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28/03/1871: Dix jours après l'insurrection, la Commune de Paris est officiellement déclarée. Vive la Commune!
Ce furent la misère du peuple et les conditions de vie et du travail des enfants qui embrasèrent Paris et menèrent à l'insurrection...

Louise Michel (enseignante, poétesse, journaliste, féministe, militante anarchiste...) est au devant de la scène, avec ce foulard rouge qui préfigure l'élan communiste...
Elle fut aussi la première à arborer le drapeau noir des anarchistes!

Le 16 avril, décret de la Commune:
Le personnel religieux est chassé des hôpitaux et des écoles, et remplacé par des laïques...
Le comité de vigilance des citoyennes demande le pouvoir immédiat de réquisitionner les maisons abandonnées, afin d'y loger les citoyens sans abri et de leur permettre de nourrir leurs enfants.

Louise Michel harangue le peuple, lors des rassemblements:
-" Travailleurs, nous sommes en guerre, en guerre contre les parasites et les exploiteurs. Les riches sont un autre mal de notre société, eux qui ne font que boire et s'amuser.
Le mariage, citoyennes, est la plus grande erreur de l'humanité. Être mariée, c'est être réduite en esclavage!"

Louise Michel n'avait peur de rien: rue Peyronnet, elle joue de l'orgue dans l'église abandonnée, attirant les obus sur la barricade... Mais, elle devra se rendre pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place.

Ensuite, ce sera la déportation, en Nouvelle Calédonie... pour celle à qui Victor Hugo rendit hommage !
Il la dépeint comme "Judith, la sombre juive" et "Aria la romaine", dans le poème "Viro major."

" Les femmes, surtout, sont le bétail humain, qu'on écrase et qu'on vend. Notre place, dans l'humanité ne doit pas être mendié, mais prise!" Louise Michel, Mémoires.
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22 janvier 1905. A Paris, un cortège funèbre réunissant plusieurs milliers de personnes encadrés par un cordon de police marche dans les rues. Il s'agit du dernier hommage rendu par la population parisienne à Louise Michel, figure révolutionnaire et féministe emblématique de la Commune qui eut lieu trente-quatre ans plus tôt. Charlotte Perkins Gilman est quant à elle une écrivaine réformiste américaine qui s'est livrée au début du XXe a de nombreuses conférences partout en Europe sur la question du féminisme (son ouvrage « Women and Economics » a notamment connu un important retentissement). le parcours de ces deux femmes n'a, à priori, pas grand-chose à voir, pourtant c'est la visite de la seconde dans la capitale française qui fournit ici l'occasion à Mary et Bryan Talbot de nous faire découvrir en parallèle le parcours peu commun de celle que l'on surnomme parfois la « Vierge rouge ». Au fur et à mesure des ses pérégrinations parisienne, la féministe américaine va en effet se faire raconter par une amie proche de Louise et sa fille le parcours de cette institutrice révoltée, de sa participation à la Commune de Paris aux combats menés à la fin de sa vie, sans oublier bien sur ses années d'emprisonnement et de déportation. Composé d'une centaine de pages, l'ouvrage se révèle relativement dense et parvient à trouver le bon équilibre entre l'exposition des spécificités du parcours de Louise Michel et la contextualisation inévitablement nécessaire aux lecteurs peu aux faits des évènements de la fin du XIXe siècle français. Les dessins sont pour leur part soignés et se concentrent essentiellement sur les visages, très expressifs, des personnages. le choix du noir et blanc ajoute à la gravité du sujet également renforcé par les occasionnelles touches de rouges qui apparaissent ici ou là au détour d'une planche, sang versé ou foulard arboré en signe de ralliement aux révoltés.

