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Nathalie Bauer (Traducteur)
EAN : 9782264077561
912 pages
10-18 (13/08/2020)
4.13/5   316 notes
Résumé :
11 septembre 1844, apparition. Heyum Lehman arrive de Rimpar, Bavière, à New York. Il a perdu 8 kg en 45 jours de traversée. Il fait venir ses deux frères pour travailler avec lui. 15 septembre 2008, disparition. La banque Lehman Brothers fait faillite. Elle a vendu au monde coton, charbon, café, acier, pétrole, armes, tabac, télévisions, ordinateurs et illusions, pendant plus de 150 ans. Comment passe-t-on du sens du commerce à l’insensé de la finance ? Comment des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
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On pourrait penser à un conte, ou bien à un long poème, à l'ouverture de ce livre aux 838 pages. Mais, une fois refermé, je me dis que ce n'est pas encore tout à fait cela. Cette forme aux 30 000 vers, à tort ou à raison, semble vouloir inscrire cette histoire des frères Lehman, dans les tables d'une nouvelle religion, et pas n'importe laquelle : celle du culte de l'argent, du fric, du flouse, du pognon, de l'oseille, enfin… de la Finance en règle générale.

Exagéré ! Me direz-vous ? Mais qui dirige actuellement le monde depuis plus d'un siècle ? Qui fait plier les peuples, obéir les puissants et détourner les révolutions ? L'Argent. Il méritait bien une épopée à la forme d'un livre sacré : Levée de rideau sur la genèse et balbutiements de la petite entreprise Lehman, développement et prospérité incroyable à l'entracte, jusqu'aux heures de gloire et l'anéantissement de la société au tombé du rideau. Victime collatérale du grand spectacle du monde…

"Il n'y a qu'une seule règle
pour survivre à Wall Street
et elle consiste à ne pas succomber
ce qui signifie
que le financier ne doit pas
lâcher prise un instant :
qui s'arrête est perdu
qui reprend son souffle est mort
qui s'installe est piétiné
qui réfléchit peut le regretter amèrement
et donc courage, Sigmund :
chaque banquier est un guerrier
et ceci est le champ de bataille".

Tout commence par l'arrivée, sur le sol américain, d'un jeune allemand émigré de Bavière, bien décidé à gagner sa vie et connaître un autre destin que celui de son père. Henry Lehman s'adapte rapidement à sa nouvelle vie et va développer un sens du commerce, lui permettant de répondre aux besoins de ce nouveau monde, de les anticiper et même, à long terme, d'en créer de nouveaux. Il fait venir ses frères pour le suppléer et voici posées les premières pierres de l'Empire. Les Lehman ont vendu un nombre incalculable de produits et de matières premières, jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'au-delà de la marchandise, il y a les transactions, l'échange, la Bourse… l'argent en soi et pour soi, la Finance comme vecteur et suprématie de toute chose.

"Si nous persuadons
le monde entier
qu'acheter, c'est vaincre,
alors acheter signifiera vivre.
Car l'être humain, messieurs,
ne vit pas pour perdre.
Vaincre, c'est exister.
Si nous persuadons
le monde entier
qu'acheter, c'est exister,
nous briserons, messieurs,
la vieille barrière qui se nomme besoin.
Notre objectif
est une planète Terre
où l'on n'achète pas par besoin
mais où l'on achète par instinct.
Ou, si vous voulez, en conclusion, par identité.
Alors seulement les banques,
et avec elles Lehman Brothers,
deviendront immortelles."

Ce récit de Stefano Massini est fascinant, parfois dur, mais bourré d'humour – qui fait rire de bon coeur ou grincé des dents parfois – et d'une belle lucidité sur notre monde, les médias, l'art de la manipulation et de bien d'autres choses encore qui expliquent l'excellence et la réussite des Lehman – et de ce livre !

Je lisais dans une autre critique, que c'était aussi l'histoire de l'Amérique, du capitalisme et par la même occasion de notre monde moderne. C'est tellement cela également !

