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EAN : 9782253068518
432 pages
Le Livre de Poche (13/05/2015)
2.8/5   28 notes
Résumé :
Bianca, jeune peintre surdouée, fait ses premiers pas vers l'indépendance dans la Lombardie de 1840, sous la domination autrichienne. À l'invitation d un poète célèbre, influent et féru d'horticulture, don Titta, elle entame la réalisation d'un catalogue illustré sur la flore de son domaine, d'une richesse exceptionnelle. N'appartenant ni à la classe des maîtres ni à la domesticité, Bianca devient l'observatrice privilégiée de la demeure et devine des secrets sous l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Fin, agréable et coloré, ce roman propose un joli portrait de femme au début du XIXème siècle, dans une Lombardie alors gouvernée par l'Autriche. Une époque où l'indépendance des femmes était encore soit une illusion, soit soumise à l'approbation d'un homme (un père, un mari...) éclairé ou en avance sur son temps. le parcours de Bianca en est une parfaite illustration, dépeint avec beaucoup de charme et une plume aussi légère qu'un pinceau.

Bianca est une jeune femme accomplie, élevée dans un environnement masculin après le décès précoce de sa mère, entre un père aimant aux idées progressistes et deux frères aux tendances protectrices. Peintre émérite, encouragée par son père qui la voudrait pleinement accomplie et indépendante, Bianca accepte l'invitation de Don Titta, noble milanais, poète et paysan comme il se définit lui-même à venir séjourner dans la propriété familiale afin de répertorier et peindre chacune des espèces végétales du domaine. le statut de Bianca lui permet de côtoyer cette grande famille, ses secrets enfouis et la petite cour qui l'entoure, et son talent lui vaut bientôt une réputation et de nouvelles commandes. Bianca s'enhardit, entrevoit l'indépendance financière que son père a souhaitée pour elle. Mais elle est jeune encore, pas assez aguerrie aux dangers qui guettent une jeune femme un peu trop romantique, un peu trop encline à vouloir faire le bien des autres malgré eux. Au fil des saisons, l'apprentissage de Bianca devient plus dangereux à négocier...

Une jeune femme étonnamment moderne, par les bons soins de son père qui lui avait révélé les motifs du choix de son prénom : "Tu t'appelles Bianca parce que nous t'avons voulue simple, essentielle, pure. Parce que nous voulions que tu choisisses toi-même tes couleurs". Et Bianca, spécialiste des couleurs dont elle compose ses toiles avec une sensibilité incontestable peine encore à trouver les siennes, troublée par les hommes qui l'entourent et parfois trompée par ses sentiments.