Mais qu'a-t-elle de si particulier, cette Louise Michel, pour qu'on lui dédie des livres et qu'on renomme des rues ou des stations de métro à son nom ? C'est d'abord son rôle lors de la Commune de Paris qui l'a rendu célèbre : la nuit du 18 mars, c'est elle qui trouve une sentinelle blessée par les troupes de Thiers, venus récupérer discrètement les canons de la garde nationale mis en sécurité par la population sur les hauteurs des quartiers populaires (Montmartre, notamment). Une foule ne tarde pas à se rassembler et fait échouer l'opération : les soldats fraternisent avec les habitants et refusent de tirer, le gouvernement de Thiers fuit la ville dans la foulée et des élections sont organisées afin d'élire les membres de la Commune de Paris. L'ouvrage revient ici de manière concise mais claire sur les grandes étapes de cet événement qui marqua durablement l'histoire de France : la guerre contre la Prusse et le siège de Paris, la capitulation du gouvernement provisoire et l'insurrection du 18 mars, sans oublier la Semaine Sanglante qui vit le massacre d'une grande partie de la population. Les auteurs s'attardent évidemment sur le cas de Louise Michel et nous livrent plusieurs anecdotes révélatrices de son caractère : sa générosité envers les plus démunis est abondamment mise en avant, de même que son éloquence, son excentricité, et bien sûr sa volonté de combattre l'injustice, quelles qu'en soit les victimes. Après la Commune vient la déportation, et il s'agit sans doute de l'aspect le plus intéressant de l'ouvrage car le moins connu. Condamnée à être déportée au bagne sur une île isolée de Nouvelle-Calédonie, Louise Michel y retrouvera quantité d'anciens compagnons de lutte et se démarquera à nouveau par son intérêt pour la culture kanake et par sa virulence pour condamner le traitement qui leur est réservé sur leur propre terre par les Occidentaux. Son retour en France sera moins mouvementé, même si plusieurs événements la marqueront durablement : la construction du Sacré Coeur visant à « expier les crimes de la Commune », celle (sous un jour plus positif) de la tour Eiffel, ou encore sa tentative d'assassinat.

L'ouvrage est instructif sur le fond et agréable sur la forme même si, comme la plupart des récits biographiques, il n'échappe pas au principal travers propre à ce type d'exercice, à savoir la tentation de dépeindre l'objet d'étude de manière trop hagiographique. Certes, Louise Michel était sans aucun doute une femme exceptionnelle de part son parcours et ses prises de position dont la modernité ne peut que nous la rendre sympathique, mais Mary et Bryan Talbot en font parfois un peu trop dans la mise en scène grandiloquente (notamment lorsqu'elle est présentée s'exprimant seule à la tribune pour haranguer les foules). le portrait dressé de Charlotte Perkins Gilman est, pour sa part plus nuancé, ses positions ouvertement racistes n'étant pas passées sous silence. Outre les deux femmes, on croise également tout au long de ce périple dans la fin du XIXe d'autres figures historiques qui ont tourné, brièvement ou durablement, autour de Louise Michel : Victor Hugo (avec lequel elle entretint pendant longtemps une correspondance), le journaliste révolutionnaire (puis boulangiste et maurrassien…) Henri Rochefort, mais aussi Clemenceau (maire de l'arrondissement de Montmartre en 1871) ou encore l'artiste Albert Robida. L'art, et notamment la littérature, occupe en effet une place de choix dans l'ouvrage qui, au delà du parcours de Louise Michel, s'interroge sur l'idée d'utopie et sur les futurs idéalisés pensés fin XIXe – début XXe. Des références qui plairont aux amateurs de science-fiction, puisqu'il s'agit évidemment du genre littéraire de prédilection pour aborder cette thématique. L'occasion pour les auteurs d'évoquer les travaux de Wells, Robida ou encore Jules Verne.

Mary et Bryan Talbot signent avec ce roman graphique un ouvrage complet et bien documenté aussi bien sur le personnage de Louise Michel que sur le contexte dans lequel sa légende s'est forgée. La solide reconstitution historique permet ainsi aux lecteurs de plonger dans la France de la fin du XIXe, avec inévitablement une large part accordée à la Commune de Paris et sa répression. Une bonne initiation pour ceux que la période intéresseraient et un beau portrait consacré à une figure majeure du mouvement ouvrier, toujours populaire aujourd'hui.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Une Bd à posséder. Très bien documenté, le récit est prenant. le graphisme est principalement un travail du noir (belle maîtrise), agrémenté de rouge. Les notes permettent un éclairage supplémentaire sur les contemporains de Louise Michel. Et ça donne envie de lire les oeuvres de Louise Michel ! Bravo aux auteurs.
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On connait Louise Michel comme une icône de la Commune de Paris. Ce qu'elle est, évidemment ; en même temps qu'une battante, une guerrière. On sait moins qu'elle a continué à militer lorsqu'elle est revenue du bagne en Nouvelle-Calédonie, où là aussi elle s'est opposée à la puissance colonisatrice (son pays, donc), a rencontré et a appris à connaitre et comprendre les Kanaks. Puis les Algériens emprisonnés avec elle. Sans hésiter à s'opposer aux autres blancs en exil forcé, dont le racisme lui était insupportable. Une battante jusqu'à la fin de sa vie.
Le graphisme est vraiment très beau. L'album est en noir et blanc, avec des touches de rouge (socialiste, bien évidemment).
C'est très prenant, très instructif et sans démystifier le personnage, nous fait entrer dans sa pensée et ses combats. Elle aura droit à des obsèques nationales, à la fin.

