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sur 5608 notes
Le roman de Victoria Mas, nous emmène à la Salpêtrière dans le service du Docteur Charcot, en 1885.
A cette époque, les femmes internées n'étaient pas toutes folles, ni schizophrènes, ni même épileptiques, beaucoup n'avaient qu'un seul tort « encombrer » un époux soucieux de reprendre sa liberté en toute impunité ou une famille qui refusait leur mode de vie ou de pensée.
« Une prison pour toutes celles qui sont capables d'avoir une opinion. »

Tous les ans, à la mi-carême, l'excitation est à son comble dans l'attente du bal des folles. Ce rituel organisé par l'hôpital est destiné à éveiller l'esprit des « malades », sous le regard curieux du Tout-Paris désireux de voir de près ces femmes internées.
« le temps d'un soir, la Salpêtrière fait se rejoindre deux mondes, deux classes, qui, sans ce prétexte, n'auraient jamais de raison, ni d'envie de s'approcher. »

La galerie de portraits brossé par Victoria Mas est impressionnante de réalisme et de justesse.
Nous suivons Thérèse, la tricoteuse, ancienne prostituée, internée depuis vingt ans : « Thérèse, mère de coeur pour les aliénées ».
Louise est en proie à des crises d'épilepsie se surprend à rêver que le séduisant infirmier va la demander en mariage.
Eugénie, fille de notaire, refuse la vie d'épouse soumise qui lui est promise, fière, insolente et rebelle, elle est bien décidée à vivre sa vie en suivant ses convictions, ce qui n'est pas du goût de son père.
Puis Geneviève, l'intendante, infirmière en chef qui prend beaucoup de distance pour ne pas se laisser toucher au contact de toutes ces femmes aliénées mais qui va être ébranlée dans ses certitudes. Elle veille sur elles, aussi dévouée que courageuse, elle est un modèle pour toutes : « Geneviève, mère enseignante pour les infirmières. »

Ce premier roman basé sur des faits historiques a beaucoup d'atout, une écriture agréable, des personnages attachants, une histoire intéressante et bien construite.
J'aurais cependant aimé y trouver un peu plus de détails concernant l'organisation de ce fameux bal des folles.

Une belle réussite en tous cas et un Prix Renaudot des Lycéens bien mérité.

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Sacrée déception. le Bal des folles part sur deux sujets très intéressants : la place des femmes dans la société française de la fin XIXème, et leurs "folies". Ainsi, l'action se déroule à la Salpêtrière -hôpital où l'on "soigne" les aliénées, mais qui a plus une fonction d'internat qu'autre chose- et où le célèbre Dr Charcot faisait ses fameuses démonstrations de crises d'hystéries avec l'aide (consciente ou on) de ses patientes.

Le gros problème, c'est que si le contexte est très intéressant, l'autrice n'a aucune histoire à nous proposer, et très vite elle en brode une avec le personnage d'Eugénie. Eugénie est une jeune fille de très bonne famille à la personnalité affirmée et qui refuse de se limiter à ce que la société de l'époque attend d'elle (une épouse, une jument). Mais Eugénie a le malheur de confesser à sa famille qu'elle voit et entend des esprit, et son père l'interne immédiatement à la Salpêtrière pour éviter honte et déshonneur. Sauf que dans le roman, il est admis et prouvé qu'Eugénie n'est pas folle et qu'elle voit bel et bien des esprits, ce qui pour moi décrédibilise complétement le propos. Là où moi je m'attendais à lire plus sur les conditions de vie des personnages de l'hôpital, de leurs différents "traitements", etc, l'autrice en fait nous propose l'histoire d'Eugénie, enfermée à tord, qui va chercher à s'enfuir. Pourquoi avoir introduit cet élément surnaturel ? N'aurait-il pas été plus intéressant et intriguant de laisser le lecteur dans le doute quand à la prétendue folie d'Eugénie ?

Je ne peux m'empêcher de comparer le roman à deux autres ouvrages. le premier, c'est La Salle de bal de Anna Hope, dont l'action se déroule dans un asile dans l'Angleterre début XXème où là j'ai trouvé le contexte retranscrit de façon crédible. le second, c'est Alias Grace (Captive) de Margaret Atwood, pour justement le doute et le mystère qui plane dans le roman quand à la culpabilité de son personnage principal féminin, et sur le spiritisme et les croyances surnaturelles dans la haute bourgeoisie. Je ne saurais que trop vous recommander ces deux livres, qui en plus discutent également la place des femmes dans les contextes choisis.