L'auteure n'hésite pas à user des couleurs, telle une palette de peintre pour faire jaillir les paysages, les décors et les saisons. Ce qui donne une belle sensation d'ensemble et une lecture bien agréable, un voyage parmi les merveilles végétales et les méandres de la nature humaine. Une leçon de choses, plus qu'une leçon de vie.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Début du XIXème siècle en Italie ou plus précisément dans le Milanais (sous autorité autrichienne) car le pays n'est pas encore unifié mais frémit déjà d'idées nationalistes.
Bianca, une jeune aquarelliste, ayant reçu une éducation étonnamment moderne pour l'époque, est engagée par Don Titta, un célèbre poète afin de peindre l'exubérante flore de son immense domaine de Brusuglio. Elle prend alors une position un peu particulière dans la famille, capable d'attirer les confidences de Donna Clara, la mère du poète, comme de celles des domestiques, notamment les jeunes Minna et Pia (cette dernière intriguant tout particulièrement la jeune peintre par le traitement de faveur dont elle semble bénéficier par rapport au reste de la domesticité). Son statut d'employée est comme une interface tournée soit vers le domaine des maîtres soit vers le monde ancillaire. Pour autant, elle cherche un peu sa place, doit supporter quelques remarques discourtoises suscitées par l'originalité de sa situation (s'offrir les services d'une aquarelliste reste une folie coûteuse et remarquée même au sein de la noblesse ). Dans cette position intermédiaire, elle rejoint quelque peu Innes, le précepteur anglais de la nombreuse tribu de Don Titta mais celui-ci est accaparé par son amitié quasi fusionnelle avec le maître avec qui il partage des activités politiques subversives. L'auteure ne fait que les sous-entendre, ce que j'ai trouvé un peu dommage, un contexte politique et historique plus explicite aurait selon moi amené plus de densité.
Bianca réalise alors que l'action, les décisions se situent du côté des hommes et que les femmes, même riches, ne peuvent que suivre et s'adapter. Lorsque la famille quitte Brusuglio pour prendre ses quartiers d'hiver dans son hôtel particulier à Milan même, Bianca, au départ un peu désoeuvrée, se donne pour mission d'enquêter sur les origines de Pia, abandonnée bébé, à l'assistance publique.
Jusque là, le livre est plutôt lent et cette enquête amène un peu d'action mais pour autant, j'ai été déçue par le traitement que l'auteur donne à cette affaire, une fois la vérité découverte. Cela m'a semblé confus et surtout plat.
Globalement ce livre m'a donné la sensation d'aborder plusieurs pistes mais en les traitant souvent de manière fort diluée (un peu comme l'aquarelle) ce qui donne une impression de longueur.
Pour autant, c'est un livre qui a des qualités car il est bien écrit, ambitieux par la pluralité des thèmes qu'il aborde et les amateurs de botanique pourront se régaler des très belles descriptions. Il est également assez détaillé sur le fonctionnement de l'institution d'assistance publique au XIXème siècle à Milan, c'est d'ailleurs ce qui a motivé son écriture comme nous l'explique elle-même l'auteure, un aspect d'histoire sociale fort intéressant, rien que pour lui-même.
Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Il fait chaud, bien chaud à Brusuglio où vient de s'installer Bianca, loin de son Angleterre natale. Mais le temps n'est pas à la flânerie. Bianca vient d'être embauchée par celui que tout le monde appelle ici le Poète, don Titta, et il y a beaucoup à faire. Entourée de cette nouvelle famille qu'elle ne connaît pas encore, elle est chargée de peindre, répertorier, classer toutes les plantes du jardin. L'art de la peinture cherche à imiter une nature trop rapidement changeante, il faut faire vite. Bianca passe donc le plus clair de son temps à travailler et sa passion va se mêler à celle du Poète. Grâce à son esprit vif et intelligent, elle ne va pas tarder à se faire accepter par toute la famille, bénéficiant de certains privilèges qui font d'elle une domestique de luxe, diront les autres domestiques de la maison…
La vie à la campagne est douce, chaude et lente, parfois interrompue brièvement par les visites des amis venus de la ville. Cette vie en apparence si tranquille cache pourtant quelques secrets. Pourquoi le maître de la maison si mystérieux s'enferme des heures, parfois des jours entiers dans son bureau ? Quelle est la nature des conversations secrètes qu'il entretient avec son ami et poète Tommaso ? Quels secrets renferment le passé de donna Clara et d'où vient Pia dont l'esprit et les connaissances la distinguent des autres domestiques parmi lesquels elle ne semble pas avoir sa place ? Bianca le sait, il se passe beaucoup de choses à Brusuglio. Tout le monde semble savoir, mais personne ne parle. Derrière les conversations de convenances, une fenêtre restée ouverte et Bianca surprend des bruits de couloir…
Dans ce monde où la politique et l'art sont entre les mains des hommes, sortant des sentiers battus que lui impose sa condition de femme en ce début du XIXe siècle, Bianca choisit d'agir, choisit d'imposer ses désirs et ses choix. La revendication de son indépendance fait écho au désir d'indépendance qui anime Titta pour sa chère Italie. Mais cela ne peut se faire sans essuyer des déceptions, quelques désillusions, sans même un drame.

