Un roman n’est pas toujours « ce miroir qu’on promène le long d’un chemin », offrant ces images nettes qu’affectionnent les pédagogues, mais dont Stendhal, auteur de la formule, fut aussi le premier à se défier. On ne trouvera ici aucun des vocables attendus : ni pampa, ni gaucho, ni asado champêtre aux larges quartiers de viande ; ni bandonéon, ni cabaret, ni compadrito tirant son surin au coin de la rue. Buenos-Aires n’est même pas nommé, ni aucun de ses faubourgs, non plus que les villes de l’intérieur. Et cependant tout y est : la « vie entière » de l’Argentine, en une vaste fresque expressionniste et allégorique où sont brassés l’hier et l’aujourd’hui de la patria grande, à travers ses lieux et ses personnages les plus représentatifs.
(p. 7, début de la préface de Jacques Fressard)
Partout j’ai promené
la honte d'avoir été
et la douleur de n'être plus
mais les bords de mon chapeau
cachaient souvent un sanglot
difficile à réprimer.
Si j'ai erré dans les chemins
comme un paria que le destin
s'acharnait à briser
si j'ai été aveugle ou lâche
je veux seulement que les gens sachent
quelle valeur attacher
au courage d'aimer.
Elle,
elle était ma vie entière,
comme une chaleur printanière,
mon espoir et ma passion.
Moi,
je savais que l’humble bonheur
qui réchauffait mon pauvre cœur
était trop grand pour cette terre.
À présent,
sur la pente où je glisse,
des illusions de jadis
je ne puis me défaire.
Je rêve
d'autrefois avec nostalgie,
avec regret des jours enfuis
envolés à jamais.
(p. 81-82)