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Il est dangereux d'être une femme libre-penseuse et indépendante : elles sont mises en cage !
Ces femmes "folles" ou pas, toutes, victimes des hommes
qui avaient tous les pouvoirs sur elles.

Le bal des folles, un livre puissant, terrible qui nous livre le destin tragique des femmes victimes de cette société masculine, dans laquelle elles n'ont qu'une petite valeur :
épouse soumise, mère,
mais en silence ....

"Libres ou enfermées, en fin de compte, les femmes n'étaient en sécurité nulle part. Depuis toujours, elles étaient les premières concernées par des décisions qu'on prenait sans leur accord"

"Mais la folie des hommes n'est pas comparable à celles des femmes : les hommes l'exercent sur les autres; les femmes sur elles-mêmes."

"Dans une salle d'examen, les deux individus qui s'y trouvent ne sont plus égaux : l'un évalue le sort de l'autre; l'autre croit la parole du premier. L'un détermine sa carrière; l'autre détermine sa vie. le clivage est d'autant plus prononcé lorsqu'une femme passe les portes du bureau médical. Celle-ci offre à l'examen d'un corps à la fois désiré et incompris par celui qui le manipule. Un médecin pense toujours savoir mieux que son patient, et un homme pense toujours savoir mieux qu'une femme : c'est l'intuition de ce regard-là"
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Paris, fin 19ème. Une jeune bourgeoise libre d'esprit, adepte du spiritisme, est expédiée par son père dans le service du professeur Charcot à la Salpêtrière : chez les "folles".
Bien qu'il s'agisse d'expérimentation sur des êtres humains, j'ai trouvé intéressant l'aspect scientifique : hypnose, chloroforme étaient alors testés pour traiter les maladies neurologiques réelles ou imaginaires. de très nombreux documents historiques existent, rapports, photographies spectaculaires de "crises" ; cet aspect est toutefois vite vu dans le roman.
Il s'agissait également de contrôler le corps des femmes : pensait-on encore à cette époque que l'utérus se baladait dans leur abdomen au gré de leurs humeurs ? Tout comportement anti-social était alors jugé hystérique. On enfermait ainsi tout simplement les femmes délinquantes ou juste "grandes gueules", côte à côte avec les malades d'épilepsie ou les victimes traumatisées de violences sexuelles.
Eugénie la spirite va côtoyer Geneviève l'infirmière, le seul autre personnage vraiment développé : une fille de médecin, rationnelle et toute dévouée à la science et à Charcot, compétente et d'une grande loyauté, mais qui va endurer le mépris des hommes : "Votre place ici se limite à la prise en charge des aliénées, non à leur diagnostic. Ne sortez pas de votre rôle, s'il vous plaît."
Le roman se penche surtout sur le quotidien du service, et sur l'intrigue entre Eugénie et Geneviève. J'aurais aimé plus d'approfondissement.
J'ai été gênée aussi par quelques maladresses d'écriture : "elle prend place entre deux lits" dos au mur, puis "ramène ses jambes sur le matelas". Acrobatique, non ?
Pareil pour l'utilisation de vocabulaire anachronique : "studette" me paraît bien moderne, quant au mot "débile" il n'avait pas, au 19ème, son sens actuel.
Bref une lecture agréable mais que j'aurais aimée plus instructive.
Challenge Départements (Yvelines)
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Outre l'intrigue qui nous emmène dans l'hôpital de la Salpêtrière au 19e siècle, ce récit est magnifiquement écrit.

Lorsque l'on pense aux hôpitaux psychiatriques de cette période, nous vient rapidement à l'esprit l'histoire de certaines femmes comme Camille Claudel, Séraphine de Senlis,... de formidables génies, abîmées ou incomprises, qui furent internées dans des conditions difficiles et dont les traitements étaient expérimentaux et souvent barbares : électrochocs, théorie de Freud, de Lacan, et ici de Charcot.

