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Critique de Lune


Dans un article du Journal « Le Populaire » paru le lundi 15 juillet 1935, Léon Blum reprend cette phrase d'une interview réalisée par Michelet.
Un vieux conventionnel (1793), en réponse, ne trouva à répéter que : « Ah! Monsieur, que c'était beau ! »
Léon Blum adhère à cette formule devant « l'admirable peuple » (plus de 500.000 manifestants à Paris) qui « s'est levé à l'appel du Front populaire ».
La province suivra en participant à de grands rassemblements où se retrouvent ensemble socialistes, communistes et républicains.
C'est l'histoire du Front populaire, de la République, du Peuple et des victoires acquises que nous raconte Nicole Masson .
Les Archives du Journal « Le Populaire » ont permis de retracer la genèse, les hommes et les femmes, la société des années 30 et particulièrement l'année 1936, celle de tous les combats, celle des premières victoires, celle de tous les possibles.
« Ah ! Monsieur, que c'était beau ! »
C'était beau ce peuple uni, ce peuple avide, ce peuple fier et combattant.
Outre la personnalité tutélaire de Léon Blum, des noms parmi lesquels, ceux de Léo Lagrange, Jean Zay... hommes visionnaires et pour la première fois, trois femmes dans un gouvernement, oeuvrent, marquant à jamais ce qui fit l'avenir de l'homme.
Nombre d'idées trouvent leur source en ces temps de lutte sociale.
Nombre de mises en garde demeurent éternelles.
Nombre de conséquences perdurent dont on a tiré bien peu de leçons.
Un inévitable parallèle se fait tout au long de la lecture.
La phrase de Jean Renoir en 1974 ! : « Il fut un moment où les Français crurent vraiment qu'ils allaient s'aimer les uns les autres » interpelle.
Enlevons la nationalité, les paroles s'appliquent au monde entier.
Scruter les visages, accrocher nos yeux aux regards, contempler les sourires et l'inquiétude du peuple manifestant rappelle combien notre mieux-être, notre éducation et notre culture doivent à ces hommes et à ces femmes qui, un jour, ont entendu et se sont entendus. En somme, notre héritage.
Les possibles furent l'augmentation des salaires, la semaine des quarante heures, la liberté syndicale, la scolarité jusqu'à 14 ans, les congés payés...

(Une parenthèse personnelle : l'influence du Front populaire s'est étendue à la Belgique où des mouvements sociaux éclatèrent et produisirent les mêmes effets.)

Après la liesse, sur fond de guerre d'Espagne, les habituelles dissensions apparaissent sous les formes bien connues de la politique : les rapprochements suivis d'éloignements illustrant les clivages partisans.
La montée du fascisme encourageant l'extrême-droite qui conduira à la seconde guerre mondiale et au régime de Vichy auront raison du Front populaire.
Cependant cette première expérience socialiste a, sur de nombreux plans (sociaux, éducatifs, culturels, sportifs, scientifiques,...), jeté les bases de la société d'après-guerre et ce grâce aux indestructibles convictions d'une poignée d'hommes remarquables qu'avait su réunir autour de lui, leur figure de proue : Léon Blum.
Ce livre, par sa qualité iconographique et la clarté du texte de Nicole Masson, jette, quatre-vingts ans plus tard, un regard éclairant sur cette période à la fois trouble et foisonnante de vitalité et d'espoirs.
« Ah ! Monsieur, que c'était beau ! »


Merci à Babelio ainsi qu'aux Éditions du Chêne (www.editionsduchene.fr) de m'avoir offert ce voyage dans notre histoire sociale et politique.


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