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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782264075048
456 pages
10-18 (02/01/2020)
  Existe en édition audio
3.77/5   1428 notes
Résumé :
Etudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu'au jour où son chemin croise celui d'un tueur emprisonné en Louisiane, Rick Langley, dont la confession l'épouvante et ébranle toutes ses convictions. Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté. Bouleversée par cette réaction viscérale, Alexandria ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien tout à fait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (332) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 1428 notes
Ce livre est juste inouï d'intelligence et de lumière ! Assurément un des mes meilleurs livres contemporains que j'ai lus depuis longtemps !

Un tour de force magistral qui parvient à fusionner des genres très différents avec évidence et classe folle. Improbable cocktail pourtant que de faire cohabiter sans sensationnalisme ni voyeurisme :

- un essai-plaidoyer surpuissant ( car subtil ) contre la peine de mort et une passionnante réflexion sur les travers du système judiciaire américain

- une enquête criminelle haletante de type True crime à la Truman Capote, on sent que l'auteur a avalé des kilomètres d'archives et de retranscriptions judiciaires pour nous les présenter sous la forme d'un quasi thriller

- un récit autobiographique bouleversant tournant à l'introspection personnelle et familiale jusqu'à parvenir à la résilience

2003 : Alexandria Marzano-Lesnevich est étudiante en droit à Harvard et choisit d'effectuer son premier stage auprès d'un cabinet spécialisé dans la défense des détenus du couloir de la mort en Louisiane. La première affaire à traiter : celle de Ricky Langley, un pédophile qui a étranglé un enfant de 6 ans, Jeremy Guillory. Elle qui est farouchement opposée à la peine de mort voit ses certitudes s'écrouler en visionnant la video des aveux, envahie par une pulsion de haine et une envie de voir Ricky mourir.

Car ce n'est pas Ricky Dangley qu'elle voit et entend, c'est son grand-père qui l'a violée à maintes reprises durant son enfance, dans un silence familial assourdissant. Elle ne sera pas avocate mais écrivaine. Ecrire pour faire partir le poids de la souffrance, pas pardonner, non, être juste apaisée, se libérer de cette empreinte mortifère.

Le titre originel est plus fort que cette simple empreinte : «  the fact of a body », « la preuve par le corps ». Dans cette collision de deux faits réels douloureux ( Ricky a tué Jérémy – son grand-père l'a violée ), c'est le corps qui porte tout : son corps à elle depuis l'anorexie jusqu'aux souffrances invisibles aux yeux d'une famille dans le déni ; le corps de Jérémy qui lui seul détient la vérité qui est au coeur du procès ( Jérémy a-t-il été tué ou violé puis tué ? ).

Ce livre est bruissant de dix mille réflexions, éclairant des Lumières de la Raison des événements terribles tout en laissant battre son coeur dans des pages profondément incarnées et émotionnellement intenses.
Inoubliable.
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Alexandria Marzano-Lesnevich nous livre dans L'empreinte un récit bouleversant à mi-chemin entre le récit autobiographique et un récit journalistique dont il faut souligner le travail d'orfèvre qu'il y a derrière. Bravo à elle.

En 1992, en Louisanne, un petit garçon de 6 ans, Jérémie croise la route de Ricky Langley, farouche pédophile de 26 ans. L'enfant n'y survivra pas. Les aveux du pédophile tombent trois jours plus tard. Incarcéré dans le couloir de la mort, la partie adverse clame la peine de mort.
Alexandria suivra cette affaire de près effectuant alors un stage au barreau.

On suit en filigrane l'empreinte sur Alexandria de deux histoires. Celle de Ricky et la sienne. Violée de nombreuses années petite par son grand-père, la pédophilie, les traumatismes, le choix du pardon sont au coeur de ce récit.
Alexandria est aussi fermement opposée à la peine de mort. Quand elle suit l'affaire de Ricky Langley, ses certitudes vascillent car ses propres souvenirs refont surface. Peut-on pardonner l'horreur ? Peut-elle être excusable et cachée sous les faux-semblants d'une maladie mentale ou bien sur les maltraitances vécues par ces mêmes bourreaux, victimes jadis? Peut-on mettre sous silence les agissements pervers sous prétexte de protéger la famille ? La protège-t-on d'ailleurs en fermant les yeux ?

