Citations sur L'amour qui me reste (21)
Il est temps d'arrêter avec des hypocrisies, et de préciser que, après être né de, on a été adopté par ; il est temps d'en finir avec l'obsession du conformisme, tu es comme tout le monde, nous sommes comme tout le monde, et de reconnaître la blessure que portent en eux les enfants adoptés. Une blessure qui, au moins peut cicatriser, mais ne disparaît pas.
Nommer la perte pour lui donner un sens.
Et alors seulement, repartir à zéro.
Dans la vie, selon Cristiana, tout tourne autour de la perte. Et dans le cadre d’une adoption les pertes sont nombreuses. Il y a l’enfant qui, en perdant sa mère naturelle, perd une partie de son histoire et parfois toute confiance en lui. Il y a les parents biologiques qui perdent toute opportunité de devenir maman et papa. Et puis il y a des femmes et des hommes qui adoptent parce qu’ils ont perdu la possibilité de transmettre leurs propres gênes.
Face au décès d’un être cher, il ne s’agit pas seulement d’affronter la réalité en reconnaissant ce qu’on a perdu, mais aussi d’accepter que s’envole la promesse de tout ce qu’on aurait pu ou voulu vivre avec celui ou celle qui n’est plus.
Si la frontière entre la force et la faiblesse était une ligne tracée dans l’espace-temps, si la distance de cette ligne indiquait l’intensité de la douleur, plus près de la faiblesse, plus loin de la force, si cette ligne traversait mon cœur, comme la nuit qui parvient à effacer les couleurs et les formes, il n’y aurait plus de différence entre le ciel et la terre. Mon cœur s’est fendu et plus aucune barrière ne me sépare de l’abîme. L’intensité de la douleur l’emporte sur la force. Et il n’est pas de pitié suffisante pour contenir ma peine.
Il n'est pas rare qu'une personne adoptée idéalise la vie qu'elle aurait pu vivre avec ses parents biologiques si elle n'avait pas été adoptée.
C'est irréparable pour tout le monde. Pour autant, il ne faut pas refuser ce que la vie peut encore nous apporter. Un jour, tu me donneras raison. Toi aussi tu seras capable de dire adieu (...)
Le mal laisse sans mots. Si tu ne le nommes pas, il n'existe pas. Si tu ne l'appelles pas, il disparaît. Jusqu'à ce que tu sombres dans la folie pour avoir ingurgité tous ces mots imprononçables.
Dans la vie, il y a des choses qu’on ne contrôle pas et qui ne dépendent pas de nous, Daria. Des choses qui échappent, même à une mère. Quand on perd un enfant, cela ne sert à rien de peser les réussites et les erreurs de sa propre existence. Personne ne mérite un tel sort. Personne. Petit à petit, il convient plutôt d’apprendre à faire preuve de compassion envers soi-même.
Ici, nous sommes tous égaux, tous orphelins d’enfants spéciaux. Même s’il y a ceux qui mangent trop et ceux qui ne mangent pas, ceux qui boivent et ceux qui s’en remettent à la foi, ceux qui se lavent et ceux qui ne se lavent pas, ici, nous sommes tous égaux. Ici, je peux dire et redire sans cesse les mêmes choses.
Tous naufragés, et surtout conscients que les paroles de consolation de ceux qui ne savent pas ce que cela signifie sont vides et privées de sens.