Les personnages sont ici imaginaires, mais c'est cette ambiance que l'on retrouve ici. Au fil de la lecture, on s'interroge sur la folie de chacun : la folie des folles, la folie des soignants, la folie des visiteurs, la folie des familles,... Folie ou deshumanité ?
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Terriblement magnifique!!
Difficile de parler de ce livre sans avoir le sentiment de minimiser sa force, sa violence, la beauté du texte.
Alors juste un bref résumé tiré de quelques passages du livre, pour vous convaincre, si vous ne deviez lire qu'un seul livre d'ici la fin d'année, de lire celui-ci.

Nous sommes au XIXe siècle, à Paris; et comme chaque année aura lieu le très mondain bal des folles, à la Salpêtrière.
Comment croire face à ce lieu d'extérieur calme et tranquille, que la Salpêtrière a été depuis le XVIIème siècle le théâtre de tant de souffrance?
"Quand la dernière pierre de l'édifice avait été posée, le tri avait commencé : c'est d'abord les pauvres, les mendiantes, les vagabondes, les clochardes qu'on sélectionnait sur ordre du roi. Puis ce fut au tour des débauchées, des prostituées, des filles de mauvaises vie, toutes ces "fautives" étant amenées en groupe sur des charrettes, leurs visages exposés à l'oeil severe de la populace.
Vinrent ensuite les inévitables folles, les séniles, les violentes, les menteuses et les conspirations sites, gamines ou vieillards.... entre l'asile et la prison, on mettait à la Salpêtrière ce que Paris ne savait pas gérer : les malades et les femmes."

Mais les temps ont-ils vraiment changés avec le professeur Charcot?
Monsieur Cléry, notaire de son état, a pris la décision de faire interner sa fille Eugénie. "On ne converse pas avec les morts sans que le diable y soit pour quelque chose." Il ne veut pas de cela dans sa maison. A ses yeux sa fille n'existe plus.
Pourra t-elle retrouver la liberté? Saura t-elle convaincre Geneviève, infirmière en chef, dévouée corps et âme à son métier et au corps médical, que la déviance n'est pas forcément ce que l'on veut bien voir?
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Au 19 ème siècle le "bal des folles" était un événement mondain prisé qui réunissait la bonne société autour de femmes jugées folles ou hystériques et qui se trouvaient internées à la Salpétrière.

Ce livre nous permet de découvrir le quotidien de ces malheureuses enfermées contre leur gré. Nous découvrons Louise, souffrant visiblement de ce que l'on appellerait aujourd'hui Stress Post Traumatique et qui tombe amoureuse sur place d'un jeune interne, et nous découvrons Eugénie, issue de la bonne bourgeoisie mais qui a eu le malheur de parler de ses pratiques de spiritisme à sa grand-mère.

Au cours de cet hiver 1885, le neurologue Charcot, la plus grande sommité de l'époque dans ce domaine, met au point de nouveaux protocoles et introduit l'hypnose. Son mode de gestion du personnel est toutefois particulièrement autoritaire et abrupt, ce dont va souffrir Geneviève, infirmière depuis longtemps dans son service.

Le livre est très bien écrit et intense psychologiquement. Il met en lumière l'oppression subie par les femmes dans cette époque patriarcale. Les rapports familiaux sont d'une dureté inouïe. J'ai aimé le côté attachant et sensible des personnages, ainsi le personnage de Thérèse, internée après avoir poussé son souteneur dans la Seine, est étonnant. Cette peinture de la société féminine de la fin du 19ème siècle est bien rendu.
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Témoin de comportements sans scrupules de la société des hommes, "le Bal des Folles" illustre comment on peut occuper la plus haute marche de l'ordre du mépris.
Les hommes se croyant supérieurs sans avoir à porter une rosette ou un poireau (agriculture), affichaient leur mépris pour les femmes insoumises, se permettant de les battre, ou plus discrètement de les répudier.
A la Salpêtrière vers 1885, la médecine avait courageusement, identifié le mal de vivre de ces femmes, "la folie".


La folie est l'exacte définition de ce lieu, où l'absence d'humanité est la règle, ou la nudité des femmes est exigée, où la pudeur est louche, où le voyeurisme des hommes est admis...
On peut arriver à la Salpêtrière, furieuse mais saine de corps et d'esprit, on ne peut en sortir que salie, folle et anéantie.


