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Critique de SerialLecteurNyctalope


RÉSILIENCE CONTÉE

Il y a des romans qui saisissent plus que d'autres. Avant que le monde ne se ferme fait partie de ceux dont les personnages ne peuvent nous quitter. le monde peut-il se fermer ? À qui ? À quoi ? Il s'est fermé à d'innombrables reprises à ceux que certains considéraient comme inférieurs, différents ou inutiles. Alain Mascaro avec ce premier roman écrit l'indicible avec dignité tout en faisant de chaque décision un rouage du destin. Un simple exode change le cours d'une vie au XXème siècle. Ce dernier qui est venu bouleverser la perception de la mort, elle qui fut si simple à causer. D'une simple phrase. D'un seul ordre.

Alain Mascaro banalise à la perfection le fait d'ôter une vie comme elle s'y ressentait au siècle dernier. On s'habitue vite à la puanteur, aux corps putréfiés, entassés et sans vie. Que dire de cette résignation à vivre dans des conditions où le simple fait d'ouvrir la bouche pour y accueillir un morceau de pain devient jour de fête. Trouver de l'espoir devient une utopie. Alain Mascaro ne triche pas avec la réalité de la seconde guerre mondiale où les morts s'amoncellent, où ils ne deviennent que des noms sur des pierres tombales quand ils ont la chance d'en avoir une.

À travers le destin incroyable d'Anton Torvath, tzigane et dresseur de chevaux au coeur de la steppe kirghize qui traversera le siècle en connaissant peu de choses réjouissantes, Alain Mascaro nous invite à ouvrir nos connaissances. le porajmos, génocide tzigane toujours aussi méconnu devient la toile de fond d'une épopée meurtrière où le Kaddish assourdissant ne lâche plus nos âmes. La culture tzigane à travers les contes entre en résonance avec la culture yiddish qui m'a longtemps fait penser à Sholem Aleikhem. À travers différentes rencontres où chaque personnage secondaire trouvera une clé pour Anton, Alain Mascaro m'a saisi par le cadre historique parfaitement maîtrisé. Tout autant que par cette pudeur incandescente qu'on retrouve à chaque épisode de la vie de cet adolescent où la lumière jaillit de ses yeux.

Si chaque individu au coeur du ghetto attend sa mort, après les rafles, le typhus, les convois, la famine, les exterminations, le salut vient parfois d'un autre être mutilé qui pourra nous comprendre plus que quiconque.
Si vous avez aimé Les Oxenberg et les Bernstein de Catalin Mihuleac ou le gang des rêves de Luca di Fulvio, ce roman est pour vous.


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