Challenge BD 2020
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Ce tome content une histoire complète indépendante de toute autre. Sa parution initiale en version originale date de 2016. Il a été réalisé par Mary M. Talbot (scénario) et Bryan Talbot (narration & dessins). Il s'agit d'une bande dessinée majoritairement en noir & blanc avec des nuances de gris, avec une utilisation ponctuelle de la couleur rouge, et parfois des lavis d'une autre couleur. Les époux Talbot ont réalisé trois autres ouvrages ensemble : Dotter of her Father's Eyes (2012), une biographie de de Lucia Joyce, la fille de James Joyce, Sally Heathcote: Suffragette (2014) sur le mouvement des suffragettes, et Rain (2019) sur la préservation d'une nappe tourbeuse dans le Yorkshire. le tome se termine avec 14 pages d'annotation rédigées par Mary M. Talbot, détaillant les sources historiques qu'elle a utilisées, en référençant chaque page.

Trois phrases sont mises en exergue du récit : la définition du mot Utopie, une citation d'Oscar Wilde sur l'Utopie (une carte du monde qui ne comprend pas Utopie ne vaut pas la peine d'être regardée), et une citation de Samuel Beckett (A toujours essayé. A toujours échoué. Peu importe. Essayer encore. Échouer encore. Échouer mieux). À Calais en 1909, Franz Reichelt assiste au vol d'un avion à hélice, le pilote devant tenter la traverser de la Manche deux jours plus tard. Il pense à une panne d'avion, et a l'idée d'inventer une toile de tissu qui permettrait au pilote de ralentir sa chute. À 10h00 à la Gare de Lyon à Paris, le 22 janvier 1905, Charlotte Perkins Gilman descend du train alors que s'ébranle le cortège funéraire de Louise Michel. Monique, une jeune femme, l'attend avec une pancarte à son nom pour l'accueillir. Elle lui explique qu'il vaut mieux qu'elles aillent prendre un café en attendant que le cortège soit passé, et elle précise qu'il s'agit de celui de la vierge rouge de Montmartre. Charlotte se rend compte qu'elle a rencontré Michel à une occasion : à Londres, avec un centre d'intérêt commun la fiction utopique.

Les deux femmes continuent d'évoquer la mémoire de Louise Michel, une anarchiste, sa place au cimetière de Levallois Perret, son idéal de vie sans rien posséder, sa dévotion aux autres, et bien sûr son rôle durant la Commune de Paris. En décembre 1870, elle parcourait Paris pour mendier de la nourriture pour les enfants pauvres de Montmartre. Lors de ce siège de Paris par les prussiens, elle était en colère contre les autorités publiques inefficaces et même incompétentes, et contre les profiteurs spéculant sur les denrées de première nécessité. Monique évoque les queues devant les magasins, la viande de chat et de rat pour les démunis, la viande exotique des animaux du zoo de Vincennes servie dans les restaurants de luxe, le rêve de révolution sociale dans les quartiers pauvres de Paris, les familles mettant en gage leurs biens y compris leurs outils de travail, et les violences faites aux plus faibles comme les enfants et les femmes. Dans l'auberge qu'elle fréquente, Louise Michel échange avec les habitants et les gardes nationaux, se met à rêver des applications pratiques de la science, de l'amélioration de la qualité de vie grâce aux découvertes scientifiques, et leurs applications. Elle est suivie dans son imagination par Albert Robidal un illustrateur qui dessine son idée de tuyaux distribuant la nourriture dans tous les foyers grâce à un réseau de canalisations reliées à une cuisine centrale.

