Grenade est située dans une dépression entre deux chaînes de montagnes parallèles à la mer. Le Genil, qui la traverse, mène vers l’ouest à la vallée du Guadalquivir, dont il est l’affluent, et de là à l’océan. Vers l’est, la dépression grenadine conduit à la vallée de la Segura, au pays de Murcie et à la Méditerranée. La vallée du Genil est donc l’un des rares axes de communication entre Méditerranée et Atlantique que compte l’Andalousie, et cette position, ajoutée à la fertilité du sol, a sans doute assuré dès l’Antiquité la fortune de la région. La ville occupe un site de collines de 700 à 800 mètres d’altitude. Leurs pentes douces ont rendu possible, à l’époque moderne, l’expansion urbaine vers les sols fertiles de la Vega du Genil, formés de terrasses alluviales de 500 à 600 mètres d’altitude. La cuvette sédimentaire que forme la Vega a probablement très tôt abrité un peuplement humain. Le plus vieux site repéré est un établissement celtibère du VIIe siècle avant notre ère, sur les pentes qui devaient plus tard accueillir la citadelle et la ville zirides du XIe siècle. On a retrouvé sur la colline du Mauror deux cimetières du Ve siècle avant notre ère qui confirment l’importance de ce premier noyau urbain, de 5 000 à 6 000 habitants à son apogée, sur lequel s’appuya ensuite la ville romaine à partir du IIe siècle avant J.-C. Toutefois, cette première Iliberi ne semble pas avoir pris un ascendant décisif sur les autres établissements de la région. La conquête romaine imposa d’abord à la ville un tribut, avant de lui concéder le droit de citoyenneté en 45 avant J.-C. et d’en faire enfin le centre de la Vega. C’est peut-être au temps de la paix impériale que le noyau urbain principal se déplace vers la plaine et la localité proche qu’on nomme aujourd’hui Atarfe. Il y restera pratiquement jusqu’aux Xe-XIe siècles1. C’est ce dernier emplacement qui gardera le nom historique d’Elvira, dérivé d’Iliberi. Mais les fouilles archéologiques du XXe siècle ont finalement tranché, en faveur du site de l’actuelle Grenade, le débat sur l’Iliberi primitive qui avait agité le milieu des érudits du XIXe siècle2. Comme ailleurs dans l’empire, le modèle urbain antique se dégrade à partir de la crise du IIIe siècle, le recul de la population et des ressources réduit la ville au rang de gros bourg rural, distingué cependant par la création d’un évêché dès avant le triomphe définitif du christianisme. Le premier concile de l’Église d’Espagne, encore à demi-clandestine sous les persécutions de Dioclétien et de ses successeurs, se tient à Elvira en 305.
renade est située dans une dépression entre deux chaînes de montagnes parallèles à la mer. Le Genil, qui la traverse, mène vers l’ouest à la vallée du Guadalquivir, dont il est l’affluent, et de là à l’océan. Vers l’est, la dépression grenadine conduit à la vallée de la Segura, au pays de Murcie et à la Méditerranée. La vallée du Genil est donc l’un des rares axes de communication entre Méditerranée et Atlantique que compte l’Andalousie, et cette position, ajoutée à la fertilité du sol, a sans doute assuré dès l’Antiquité la fortune de la région. La ville occupe un site de collines de 700 à 800 mètres d’altitude. Leurs pentes douces ont rendu possible, à l’époque moderne, l’expansion urbaine vers les sols fertiles de la Vega du Genil, formés de terrasses alluviales de 500 à 600 mètres d’altitude. La cuvette sédimentaire que forme la Vega a probablement très tôt abrité un peuplement humain. Le plus vieux site repéré est un établissement celtibère du VIIe siècle avant notre ère, sur les pentes qui devaient plus tard accueillir la citadelle et la ville zirides du XIe siècle. On a retrouvé sur la colline du Mauror deux cimetières du Ve siècle avant notre ère qui confirment l’importance de ce premier noyau urbain, de 5 000 à 6 000 habitants à son apogée, sur lequel s’appuya ensuite la ville romaine à partir du IIe siècle avant J.