quoi les valeurs de la France ? Gagner du fric et consommer ?
Il y a aussi la petite blonde et un de ces gamins qu’il a surpris dans une grange abandonnée à faire le verrat et la truie. Le gamin l’a vu, il s’est relevé, lui a crié : T’en as pas une comme ça ! Aujourd’hui, les gamins c’est tous des saletés, les plus mauvais c’est les garçons.
Je n’ai pas toujours eu horreur de la fête foraine. Longtemps je l’ai attendue avec impatience, lorsque j’étais une fillette hypersensible aimant rire et s’amuser. Avant l’abominable déchirure. Avant de perdre mes repères.
Le gamin court à perdre haleine le long du lac en souriant au soleil. Parfois il ralentit, jette un coup d’œil derrière lui, et poursuit sa cavalcade.
Dans la forêt l’homme l’observe, fasciné. Ce petit être dodu n’a pas plus de six ans. Où sont ses parents ? D’où vient-il ? Où va-t-il ? Par une chaleur pareille, courir n’est pas naturel. L’homme est très attaché à ce qui est naturel et hanté par les forces mystérieuses plus puissantes que tout. Il vient souvent ici satisfaire ses instincts de prédateur et profiter des grands espaces où ils s’épanouissent. S’il maîtrise l’art de tuer, c’est dans la chasse qu’il excelle le plus. Aujourd’hui, il a rempli son sac de girolles et de morilles, mais il préfère les traques sanglantes.
L’homme est très attaché à ce qui est naturel et hanté par les forces mystérieuses plus puissantes que tout. Il vient souvent ici satisfaire ses instincts de prédateur et profiter des grands espaces où ils s’épanouissent. S’il maîtrise l’art de tuer, c’est dans la chasse qu’il excelle le plus. Aujourd’hui, il a rempli son sac de girolles et de morilles, mais il préfère les traques sanglantes.
Il contemple la lune. De la lune, on tire une puissance extraordinaire, sa mère le lui a enseigné. Elle appartenait à une lignée venue du fond des âges, le bras armé de Dieu. Cette lignée brûlait vifs des crapauds, glissait leurs dépouilles calcinées dans les étables des enfants de Satan. Vaches et cochons crevaient.
Ce soir, je préférerais être ailleurs, n’importe où. Depuis que j’ai les cheveux très courts, depuis l’insupportable déchirure, j’ai souvent entendu, dans mon dos, que je ressemblais à un homme. Avec mon visage fin, mes yeux bleus, ce pourrait être : Belle brune… Ben non. Avant, j’avais les cheveux aux épaules. Après l’abominable déchirure, j’ai harcelé ma mère pour qu’on me les coupe. Depuis, j’ai toujours été coiffée à la garçonne. Comme eux deux, les garçons. Et je n’ai porté que des pantalons et des chaussures plates. Sans la dégueulasse déchirure, je n’aurais pas cette allure masculine.
Je n’ai pas toujours eu horreur de la fête foraine. Longtemps je l’ai attendue avec impatience, lorsque j’étais une fillette hypersensible aimant rire et s’amuser. Avant l’abominable déchirure. Avant de perdre mes repères.
La gent féminine souvent m’horripile. La masculine me débecte. Les enfants… J’aime qui… ? J’ai mon gouffre à combler.
L’ombre a un temps de retard. Le gamin la distance, il creuse l’écart. Mais l’ombre revient sur lui. L’enfant s’affole. Il court de plus en plus vite. Il galope, multipliant les regards hâtifs par-dessus son épaule, très inquiet quant à ce qui le poursuit.
De la forêt où il se terre, même en protégeant ses yeux du soleil, l’homme ne distingue pas très clairement. L’ombre revêt alors une apparence humaine.