C'est 470 pages de plaidoyer ce roman. Au coeur même de la machine judiciaire, dans les tripes saignantes du vague à l'âme et des blessures individuelles et collectives.

Alexandria Marzano-Lesnevich prend à bras le corps le cas Ricky Langley, ça la secoue, ça réveille les ombres de son passé. Elle écrit avec beaucoup de pudeur et de retenue. Les émotions sont sous la couche des horreurs, pas de larme coulant à flot.

En Amérique, c'est la pluie qui mouille les visages. Parce que les anges dans le ciel pleurent ces enfants dont la vie s'est arrêtée dans les bras d'un adulte à l'amour assassin.
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En 2003, alors étudiante en droit à Havard, Alexandria Marzano-Lesnevich, âgée de 25 ans, effectue un stage dans un cabinet d'avocats de la Nouvelle-Orléans. Aux stagiaires présents, une femme leur passe, au cours d'une conférence, une vidéo leur présentant les aveux d'un homme, enregistrés en 1992, dont le deuxième procès vient de se terminer. Condamné à mort 9 ans auparavant, le jury le condamne aujourd'hui à la perpétuité. Son crime : avoir tué Jeremy Guillory, un enfant de 6 ans. Son nom : Ricky Langley. Pourtant farouchement opposée à la peine de mort, les certitudes de la jeune étudiante vacillent. Commence alors pour elle des années aux côtés de Ricky et Jeremy mais aussi une plongée au coeur de son passé tourmenté, jusque là enfoui...

Passionnant de bout en bout, L'empreinte fait montre d'un travail de recherche et de précision remarquables, mais aussi d'introspection, presque salvatrice. Partant de procès-verbaux, d'articles de presse, d'articles de tribunaux ou encore de reportages télévisés, Alexandria Marzano-Lesnevich retrace avec fidélité, adresse et intelligence aussi bien les faits criminels que le déroulement des procès, la vie, de son enfance à l'âge adulte, de Ricky Langley ou encore les conséquences. Une enquête saisissante et fourmillante (des milliers de pages consultées, 10 ans de réflexion et de reconstitution, de nombreux voyages) qu'elle entremêle avec son propre vécu. Son enfance dans la grande maison grise, les violences subies, les secrets de famille, les silences imposés. Une double enquête qui n'a qu'un seul but : la vérité. Ce récit, aux thèmes aussi divers et tragiques que l'inceste, la pédophilie et la peine de mort, est doté, à la fois, d'une force et d'une sensibilité rares. Émouvant et dramatiquement captivant...
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C'est parce que le petit Jeremy est mort à 6 ans, victime d'un délinquant, proie de hasard d'un jeune homme déjà repéré et condamné pour des attouchements et qui la renvoie à de douloureux souvenirs, ou au moins ce qu'il en reste lorsque la mémoire a censuré l'impensable,
qu'Alexandria Marzano-Lensnevich a pris la plume.

Pour décortiquer les circonstances du drame, refaire l'enquête, analyser les insuffisances du processus judiciaire, étudier méticuleusement les histoires des personnages, du criminel comme de leur famille. Pour comprendre. Comprendre comment on peut en arriver à commettre de tels méfaits, et quels sont les mécanismes à l'origine de ces aberrations. Rôle de l'inné et de l'acquis, responsabilité de l'éducation?

Cette quête n'est pas anodine, l'auteur le révèle rapidement, elle fut elle même victime d'attouchements, de la part de son grand-père et circonstances aggravantes, les faits ont été soigneusement camouflés, bien que connus de la famille, experte pour taire tout ce qui peut faire des vagues.

Des questions plus générales en découlent.

Sur la peine de mort. Faut-il être pour ou contre? Faut -il établir une hiérarchie des délits pour déterminer de qui devrait relever de la peine capitale ? Il ne suffit pas de se prononcer précisément pour s'en sortir. C'est ce que l'auteur a pu constater quand, dans le cadre de son métier puisqu'elle fut un temps avocate, elle défendait l'abandon de la peine de mort, mais l'a souhaitée dans ce cas particulier du meurtre de Jeremy.