Merci aux éditions Globe et à Babelio d'avoir mis ce livre entre mes mains.
Lien : https://page39web.wordpress...
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Stefano Massini: bravo, et rebravo!
Bravo parce qu'à moi, totalement imperméable à tout ce qui touche à l'économie et au monde de la finance, il a réussi à faire avaler un pavé de 800 pages sur l'ascension sur deux siècles de la famille Lehman, fondateurs de la banque Lehman Brothers, lecture qui m'a procuré un énorme plaisir!
Pour ce faire, Stefano Massini, grand dramaturge italien, a imaginé une forme originale, ancienne finalement et épique pour évoquer cette fantastique ascension qui pourrait sembler bien ennuyeuse si elle était présentée plus classiquement.
800 pages poétiques sur le monde glacial de la finance, quelle idée! Des fondateurs à leurs descendants sur trois générations, le récit passe au crible les différentes sensibilités et visions d'une grandeur sans cesse renouvelée. Les Lehman vendent: coton, café, pétrole, acier, trains, voitures, avions, radios, télévisions, ordinateurs. L'argent coule entre leurs doigts sous toutes les formes possibles et cet argent est l'exact reflet d'un pays gagné par l'industrialisation et la naissance du capitalisme, poussé à ses extrêmes. On connait la fin: crash boursier, crise mondiale. Fini pour les Lehman.
Aucun ennui à la lecture de cette saga pas comme les autres, et une grande admiration pour cette oeuvre hors-normes.
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Heyum Lehmann qui débarque à New York a perdu 8 kg , a appris à boire, à jouer aux cartes, aux dés, à parier. Lui qui a entrepris ce voyage timide et taciturne a pris beaucoup d'assurance en 45 jours de traversée.

« C'est alors
qu'un individu le secoua par le bras.
C'était un officier du port,
Uniforme sombre,
moustache blanche, grand couvre-chef.
Il notait dans un registre
le nom et le nombre des arrivés
Posant des questions simples dans un anglais élémentaire :
« Where do you from ? »
« Rimpar. »
« Rimpar ? Where is Rimpar ? »
« Bayer : Germany. »
« And your name ? »
« Heyum Lehmann. »
« I don't hunderstand. Name ? »
« Heyum… »
« What is Heyum ? »
« My name is… Hey.. Henry ! »
« Henry, ok ! And your surname ? »
« Lehmann… »
« Lehman ! Henry Lehman ! »
Henry Lehman. »
« Ok, Henry Lehman :
Welcome in America.
And good luck ! »
Il apposa le tampon :
11 septembre 1844.
Abattit la main sur son épaule
et alla interpeller un autre homme."


On lui prodigue des conseils.
Des amis allemands : « Gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter. »
Le rabbin Kassowitz : « Un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. »
Ou encore son père, Abraham Lehmann avec deux « n », marchand de bestiaux à Rimpar :
« L'AMOUR EST INVISIBLE
MAIS L'ODEUR DE L'ARGENT
MEME L'AVEUGLE LE SENT. »


Le voilà tenant boutique à Montgomery, Alabama.
Elle est «Petite, infime, minuscule, mais bien à lui. »


H. LEHMAN TISSUS ET HABITS devient vite TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS quand Emanuel et Mayer, ses frères le rejoignent.
Et très vite, ils ne se contentent pas plus de vendre du tissus mais du coton , l'or de l'Alabama, des outils, des semences, et puis du café, et du charbon, et puis du pétrole, et investissent dans les nouvelles technologies : les chemins de fer, l'automobile, l'aviation, le téléphone, la radio et aussi dans la culture : peinture, BD, cinéma…
Et, de fil en aiguille la trame de la société Lehman Brothers se construit, s'étoffe, se renforce de l'arrivée dans les affaires des fils, petits-fils qui, chacun, apporte ses idées, ses talents, ses compétences à la construction familiale.


Dans un style original, fait de retour à la ligne, ce roman ne ressemble à aucun autre (quoique « A la ligne » !!), disons plutôt, à rien d'habituel.
Cela pourrait être des vers mais cela n'en est pas, enfin, pas vraiment.
Je me suis demandé si ce choix était en rapport avec le poisson qui nage de la mer au fleuve, du fleuve à la rivière, de la rivière au ruisseau. Cette eau qui glisse, fluide, partout comme l'argent, pour s'amasser dans des lacs, des étangs.. ?
En tout cas cela donne un rythme très rapide à la lecture car souvent les lignes ne sont constituées que de quelques mots, de phrases nominales, présentes de nombreuses répétitions.
J'ai beaucoup aimé les allusions au yiddish qui sont fréquentes au début du récit notamment pour qualifier les personnages. Ainsi Mayer, très accommodant, très bon pour négocier est dit « Kish-Kish » ou le fils d'Henry, enfant très agité est appelé Dreidel, toupie… Cela confère au récit une note très ashkénaze qui au fil de la narration est remplacée par des termes anglo-saxons suivant le fil de la généalogie.
Découvrir et suivre la construction de l'édifice Lehman Brothers , la famille (sauf les femmes à peine évoquées) leurs partenaires, leurs associés ainsi, avec la touche d'humour qui sourd à chaque page ou presque est un exploit, d'autant que tout est vrai.



