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Paul-Jean Toulet (1867-1920). Rejetant les inconstances du coeur et les épanchements lyriques, sa poésie cultive une ironie douce-amère mais brillante qui fit de lui le chef de file de l'Ecole française, née en 1912. |
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Paul-Jean Toulet (1867-1920). Rejetant les inconstances du coeur et les épanchements lyriques, sa poésie cultive une ironie douce-amère mais brillante qui fit de lui le chef de file de l'Ecole française, née en 1912. |
![]() | nadejda 18 novembre 2015
Les petits matins font les grandes tristesses. L’aube bleu poussière échancre le ciel au-dessus de Paris. La Seine suit son cours et se donne à la mer. Dans l’ombre bleue du Weber ou au bar de la Paix, Toulet, loup famélique, déplie sa silhouette aiguë. Il prend congé de son « amie la nuit ». Debussy est rentré depuis longtemps retrouver sa femme et ses arpèges ; Curnonsky a suivi une dame de chez Maxim. Dehors il fait un froid de fin du monde. Pour avoir envie de chanter, il faut être un oiseau. Ou un poète. La Concorde est toujours là. L’obélisque éventre la coque de la nuit, se dresse à la proue des heures, vestige de victoires très anciennes dont le nom n’est plus qu’un souvenir. Ce n’est plus la nuit. Et ce n’est pas le jour. Un scarabée géant et modern style s’est posé sur la ville ; c’est le dôme du Grand Palais. Là-bas la tour Eiffel enjambe les maisons. Et dans le ciel de Paris, dans le ciel qui pâlit surgissent alors les fastes étranges d’une Atlantide noyée de gin. C’est l’heure incertaine des filles perdues et du temps retrouvé. p 12-13 + Lire la suite |
![]() | nadejda 04 décembre 2015
En automne (en 1915), Toulet séjourne deux mois chez un ami, en Avignon. (…) Sans doute met-il à profit sa villégiature dans la cité des papes pour se rendre en Arles, et se promener dans le jardin des Alyscamps… Il ne sait pas encore que son chef d’oeuvre l’y attend. C’est une de ces belles journées, chaude encore, comme il y en a dans le Sud en novembre. Le ciel est bleu. L’odeur des roses, celle des cyprès se mêlent parmi les tombes. Là, Toulet éprouve cette « cauteleuse douceur de vivre » qui vous étreint par une trop belle après-midi (…) il ressent comme jamais « cette espèce d’insécurité, de fêlure qui se mêle à tout » et conjugue au même temps l’aise et le malaise. Ce sentiment étrange, indéfinissable, il va le dire en quelques mots. Dans Arles, où sont les Aliscams, Quand l’ombre est rouge, sous les roses, Et clair le temps, Prends garde à la douceur des choses. Lorsque tu sens battre sans cause Ton coeur trop lourd, Et que se taisent les colombes : Parle tout bas, si c’est d’amour, Au bord des tombes. p 321 + Lire la suite |
![]() | nadejda 02 décembre 2015
Dans son roman "Les Tendres Ménages" (1904), Toulet rebaptise le Palace-Hôtel le Léviathan : "Le bar du Léviathan est dans le sous-sol. Il semble d'abord qu'on aille visiter les égouts ; et, quand on y est, c'est comme un paquebot énorme d'acajou et de cuir, qui se serait enlisé là solidement. Tout y est démesuré d'aspect, massif, confortable ; et les gens qu'on y voit boire ont l'air, en plus moderne, des compagnons d'Ulysse dans la caverne de Polyphème. Mais ce bon géant n'y est pas à cette heure-ci, ni lui ni personne, ou presque. Derrière son comptoir, qui ressemble un peu à un monument mégalithique, le barman en smoking blanc somnole ; et, seul, à quelques kilomètres dans la direction du billard, un monsieur joue aux dominos avec une personne en robe princesse. De temps en temps, il jure ; et elle alors, en bombant sa gorge, fait éclater les facettes d'un rire aride et étincelant." A l'Elysée-Palace, Toulet se lie avec de jeunes écrivains : Jacques Boulenger, Emile Henriot viennent assez souvent. Il vient aussi des femmes. Poudrées d'électricité, avec leurs yeux immenses et leurs robes découpées dans la nuit, elles donnent au noctambule une leçon de ténèbres, et d'amertume. p 229-230 + Lire la suite |
![]() | nadejda 03 décembre 2015
Peut-être cette contrerime a-t-elle été écrite pour Yvonne Vernon, égérie 1900 dont il a été l'amant : Toute allégresse a son défaut Et se brise elle-même. Si vous voulez que je vous aime, Ne riez pas trop haut C'est à voix basse qu'on enchante, Sous la cendre d'hiver Ce coeur, pareil au feu couvert, Qui se consume et chante. p 277-278 |
![]() | claudeparis 31 décembre 2013
En Arles Dans Arle, où sont les Aliscans, Quand l'ombre est rouge, sous les roses, Et clair le temps, Prends garde à la douceur des choses, Lorsque tu sens battre sans cause Ton coeur trop lourd ; Et que se taisent les colombes : Parle tout bas, si c'est d'amour, Au bord des tombes (Paul Jean Toulet - Contrerimes) |
Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?