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Jean-Jacques Barrère (Éditeur scientifique)Christian Roche (Éditeur scientifique)Hans Hildenbrand (Traducteur)
EAN : 9782091758503
127 pages
Nathan (24/05/1991)
3.89/5   40 notes
Résumé :
Texte central dans le parcours intel­lectuel de Marx et d'Engels, L'Idéologie allemande marque leur rupture avec le milieu de la philosophie allemande post-hégélienne. Elle constitue la première tentative d'énonciation de ce qu'on a appelé la conception matérialiste de l'histoire. Moment charnière dans leur élaboration théorique, L'Idéologie allemande est aussi pour les deux auteurs un laboratoire où naissent les concepts qui s'affermiront dans les différentes formu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Je ne suis pas marxiste » déclarait l'homme dont la pensée irriguera la plus grande partie du XXème siècle. Marx est un penseur allemand qui vécut pourtant, en raison de ces prises de positions, une grande partie de sa vie en exil. Un exil qui le conduit à Londres où il rencontre Engels.
Autrefois disciple d'Hegel, il se différencie de ce dernier en adoptant une méthode scientifique d'étude de l'Histoire fondée sur l'économie. Lorsqu'il rédige l'Idéologie Allemande il en est encore au début de son oeuvre, bien avant le Capital. Bien que le livre ne soit jamais publié, abandonné à « la critique rongeuse des souris » Marx déclare qu'il lui a permis de voir plus clair en lui-même, et d'amorcer ce qui deviendra le marxisme, une approche matérialiste des faits sociaux et économiques, loin du terrain de la philosophie.
Marx se penche sur la société civile de son temps. Pour lui, elle est fondée sur la domination de la classe prolétaire par la classe bourgeoise en raison de ce qu'il appelle la division du travail. Mais au travers d'une étude dialectique de l'Histoire, il découvre une autre société possible, en germe dans cet actuel rapport de force, la société communiste.
La grille de lecture de la société du XIXe siècle proposée par Marx est fondée sur ce qu'il nomme la division du travail. Cette division elle-même repose sur le modèle de division – domination de la famille. Elle conduit dans la société civile à déposséder la classe prolétaire du produit de son travail, qui se retrouve accaparé par une classe dominante, la classe bourgeoise qui fonde sa domination sur la propriété privée.

Marx découvre cette dialectique grâce à une méthode qui prend le contrepied assumé des philosophes et idéologues allemands de son temps, le matérialisme. En effet, l'auteur prétend quitter le domaine de la philosophie pour découvrir une Histoire diachronique fondée sur le réel c'est-à-dire l'homme en tant que corps qui reçoit des influences, mais qui influence son environnement, par la production. Elle-même le fruit des rapports de productions tels que permis par l'Etat. Ainsi chaque génération hérite d'un rapport de production qui la conditionne, mais qu'elle modifie également. Ce faisant, Marx opère un renversement de la théorie Hégélienne, en affirmant que les idées sont le fruit des conditions matérielles de la vie.

La domination par la classe dominante s'étend alors à toute la structure juridico-politique qui conditionne la production. C'est pour cette raison que l'Etat et l'intérêt collectif qu'il prône sont des illusions. En réalité, le prolétaire est aliéné par la classe dominante qui a rendu le produit de son travail hors de son contrôle, comme s'il était étranger à sa propre production.
Pour Marx, il n'y a rien à attendre de l'Etat, il n'y a aucune organisation sociale qui permettra au prolétaire de sortir de ces conditions d'existence.
La liberté dans l'Etat n'existe que pour la classe dominante qui y a trouvée, après la fin de la féodalité un biotope parfait pour se développer et prospérer.

Fortement inspiré par les révolutions française et anglaise, Marx voit dans la révolution, la secousse finale, le tremblement de terre résultant du rapport de force ancestral entre deux plaques tectoniques.
Cette révolution est à craindre dès lors que les conditions de vie de la masse prolétaire deviendront insupportable, et que le dernier semblant de propriété leur sera retiré. Dans le même temps, les richesses seront en plein accroissement et la force productive doit être développée comme c'est le cas au XIXème siècle.
Mais il faut aussi pour quitter cette dialectique que les conditions soient généralisées à l'ensemble des pays. Autrement, cela restera un phénomène local de circonstances.

