Après une entame qui peine à faire avancer l'intrigue, ce tome deux de l'histoire de Tomino et de son jumeau Katan nous réserve bien des surprises. Nous avons la confirmation que les jumeaux sont les enfants de Masae / Utako, qui ne font qu'une, et de Wang. L'ex-actrice Utako est redevenue Masae et est revenue vivre modestement dans sa campagne, où elle prend soin avec amour de la petite Shin, cette enfant simiesque, et de Kakashi. Mais alors que Nagoya et Kim ont été réduits à de véritables animaux pour jouer les "démons-bougeoirs" à Asakusa (sûrement un tour de Wang, qui a dû découvrir que Kim le cocufiait avec Nagoya), Wang reçoit deux indiens, dont une femme barbue, qui n'est autre que la mère de Shin. Elle demande à la récupérer. Pendant ce temps, Wang est trahi par Zhang le chinois de la secte et Laszlo, qui tentent de fuir en emportant Elise vers l'Allemagne. Mais Elise s'avère finalement avoir de vrais pouvoirs...et le vol se terminera mal. Wang, qui n'est guidé que par l'appât du gain, se rend chez Utako pour récupérer Shin et la revendre à sa mère, mais tombe sur Kakashi et Ken le nabot. Il n'aurait jamais dû...L'heure d'une première vengeance envers cet ignoble personnage a sonné (âmes sensibles, gare !). Tomino et Katan se sont enfuis, et guidés comme par une sorte de magnétisme entre jumeaux vont se retrouver rapidement. Errant dans un Tokyo sous les bombes américaines, un vieil homme bienveillant, artiste japonais de confession catholique leur donne de l'argent et leur conseille d'aller à Nagasaki...Où bientôt, tous les personnages vont se retrouver pour le meilleur et pour le pire, dans un dénouement haletant !
Après ce qui ressemble à un résumé, me direz-vous, je ne déflorerai pas cette fin qui, dans l'enfer du surgissement de la bombe atomique, s'avère animée, surprenante, dramatique, émouvante, cruelle, et d'un superbe esthétisme, une véritable apothéose quasi-mystique.
Ce final si réussi pulvérise mes quelques réserves du premier tome, et du début de celui-ci. le talent de
Suehiro Maruo dans son trait tellement esthétique, un scénario qui globalement se tient, nous faisant revivre l'histoire du Japon durant ces quelques années pré, pendant et post seconde guerre mondiale, et qui retranscrit si bien l'ambiance folle du célèbre quartier populaire d'Asakusa, un traitement sans concession pour ses héros, bien malmenés, et la permanence d'une ambiance onirico-éro-sado-maso ont emporté mon adhésion.
Cet ensemble de deux tomes se savoure sûrement plus encore après une deuxième lecture, pour mieux apprécier la belle cohérence d'un scénario qui au premier abord semblait confus et déroutant. La galerie de personnages est intéressante, chacun à sa psychologie bien à lui, à elle, si l'ensemble est sombre il existe quelques réelles belles âmes, à commencer par Masae / Utako, et le dénouement n'est pas angélique pour l'héroïne titre.
Ce Tomino la maudite est une réussite, et
Suehiro Maruo possède un talent original, dont l'oeuvre mérite d'être redécouverte.