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4

sur 5608 notes
Un roman bouleversant, touchant.
J'aime comment est dépeint le portrait de ces femmes extraordinaires, ses "folles" du 19ème siècle.
Louise , Eugénie, Geneviève sont magnifiques sans le savoir.
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Victoria Mas nous entraîne dans les dortoirs de la Salpêtrière (aussi nommé « hospice de la vieillesse-femme » dit Wikipédia !) où vivent quantité de femmes considérés comme folles. Nous les suivrons brièvement dans les amphis où Charcot (parfois) et ses disciples étudient l'hystérie en ayant recours à des pratiques qui, pour être expérimentales n'en sont pas moins condamnables, estiment certains des contemporains du célèbre médecin. le Bal des folles raconte la vie de quelques internées et d'une de leur soignantes pendant la période où tout l'hôpital prépare le fameux bal costumé auquel le Tout-Paris se presse et joue les voyeurs.
***
Forcément, j'attendais beaucoup de ce roman plusieurs fois primé et encensé par quantité de critiques de Babelio ou d'ailleurs. J'ai un peu tardé à donner mon avis sur ce roman, et je ne garde aujourd'hui que des bribes de l'histoire… Ma tiédeur vient sans doute en partie de là. Pourtant, le sujet m'avait semblé passionnant à la lecture de la quatrième de couverture : en fait, contrairement à ce qui est annoncé, le bal ne tient qu'une toute petite place et on ne voit que très peu le docteur Charcot dans sa pratique. La condition des femmes à l'époque n'est finalement (un peu) traitée qu'à travers le personnage d'Eugénie, jeune femme issue de la petite bourgeoisie, enfermée par son père parce qu'elle communique avec des esprits. de plus, le spiritisme est présenté comme un état de fait et non pas comme une croyance... Ajoutons à cela des personnages peu fouillés, un style assez plat et pas mal de lieux communs, cela donne un rendez-vous raté en ce qui me concerne. Oui, je sais, c'est un premier roman et il souffre fortement du rapprochement avec le très bon livre d'Anna Hope, La Salle de bal, qui se déroule aussi dans un hôpital psychiatrique, mais la déception est proportionnelle à mes attentes ! Je viens de commencer le Bal des ombres. Je croise les doigts…
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Le quotidien de la Salpêtrière, du temps du docteur Charcot, en 1885, pendant la préparation du « bal des folles » de la mi-Carême. J'ai beaucoup apprécié ce tableau d'époque, y compris les allusions au spiritisme d'Allan Kardec. Un bon petit roman historique à l'écriture remarquablement fluide, qui donne envie d'en savoir plus.

Voilà un petit livre historique qui m'a fort agréablement occupé le temps d'un voyage en train. Il se déroule en 1885 à l'Hôpital de la Salpêtrière, dont je connaissais fort peu de choses, à part le fait que Charcot y avait expérimenté l'hypnose pour traiter les « hystériques » après avoir établi que l' « hystérie » est maladie nerveuse, alors qu'on la liait précédemment à l'utérus (étymologiquement « hystérie » s'apparente à « utérus »). J'ai donc été captivé par les tableaux d'époque dépeints par Victoria Mas, que ce soit pour le quotidien de la Salpêtrière ou pour la condition des femmes à cette époque.

La Salpêtrière est une institution ancienne dont les travaux ont débuté en 1658, à l'emplacement d'un arsenal où l'on fabriquait de la poudre. Il s'agissait alors d'un hospice plus que d'un hôpital au sens où on l'entend aujourd'hui. L'établissement faisait partie de l'Hôpital général de Paris, institué pour le « renfermement » des mendiants. Un peu plus tard lui fut ajouté une « maison de force » où étaient détenue des femmes. La Salpêtrière fut également un lieu de concentration de femmes que Louis XIV envoya outre-Atlantique pour le peuplement de la Nouvelle-France. À la fin du XVIIIe siècle, la Salpêtrière abritait dix mille personnes !

Victoria Mas place son récit à la fin du XIXe siècle, alors que le docteur Charcot, médecin chef à la Salpêtrière, y devient le chef de file de l'École de la Salpêtrière, qui développe l'utilisation de l'hypnose comme moyen d'investigation de l'hystérie. On y assiste à la préparation du « bal des folles », un bal costumé organisé chaque année à la mi-carême, à l'initiative des internées, où se mêlaient internées, personnel et quelques personnalités extérieures triées sur le volet.