Je suis tombée sur le roman de Béatrice Masini tout à fait par hasard alors que j'étais à la recherche d'un roman d'un auteur Argentin. Et je dois dire que je suis agréablement surprise par la lecture de L'Aquarelliste. Béatrice Masini manie les mots agréablement et la qualité des tournures employées est un enchantement à chaque page. Les phrases sont longues, suaves, les mots chantent à nos oreilles et nous projettent au coeur du jardin de Brusuglio, abrités de la chaleur sous l'ombre d'un arbre fruitier.
Ce roman est véritablement un roman d'éducation et d'émancipation, et j'ai pris un immense plaisir à suivre Bianca dans un monde qu'elle a parfois du mal à comprendre.
Belle découverte.
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le prologue nous donne le sentiment de prendre l'histoire en cours de route. Une jeune femme vit avec effroi, envie, douleur, une première fois à laquelle elle n'est pas certaine de pouvoir associer le mot amour. Un changement de page, une simple indication temporelle, "six ans plus tard", et nous découvrons l'existence à Milan, devant Santa Caterina, d'un mécanisme, un tour qui permet de déposer dans des bassins de bois des nourrissons que l'on souhaite confier aux bons soins de la ville. Celle-ci se charge de placer les nouveaux-nés dans des familles d'accueil et pour peu que les parents aient laissé un signe distinctif, ils pourront les reprendre à tout moment. Une femme laisse avec une immense peine son bébé. Est-ce la femme de la première page ? Rien ne nous permet de l'affirmer. Ces deux scènes trouveront leur explication vers la fin de l'histoire, Béatrice Masini met en avant deux pièces du puzzle narratif pour intriguer le lecteur.

Avril 18**, Bianca,dix-huit ans tout juste, de nationalité anglaise, arrive à Brusuglio, un village lombard. Elle a été engagée par Don Titta, un poète au comportement jugé souvent excentrique. Il compte sur elle pour illustrer par ses talents d'aquarelliste le catalogue qui répertoriera les merveilles de son domaine. Don Titta, quand il n'est pas absorbé par l'écriture, se passionne pour l'horticulture et a crée "un jardin extraordinaire" où l'expérimentation est la règle. Notre héroïne trouve difficilement ses marques dans une maisonnée où Donna Clara, la mère de Titta, donne le la. Petite bonne femme boulotte, ancienne beauté, son rôle de reine des abeilles lui redonne de la respectabilité et fait oublier sa jeunesse mouvementée. Elle règne sur le domaine. Sa belle-fille, Donna Julie et ses cinq poussins, les domestiques dont les très jeunes Minna et Pia, le précepteur anglais des enfants, un jeune "apprenti" poète "recueilli par son fils constituent son petit peuple et elle essaie de tuer dans l'oeuf toute velléité d'indépendance. Bien évidemment, derrière son dos, bruissent les cancans et les critiques. Bien évidemment, des alliances se nouent et des amourettes naissent. Bianca apprend au fil des saisons à mieux connaître chacun des membres de la maisonnée, son talent pour la peinture s'affirme, l'adolescente devient femme et s'émancipe, autant que la société de l'époque le permet.

Beatrice Masini cultive une passion communicative pour les fleurs qu'elle décrit avec un luxe extraordinaire de détails. Elle leur donne une personnalité que Bianca réussit à faire apparaître dans ses tableaux. Les couleurs flamboyantes de l'été donnent à voir des fleurs pleinement épanouies mais les rigueurs de l'hiver, notre aquarelliste s'en aperçoit, affirment chez elles une autre beauté, une beauté faite de branches nues, de sobriété, de dépouillement.