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J'ai pris mon temps et j'ai bien fait. Parce qu'un livre comme celui-ci, franchement, on ne vous en sert pas tous les jours !
Maintenant, il me faut le chroniquer et je me sens tellement « petite » face à une telle oeuvre que je ne sais par quel bout commencer !
Alors, faisons simple, commençons par le commencement…
Il était une fois un fils « de marchand de bestiaux » nommé Heyum Lehmann qui quitta Rimpar en Bavière et arriva à New York le 11 septembre 1844. Il avait perdu 8 kilos en 45 jours de traversée. L'officier du port écrivit sur les registres « Henry Lehman » et lui souhaita « good luck ».
C'est beau l'Amérique !
Il était une fois des amis juifs allemands qui dirent à notre Henry : « On gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter » (logique!) Et un vieux rabbin aux yeux qui louchent d'ajouter : « un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. » (CQFD)
Et avec ça, Heyum Lehmann, pardon Henry Lehman, devrait se débrouiller !
Moi, j'aurais pleuré et je serais rentrée chez moi aider mon père à élever ses bestioles…
Eh bien figurez-vous qu'on retrouve celui qui, pour le moment, n'a pas franchement l'étoffe d'un héros, dans une petite boutique de Montgomery, Alabama, au milieu de tissus « étoffes enroulées/ étoffes brutes/ étoffes enveloppées/ étoffes repliées/ tissus/ linge/ chiffons/ laine/jute/ chanvre/ coton./ Coton. / Surtout du coton »
Un coton un peu spécial, le « blu di Genova », autrement dit « bleu de Gênes », qu'on ne prononce pas très bien, là-bas, en Amérique, et ça donne quelque chose comme « blue-jeans ».
Une marchandise « first choice », du solide, de l'inusable.
Bref, Lehman est « une bonne adresse » et ça se sait !
Et lorsque qu'une jolie demoiselle se casse la figure en tentant d'ouvrir la porte un peu difficile de la boutique et qu'elle s'entaille la joue, on lui propose généreusement des mouchoirs, pour qu'elle se nettoie. « J'en ai à 2 dollars, à 2,50 et à 4. »
Celle qui deviendra la femme de notre goujat fonce d'un pas ferme jusqu'à lui et s'essuie avec la cravate du malotru. C'est qu'elle a du caractère Rose Wolf !
Comment les deux frères d'Henry : Emanuel et Mayer, débarquèrent et modifièrent de quelques coups de pinceaux l'enseigne au-dessus de la porte qui devint « TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS », comment il arriva ce qui arriva à l'un des trois…, comment ils vendirent le coton de 24 plantations puis se séparèrent, l'un à Montgomery, l'autre à New York, 119 Liberty Street : « 24 fournisseurs de coton au Sud/ 51 acheteurs au Nord », c'est tout un programme, et vous ne me croiriez pas, alors, je n'en dirai rien...
Et en plus de cela, vous vous en doutez, la grande Histoire va mettre son nez dans la petite : la guerre de Sécession, le Nord contre le Sud et au milieu, les Lehman Brothers « comprimés/ encastrés/ tel un gobelet de verre », puis l'abolition de l'esclavage, la crise de 29, les guerres… Vous ne pouvez imaginer le tourbillon qui s'en suivit...
Après le coton, le charbon, après le pétrole, le sucre, après le café, le tabac, après le fer, le gaz ETC,ETC, ETC : puis vint LA BANQUE, LA SACRO-SAINTE FINANCE, celle qui gouverne le monde et fait avancer les hommes.
Comment les frères répétèrent inlassablement à leur progéniture, celle qui prendra la relève, que « le financier ne doit pas/ lâcher prise un instant/ qui s'arrête est perdu/ qui reprend son souffle est mort/ qui s'installe est piétiné », je vous laisse le découvrir ! Qu'ils le sachent, les futurs Frères Lehman (en réalité cousins), que ces mots soient gravés dans leur coeur et dans leur âme !
Ce texte, écrit en vers libres (ils se lisent très facilement!), porte en lui un souffle puissant qui retrace l'odyssée d'un homme de rien ou de pas grand-chose, entreprenant la conquête de l'Amérique et décidé à s'y lancer corps et âme avec ses deux frères. Et c'est fabuleux ! Parce que leur histoire, véritable épopée moderne, est totalement incroyable et que l'écriture nous transporte, à travers ses répétitions qui rythment le texte, ses litanies rappelant les psaumes bibliques, les prières, les chants, sa poésie, ses listes folles (celle par exemple des 12 épouses parfaites possibles selon Philip Lehman… HILARANT!), ses inventaires (les 120 règles du miroir). Tous les tons, tous les genres, tous les registres sont convoqués, même la BD !
Et surtout, ce qui domine, c'est l'humour, omniprésent, décapant, irrésistible, fou, tragique parfois. Les portraits des personnages relèvent souvent de la caricature, les traits sont grossis et le burlesque devient irrésistible !
Tout le monde connaît ce qu'il est advenu de la banque Lehman Brothers en 2008 lors de la crise des subprimes, or personne ne sait ce qui s'est passé avant, qui furent ces hommes et comment ils se hissèrent au sommet.
Enfin, et pour finir, on vous sert sur un plateau, une Histoire de l'Amérique (pas rien!) et un cours d'économie haletant, drôle et compréhensible (si, si, c'est possible !)
Un texte magistral comme on en lit peu !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Première fois que j'ai envie de mettre 6 étoiles à une lecture !