Le lecteur peut aussi bien être attiré par les auteurs s'il a déjà lu d'autres de leurs oeuvres que par une biographie de Louise Michel et la couverture qui semble promettre une large place consacrée à la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871). Il est un peu décontenancé par les deux pages d'introduction consacrée à Henry François Reichelt (1878-1912) inventeur d'un proto parachute. Les deux dernières pages du récit lui sont également consacrées. Ensuite, il découvre que le récit commence le jour de l'enterrement de Louise Michel, dont la vie va être commentée et retracée par Charlotte Perkins Gilman (1860-1935), une sociologue et écrivaine américaine, ayant eu une grande influence sur le féminisme. Elle va discuter tout d'abord avec Monique, puis avec sa mère et encore avec une autre femme. L'autrice a décidé de dérouler la biographie dans un ordre légèrement réarrangé, commençant par la Commune (1871), allant jusqu'à sa déportation et son arrivée en Nouvelle Calédonie en 1873, pour sauter en 1889 au pied de la Tour Eiffel, pour revenir à son enfance au cours des années 1830, pour reprendre un fil chronologique en retournant en Nouvelle Calédonie. le lecteur comprend bien l'intérêt d'un tel réarrangement pour éviter un effet de lecture trop linéaire, mais il n'est pas forcément entièrement convaincu de son intérêt, car un tel ordre recomposé ne fait pas apparaître de constat particulier par le biais de rapprochements.

La première moitié de l'ouvrage est consacrée au rôle de Louise Michel pendant la Commune de Paris, son jugement étant évoqué en une page, la deuxième moitié couvrant le reste de sa vie. Mary M. Talbot à fort à faire car elle s'adresse à un lectorat anglo-saxon pas forcément familier de la Commune de Paris. Elle se sert du personnage de Monique pour exposer le contexte de cet épisode de l'Histoire de France, à gros traits car elle ne dispose pas d'une grande pagination. Il ne s'agit donc pas d'un ouvrage sur la Commune, comme peuvent l'être Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, ou le Cri du Peuple de Jean Vautrin & Jacques Tardi. Cette partie-là sert à montrer l'engagement de Michel pour le peuple, ainsi que certains de ses traits de caractère, à commencer par un fort altruisme et une forme de témérité assumée. le lecteur est vite entraîné dans cette période car les textes de phagocytent pas les images, et Bryan Talbot est un bédéaste accompli. La narration visuelle est prenante, à la fois pour la qualité de la reconstitution historique, à la fois grâce aux personnages vivants, animés par des émotions.

Dès la première page, le lecteur peut apprécier la justesse de la représentation de l'avion. Les quais de la Gare de Lyon sont représentés de manière un peu simplifiée, mais le lecteur retrouve bien la verrière et l'architecture si caractéristique ; en revanche il est très étonné que le corbillard tiré par les chevaux défile sur le quai de la gare. Par la suite, il regarde avec curiosité la vue extérieure de la Gare de Lyon avec sa tour si reconnaissable, la montgolfière au-dessus de Paris, les moulins, le défilé sur les Champs Élysées, l'Hôtel de Ville de Paris, une galerie du Louvres reconverti en atelier pour artisans, la chaire de Saint Sulpice, le trois-mâts Virginie qui emmène Louise Michel en Calédonie, la basilique du Sacré Coeur en construction, la Tour Eiffel également en construction. L'artiste se montre out aussi précis pour dessiner des tenues vestimentaires authentiques aux différentes époques, que ce soient les robes des interlocutrices en train d'évoquer la mémoire de Louise Michel, ou les uniformes militaires. Il adopte une direction d'acteur de type naturaliste insufflant de la vie dans chaque personnage, qu'il soit en train de parler, en train d'agir, en train de se battre aux barricades, en train de se faire rouer de coup. Alors que le format est plus petit que celui d'un comics, la lecture des pages est fluide le dessinateur ayant adapté ses prises de vue, sans rien sacrifier en densité narrative. Il utilise aussi bien des cases avec bordures que sans bordure, une suite de case pour décrire une action, qu'un dessin en pleine page pour un moment particulièrement mémorable (ou atroce, comme les doubles pages consacrées aux morts lors de la semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871). le lecteur lit donc une vraie bande dessinée, et pas un texte académique illustré.

