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Critique de Dionysos89


Rencontrée à la 25e Heure du Livre du Mans 2015, puis au salon ImaJn'ère d'Angers 2016, Sandra Martineau est une jeune auteure de romans dits « policiers », même si nous savons bien que cette appellation est désormais très large, très intégratrice. « Dernière escale » est son quatrième roman sorti au printemps 2016 et son premier paru chez les éditions Lajouanie.

Cette « Dernière escale » est celle de Richard Dorval, icône déchue du football professionnel européen passée par les plus grands clubs comme le Bayern Munich et le FC Barcelone, mais désormais licenciée et très mal vu de sa femme à cause de ses nombreux déboires liés à l'alcool, à la drogue et au sexe. Ses deux enfants ont des réactions très différentes vis-à-vis de sa personne : Matthieu, l'aîné, l'ignore voire le casse dès que possible, car l'adolescence le mène à une révolte contre son père ; Éléonore, la benjamine, rêve encore du passé glorieux de son père, mais fait ressortir des souvenirs douloureux à Richard.
Pour arranger le coup, Richard et Suzanne s'organisent donc une petite virée en famille sous forme de croisière à bord du Cruise Constantino, paquebot de l'ordre du tristement célèbre Costa Concordia. L'auteur crée ainsi un huis-clos façon « Mort sur le Nil » avec des escales au programme, de Marseille à Rome en passant par Barcelone, des courses-poursuites sur le pont, du Kid's Club au restaurant 5 étoiles, et des intrigues au fond des cabines, seul ou à plusieurs… Dans sa quête de tendresse, de famille et de reconnaissance, alors qu'il a bien négligé son entourage jusque-là, Richard est un héros bien difficile à aimer tout à fait, tant il opte constamment pour les mauvais choix, s'énerve d'un rien et finalement pense plutôt peu. Pour être un père anxieux et un mari épouvantable, il l'est, c'est sûr. Nous avons donc en protagoniste un personnage très difficile à manier, qui plus est noyé dans un environnement où chaque personne n'écoute pas les autres (seule Éléonore semble un peu moins égoïste que la moyenne), ce qui est un choix courageux de la part de l'auteur. Dans ce personnage, se mêlent même des thèmes très intéressants comme l'attrait médiatique du football, la crise de l'adolescence et la peur de la pédophilie.
Dans sa démarche très thriller finalement, Sandra Martineau utilise quelques voix intérieures dans son récit (notamment celle du protagoniste) bien marquées en italique, qui m'ont laissé un peu dubitatif, au point que je me demande, tout bêtement, si nous les enlever n'aurait pas été bénéfique. Je m'explique : non seulement la séparation entre ces voix intérieures et les pensées des personnages n'est pas toujours nette (Richard, pour revenir encore à lui, alterne des réflexions et des pensées qui lui dictent sa conduite, mais ses actes parlent déjà pour lui, la plupart du temps), mais surtout ce traitement est utilisé aussi pour transcrire des échanges téléphoniques, anonymes pour le lecteur, qui servent à assurer celui-ci qu'il y a bien un mystère à découvrir et que le héros n'est pas fou ; parfois artificiel, ce procédé a le mérite de justifier la toute fin de ce roman, mais nous fait un peu perdre ce qu'on avait gagné à suivre les pensées du héros, c'est-à-dire un peu d'empathie, car finalement c'est peut-être ce qui manque à ce « roman pas policier mais presque… » (du nom de cette collection des éditions Lajouanie).

C'est donc un bon petit thriller des vacances que cette « Dernière escale » organisée par Sandra Martineau sur le littoral méditerranéen.
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