De même, il faut se mettre dans la peau d'un juré, plutôt favorable à une exécution sur des arguments d'inhumanité du crime, ne peut se résoudre à prononcer la sentence pour l'accusé qui lui fait face en chair et en os. Les convictions basées sur la théorie peuvent être malmenées lorsqu'elles sont confrontées au réelle


Outre le caractère passionnant de ce débat intérieur, il faut reconnaître à l'auteur un talent de conteuse, qui fait de l'empreinte un récit captivant. Les deux récits se mêlent et tentent de répondre à la question fondamentale : le pardon est possible?
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« Je suis immédiatement frappée par cette idée que l'avenir était entièrement en germe dans le présent, le présent secrètement en germe dans le passé. »


Brillant, captivant, émouvant voire éprouvant, Alexandria Marzano-Lesnevich se livre à un exercice littéraire compliqué d'autant que ce récit l'engage émotionnellement. Elle se dévoile intimement et sa douleur, personnellement, je l'ai ressentie. C'est un récit qui tient à la fois de l'investigation, de la thérapie, de l'autobiographie mais surtout d'une quête : comprendre, dans comprendre il y a le mot prendre, c'est-à-dire, faire sien. Et c'est bien de cela dont il est question dans ce récit, comment un être humain peut-il tuer, abuser d'un enfant de six ans, qu'elle est sa part d'humanité ? Et cet être humain, peut-il être condamné à mort par un autre être humain ? Et que penser du silence de l'entourage familial qui est récurrent dans ces cas de maltraitance.

Ce livre est particulièrement perturbant à plus d'un titre, il oblige le lecteur à se poser nombre de questions qu'elles soient philosophiques, médicales, qu'elles aient trait à la justice des hommes, à l'éthique d'un individu, en un mot, plus d'une fois je me suis trouvée à poser ce livre pour tenter de me confronter à mes propres réflexions.

Alexandria est étudiante en droit, issue d'une famille d'avocats, entourée depuis son enfance par des livres de droit, bien formatée par son milieu familial, elle va suivre le chemin de ses parents. Fervente opposante à la peine de mort, elle décide de se présenter à un stage d'été dans un cabinet en Louisiane spécialisé dans la défense des condamnés à mort.

Le lendemain de son arrivée, l'avocate qui prend les étudiants en charge les réunis autour d'un table :

« Nous allons vous montrer ça. Elle brandit une cassette vidéo. Il s'agit des aveux de l'homme dont nous venons de terminer le second procès. L'enregistrement date de 1992. Il y a neuf ans, il a été condamné à mort mais cette fois-ci, le jury lui a donné la perpétuité. »

« Cet homme c'est Ricky Langley, des lunettes épaisses, en cul de bouteille, des oreilles en feuille de chou, héritage de l'alcoolisme de Bessie, sa mère. Des yeux marron, les derniers qu'ait vus Jérémy (après avoir été abusé sexuellement et étranglé). Il parle des enfants qu'il a touchés. »

« Mais je regarde l'homme à l'écran, je sens les mains de mon grand-père sur moi et je sais ».

« Malgré la formation que j'ai suivie, malgré le but que je poursuivais en venant travailler ici, malgré mes convictions. Je veux que Ricky meure. »


Dans ces passages qui donnent le ton du livre, l'inconscient d'Alexandria prend la main sur son état émotionnel et conscientise, un peu comme des vagues successives qui viennent déposer à chaque flux et reflux, les éléments enfouis depuis son enfance afin de pouvoir vivre. Ce qui m'interpelle, c'est la synchronicité des évènements pour reprendre les termes de Carl Gustav Jung. Cette cassette a été présentée aux étudiants en remplacement d'une rencontre avec le fondateur du cabinet, absent pour raison professionnelle.