Une fois passée l'étonnement que les auteurs ne respectent pas l'ordre chronologique, le lecteur apprécie le dispositif qui consiste à raconter la vie de Louise Michel, commentée par d'autres femmes ce qui permet d'apporter naturellement des éléments de contexte, des jugements de valeur, ainsi qu'une mise en perspective car les discussions se passent après sa mort. Par la force des choses (la pagination), la Commune de Paris n'est vue qu'au travers des actions de Louise Michel, avec quelques éléments de contexte, ce qui peut s'avérer frustrant à certains moments. D'un autre côté, cela permet au lecteur de découvrir deux autres phases de la vie de cette femme, sa déportation en Nouvelle Calédonie, ses activités après son retour en métropole. Les commentaires de Charlotte Perkins Gilman et des autres font ressortir en quoi son engagement et son comportement étaient similaires à celui des autres communards, et tranchaient avec la place réservée à la femme dans la société de l'époque. Il apparaît ainsi une fibre féministe. le titre complet de l'ouvrage mentionne la vision d'une utopie. Cela commence avec la conviction de Louise Michel que les découvertes scientifiques ne peuvent qu'apporter un progrès social. Les auteurs mentionnent Jules Verne, mais surtout Mary Shelley (1797-1851), Herbert George Wells (1866-1946), Edward Bellamy (1850-1898), et Albert Robidal (1848-1926) illustrateur, caricaturiste, graveur, journaliste et romancier français. Il y a donc en filigrane une évocation des romanciers ayant fantasmé un monde meilleur au travers de leurs écrits d'anticipation ou de leurs essais, tout comme la Commune de Pais était fondée sur une vision utopique de la société. Arrivé à la fin du récit, il ne reste plus au lecteur qu'à s'interroger sur le lien qui unit la vie de Louise Michel à cette étrange introduction et conclusion mettant en scène Henry François Reichelt, lui aussi le concepteur d'une invention révolutionnaire qui l'a testé sans filet, comme la Commune était sans filet.

Les époux Talbot évoquent la vie de Louise Michel dans un bande dessinée dense, tout en étant très facile à lire. La narration visuelle est impeccable pour reconstituer les différentes époques et les différents lieux (de Paris à la Nouvelle Calédonie), pour une vraie bande dessinée, et pas un texte illustré. le lecteur sortira forcément frustré de sa lecture, que ce soit sur le déroulement de la Commune de Paris, ou sur la vie même de cette femme car il y a trop à dire pour la pagination.
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On commence la bande dessinée avec une définition de l'utopie ainsi qu'une citation d'Oscar Wilde et Samuel Beckett. Nous voilà dans l'ambiance pour prendre la température. Puis nous allons à la rencontre de Mme Charlotte Perkins Gilman arrive à la gare de Lyon à Paris le 22 janvier 1905. Dans les rues de tumulte règne, le cortège funèbre de la vierge rouge de Montmartre défile. Les deux femmes se sont déjà rencontrées. Elles partageaient la même obsession pour le roman utopique. Quelle belle opportunité pour partir dans le temps comme en 1870 où on retrouve Louise Michel. Paris est encerclé. Les Prussiens sont partout. La tension est palpable. Les gardes nationaux touchent un salaire mais cela ne les empêche de tout garder pour eux et surtout boire.
Albert Robido comme Jules Vernes aiment les sciences et technologies. le premier est spécialisé sur la caricature. Son nom est souvent évoqué. On est surpris par l'approche dans le récit et des références anglaises ou américaines

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Durant mes études, j'ai étudié la Commune, je me souviens de notre professeur d'Histoire en hypokhâgne évoquant la Commune et Louise Michel, surnommée « la pétroleuse » par ses détracteurs, alors quand j'ai trouvé cette BD par hasard, j'ai eu envie de m'y plonger un peu pour découvrir cette femme que l'on ne connaît que trop peu. Je l'intègre tout naturellement dans mon Pumpkin Autumn Challenge dans la catégorie « Les Rêves d'Aurore » du menu Automne des enchanteresses : une femme qui milite pour l'égalité, pour les droits des femmes et pour la liberté, cela rentre parfaitement dans le thème.

