Quand j'ai lu un roman, j'aime bien quelque temps après découvrir ses adaptations (film, BD et même manga). Je retrouve un bout de ce qui m'avait tant plu ou au contraire me réconcilie avec une histoire dont je n'étais pas entièrement sortie convaincue. Et cela permet aussi de la percevoir d'une autre manière. C'est le cas avec "
Le bal des folles" de
Victoria Mas, que j'avais trouvé intéressant, pas désagréable non plus, mais mal ou pas assez exploité. La version graphique que je découvre ici, de
Véro Cazot et
Arianna Melone, s'en trouve justement bien adaptée, de par son format qui ne permet justement pas de rentrer trop dans les détails. Noté « Coup de coeur » par ma bibliothécaire, je n'irai pas jusque-là pour ma part, mais il est tout de même un très joli roman graphique.
Ce bal des folles, c'est celui de la mi-carême organisé par l'hôpital de la Salpêtrière, dirigé par le célèbre docteur
Jean-Martin Charcot. Ce bal, c'est l'occasion pour la haute société de côtoyer des "folles". Parmi elles, il y a Thérèse, Louise et nouvellement Eugénie, internée par son père parce qu'elle communique avec les morts. C'est ainsi que Blandine, la défunte soeur de l'infirmière en chef Geneviève, viendra jusqu'à elle...
En redécouvrant l'histoire d'Eugénie, je me suis rendu compte que j'avais quasiment tout oublié du roman. Si je me souvenais à peu près de la fin, seules quelques bribes me sont revenues au fil des pages. C'est donc presque d'un oeil neuf que j'ai lu l'histoire de ces femmes, internées en général pour pas grand-chose. Au fil des pages, j'y ai perçu beaucoup d'empathie et d'humanité, alors que le lieu dans lequel se déroulent les événements ne s'y prête pas du tout. Nous sommes à la fin du XIXe siècle, dans une société où les femmes sont encore prisonnières des hommes, doublement même ici. On les voit humiliées, traitées tels des animaux, sujets d'expériences et de spectacles pour le renommé Charcot. Et pourtant, on s'attache à elles parce qu'elles savent nous montrer le meilleur d'elles-mêmes à travers leurs (non) déviances.
Les dessins d'
Arianna Melone sont assez particuliers mais ça a bien fonctionné avec moi. Tels des dessins à l'aquarelle, pas très nets, voire même très flous, imprécis, avec des couleurs toutes douces qui débordent et se mélangent (d'ailleurs à ne pas montrer aux enfants qui apprennent à ne pas dépasser ^^), l'ensemble des illustrations reflètent l'ambiance quelque peu déséquilibrée, détraquée, qui règne dans cet asile d'aliénées qui ne le sont pas toutes, juste internées parce qu'elles dérangeaient.
La seule chose qui me déplaît et dont je ne lui tiens pas rigueur puisque je le reprochais déjà au roman de
Victoria Mas, c'est qu'on n'apprend absolument rien de ce bal, qui n'a lieu qu'à la fin et qui passe très vite.
Ce roman graphique est une jolie adaptation, une réussite en ce qui me concerne puisqu'il a su me toucher davantage que le roman original.