Je ne crois pas trop au hasard et j'aime cette formule bouddhiste « Lorsque l'élève est prêt, le maître se lève ». Cette vidéo va modifier le cours de la vie d'Alexandria. L'empreinte est indélébile, la mémoire du corps et de ses traumatismes se rappelle à son souvenir. Alexandria va se mettre à nue, elle n'omet rien, elle assume son passé, elle nous fait des confidences courageuses et afin de conquérir sa résilience, elle va tenter de concevoir les raisons qui ont poussé Ricky Langley à la pédophilie et au crime. Dans un récit extrêmement structuré, en s'appuyant sur les procès-verbaux d'audience, les évaluations psychiatriques, des rapports sur son passage dans le couloir de la mort, les articles, elle tente de reconstituer l'histoire de Ricky. Mais comme elle le constatera, il lui manque les émotions, les souvenirs, le passé. C'est ce qui l'incitera à se rendre sur place pour mieux s'imprégner des lieux. Ce qui rend son écriture assez exceptionnelle, c'est que de ces documents, elle a réussi à élaborer une histoire avec des individus qui prennent corps, qui s'animent sous nos yeux avec leurs sentiments, leurs questionnements, leurs incohérences, leurs faiblesses. Malgré la violence du contenu de certains passages, Alexandria parvient à déstabiliser son lecteur en l'amenant à découvrir les traumatismes psychologiques et physiques du milieu familial de Ricky Langley comme les ravages qu'engendrent les non-dits dans une famille. Elle ouvre des portes, ses portes, qu'elle lègue peut-être aussi à celles et ceux qui ont vécu des situations identiques. Que ce soit l'histoire de Ricky ou d'Alexandria, même si les situations sont différentes, on y trouve des points de similitude.

J'ai ressenti que ce livre libérait Alexandria, c'est un récit qui aurait pu être plus synthétique mais toutes ces pages sont salutaires, je fais le parallèle avec le passage où elle raconte « Mais à présent, le simple fait d'avoir quelque chose dans l'estomac, n'importe quoi, est soudain, inexplicablement, terrifiant. Seules les pommes, le yaourt à 0 % et les burgers végétariens sans le pain sont sans danger ». On visualise très bien ce à quoi cela la renvoie.

Elle ne vomit plus, elle écrit. Elle met à l'extérieur d'elle-même les secrets du passé.

C'est un témoignage remarquable et d'un courage admirable : elle a dû surmonter énormément de barrières. Ce livre a été couronné aux Etats-Unis par de nombreux prix.

« L'homme au centre de ce procès, dont la personnalité sera interminablement discutée et débattue, interminablement reconstituée et disséquée dans un dossier qui finira par faire près de trente mille pages, cet homme restera en ce sens une énigme. Il est bien possible que ce que l'on voit en Ricky dépende davantage de qui l'on est que de qui il est ».


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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
21 mars 2019
Alexandria Marzano-Lesnevich entremêle autobiographie et enquête pour "donner un sens à ce qui ne sera jamais résolu".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
08 mars 2019
Entre thriller et autobiographie, ce récit d’une ex-étudiante américaine en droit montre l’évolution de son engagement contre la peine de mort lorsqu’une affaire la confronte à son propre passé.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
24 janvier 2019
En tissant des fils entre la vie de Ricky Langley, assassin d’enfant, et la sienne, l’écrivaine américaine offre une admirable réflexion sur les secrets de famille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
23 janvier 2019
L’Empreinte raconte et entremêle ces deux histoires dramatiques, celle de Ricky Langley et celle d’Alexandria Marzano-Lesnevich elle-même, pour composer un récit magistral et bruissant de mille réflexions...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (192) Voir plus Ajouter une citation
Disparaître, c'est ce dont je rêve chaque fois que mon grand-père s'assoit sur le bord de mon lit. Ses yeux marron plongent dans les miens, puis il se tord le visage pour cracher ses dents dans la paume de sa main. Il me les tend. Les dents luisent comme une créature marine. Il fait un grand sourire, et sa bouche se transforme en un liseré rose humide autour d'un trou noir qui se resserre au milieu. Tu vois, dit-il , bien qu'il m'ait montré ce spectacle tant de fois auparavant. Je suis un sorcier. Ne l'oublie pas. Si tu en parles, je viendrai toujours te retrouver. Toujours, même après ma mort.
Je détourne la tête et je fixe mon regard sur la jupe jaune d'une poupée qui est aussi une lampe. Son corps illumine la jupe, qui se dissout en une lueur d'un jaune éclatant. Elle brûle dans l'obscurité de la chambre, et tandis qu'il pose ses fausses dents sur ma table de nuit, porte la main sur l'ourlet de ma chemise de nuit, et écarte le tissu de mes jambes soudain froides, je scrute la lumière jaune et je me force à m'abîmer dans la flamme, je me force à m'y dissoudre. Sa main remonte le long de ma jambe. Son autre main défait sa braguette. Je fixe si fort la lumière des yeux qu'autour de moi tout vole en éclats. Je le sens baisser ma culotte. Je sens ses doigts. L'air se défait en molécules. Il fait froid de nouveau entre mes jambes - sa main s'est déplacée - puis sa main est de retour, tenant un épais morceau de sa chair. Il me tient les jambes écartées. Il se frotte contre moi.
Autour de moi, les molécules tournoient. Je sens que je me désagrège avec elles.
Encore aujourd'hui, je déteste la couleur jaune.
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Mon père laisse la clim à fond et j'ai beau me plaindre à lui et à ma mère, il refuse de m'écouter ou ne parvient pas à me croire. Et ce qu'il dit n'est pas faux : il a trop chaud et j'ai mal mais pourquoi irais-je penser que ma douleur doit l'emporter sur son inconfort!
C'est la logique à laquelle, je ne trouverai jamais d'explication : dans ma famille, une douleur ce sera toujours la mienne ou la tienne, à monter l'une contre l'autre et à mettre en balance, jamais une douleur collective, jamais une douleur de famille. Est-ce que ce qu'il se passe dans une famille est le problème de la famille ou le problème de celui ou de celle qui en est le plus affecté? Il a un coût ce genre d'individualisme antagoniste.