On voit dans le récit que la Salpêtrière gardait encore à cette époque un rôle d'hospice. Il abritait des nécessiteux, des personnes âgées, mais des pères, maris ou frères de familles bien pensantes pouvaient aussi y éloigner des femmes dont le comportement ou les idées risquaient de troubler leur image. le personnage d'Eugénie est une de ces femmes dérangeantes. Elle ne souffre pas à proprement parler d'une maladie mentale: on la qualifierait aujourd'hui de médium, car elle communique avec des esprits. La précision des visions d'Eugénie me paraît peu crédible, mais Victoria Mas m'a néanmoins intéressé en décrivant comment Eugénie a découvert « Le livre des esprits », ouvrage fondateur du spiritisme publié en 1857 par Allan Kardec.

J'ai pris plaisir à lire ce livre, dont le style est remarquablement fluide. Je lis que certains lecteurs reprochent à l'auteure de ne pas mettre dans la bouche de ses personnage le français de l'époque. Ce reproche est fondé, mais cet anachronisme ne m'a pas dérangé. En fait, j'ai accroché à ce livre parce qu'il m'a ouvert les portes de thèmes que je ne connaissais à peine: la Salpêtrière et en particulier son quotidien de la fin du XIXe siècle, y compris les pratiques de Charcot, une certaine condition des femmes de cette époque, le spiritisme de Kardec. Cela m'a fait passer au second plan des aspects qui ont rebuté d'autres lecteurs, comme par exemple une intrigue assez légère et le fait que l'on décrive la préparation du bal mais fort peu le bal lui-même. Je dirais donc que si les thèmes du roman vous sont familiers, vous risquez d'être déçus. Mais si vous êtes comme moi, vous serez emballés !

Victoria Mas est la fille de Jeanne Mas, mais cela importe peu. « Le bal des folles » est son premier roman et moi, j'ai bien envie de la suivre !

Note: pour prolonger ma lecture, j'ai écouté l'émission que France Culture a consacré au Bal des folles le 15/02/2021. Elle est disponible sur https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/le-bal-des-folles-de-la-salpetriere-le-corps-exhibe . le second épisode de cette émission est consacré à Jane Avril, qui a été internée pendant deux ans de son adolescence et qui a découvert ses talents de danseuse pendant le Bal des folles. Elle est devenue une célèbre danseuse de cabaret et une muse De Toulouse-Lautrec.
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Ma plus grosse déception de l'année jusqu'à présent.

Résumé : À la fin du 19e siècle, il suffit qu'une femme sorte du moule imposé pour finir internée à l'hôpital de la Salpêtrière. C'est ce qui arrive notamment à Eugénie et Louise, qui prennent leurs marques sous la surveillance de l'infirmière Geneviève, à la fois sévère et juste. Chaque année, au mois de mars, est organisé un bal qui met en contact ces femmes internées avec le Tout-Paris : le « Bal des folles ». Mais la vocation de ce bal a quelque chose d'ambigu : s'agit-il de permettre à ces femmes de réintégrer la société ou de les exhiber comme des bêtes de foire?

Le début m'a donné une étrange impression de déjà-lu, autant dans les thèmes abordés que dans la construction de l'intrigue, comme si je devinais d'avance où allait mener chaque élément mis en place. On comprend assez vite le tour que va prendre l'intrigue et notamment la fin. Cela ne m'aurait pas tant dérangée s'il ne s'agissait que de ça, j'aurais même pu rehausser ma note à deux voire trois étoiles. Après tout, même si ce roman n'a rien d'original, il est tout de même bien construit et traite de thèmes graves qui méritent amplement d'être mis en lumière – et à voir le succès rencontré par ce livre, il semble d'ailleurs que cela ait été le cas.

Mais non. Il a fallu que l'intrigue ésotérique vienne tout gâcher.