Ce roman est pour moi THE coup de coeur de ces dernières années. J'ai littéralement été envoutée par le style de Stefano Massini, happée par l'épopée des Lehman Brothers et je ne cessais de penser au bouquin quand je ne le lisais pas. Bref, j'ai A.D.O.R.E, vous l'aurez compris.

L'auteur nous raconte donc le rêve américain, la grandeur et le déclin d'une famille illustre que le monde entier connait. Tout commence quand Henry arrive en Amérique depuis sa Bavière natale dans la deuxième moitié du 19e siècle. Assez vite, convaincu qu'il faut "vendre ce que les gens ont besoin d'acheter", il ouvre un commerce de tissu en Alabama et fera venir ses deux frères pour le seconder. Quand ils ont commencé à vendre du coton, qu'ils ont créé le métier "d'intermédiaire" que la plupart des gens ne comprenait même pas, qu'ils se sont intéressé au café... aucun des trois frères n'imaginait qu'ils étaient occupé à construire un véritable empire.

Le style de Stefano Massini est inclassable, comme tout le roman d'ailleurs. Ecrit à la manière de la poésie sans rime, ce qui permet les répétitions, les alignements de mots sans en faire des phrases... le roman semble se dérouler tout seul sous les yeux du lecteur; l'intrigue prend littéralement vie à la lecture. le fait que les titres des chapitres de la première partie soient tous écrits en Yiddish, renforce la judaïcité des frères; culture qui prédominera toutes leurs actions et qui s'étendra sur les générations futures.

Le chapitre consacré à la guerre de Sécession illustre parfaitement ce que le style apporte au récit, parce que c'est, de mon point de vue, le style, au service de l'intrigue, qui apporte tout le rythme et la profondeur à l'histoire, sans avoir besoin de l'exprimer par des mots. Dans ce chapitre donc, les paragraphes alternent entre le Nord et le Sud au côté des Lehman restés au Sud et ceux partis au Nord et les phrases entrent en résonnance constante, tel le bruit des canons dont il est à peine fait mention. Et tel un mantra, un paragraphe, revient, encore et encore:
"Au milieu
entre les deux,
comprimés,
encastrés
tel un gobelet de verre,
les Lehman Brothers"