-C. Toutefois, cette première Iliberi ne semble pas avoir pris un ascendant décisif sur les autres établissements de la région. La conquête romaine imposa d’abord à la ville un tribut, avant de lui concéder le droit de citoyenneté en 45 avant J.-C. et d’en faire enfin le centre de la Vega. C’est peut-être au temps de la paix impériale que le noyau urbain principal se déplace vers la plaine et la localité proche qu’on nomme aujourd’hui Atarfe. Il y restera pratiquement jusqu’aux Xe-XIe siècles1. C’est ce dernier emplacement qui gardera le nom historique d’Elvira, dérivé d’Iliberi. Mais les fouilles archéologiques du XXe siècle ont finalement tranché, en faveur du site de l’actuelle Grenade, le débat sur l’Iliberi primitive qui avait agité le milieu des érudits du XIXe siècle2. Comme ailleurs dans l’empire, le modèle urbain antique se dégrade à partir de la crise du IIIe siècle, le recul de la population et des ressources réduit la ville au rang de gros bourg rural, distingué cependant par la création d’un évêché dès avant le triomphe définitif du christianisme. Le premier concile de l’Église d’Espagne, encore à demi-clandestine sous les persécutions de Dioclétien et de ses successeurs, se tient à Elvira en 305.
Le récit de ‘Abd Allah, auquel nous devons tout, est si proche du schéma qu’Ibn Khaldun tracera trois siècles plus tard pour tout pouvoir politique qu’il vaut la peine de rappeler rapidement cette théorie. Ibn Khaldun distingue deux ordres de sociétés : la « sédentaire » et la « bédouine » ou tribale. Peu importe en effet l’activité fondamentale, agricole ou pastorale, des sociétés bédouines : c’est leur système politique, c’est-à-dire l’absence d’État, qui les caractérise. Les agriculteurs kabyles ne sont pas moins « bédouins » aux yeux d’Ibn Khaldun que les nomades des steppes turques ou du désert arabe. À l’inverse, seules les sociétés soumises à un État méritent le nom de « sédentaires ». « Soumises », car l’État est d’abord une contrainte : il lève l’impôt, qu’il concentre dans sa capitale, au profit de ses élites, qui le redistribuent pour leur jouissance auprès de tous les métiers du luxe qui les entourent – orfèvres, enseignants, médecins ou sages-femmes –, dont la diversification et la spécialisation permettent les seuls gains de productivité, les seuls progrès possibles dans une société agraire, par ailleurs d’économie stagnante.
Grâce à la croissance de la capitale, ces progrès s’étendent même aux campagnes dominées et nourricières dont le travail est mobilisé par la demande urbaine. Ce cercle vertueux qu’est l’État repose cependant sur la contrainte initiale de l’impôt, et donc sur le désarmement strict des populations qu’il contrôle. Des hommes armés, dit Ibn Khaldun, ne paient pas l’impôt. L’État s’ingénie donc à saper, chez les sédentaires dont il a la charge, le courage et la solidarité qui menacent constamment sa fonction vitale, c’est-à-dire la soumission de ses populations à l’impôt. L’État est un processus d’échange ou de transformation du courage, des solidarités et des violences naturelles à l’homme contre une prospérité domestiquée. Les Andalous du début du XIe siècle que décrit ‘Abd Allah d’après les souvenirs de son aïeul Habbus, lâches et férocement individualistes, sont de parfaits sédentaires, qui paient l’impôt et attendent en échange de l’État leur protection.
L’État est donc en général un mécanisme de gains de productivité par la spécialisation des fonctions.
Gabriel Martinez-Gros vous présente son ouvrage "La traîne des empires : impuissance et religions" aux éditions Passés composés. Entretien avec Mehdi Ghouirgate.
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