Le personnage d'Eugénie a la particularité de pouvoir voir les morts et de leur parler, raison pour laquelle elle est internée. Pas d'ambiguïté quant à sa prétendue folie, elle a réellement un don de double vue. Tout l'enjeu du roman consiste à convaincre l'infirmière Geneviève de sa bonne foi pour celle-ci accepte de l'aider. Ainsi, l'histoire (et en particulier l'arc narratif de Geneviève) tourne autour d'une dichotomie que je suis vraiment, vraiment lasse de voir : les hommes/la science/la domination vs. les femmes/la spiritualité/la douceur… À ma connaissance, il est possible d'éprouver de l'empathie pour les gens tout en gardant un esprit rationnel et scientifique et j'aimerais voir cela mis en avant plus souvent dans la littérature, plutôt que de retrouver continuellement ce genre de cliché que je trouve insupportable.

Bref, ce point m'a complètement gâché la lecture et je ne pense pas relire cette autrice un jour.
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Dans ce premier roman étonnant , Victoria Mas dresse un constat sur la condition féminine à la fin du XIXe siècle.

Pour cela, elle invite le lecteur à pénétrer à l'intérieur des murs de l'Hôpital de la Salpêtrière à Paris. On y suit le quotidien de plusieurs femmes enfermées là parce qu'elles jetaient, pour telle ou telle raison (et l'imagination ne manquait pas chez ceux qui décidaient de leur enfermement), le trouble dans la société masculine. D'une plume délicate et pleine d'émotions, l'auteure nous offre de beaux portraits : celui de Louise, violée très jeune par son oncle, celui de Thérèse, l'ancienne prostituée meurtrière et celui d'Eugénie, placée là par sa famille car elle tente d'échapper à la destinée d'une fille de notaire. Pour veiller sur elles, on peut compter sur Geneviève, la plus ancienne des infirmières, entièrement dévouée et admirative du professeur Charcot qui y officie.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui se base sur des faits authentiques et notamment sur les expérimentations menées par le célèbre neurologue sur les "aliénées" de la Salpêtrière, le summum du voyeurisme étant atteint le jour du bal de la mi-carême où elles sont exhibées devant la bonne société comme dans un cirque. le récit démontre avec justesse et réalisme le peu de valeur que l'on accorde aux femmes dans un monde dirigé par les hommes. Leur intérêt réside juste dans la satisfaction du bon plaisir masculin.
Je déplore seulement que l'aspect médical ne soit pas davantage développé. La science justifiait-elle ces manipulations publiques ? Mais hélas, dans ce domaine aussi, ce sont les hommes qui mènent la danse... Malgré cela, "Le bal des folles" reste un excellent premier roman auquel j'accorde un 15/20.
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Lu ce roman d'une seule traite. Pour un premier roman, c'est un "beau" et poignant premier roman, même si la fin est prévisible. Je ne connaissais rien à l'histoire de la Salpêtrière ni à ce "bal des folles"... Avec ces femmes, enfermées parfois pour rien ou presque, toujours par des hommes, avec cette autre version des zoos humains comme il y en avait avec "les sauvages" et les handicapés, faite pour amuser les bourgeois, on se dit que la société a quand même évolué favorablement, en tous cas en France. Même s'il y a encore et toujours des progrès à faire.
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Eugénie est une jeune fille de "bonne famille" et il n'est pas de bon ton d'avoir soif de liberté de pensée et encore moins d'agir. En fin de XIX ème siècle une jeune fille doit rester à sa place et celle ci est bien trop étroite pour convenir à certaines. Quant à cet élan d'émancipation s'ajoute la particularité de dialoguer avec les morts la seule réponse possible est la Salpêtrière " un asile pour toutes celles dont la sensibilité ne répondait pas aux adultes. Une prison pour toutes celles coupables d'avoir une opinion."
Victoria Mas dans ce premier roman offre une belle histoire qui décrit bien la pensée bourgeoise de cette époque, les débuts de la psychiatrie sous l'impulsion de Charcot et, bien sûr, la violence et l'abus de pouvoir exercés sur les femmes avec le concours des médecins. A cette époque "les folles n'effrayaient plus, elles fascinaient.C'est de cet intérêt qu'était né le bal de la mi-carême...". Ce bal qui expose aux regards fantasmés des bourgeois, les aliénées de la Salpêtrière.
Si j'ai pris plaisir à lire ce roman, à y croiser des célébrités comme le photographe Albert Londe ou la danseuse Jane Avril, j'y ai trouvé moins de force et de réalisme que dans d'autres romans sur le même thème. Je pense par exemple à L'Étrange disparition d'Esme Lennox de Maggie O'Farell.
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Charcot, La Salpêtrière, les internées par contrainte, et plus largement le traitement des maladies mentales au 19e siècle...

