« Kadhafi, le foot et moi », le titre fantasque de cette uchronie a piqué ma curiosité. Montez à mes côtés dans la DeLorean : direction l'année 1985. L'Italie vit alors une période trouble de son histoire : elle est dirigée par Bettino Craxi et Giulio Andreotti (des champions de la corruption), les affairistes sont en pleine curée (Silvio Berlusconi lance notamment ses chaînes à présentatrices dévêtues dans toute l'Europe), et le pays vit les derniers soubresauts du terrorisme politique. Un malfrat de Turin surnommé Giambone est le protagoniste de cette histoire. Il a deux métiers, dealer et proxénète, mais c'est un malentendu qui va le conduire en prison. du fond de sa cellule, Giambone s'illustre par sa faculté à monter des arnaques. Repéré par un parrain de la mafia, il retrouve la liberté pour mener à bien un projet aussi fumeux que grandiose : faire entrer Kadhafi dans le capitale du prestigieux club de la Juventus de Turin. L'escroc part de zéro et va devoir utiliser tous ses talents pour entrer en contact avec les dirigeants libyens et avec la famille Agnelli, propriétaire de Fiat et de la Juve.
Le roman semble avoir été écrit sous montée de cocaïne. Ça part dans tous les sens à un rythme incroyable. Fidèle à sa réputation de Transalpin, Giambone est un hâbleur qui ne cesse jamais de fanfaronner. Sa logorrhée contient parfois des remarques pleines de lucidité sur sa situation et sur la société italienne. C'est un petit truand qui va se retrouver dans une histoire qui le dépasse tant les tensions diplomatiques sont vives. Des unités clandestines sous l'égide de la CIA et du MI6 agissent sur le territoire italien sans que le gouvernement en soit informé. Si l'Union soviétique agonise, d'autres menaces plus difficiles à maîtriser apparaissent. Lucas Maselli aime Turin, sa ville natale, et son roman nous permet de découvrir la capitale du Piémont, sa géographie, ses monuments et ses deux clubs de football qui divisent ses citoyens. « Kadhafi, le foot et moi » est un roman extravagant et débordant : l'auteur a intégré trop d'événements et de personnages historiques dans son histoire, quitte parfois à surcharger le trait. E un peccato, davvero (je tente de justifier mes années d'Italien LV3 d'il y a deux décennies...).
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Un grand merci aux éditions Métailié et à Babelio de m'avoir permis d découvrir ce roman.
Turin ,au milieu des années 80. La Fiat est omnipotente, les brigades rouges sévissent, la ville est scindée en deux entre les "bossus" , fan de la Juve , et les supporters du "Toro". Giambone est l'un d'eux .Petit escroc sans scrupule, il se retrouve en prison où il cherche moyen de s'enrichir.Sa vie va basculer quand il va attirer l'attention d'un parrain mafieux, voisin de cellule.
A travers les péripéties de Giambone, l'auteur nous dresse un portrait sans concession de l'Italie des années 80. Il le fait dans un vocabulaire cru, avec des métaphores très drôles et des idiotismes très bien traduits .Un homme petit se traduit ici par "mesurant un mètre et une couille" et tout est à l'avenant.
Les politiques sont bien habillés pour l'hiver , on retrouve quelques noms célèbres. Tout cela pendant que Giambone tente de monter son arnaque à laquelle lui seul croît.
C'est vif, plein de rebondissement, drôle, instructif , plein de suspens. Une bien belle découverte , un peu trash pour être mise en toute les mains peut être et encore , il existe bien pire .
Merci encore.
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ne comptez pas que je vous en dévoile plus sur l'intrigue , la 4eme de couv est totalement fidèle à l'imbroglio et à l'originalité de ce roman.
Je peux juste vous dire que la lecture est plaisante , plutot bien écrite (sauf le début où on est dans la tête de Giambone, et là, j'ai eu du mal à suivre...), il y a plein de situationd cocasses et drôles, les personnages sont attachants et à chaque fin de chapitre, on a envie de savoir la suite ....
j'ai donc beaucoup aimé ce roman, excellent pour se changer les idées de la tête sans chercher à trop réfléchir sur la vraisemblances de certains enchainements ....
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Une arnaque est en soi une chose très simple. C’est comme pêcher. Vous devez avoir un appât appétissant, et le montrer au poisson sans éveiller ses soupçons. Les poissons ne sont pas cons. Ils ne se fient pas à un ver qui leur rentre dans la bouche tout seul, ils le crachent tout de suite. Vous devez lui faire voir le ver et le faire se dérober, vous devez le rendre dingue, le poisson, vous devez lui donner du mou, le fatiguer à suivre votre appât jusqu’à ce qu’il morde. Au moment où il vous remet l’argent, il faut que le poisson soit convaincu que c’est lui qui vous a arnaqué. Vous ne pouvez pas arnaquer un type honnête.
Huit heures à se crever la paillasse sur la chaîne de montage pour un appartement de 65m², la 850 au garage et la montre en or dans le tiroir, prêts à devenir des débris bons pour la casse en quarante ans. De toute façon, avec ces rebuts humains, notre bien-aimé Institut national de prévoyance fait une affaire : après une vie à la peinture, à la fonderie ou aux presses, si, une fois retraités, ils durent six mois, ce sera déjà trop.
Les enfants désirent fortement les cadeaux, et pour les avoir, ils croiraient à n’importe quoi, même à une licorne rose qui se gratte le cul avec le truc qu’elle a sur le front. Et les taulards veulent la liberté au point de croire quiconque la leur promet, fût-ce un démocrate-chrétien qui n’a pas dit une seule fois la vérité dans toute sa vie, même quand il a pleuré dans les bras de la sage-femme.
Il existe deux genres d'idiots : Ceux qui renoncent à faire quelque chose parce qu'on les a menacés et ceux qui font quelque chose parce qu'on les menace.
p168
Ici, il y a des gentilshommes comme moi : innocentes victimes de malentendus que la bureaucratie transforme en injustices. Il y a les réguliers et ceux de la pègre. Il y a les détenus politiques (communistes ou fascistes ou anarchistes, toutes les nuances du rouge au noir), que pour faire court tout le monde appelle “les politiques”. Chacun a son rôle : les politiques savent lire et écrire et donc ils compilent les petites requêtes, les recours et les appels pour ceux qui ne savent pas. Incroyable le temps qu’on perd à écrire, en taule. Et ils le font gratis : de toute façon, ces gens font feu gratuitement, pourquoi devraient-ils se faire prier pour écrire ? Bien sûr, de temps en temps, à aller voir les politiques, on se tire une balle dans le pied parce qu’ils ne sont pas si justes que ça. Si vous les laissez faire, vous ne comprendrez pas à tous les coups ce qu’ils écrivent.