Page 124, je lis : "face à elles, un public entièrement masculin : trois assistants sont assis derrière un bureau rectangulaire. Ils s'entretiennent à voix basse en ignorant les aliénées inquiètes. Vêtus d'une blouse blanche, rictus aux lèvres, ils dévisageaient sans pudeur les examinées du jour. le regard s'attarde sur les seins, les bouches, les hanches."

Les vies sont tirées au sort ainsi page 123, "l'un évalue le sort de l'autre ; l'autre croît la parole du premier. L'un détermine sa carrière ; l'autre détermine sa vie."


Le récit de Victoria Mas est un voyage à travers l'insupportable absence de bienveillance dans lequel le masculin a tenu la condition féminine.
C'est la violence la plus glacée que l'on puisse imaginer, la plus étrangère à la vie, une descente aux enfers sans témoins, sans le moindre moyen personnel de l'éviter.


Ce voyage est une plongée dans le monde des morts vivants, ainsi les chaînes et les haillons laissèrent place à l'expérimentation sur leurs corps malades. "Les compresseurs ovariens parvenaient à calmer les crises d'hystérie, l'introduction d'un fer chaud dans le vagin ou l'utérus calmait les nerfs des filles", la barbarie la plus effrayante prospérait.
Victoria Mas ne peut cacher son dégoût car "plus les filles étaient effrayées plus elles fascinaient".

En réalité les portes de la Salpêtrière, ne cachent pas une prison, mais la mort à perpétuité. La famille ne souhaite plus entendre parler d'une fille qui a passé les portes de la Salpêtrière. le père Clary ne fait pas exception, sa fille maintenant aliénée n'évoquant même que son prénom reviendrait à le déshonorer


Dans ce décor d'outre tombe le bal des folles est le temps d'une soirée costumée, une réalité sordide pour ces femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves, réunies et fêtées pour permettre au Tout-Paris de s'encanailler sur des airs de valse ou de polka.


Le récit de Victoria Mas est une déflagration dans la société d'aujourd'hui, un pas au delà de l'esclavage, un génocide administratif et médical, une tache noire de suie pour les sociétés bien pensantes, la maladie la plus honteuse des hommes, une complicité de meurtre, une non assistance de personnes en danger.

Merci Victoria Mas de nous avoir ouvert nos yeux.

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Nous sommes dans les années 1880, Charcot règne sur la Salpêtrière , et ses cours pratiques amènent du monde dans les amphis où il présente des jeunes femmes atteintes d'hystérie.
C'est à cette période qu'une jeune fille de bonne famille est amenée là par son père qui la laisse pour toujours et elle sera rayée de la famille.
Sa "folie": elle sent la présence de personnes décédées et qui lui parlent. Elle s'en était seulement confiée à sa grand mère, et c'est celle qui va la trahir.Et pourtant c'est grâce à la "présence "de son grand père qu'elle avait retrouvé un bijou perdu depuis une trentaine d'années.
A la Salpêtrière elle découvre l'univers de toutes ces pauvres filles, fait l'objet grâce à ses visions de la curiosité bienveillante de l'infirmière en chef...
Ce roman replonge le lecteur dans les balbutiements de la médecine moderne, c'est très intéressant parce que le quotidien de ces femmes est on ne peut plus normal, quelques dérapages parfois recadrés en douceur.
Quant au bal, il s'agissait une fois par an , et c'était un plaisir pour elles(dixit l'auteur) de se préparer pour cette soirée à laquelle participait le Tout-Paris qui venait frissonner ou attendre de vaines crises d'hystérie.
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Parce qu' Eugénie Cléry dit entendre les paroles des morts, son père la fait interner à la Salpêtrière. Eugénie comprend vite et à son grand désespoir qu'il n'y a aucune sortie possible. Eugénie déstabilise Geneviève, soignante à l'hôpital en lui parlant de sa soeur décédée. Dans cet hôpital il y a celles qui font confiance au professeur Charcot pour ses expériences, et celles qui sont là juste parce que la société les a rejetées. En 1885 le bal des folles attire tous ces bourgeois en mal de sensations.
Un roman fascinant et bouleversant raconté avec élégance.
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