le roman est foisonnant, les personnages nombreux, les détails multiples, les intrigues secondaires nombreuses et le lecteur parfois s'essouffle mais l'impression qui va me rester est celle d'une langue précieuse et délicate.
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Après un prologue qui laisse deviner le drame d'une femme, drame commun à de nombreuses jeunes filles du XIXème siècle, le roman suit les pas de Bianca, jeune fille orpheline qui voyage pour aller s'installer auprès d'une famille aisée dans une grande maison entourée d'un vaste parc. Y vivent une grand-mère autoritaire, une mère et cinq enfants, et le père, poète habité par son écriture et au comportement parfois déroutant.
« C'est une étrange famille, une mixture d'affectations et de soucis concrets, un balancement de positions sociales, où, l'espace d'un instant, on veut bien se mêler au peuple et où, l'instant d'après, on prend de grands airs dédaigneux ; où, un instant l'on rit, et le suivant on affiche le plus grand sérieux. » Ces lignes définissent bien la famille pas tout à fait dans la norme, progressiste à une époque qui commence à peine à l'être, artiste mais cependant bourgeoise. le statut de Bianca y est mal défini, ni domestique, ni invitée, ni amie de la famille, employée mais libre de son temps et de ses allées et venues, ce dont elle profitera bien à un certain moment… Mais non ! Pas pour faire des frasques, car Bianca est plutôt sage, mais pour exécuter des travaux d'aquarelle pour le maître de maison, et aussi, de manière plus secrète, mener des recherches à propos d'une jeune domestique.
Un léger reproche serait que le lecteur ne sait pas trop où il va : roman d'apprentissage, récit d'amitié, histoire autour de secrets de famille ou autour de la création artistique, arrivée au milieu du roman, j'en étais toujours à conjecturer. Puis tout s'éclaire lorsque Bianca veut faire le bonheur des autres malgré eux, notamment de la petite Pia, laissée mais non pas abandonnée, juste après sa naissance, et que Bianca imagine pouvoir retrouver les parents de celle-ci…
Pouvoir se mettre dans la tête d'une adolescente du début du XIXème siècle est certainement un exercice difficile et Beatrice Masini y réussit à merveille, c'est le point fort de ce roman plein de charme, ainsi que la description du milieu où évoluent les personnages. On n'est d'emblée ni uniquement du côté des maîtres, ni seulement auprès des domestiques, et par ce côté, le roman est à rapprocher d'Une saison à Longbourn, peut-être parce que son souvenir est encore vif dans ma mémoire. Les quelques longueurs de ce roman, pour moi qui ne suis pas très fan de romans historiques, sont largement rachetées par un final émouvant.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Viorne: le mot lui roule sur la langue comme une baie mûre, et, prenant papier et crayon, elle se demande ce qui est le plus beau, de la plante ou de son nom. En cela, réfléchit-elle, peut-être la poésie est-elle un art supérieur, car elle nomme les choses par leur son et, une fois écrite, par le signe; alors que son art à elle est muet: il n'interpelle qu'un seul sens, et ne sonne jamais. Sauf quand je déchire un feuillet en mille morceaux, se dit-elle, écoutant en esprit le sifflement du papier gaspillé.
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C'est un jardin de campagne, ni italien ni français, différent de tous les autres : un bâtard dont la mère se nommerait beauté et le père expérience; il n'a pas le charme de ses frères anglais, où les fleurs les plus rares ont l'allure dépeignée des herbes folles, où les roses s'appuient aux troncs comme des demoiselles fatiguées, et où d'improbables prés couleur d'émeraude s'étendent, compacts et embellis d'humidité. C'est aussi un jardin plein de contradictions, comme son propriétaire : grandiose et humble à la fois, populaire et altier
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En voyageant, elle est une autre : non celle qu’elle a toujours été, non celle qu’on attend et à qui on s’attend à l’arrivée. En suspens. Et elle a toujours eu cette sensation précise, même avec son père à son côté, quand ils étaient loin de chez eux, libres ensemble, définis seulement par le lien qui les unissait. […] A présent, sa voie est tracée, et un puissant aimant attire la voiture vers son but. Qu’on l’appelle destin, ou devoir. Et si une robe de voyage doit être sombre, pour dissimuler la saleté et les taches, elle a tout exprès choisi la sienne claire, pour qu’elle portât bien les empreintes du changement. Son dernier petit défi. p.18.
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Les fleurs, molles et mouillées, dans leurs cadres vert et dorés ; les feuilles, mortes depuis longtemps quand on contemple leur portrait suspendu au mur : tout cela est si gracieusement imité, et si vain ! Car dans la vie réelle, tout cela vaut beaucoup mieux en vrai qu’en effigie. Au contraire, les histoires écrites sont plus fortes, plus colorées, plus vivantes que la vie ; et comme si cela ne suffisait pas, les pages qui les accueillent sont prêtes à prendre et reprendre vie chaque fois qu’on y pose les yeux. p.71-72.
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Il y a aussi des jours qui commencent de la pire façon et ne peuvent que s'améliorer, quand la colère, la frustration et cette rancoeur qui vous pousse à détester tout le monde, à commencer par vous-même, se font jour avec l'aube, puis se dissolvent comme givre au soleil.
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Beatrice Masini à "Littératures Européennes"
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