Page 179
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... je suis contre la peine de mort. La mort, c’est ce dont j’ai peur. La mort, c’est ce qui a emporté ma sœur ; la mort, c’est ce que les adultes redoutent pour mon frère ; la mort, c’est ce dont je fais des cauchemars. À travers les livres de ma mère et les histoires de mon père, j’ai commencé à envisager la Constitution comme un document d’espoir. La loi que j’aime tant peut donc imposer la mort ? Peu importent les raisons évoquées dans les livres de droit. C’est là que ça commence : avec horreur. À partir de cet instant, je serai toujours contre la peine de mort. 
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J'entends d'abord les oiseaux. Là où j'habite, leurs chants sont noyés par la circulation, les piétons qui hurlent dans leur téléphone portable, les bribes de musique qui s'échappent par les vitres des voitures, les klaxons et le pépiement artificiel des feux, la voix qui indique que c'est le moment de traverser, le babil incessant de mes propres pensées tandis que je vaque à mes occupations du jour. Le vacarme urbain. [...]

Le chant des oiseaux, lui, s'impose, éclatant, de même qu'une ligne mélodique volette au-dessus du brouhaha qui la sous-tend, toute contrepoint et légèreté. [...]

Nous roulons en silence. Le ciel est devenu d'un gris plus dense, le chant des oiseaux se fait plus pressant, scandé de cris perçants, et je me demande si les oiseaux annoncent quelque chose. Les tombes continuent de fondre sur nous, des rangées et des rangées de plaques de métal, des rangées et des rangées de noms invisibles, les corps enterrés en dessous. [...]

Le silence éclate avec une force choquante une fois le bruit du moteur estompé. Ce sont les oiseaux, je m'en rends compte. Ils se sont tus. [...]

Sous mes pieds, l'herbe est trempée, spongieuse.
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Il ne savait pas à quoi ressemblerait la prison. Et finalement, il ne trouve pas ça trop mal, mais c'est quand même la prison. Il y a trop de bruit, avec tous les cris et les gémissements, les hommes qui cognent sur les barreaux jour et nuit car ils n'ont pas d'autre moyen de se faire entendre. Parfois, c'est à croire que le brouhaha de la prison se mêle au brouhaha dans sa cervelle et il ne reste plus qu'un immense beuglement incompréhensible entre l'intérieur de lui et l'extérieur et il a l'impression de se désintégrer dans le vacarme. Le confinement lui rend impossible de s'échapper de lui-même, de s'échapper de qui il est, toujours trop bruyant au-dedans.


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« L'Empreinte » , d'Alex Marzano-Lesnevich, c'est à lire en poche aux éditions 10/18.
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