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EAN : 9781787330481
160 pages
Jonathan Cape (03/10/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
A stunning new graphic novel and rallying cry to protect the planet, from the Costa-award-winning authors of Dotter of Her Father’s Eyes

Set against the backdrop of disastrous flooding in the North of England, Rain dramatically chronicles the developing relationship between two young women, one of whom is a committed environmental campaigner. Their wild Brontë moorland is being criminally mismanaged. Birds and animals are being slaughtered. Across the... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, initialement parue en 2019, sans prépublication. Il s'agit d'une bande dessinée se présentant dans un format à l'italienne. Elle a été réalisée par les époux Mary & Bryan Talbot, elle se chargeant plus du récit, et lui de la narration visuelle. Leur précédente collaboration était un récit de la vie de Louise Michelle : The Red Virgin and the Vision of Utopia , paru en 2016.

Vers l'an 1800, Alexander von Humboldt (1769-1859) voyage dans la région équatoriale des Amériques, en compagnie d'un indien. Il constate les conséquences de la déforestation sur la flore et la faune de la région, l'augmentation des pluies et de leurs conséquences, l'érosion des sols. le 27 décembre, la ville de Thrushcross dans le Yorkshire est complètement inondée par le fleuve sorti de son lit. Les rues étant immergées sous 30 à 60 centimètres d'eau. de la boue s'est déposée. Un bateau s'est échoué sur le toit d'une voiture. Les habitants ont chaussé leurs bottes et commencent à repousser la boue, et à sortir les objets rendus inutilisables par l'inondation. le récit revient trois ans et demi plutôt, avec Cath venant de Londres pour rendre visite à sa conjointe Mitch, dans une région rurale du Yorkshire, au nord de l'Angleterre. Mitch attire l'attention de Cath sur un courlis qui passe dans le ciel. Elles sont en train de marcher dans la lande. Un groupe d'une demi-douzaine de personnes les rejoint. Une dame avec les cheveux blancs explique qu'ils se trouvent sur une nappe tourbeuse en bon état. Elle attire leur attention sur plusieurs plantes : des droséras, des linaigrettes, des éricacées. Un peu plus tard, Cath attend Mitch dans un café. Elle s'étonne d'entendre des coups de feu. le monsieur avec des dreadlocks à la table à côté lui explique qu'il s'agit du garde champêtre et que la chasse au tétra commence demain. Il cite quelques chiffres : le record est de 94 tétras abattus en 21 minutes par un seul chasseur.

Mitch arrive et dit bonjour à Cath, puis à Aaron, le présentant comme l'un des volontaires plantant des arbres. Les deux femmes rentrent chez Mitch et rangent ses courses : des légumes issus de l'agriculture biologique. Mitch propose à Cath de l'accompagner pour une marche préparatoire avec une association locale. Cath finit par se laisser convaincre, et elles mettent leurs chaussures de marche. Une fois sur la lande, Mitch explique à Cath qu'il s'agit d'un mouvement pour la préservation du marais. Aujourd'hui, il s'agit de vérifier les dégradations de l'écosystème. Mitch se met à chanter Wuthering Heights, la chanson de Kate Bush. À Cath qui s'étonne de son goût musical, elle explique qu'elles sont dans la région où ont vécu les soeurs Brontë, un musée leur étant consacré se trouvant de l'autre côté des monts à Gimmertown. Pendant que deux tétras passent devant elles, elles évoquent l'adaptation en film du livre d'Emily Brontë qu'elles ont vu ensemble au cinéma. Mitch évoque les aménagements réalisés par les chasseurs : les fossés pour drainer les sols, la tourbe brûlée. Elles sont rejointes par un groupe d'une dizaine de personnes, dont la dame aux cheveux blancs qui montre une zone de terre dénudée, là où la tourbe a été brûlée, détruisant également la mousse.

Inutile de tourner autour du pot : il s'agit d'une bande dessinée écologiste mettant en scène un couple formée d'une femme convaincue de la nécessité de faire quelque chose, d'une autre qui découvre progressivement ce que l'autre sait déjà. Un lecteur allergique à ce genre de vulgarisation peut passer son chemin. Mary Talbot et Bryan Talbot ne sont pas les premiers venus en termes d'auteurs, la première une universitaire, le second un auteur de bande dessinée ayant entamé sa carrière à la fin des années 1970. Ensemble ils ont déjà réalisé des bandes dessinées sur Lucia Joyce, la fille de James Joyce, le mouvement des suffragettes, Louise Michelle. le lecteur découvre donc une phase de la relation amoureuse entre Mitch et Cath qui sert de support à la préservation de la nappe tourbeuse dans le nord du Yorkshire. le savoir-faire des auteurs fait que cette histoire se lit avant tout comme une bande dessinée, et non pas comme un pamphlet illustré. Mitch et Cath ne sont pas des coquilles vides : elles ont une vraie personnalité, une histoire commune, des envies différentes, des caractères différents, les amis de l'une ne sont pas automatiquement ceux de l'autre. La narration visuelle n'est pas une suite de schéma, de planches botaniques, ou de personnages en train d'expliquer de manière artificielle.