Et sur près de 900 pages, à travers un roman qui laisse peu de place aux femmes (elles sont carrément absentes de l'arbre généalogique imprimé au début), à l'image de la réelle place qu'elles occupaient dans la famille Lehman, Stefano Massini est parvenu à me passionner pour une famille de banquiers, dont tout le monde connait le sort. Je pensais apprendre des choses, et ce fut le cas.
Je ne m'attendais pas à éprouver un tel plaisir à accompagner ces hommes sur plus d'un siècle et surtout, surtout, je pense n'avoir jamais été autant emportée par la forme d'un roman.
Je vous le disais, un vrai coup de coeur !
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critiques presse (3)
LeMonde
28 décembre 2018
Le dramaturge italien s’est lancé dans l’épopée des frères Lehman sous la forme d’un roman en vers libres. Pour surprendre – lui-même au premier chef.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
22 octobre 2018
Dans un fabuleux roman en vers libres, l'auteur raconte la saga des Lehman Brothers.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaCroix
05 octobre 2018
Le dramaturge Stefano Massini raconte, en vers libres et avec un humour féroce, l’ascension et la chute de Lehman Brothers à travers l’histoire de la famille Lehman.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
... un individu le secoua par le bras.
C’était un officier du port,
uniforme sombre,
moustache blanche, grand couvre-chef.
Il notait dans un registre
le nom et le nombre des arrivés
posant des questions simples dans un anglais élémentaire :
« Where do you come from ? »
« Rimpar. »
« Rimpar ? Where is Rimpar ? »
« Bayern : Germany. »
« And your name ? »
« Heyum Lehmann.  »
«  I don’t understand. Name ? »
« Heyum… »
« What is Heyum ? »
« My name is… Hey… Henry ! »
« Henry, ok ! And your surname ? »
« Lehmann… »
« Lehman ! Henry Lehman ! »
« Henry Lehman. »
« Ok, Henry Lehman :
welcome in America.
And good luck ! »
Il apposa le tampon :
11 septembre 1844.
Abattit la main sur son épaule
et alla interpeller un autre homme. »
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je crois qu'il est juste de vous poser une question.
Une seule, au fond.
Parce que c'est la plus importante
qu'un être humain
puisse s'adresser :
quels mots aimeriez-vous utiliser ?

Si ce carnet était celui de demain - ou de dans 10 ans -
quels mots n'aimeriez-vous pas vous entendre dire ?

La bouche exécute, elle n'a pas d'autonomie.
Les lèvres sont salariées.
Chacun prononce les sons qu'il choisit.
Aussi
déterminez ce que vous voulez dire.
Et ne pas dire.

Les verbes que vous bannirez.
Les mots que vous chasserez.

Cette banque
qui porte votre nom
peut déterminer quelle langue parler.
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Sous une pluie torrentielle
en compagnie d'un ours mexicain couvert d'or
Emmanuel Lehman traverse les champs de Coffea.
Autour des arbres immenses, bourrés de taches rouge foncé
des femmes et des gosses par centaines
surveillés par des gardiens avec chiens
remplissent des charrettes entières
en secouant troncs et branches
en poussant les chevaux
en frappant les baudets
et si une rixe éclate
des coups de fusil répliquent.
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"Ne nous cachons PAS la réalité : ils nous confient leur argent
car il n'est PAS en sécurité chez eux,
et de fait, ne l'enfermons-nous PAS dans un coffre-fort ?
N'est-ce PAS là une comédie ?
N'utilises-tu PAS pour miser au poker
l'argent qu'ils ne veulent PAS mettre en péril ?"

"PAS une fois je ne me suis assis à une table verte."

"Miser sur des actions, n'est-ce PAS la même chose ?
Que faites-vous à Wall Street ? Vous ne jouez PAS ?
Bon, tu n'as PAS de cartes en main,
juste des titres, des actions, des shares, ou je ne sais PAS quoi."
Commenter  J’apprécie          100
Une seule chose distingue l'homme des dieux :
c'est le fait que le premier se fatigue.
Les dieux ne se dépensent pas
Les dieux ne s'essouflent pas
parce qu'ils ont de toute évidence
aux étages supérieurs
une forme ininterrompue d'énergie.
Parfait.
Inspirons-nous de ce modèle.
Copions-le.
En d'autres termes, donnons à tous les hommes
un combustible divin !
L'humanité n'aura plus de limites
car nous fournirons de l'énergie aux moteurs.
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