Je trouve cette BD très réussie graphiquement parlant. Certaines pages sont noires, les vignettes se découpant comme un halo de lumière ; d'autres au contraire sont blanches. Les vignettes ont des dimensions différentes : un carré, un rectangle, une moitié de page, et lorsque l'émotion doit être mise en valeur, des doubles pages qui montrent l'horreur de la Commune, l'horreur des exécutions perpétrées par les Versaillais. Ce travail sur la vignette et sur la page en elle-même confère de la douceur au récit, et mime le mouvement de la remémoration par le floutage des contours des vignettes. Ces choix graphiques empreints de douceur contrastent avec la violence des événements relatés, ce qui est très agréable. le choix des couleurs utilisées est également signifiant : du blanc, du noir et du rouge. Rouge pour le communisme – bien sûr – rouge aussi pour le désespoir et le sang. Cela rend l'ensemble très efficace car dès que nous voyons de la couleur, nous savons que cela revêt une importance particulière. Les visages des personnages sont expressifs et permettent de soutenir le propos. Ainsi, la partie graphique comble les attentes du lecteur.

Du point de vue du récit, j'ai adoré découvrir la femme qu'était Louise Michel et je dois avouer que je ne savais finalement que peu de choses avant cette lecture. de page en page, j'ai découvert une personne hors normes, en avance sur son temps et très attachante. Elle était avide de liberté, une liberté adossée à l'égalité. En exil, elle a donc milité pour les droits des autochtones, a trouvé leur révolte légitime, en France, durant la Commune, elle aspirait à une vraie égalité homme / femme, à une société où l'instruction aiderait à grandir, où une femme mariée ne renoncerait pas à tout pour passer sous la coupe de son mari. Les auteurs font transparaître une femme d'un optimisme rare, une femme de convictions, passionnée par les utopies, passionnée par le progrès, grande admiratrice de la Tour Eiffel, symbole d'un renouveau. Par moments, bien entendu, elle est étrange, intransigeante, excessive. Pour autant, son combat parle encore et semble juste. Dans cette BD, Louise Michel est racontée par les autres, par les femmes qui l'ont connue et admirée. Cela ajoute un filtre au récit mais donne un ton résolument féminin à l'ouvrage.

Une grande littérarité s'échappe de ce livre : la correspondance de Louise Michel et de Victor Hugo est évoquée, les poèmes que Louise écrivait, faisait publier pour lever des fonds et aider les démunis également. Nous voyons évoluer la conférencière Charlotte Perkins-Gilman (qui était pour moi une illustre inconnue!), tout comme Albert Robida, une artiste-illustrateur-caricaturiste que j'ai découvert à l'occasion de cette lecture. J'ai beaucoup aimé les mentions de Jules Verne et de H.G. Wells aussi. Finalement, cette BD fait exister Louise Michel dans son siècle : un siècle de transformation politique, mais aussi un siècle résolument littéraire et artistique. J'ai trouvé que cela conférait une vraie densité et cela instaure une forme de vérité historique. Nous découvrons non pas une femme seule, mais des femmes au contact d'autres penseurs, d'autres intellectuels avec qui elles étaient d'accord ou non. Enfin, les dernières pages, précisant les sources des auteurs, ajoutant des détails historiques, permettent de faire le tour de la question d'une certaine manière et de prolonger notre visite au coeur de cette époque. Si cela fait plus documentaire que BD, c'est intéressant, et après tout, le lecteur est libre de lire de manière approfondie, de survoler ou d'ignorer ces dernières pages. Il n'y a donc rien à redire.

Cette BD est donc une très chouette découverte. J'ai appris quelque chose en lisant, et je suis vraiment contente d'en savoir plus sur Louise Michel. Les graphismes sont efficaces et très agréables.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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Après une page où l'on voit un homme réfléchir à l'invention du parachute, on rejoint Monique à la gare de Lyon, où elle attend la conférencière Charlotte Gilman. Les deux femmes patientent un peu avant de rejoindre l'hôtel car dehors passe le cortège funèbre de Louise Michel. Les deux femmes l'ont connue, Monique très bien, car elle est la fille de sa meilleure amie Eliane, et Charlotte, quant à elle, a passé une soirée en sa compagnie en Angleterre quelques années plus tôt, alors que Louise faisait elle-même une tournée de conférences.