Bryan Talbot réalise des dessins dans un registre descriptif avec un fort niveau de détails. Pour les 3 pages d'ouverture consacrées à Alexander von Humboldt et les 2 de fin, il réalise des cases à la manière de gravures d'époque. Suit un dessin en double page montrant Thrushcross en vue du ciel, les rues étant inondées. Les deux pages suivantes sont également dépourvues de texte et les case montrent les dégâts de l'inondation. Tout au long de ces 150 pages, l'artiste ne ménage pas sa peine pour donner à voir cette ville fictive du Yorkshire : un café, le pavillon de Mitch, son aménagement intérieur dans plusieurs pièces, son jardin cultivé, le cottage du père de Cath, l'entrée du musée Brontë, un pub avec les poutres apparentes du plafond, des bancs le long du quai du fleuve, les rues pavées sous la pluie, la montée du niveau de l'eau dans la rivière, et même quelques vues de Londres à l'occasion d'une manifestation écologique. Il investit tout autant de temps pour montrer les zones naturelles, leur relief, la faune et la flore : les différentes plantes nommées par la dame aux cheveux blancs, les espèces d'oiseaux comme le tétra, une grenouille en train de passer, les chemins de pierre à travers la lande, les champs de blé avec le passage d'une moissonneuse-batteuse, la terre mise à nue et desséchée, les murets de pierre qui séparent les champs, la vie microscopique présente dans le sol, un sorbier des oiseleurs au fil des saisons, etc. La narration visuelle est vivante, tirant partie des spécificités de la bande dessinée, en termes de mise en page, de succession de cases, de possibilités sans limite d'accessoires, de lieux, d'éclairage, de direction d'acteurs, d'effets spéciaux comme une inondation ou la recréation d'une partie de chasse au tétras.

Le lecteur se prend de sympathie pour le couple formé par Mitch et Cath. La première n'est pas une militante extrémiste, juste une personne consciente de la manière dont la nourriture industrielle est produite et des éléments chimiques qu'elle peut contenir. Elle assiste aux transformations des zones naturelles autour de la ville dans laquelle elle habite, et elle y prête attention car elle en subit les conséquences de manière directe, avec sa maison inondée comme les autres. Cath est moins impliquée qu'elle, vivant à Londres, et n'ayant pas la possibilité financière de se nourrir avec des produits issus de l'agriculture biologique, n'assistant pas à la transformation de l'environnement naturel. C'est donc tout naturellement que sa conjointe lui explique quelques notions basiques, sans que cela n'apparaisse comme un artifice bien pratique pour exposer scolairement les enjeux. Bien sûr, Mitch et Cath cherchent à comprendre comment la transformation de l'environnement intervient, comment l'association des chasseurs peut créer des fossés pour drainer la nappe tourbeuse, sans remarques, sans rappel à l'ordre, comment des citoyens écologistes peuvent faire appliquer la loi, sans avoir à se radicaliser. Mary Talbot prend bien soin de marquer la différence entre les actions de Mitch et ses amis, et entre celles de militants estimant que seules des actions de sabotage peuvent attirer une attention suffisante. le lecteur voit bien que Mitch et les autres n'ont rien de fous furieux, ou d'extrémistes dangereux. du coup, par contraste, il a du mal à rationnaliser la chasse au tétra telle qu'elle se pratique dans cette région. Il comprend comment des intérêts privés peuvent mettre à profit le désengagement des pouvoirs publics dans certaines dimensions de la gestion du territoire, en toute légalité.

Effectivement, le récit est engagé et pointe du doigt certains intérêts locaux. D'un autre côté, le lecteur ressent bien que Mary & Bryan Talbot sont amoureux de leur région, à la fois pour sa culture (les soeurs Brontë), à la fois pour ses paysages. Leur discours n'est pas radical : leur démarche semble avoir été la même que celle de Mitch et Cath. Ils ont cherché à savoir ce qui provoquait les crues destructrices qui se produisent dans le Yorkshire et qui font les gros titres, dans la vie réelle. Cela aboutit à une histoire engagée et éducative, dans le bon sens du terme, ainsi qu'à un roman sur l'évolution d'un couple, et l'engagement des deux amoureuses dans une forme de vie commune. S'il est allergique à ces caractéristiques, le lecteur ne peut pas apprécier cette bande dessinée. S'il n'a pas d'apriori négatif contre ces caractéristiques, il se rend compte qu'il éprouve vite de la sympathie pour Mitch & Cath. Il regarde Mitch et d'autres habitants subir les inondations, mais ne pas rester sans rien faire. Il voit que leur compréhension les incite à agir de manière légale et posée pour éviter que la situation n'empire, pour pouvoir continuer à profiter de la lande environnante, et pour éviter la destruction de leurs habitations. Ils agissent localement avec leurs moyens, sans chercher à tout révolutionner, à tout casser, ou même simplement à détruire. de ce point de vue, Mary & Bryan Talbot ont réussi à transformer des images de catastrophe, diffusées à la télé et semblant lointaines, en une réalité préoccupante, contre laquelle il est possible de faire quelque chose.
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