Citations sur Le mal est ordinaire (39)
L’e-mail de Mallory disait : « Pas le moral. Amène-toi avec Carlo. » J’étais toujours un peu patraque, mais je savais que c’était le prix de l’amitié. Quand l’autre a besoin de vous, vous devez répondre à l’appel.
On dit qu’il n’y a pas de vrais souvenirs, que tout est le fruit d’une reconstruction. Parfois on ne sait plus si on a vécu les événements ou si on les a rêvés.
Décidément, ce garçon ne me revenait pas. Je repensai à ce que sa mère m’avait dit sur ces enfants qui « tournaient mal ». Ne jamais laisser un gosse de flic seul avec un autre gosse de flic. Il y avait peut-être une réaction chimique, un effet boule de neige, et bonjour les emmerdes.
Tu sais, on se lasse vite des affaires qui n’ont pour moteur que la jalousie ou le fric. Et, qui sait, peut-être Jacquie retrouvera-t-elle la raison si je lui apporte des réponses à ses questions.
Les grands buveurs de café le savent, à force, la caféine n’est plus une question de plaisir, elle devient un besoin. J’étais déjà fébrile, mais je savais que j’avais encore de la marge.
Je la crus sur parole. Elle était du genre à ne rien laisser au hasard concernant les parties intimes de son fils, et j’aurais parié qu’elle inspectait elle-même à la loupe le panier de linge sale. Et il y avait d’autres raisons de baisser son pantalon, par exemple pour pisser dans la piscine en l’absence de ses parents, mais je gardai ces pensées pour moi.
Que l’on perde patience face à quelqu’un qui refuse d’accepter la vérité, je pouvais l’admettre ; mais je ne pouvais reprocher à Jacquie Neilsen de se poser des questions auxquelles personne ne daignait répondre. Et s’il n’y avait rien de plus à en dire, peut-être voulait-elle juste l’entendre, une bonne fois pour toutes. Elle avait besoin de temps, de beaucoup de temps, et d’être certaine qu’elle avait fait tout son possible et qu’elle avait posé les bonnes questions.
C’est vrai qu’on se serait cru dans une série télé. Un mauvais film dont ils étaient les malheureux héros. Avant, on me demandait tout le temps comment je faisais pour tenir le coup dans mon métier, pour rester indemne face à tant d’horreurs. Pour être honnête, personne n’en sort indemne. Nous sommes tous en sursis, à chercher refuge dans la drogue, l’alcool, le sexe ou les psychiatres.
Pas besoin d’être mère pour savoir qu’une femme, même la plus soumise, tiendrait tête à un puma pour protéger son enfant. Tim sortit ses clés de voiture de la poche de son short.
À l’entendre, la vie était faite de codes et de règles, et il y avait une bonne et une mauvaise façon de gérer la mort d’un enfant. Tout était une question de logique.