Une thématique qui semble fasciner certains auteurs car les romans et films sur le sujet sont nombreux. Autant dire que le livre n'est pas fort original (Trop de parallèles avec La salle de bal de Anna Hope) et que sans m'ennuyer, je ne me suis pas passionnée pour ce huis clos social où la condition de la femme, soumise au diktat des hommes, nous apparaît toujours aussi révoltante, bien que connue. La nouveauté ici se concentre simplement sur l'engouement de l'époque pour le spiritisme.

Quelques réflexions néanmoins sont provoquées par le roman. Sans tomber dans le piège du jugement au rétroviseur, mon étonnement demeure sans limite pour ces décisions familiales qui, sous couvert de respectabilité, débarrassaient le plancher de toute personne sortant un tant soit peu de la norme établie. Ce manque d'empathie et d'amour au sein des familles me sidère et interroge sur la société bourgeoise d'un passé pas si lointain. Et que dire de l'incompréhension de l'identité féminine et de la définition de l'hystérie...

La jeune auteure produit ici un premier roman attachant et dynamique, joliment écrit, porté par des personnages féminins touchants et un univers médical carcéral.
Le bal des Folles apparaît, en tant qu'événement mondain parisien, comme la quintessence de l'indécence.
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Je remercie Catherine pour cette pioche pour le mois de Mai. J'ai acheté ce roman suite aux nombreuses critiques positives sur Babelio et son résumé m'intriguait. J'espère ne pas m'être trompée encore un coup…

Entre un début qui fait étrangement pensé à Sucker Punch avec ses aliénées et son bal, et un changement de personnage au milieu d'une famille aisée, je n'ai pas spécialement accroché. Après seulement 20p, j'avais déjà envie de l'arrêter. J'ai malgré tout décidé de lui donner une seconde chance tout en ayant peu envie d'y retourner… J'ai donc avancé un peu plus sans grande conviction. Comme dit mon compagnon, je dois être féministe sur les bords car je ne supporte pas de lire certains passages de l'Histoire française… Par ailleurs, j'ai dû mal avec les personnages créés par cette auteure, aussi bien masculins que féminins. L'auteure nous montre leurs caractères mais je les trouve très froid… Je n'arrive pas à avoir de l'empathie pour eux ni à m'attacher à eux. Pour ma part, il y a beaucoup de points qui vont à l'encontre d'une bonne lecture, même avec un court roman.

Comme vous l'aurez compris, je l'ai abandonné à même pas 50p, je n'arrivais pas à m'intéresser à l'histoire ni aux personnages. Peut-être pas la bonne période pour moi… Ou je n'accroche vraiment pas à la narration de cette auteure. Dommage pour moi mais ça fera toujours un livre de moins à lire. Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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A la Salpêtrière, les femmes pouvaient finir leurs jours enfermées par ordre d'un mari, d'un père parce que dépressives, infidèles, épileptiques, prostituées ou tout simplement gênantes. Tous les ans, avait lieu en ces murs un bal où le Tout-Paris mondain se pressait pour voir en vrai "les folles " comme une promenade au zoo ! Ce bal institué par le maître des lieux, le professeur Charcot, était une expérimentation médicale grandguignolesque qui ne choquait personne au 19ème siècle. de ce pan honteux de l'histoire de la psychiatrie, Victoria Mas en fait un roman émouvant en imaginant trois destins de femmes, ceux de Louise, Eugénie et Thérèse, de classes et d'origines différentes, mais toutes trois écartées du monde des hommes, par des hommes. Et puis, il y a Geneviève, infirmière dévouée aux méthodes du charismatique Charcot, peu chaleureuse et distanciée de par un secret douloureux.
Victoria Mas rend un hommage vibrant à toutes ces femmes injustement traitées, choisissant même de donner à Geneviève (personnage qui évolue jusqu'à devenir central) le patronyme de la plus célèbre des patientes de Charcot, Louise Augustine Gleizes, la "pin-up médicale " selon l'auteur Asti Hustvedt dans son livre Médical Muses.
Le fait de mêler du surnaturel à cette intrigue oppressante est bien amené et fait référence à la mode du spiritisme de l'époque.
Premier roman réussi et prometteur.
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