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Critique de enjie77


Après quatre-vingt-dix-neuf critiques, je me suis demandé s'il était nécessaire d'écrire un énième commentaire. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de rédiger ces quelques lignes sur cet « Ange de Munich » qui m'a passionnée et qui mérite d'être distingué, malgré quelques longueurs.

Munich, 1931, le Krach de Wall Street est passé par là. La récession américaine parvient jusqu'en Europe. L'Allemagne est particulièrement dépendante du marché et des finances américaines. L'état des ressources de la République de Weimar est catastrophique, le secteur bancaire est à l'agonie, le chômage est à 30 % et pour couronner le tout, les dernières élections au Reichstag, en septembre 1930, donnent le parti nazi en deuxième position après les socio-démocrates. Mais Munich ne résiste pas trop mal grâce à son centre technologique d'où émergent des fleurons tels que BMW, Osram et Siémens dont la notoriété est en passe de devenir mondiale.

Deux commissaires, amis de très longue date, Sigfried Sauer et Helmut Forster, son adjoint, sont convoqués dans le bureau du directeur de la police criminelle, Zavi Tenner. Ils vont avoir en charge d'enquêter sur le supposé suicide d'une jeune femme qui n'est autre que la nièce d'Adolf Hitler, Angela Raubal dit « Geli », retrouvée morte dans sa chambre, fermée à clef de l'intérieur, une arme à feu gisant sur le canapé près du corps.

Basé sur une histoire vraie, ce « suicide » n'a jamais été élucidé. L'auteur s'est penché sur le destin de cette jeune femme dont la mort a été balayée par la folie nazi qui allait tout détruire autour de lui. Fabiano Massimi s'est appuyé sur une importante documentation et un sérieux travail d'archives qui aura duré trois ans. Il a été aidé par des historiens afin d'élaborer ce récit qui s'avère plausible malgré toute la partie fiction qui donne un polar historique passionnant. Néanmoins, à retenir, les noms des commissaires sont exacts même si les dialogues sont de pure fiction. Ils ont bien enquêté sur le sort de Géli.

J'ai beaucoup lu sur cette période et j'ai, malgré tout, appris encore beaucoup de choses que j'ignorais sur la personnalité perverse d'Hitler. Quant à Géli, il est très difficile de saisir sa personnalité, tous les témoignages viennent se contredire les uns et les autres. A croire, qu'il y avait plusieurs Géli dans une seule.

Ce ne sera pas une enquête facile, beaucoup d'obstacles vont entravés leurs investigations. Les incohérences sèment le trouble et les inspecteurs tentent par tous les moyens de contourner les interdictions malgré la pression, les intimidations, quant il n'y a pas le suicide d'un possible témoin. C'est donc dans ce véritable labyrinthe nauséabond, entre politique et intimité, sexe et complot, que l'auteur construit un polar d'excellente facture. J'ai eu l'impression de retrouver l'affaire Robert Boulin. Tout au long de cette enquête, on ressent bien l'atmosphère délétère qui régit les rapports humains, l'insécurité qui les gangrène. Les sympathisants nazis noyautent l'administration, les chemises brunes et leur brutalité se promènent dans Munich, l'antisémitisme est dans l'air du temps, rien n'échappe au lecteur.

L'auteur a su parfaitement recréé l'environnement d'Hitler et de sa nièce. Il nous entraîne dans une visite des coulisses du pouvoir, de l'envers du décor de ceux qui font le NSDAP, de leur noirceur et c'est assez révélateur de ce qui va se jouer dans un avenir proche, cela fait froid dans le dos !

Heydrich, Himmler, Hess, Hoffmann, Goering, Goebbels, Muller, l'éditeur de Mein Kampf, Strasser, von Schirach, la garde rapprochée d'Hitler évolue sous nos yeux dans une République de Weimar moribonde et ils veillent à ce qu'aucun scandale ne vienne interrompre la carrière de leur cher Adolf !

« Au centre du dédale, Minos ne cache pas une bête inoffensive mais le Minotaure, le fils bestial dont il a honte et dont il a peur ».


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