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EAN : 9791091156691
196 pages
Editions Anfortas (13/05/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Depuis le 16e siècle, l'Occident traduit Tao par voie. Si cela se justifiait dans le contexte chrétien et philosophique de l'époque, est-ce encore pertinent aujourd'hui ?

Non, répondent la pensée contemporaine et la pensée traditionnelle chinoise. Tao depuis toujours signifie "dire". Il s'agit d'un discours inconscient qui ressemble, à s'y méprendre, à celui de l'Unbewust de la psychanalyse.

En redonnant le sens de dire à Tao, les 81 po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Chaque traduction est une interprétation. La psychanalyse, férue dans l'art de l'interprétation, peut-elle se risquer à la traduction ?


Le psychanalyste Guy Massat s'allie à Arthur Rivas, chercheur en langues orientales, pour proposer une autre lecture du Tao.


La langue chinoise ne peut pas être abordée d'une manière aussi rigide que les langues occidentales. Si ces dernières « aiment donner à chaque mot une identité précise qui ne change pas », la sémantique chinoise est plus subtile et attribue au mot Tao au moins cinq sens différents (selon le dictionnaire de Matteo Ricci, missionnaire jésuite italien du 16e siècle) : « : 1) route, chemin, voie à suivre. 2) Règles des actions. 3) Doctrine. 4) Prénom féminin et 5) Dire, parler ». Si c'est le sens de « voie » qui fut retenu à cette époque du 16e siècle « où il n'y avait qu'un seul Dieu et qu'un seul infini », la traduction de Massat & Rivas choisira quant à elle le sens de « voix » ; car Massat, lecteur rigoureux de Lacan, n'a pas oublié l'anecdote suivante :


« En 1969, Jacques Lacan, diplômé, entre autres, de l'Institut des langues orientales, contacta un érudit de Nankin, François Cheng, […] pour des entretiens réguliers sur la pensée chinoise. Quand ils abordèrent les diverses interprétations étymologiques de Dao, Lacan proposa « la voie c'est la voix ». François Cheng approuva. »


Cette voix est celle du « Dire véritable ». Ce n'est pas seulement un jeu car en remplaçant la voie par la voix, on élargit le sens du Tao en offrant une nouvelle lecture qui permet de résoudre certaines obscurités des versions antérieures. « Cela permet de le différencier à la fois de sa dimension religieuse et de sa dimension ontologique. »


La topologie lacanienne trouve dans cette traduction une application poétique frappante. L'importance du vide créateur de toute chose, l'accueil heureux du manque comme aptitude au discernement et l'inconscient comme pouvoir suprême concourent à la béatitude de celui qui s'est fait l'imbécile heureux des autres. S'ouvre la voie de l'émergence de la Voix, du dire véritable. Et l'on comprend que les différentes traductions du Tao ne s'excluent pas mais se complètent, et qu'il serait dommage d'en négliger certaines simplement pour apaiser un certain besoin d'ordonnancement de la sémantique occidentale.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les langues occidentales, qui se croient encore supérieures, aiment donner à chaque mot une identité précise qui ne change pas : un chat est un chat. Le Dao est le Dao, la voie est la voie. Or, la sémantique chinoise est beaucoup plus subtile. Le dictionnaire Ricci lui-même note, non pas une, mais cinq significations de Dao : 1) route, chemin, voie à suivre. 2) Règles des actions. 3) Doctrine. 4) Prénom féminin et 5) Dire, parler.
[…] Il nous a donc paru intéressant de pouvoir reprendre une autre définition de Dao, non plus celle de « voie », mais de « dire », verbe plus plastique et mobile qui permet non seulement de ne pas se soumettre à l’illusion de quelque totalité close, réductrice et englobante, mais qui permet de valoriser l’existence de tous les phénomènes, quels qu’ils soient, pour traduire les 81 poèmes du Dao De Jing.
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Le Dire véritablement dire est autre que les dires ordinaires.
Les noms et les mots ordinaires ne sont ni les noms ni les mots véritables.
Cependant, nommer cette faille fait surgir « des terres et des cieux ».
C’est qu’avoir un nom c’est comme avoir une mère.
Pourtant, c’est aussi ce qui gâche le plaisir de voir les choses et les êtres comme autant de merveilleux miracles, et entretient la folie de leur inventer des raisons.
Cependant, Raison et Miracle ne diffèrent que de nom.
Ils ont la même origine.
Cette origine s’appelle l’Obscur.
Cet Obscur plus obscur que tout obscur, mais dynamique et inépuisable, est la porte de tous les prodiges.
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Ne pas choisir délivre des soucis.
Inverser les valeurs libère de leur emprise.
Le vide séparatif est un pur plaisir dénué de toute culpabilité.
C’est par le vide que les esprits et les ventres se soulagent.
L’homme juste se détache des choses conjoncturelles en faveur du vide qui les structure, de telle sorte que rien de soi-disant immuable ne puisse imposer sa loi.
Le sage enseigne que c’est du vide séparatif que dépend l’harmonie de tous les mondes.
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Qu’est-ce que l’Occident ?
C’est la pensée de l’être. C’est parce qu’il y a de l’être qu’on parle.
Qu’est-ce que la Chine ? C’est la pensée du vide, Wu (c’est-à-dire la pensée qu’il n’y a pas d’universalité statique qui engloberait toutes choses.
C’est parce qu’il n’y a rien que ça parle. Ça parle de ce dire sans nom dont dépend toute totalité (Dao), du « parlêtre », de ce dire qui « reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend (L’étourdit, Lacan), bref du « dire de l’inconscient », cette « dynamique obscure », selon la formule de Freud.
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Par l’affirmative universelle, explique Lacan dans Problèmes cruciaux pour la psychanalyse (leçon du 10 mars 65), tous savent ce qu’il en est du bien, alors que c’est de cela que naît son contraire. Définir le bon, c’est du même coup définir le mal. Ce n’est pas une question de frontière, d’opposition bicolore, c’est un nœud interne, un nœud de langage.

[note Guy Massat]
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