Les deux femmes entreprennent - enfin surtout Monique à l'intention de Charlotte - de retracer le parcours de Louise de la Commune à son retour du bagne. En soirée, elles seront rejointes par Eliane, la mère de Monique.

Je savais que Louise Michel était une icône, en quelque sorte, un emblème de la Commune de Paris, mais j'ignorais quasiment tout de sa vie, et j'ai été surprise, très agréablement surprise même, de son comportement lors de son exil après son bannissement, tant auprès des autochtones qu'à son refus de rentrer sans ses compagnons !

Ce court aperçu de sa vie de lutte en images m'a furieusement donné envie d'en savoir plus en tous cas !
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Entre l'effervescence révolutionnaire et féministe, cette BD offre à voir la vie de Louise MICHEL à partir d'une discussion entre militantes féministes prenant place au soir de la marche funèbre qui célèbrera la Vierge Rouge. Autour des questions de l'américaine Charlotte PERKINS GILMAN, de passage en France en 1905, on arpente au fil de nombreux souvenirs la vie de Louise MICHEL en remontant aux prémisses de la Commune, fin 1870, avant de suivre la Vierge Rouge en Nouvelle-Calédonie où elle sera exilée comme tant d'autres communards, jusqu'à son retour en Europe, où elle combattra encore des années pour l'émancipation et l'éducation, notamment des femmes.

Paradoxalement à son positionnement anticlérical – trait commun à la majorité des anarchistes – Louise MICHEL a fini par être sanctifiée pour sa vie, menée sous la bannière d'un altruisme quasi-absolu et littéralement sans frontière. Combattante sans concession de la Liberté, féministe déterminée, on retrouvera Louise MICHEL sur les barricades d'un Paris en proie à la guerre, proclamant la Commune, démontrant par sa bravoure et sa rage que les femmes sont parfaitement aptes à prendre les armes aussi bien que leur destin en mains.
La « Semaine Sanglante » met fin aux ébauches de l'utopie (si chère à Louise) en construction, les Communards sont massacrés – on estime à 30.000 le nombre de parisiens tués par le pouvoir en place. Louise MICHEL en sort vivante, mais est envoyée en exil en Nouvelle-Calédonie. Sur place, elle continuera à défendre les opprimés ainsi que ses convictions.
De retour en France et toujours fascinée par les Sciences, Louise aura la chance d'assister à la construction de la Tour Eiffel tout en faisant vagabonder en parallèle ses réflexions sur une société où l'éducation et l'émancipation des femmes seront le terreau d'un monde plus libre et harmonieux.

Celle que l'on surnomme la Vierge Rouge est élogieusement dépeinte dans des planches aux traits doux, aux tons pastels oscillant entre nuances de gris et sépias, que viennent vivifier quelques notes parcimonieuses de rouges. L'ensemble est très agréable à l'oeil et quelques pleines pages ou variantes d'illustrations agrémentent parfaitement le rythme du récit.

Nous sommes actuellement au printemps 2021, la Commune de Paris fête son 150ème anniversaire cette année. Replonger dans l'Histoire de ce moment populaire empreint d'émancipation et d'humanisme est un bel hommage à Louise MICHEL ainsi qu'à toutes celles et ceux qui prirent part à la lutte pour défendre l'utopie, défendre l'idée qu'une société plus libre, plus juste, est non seulement possible, mais indispensable.

Une sympathique lecture pour découvrir Louise MICHEL et les combats de sa vie.
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Un roman graphique autour d'une figure féminine centrale de la Commune de Paris, Louise Michel. J'ai aimé apprendre des choses sur cette femme dont j'ignorais une partie des combats (notamment celui qu'elle a mené auprès des populations autochtones en Nouvelle Calédonie où elle a été envoyée en exil suite à la Commune). C'est une femme qui avait le combat pour la justice et pour les plus démunis chevillé au corps. Un courage et une abnégation assez exceptionnels. En revanche le graphisme ne m'a pas convaincue. Beaucoup de dessins en noir et blanc sans doute pour mieux faire ressortir le rouge associé à Louise Michel mais ça ne donne pas vraiment envie de lire le texte. Dommage. Cette grande dame aurait mérité mieux.
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