Que permettra alors le communisme ? Marx y voit l'abolition de la division du travail, de l'Etat, mais surtout un retour à l'adéquation entre intérêt individuel et intérêt général. Un retour à la liberté car les hommes vont se réapproprier le fruit de leur travail et l'illusoire intérêt général laissera la place à une communauté choisie et non subie qui sera la garantie pour chacun de la liberté. Mais une fois cette révolution achevée, Marx l'assure, le prolétariat  abolira toute forme de domination.
(#2014)
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
(...) la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l'idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d'autonomie. Elles n'ont pas d'histoire, elles n'ont pas de développement ; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience.
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On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion ou par tout ce que l'on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu'ils se mettent à produire leurs moyens d'existence : ils font là un pas qui leur est dicté par leur organisation physique. En produisant leurs moyens d'existence les hommes produisent indirectement leur vie matérielle elle-même.
(...) Ce qu'ils sont coïncide donc avec leur production, avec ce qu'ils produisent aussi bien qu'avec la façon dont ils le produisent. Ainsi, ce que sont les individus dépend des conditions matérielles de leur production.
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Il n'est possible d'obtenir une délivrance réelle que dans le monde réel et avec des moyens réels ; (...) on ne peut abolir l'esclavage sans la machine à vapeur et la mule-jenny, ni le servage sans bonifier l'agriculture ; (...) on ne peut, en général, libérer les hommes tant qu'ils ne sont pas capables de se procurer nourriture et boisson, logement et habillement en qualité et en quantité complètes. Acte historique et non pas mental, la "libération" est le fait de conditions historiques, du niveau de l'industrie, du commerce, de l'agriculture, des transports (...).
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Tout au contraire de la philosophie allemande, qui descend du ciel sur la terre, on s'élève ici de la terre au ciel ; autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce que l'on dit, pense, s'imagine et se représente à leur sujet, pour en arriver à l'homme en chair et en os ; c'est à partir des hommes réellement actifs et de leur processus de vie réel que l'on expose le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus.
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La philosophie est à l'étude du monde réel ce que l'onanisme est à l'amour sexuel.
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Videos de Karl Marx (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Karl Marx
Le 19 mai 2012, l'émission “Une vie, une oeuvre” dirigée par Matthieu Garrigou-Lagrange et diffusée tous les samedis sur les ondes de France Culture, évoquait la figure et l'oeuvre de Karl Marx. “Marx, l'horizon du monde” : Sur les traces de l'auteur du “Capital”, juriste et philosophe, mais aussi économiste et critique de l’économie politique, sociologue du travail, militant révolutionnaire et père d’une famille bourgeoise qui échappa à la misère grâce à l’amitié d’Engels. Par Thibault Henneton - Réalisation : Lionel Quantin. 1841, Karl Heinrich Marx [1818-1883] devient docteur en philosophie après une thèse sur Démocrite et Épicure. Le 2 septembre, Moses Hess écrit à un ami écrivain (Berthold Auerbach) : « C’est un homme qui a fait sur moi une impression extraordinaire, bien que nous ayons le même champ d’études ; tu peux t’attendre à faire la connaissance du plus grand et peut-être même du seul vrai philosophe actuellement vivant. Bientôt, lorsqu’il se manifestera publiquement par ses ouvrages et ses cours, tous les yeux d’Allemagne seront tournés vers lui […] Le Dr Marx, c’est ainsi que s’appelle mon idole, est un tout jeune homme, âgé tout au plus de 24 ans, qui donnera le coup de grâce à la religion et à la politique médiévales. Il joint à l’esprit philosophique le plus profond et le plus sérieux l’ironie la plus mordante ; représente-toi Rousseau, Voltaire, Holbach, Lessing, Heine et Hegel, je ne dis pas rassemblés, mais confondus en une seule personne ». En réalité le docteur Marx sera conduit bien au-delà des frontières de l’Allemagne, à Paris, Bruxelles, Londres où il passe la majeure partie de sa vie d’exilé, avant qu’un dernier voyage ne le conduise à Alger. Non seulement juriste et philosophe, mais économiste et critique de l’économie politique, sociologue du travail, militant révolutionnaire et père d’une famille bourgeoise qui échappa à la misère grâce à l’amitié d’Engels. Quelques mois avant que ne se noue leur amitié, Engels écrit déjà, en 1842 (dans “Le triomphe de la foi”) : « Mais qui s'avance ainsi plein de fougueuse impétuosité ? C'est un noir gaillard de Trèves, un monstre déchaîné. D'un pas bien assuré, il martèle le sol de ses talons et dresse plein de fureur les bras vers les cieux, comme s'il voulait saisir la voûte céleste pour l'abaisser vers la terre. Il frappe avec rage et sans arrêt de son poing redoutable, comme si mille démons l'empoignaient aux cheveux. »
Avec : Isabelle Garo, philosophe, professeur au lycée Chaptal (Paris), présidente de la GEME (Grande édition des œuvres de Marx et d’Engels en français) Jean-Pierre Lefebvre, germaniste et traducteur, professeur de littérature allemande à l’ENS Ulm, traducteur du livre 1 du “Capital” (PUF) et producteur avec Yves Duroux d’un Atelier de Création radiophonique en 1983 « Marx, dernier voyage, dernier retour » (France Culture) Jacques Bidet, philosophe, professeur émérite à l’Université Paris-Ouest, directeur honoraire d'Actuel Marx, président du Congrès Marx International Frédéric Monferrand, doctorant à l’Université Paris-Ouest, prépare une thèse sur Marx sous la direction de S. Haber. Pierre Dardot, philosophe, et Christian Laval, sociologue, auteurs de “Marx, prénom : Karl” (Gallimard, mars 2012) Ainsi que des lectures de la correspondance de Marx (Ivan Cori et Lucile Commeaux)
Références :
SONS (entre autres) - Auber : “La Muette” de Portici - Schubert : “Marguerite au rouet” - Immortal Technique : “Poverty of Philosophy” FILMS - “La Commune”, P. Watkins (2003) - Charlie Chaplin, “Modern Times” Hors Série Le Monde : “Marx, l'irréductible”, décembre 2011 http://boutique.lemonde.fr/hos-serie-...
Thèmes : Arts & Spectacles| 19e siècle| Economie| Philosophie| Karl Marx| Thibault Henneton
Source : France Culture
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